Des doigts surnuméraires développés chez l adulte, leur mode de développement et leur disposition - article ; n°1 ; vol.9, pg 38-49
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Des doigts surnuméraires développés chez l'adulte, leur mode de développement et leur disposition - article ; n°1 ; vol.9, pg 38-49

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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1886 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 38-49
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1886
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Docteur Ch. Fauvelle
Des doigts surnuméraires développés chez l'adulte, leur mode
de développement et leur disposition
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886. pp. 38-49.
Citer ce document / Cite this document :
Fauvelle Ch. Des doigts surnuméraires développés chez l'adulte, leur mode de développement et leur disposition. In: Bulletins
de la Société d'anthropologie de Paris, III° Série, tome 9, 1886. pp. 38-49.
doi : 10.3406/bmsap.1886.4858
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1886_num_9_1_4858SÉANCE DU 21 JANVIER 1886. 38
COMMUNICATIONS.
Des doigts surnuméraires développés chez l'adulte,
leur mode de développement et leur disposition;
PAR M. LE DOCTEUR FAUVELLE.
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux des membres de la
Société un cas intéressant de polydactylie acquise, déve
loppée chez un axolotl.
Tout le monde connaît l'histoire européenne de ce para
doxal batracien, qu'en 1767 Johnston regardait comme un
lusus aquarum, issu de la boue. G. Cuvier l'avait considéré
comme la larve d'une salamandre inconnue, et cette opinion
régnait encore, lorsque, le 4 janvier 1865, au Muséum de
Paris, une femelle pondit des œufs qui, au bout de trente
jours, donnèrent naissance à de jeunes axolotls. Auguste
Duméril conclut de suite qu'il s'agissait non d'une larve,
mais bien d'un urodèie pérennibranche, car on croyait alors
que l'état larvaire excluait toute idée de reproduction. Le
28 septembre de la même année, nouvelle surprise : parmi
les jeunes axolotls, un, puis deux, puis trois se transfo
rmèrent en amblystôme, urodèie bien connu. On eut même
un moment la crainte de voir disparaître tous les axolotls ;
il n'en fut rien heureusement, et, depuis, la transformation
est toujours restée exceptionnelle.
Il resta néanmoins encore un doute sur la régularité de ce
phénomène, et Weissmann, de Fribourg en Brisgau, alla
même jusqu'à affirmer que la transformation était le fait du
séjour en Europe et qu'au Mexique ces prétendues larves
restaient toujours axolotls. Mais notre collègue, M. Raphaël
Blanchard, nous fit connaître combien la conjecture du sa
vant allemand était fausse, en rendant compte, dans la Re
vue scientifique du 13 mai 1882, des recherches du naturaliste
mexicain, José Velasco. Si les amblystômes sont rares dans
le lac même de Mexico pour des causes jusqu'ici inconnues, — DES DOIGTS SURNUMÉRAIRES CHEZ l' ADULTE. 39 FAUVELLE.
la transformation est la règle dans les 'autres lacs de la
région. .
Les axolotls sont très voraces et se mangent entre eux di-
.verses parties du corps, et spécialement les extrémités des
membres. « Sur les parties ainsi détruites, dit M. Vulpian,
on voit parfois, comme l'a indiqué A. Duméril, se produire
des difformités remarquables. Sur les moignons des extré
mités des membres, suivant la direction et la profondeur des
morsures, il peut se développer, au moment de la régénér
ation, un nombre de doigts supérieur au nombre normal. »
C'est précisément ce qui est arrivé au sujet que j'ai l'hon
neur de mettre sous vos yeux. Il est né le 28 avril 1884. La
portée dont il faisait partie a eu les destinées les plus di
verses ; les uns, bien nourris, dans de vastes aquariums, ont
pris les dimensions que vous voyez, 20 centimètres de lon
gueur environ ; d'autres se sont transformés en amblystômes ;
enfin ceux qui sont restés chez l'industriel qui les exploite,
mal nourris et accumulés dans un vase beaucoup trop petit,
sont restés d'une taille exiguë, 10 ou 12 centimètres, et sont
presque tous mutilés, comme on peut le voir sur le second
sujet.
