Données biochimiques et électrophysiologiques récentes sur la vision chromatique - article ; n°2 ; vol.67, pg 533-548
17 pages
Français

Données biochimiques et électrophysiologiques récentes sur la vision chromatique - article ; n°2 ; vol.67, pg 533-548

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
17 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1967 - Volume 67 - Numéro 2 - Pages 533-548
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

L. Cornu
Données biochimiques et électrophysiologiques récentes sur la
vision chromatique
In: L'année psychologique. 1967 vol. 67, n°2. pp. 533-548.
Citer ce document / Cite this document :
Cornu L. Données biochimiques et électrophysiologiques récentes sur la vision chromatique. In: L'année psychologique. 1967
vol. 67, n°2. pp. 533-548.
doi : 10.3406/psy.1967.27581
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1967_num_67_2_27581REVUES CRITIQUES
DONNÉES BIOCHIMIQUES
ET ÉLECTROPHYSIOLOGIQUES RÉCENTES
SUR LA VISION CHROMATIQUE
par L. Cornu
Laboratoire de Psychophysiologie
de la Faculté des Sciences de Marseille
II est certainement peu de problèmes aussi étudiés que celui de la
vision des couleurs et qui contiennent encore autant d'inconnues. Ce
domaine relève, en fait, de compétences extrêmement diverses et une
étude exhaustive devrait tenir compte des données apportées par le
physicien, le biochimiste, l'électrophysiologiste, l'ophtalmologiste, le
zoologue et le psychologue. Le physicien s'intéresse à la couleur d'une
manière tout à fait pratique et son domaine est celui de la colorimétrie,
domaine dans lequel il s'agira de définir les couleurs dans ses carac
téristiques physiques. Nous signalons simplement cet aspect du problème
qui traite de la couleur comme d'une entité abstraite et uniquement
parce que les principes de base de la colorimétrie apportent de sérieux
arguments à la théorie trichromatique.
Le biochimiste s'intéresse aux pigments qu'il cherche à isoler et à
caractériser ; ces dernières années ont été particulièrement fécondes
à cet égard.
L'électrophysiologiste et le neurophysiologiste sont soucieux des
mécanisme qui sous-tendent la vision des couleurs et l'ophtalmologiste
essaie de comprendre le pourquoi des anomalies de la vision colorée.
Mais, parce que la couleur joue un rôle considérable dans la vie
de chaque jour, son étude doit nécessairement porter sur les êtres
vivants, animal ou homme, et c'est à ce titre qu'elle intéresse parti
culièrement le zoologiste et le psychologue. La littérature relative à ces
différents aspects est particulièrement abondante. RKVTIES nitlTlOTTES
Schémas explicatifs
Parmi les principaux ouvrages ou articles de synthèse parus depuis
la revue de Segal (1952) on peut citer : Motokawa (1955), Piéron (1959),
Galifret (1960), Losada (1960), Marriott (1962), Walraven (1962),
Stiles (1963), Maione et Pisano (1964), Wolken (1964), Dodt (1965).
Nous limiterons cette étude aux données biochimiques et électrophysio
logiques récentes qui ont véritablement marqué un progrès consi
dérable dans la compréhension des processus initiaux responsables de
la vision chromatique.
Les schémas explicatifs de la vision colorée sont extrêmement
nombreux : Losada en cite 126 en se limitant aux plus importants !
Rappelons simplement les deux théories principales (celle de Young
et celle de Hering) qui, loin de s'opposer ou de s'exclure mutuellement,
paraissent devoir, à la lumière des recherches actuelles, expliquer
conjointement le processus rétinien mis en jeu par une stimulation
colorée.
Le schéma de Young repose sur l'existence de trois fondamentales (ou
Primaires) ce trichromatisme ne relevant pas d'une propriété de la
lumière mais d'une limitation imposée par les caractéristiques physio
logiques de la rétine : « Comme il est presque impossible d'imaginer
que chaque