Lorsque, en juillet ÎH84. j'achetai cet animal, la main
gauche était détruite ainsi que la dernière phalange du qua
trième doigt de la droite ; en outre, il présentait une mor
sure sur la crête supérieure, à peu de distance de l'extrémité
de la queue.
Aujourd'hui toutes ces blessures sont guéries et le travail
de réparation a partout produit des difformités par multipli
cation de parties. Les quatre doigts normaux présentent une
disposition à peu près régulière et sont seuls doués de mou
vement; mais un cinquième s'est développé à la base du
quatrième, et perpendiculairement à sa direction. En outre,
il s'en est formé cinq autres de dimensions variées et irrégu
lièrement disposés sur la face dorsale de la main ; l'un d'eux
est même bifurqué à son extrémité. La dernière phalange du
quatrième doigt de la main droite s'est doublée et affecte la 40 SÉANCE DU 21 JANVIER 1886.
forme d'une fourche. Enfin l'échancrure de la crête caudale
est comblée par deux lames membraneuses qui, réunies à
leurs extrémités, interceptent un espace elliptique.
Toutes ces particularités ne présenteraient que peu d'in
térêt au point de vue anthropologique, si pareille multipli
cation de parties ne s'était rencontrée chez l'homme. En
effet, dans la séance du 20 juin 1878, Broca a lu ici même
une note des plus curieuses : « Sur deux cas où un doigt su
rnuméraire s'est développé à l'âge adulte. » En voici les deux
moulages exécutés par M. Chudzinski ; ils font partie du
musée Broca.
La première observation nous montre un cordonnier de
vingt-cinq ans, affecté d'une phalangette supplémentaire du
médius gauche. Elle avait commencé à paraître à l'âge de
treize ans, à: la partie interne de la troisième phalange, sous
forme d'une petite verrue de consistance molle. Elle grandit
peu à peu pendant huit ans, époque à laquelle elle atteignit
son volume définitif. C'était alors une petite colonne char
nue, molle dans toute son étendue et recouverte d'un tégu
ment normal. A ce moment apparut, à son extrémité libre,
une petite pointe cornée, brunâtre, crochue, qui grandit
progressivement, ayant l'aspect d'un ongle ou d'une griffe.
En en faisant l'ablation, Broca constata à la base de la sec
tion un cordon fibreux qui pénétrait dans la pulpe du doigt.
La tumeur était constituée par du tissu fibreux et vascu-
laire, sans éléments cartilagineux ou osseux. La corne qui
terminait le doigt s'enfonçait dans les parties molles, comme
l'ongle dans la matrice unguéale.
Dans le second fait, il s'agit aussi d'un homme de vingt-
cinq ans, porteur d'une petite tumeur développée au niveau
de l'articulation métacarpo-phalangienne du pouce. Elle
n'existait que depuis cinq ans et n'avait évidemment pas
atteint tout son développement. La composition anatomique,
étudiée après l'ablation, était analogue à celle de la première
tumeur. La couche externe était formée d'un derme normal
recouvert d'un épiderme mince. Elle était terminée par de L' — DES DOIGTS SURNUMÉRAIRES CHEZ FAUVELLE. ADULTE. 41
petites eminences semblables à des papilles, reposant sur un
tissu fibreux composé de fibres blanches, serrées. Il n'y avait
pas traces de squelette.
Cette description paraît s'appliquer exactement aux doigts
supplémentaires de mon axolotl, et, bien que je n'en aie pas
étudié la composition histologique, tout porte à croire qu'ils
contiennent les mêmes éléments. Leur sensibilité est manif
este. Broca, il est vrai, n'a pas signalé la présence de filets
nerveux sensitifs ; mais il est probable qu'ils ne faisaient pas
défaut. En outre, la présence d'une vascularisation régulière
implique forcément la de nerfs vaso-moteurs. Il est
également muet au sujet de l'étiologie ; mais on peut ad
mettre que ces doigts supplémentaires avaient, comme chez
l'axolotl, une origine traumatique quelconque.
Ces observations de . polydactylie acqui?e soulèvent des
problèmes de divers ordres, qui intéressent au plus haut de
gré l'anthropologiste. Je ne puis les aborder tous, et encore
moins les résoudre ; mais je vais essayer de poser aussi net
tement que possible les deux plus importants.
Comment ces doigts surnuméraires se développent-ils?
P

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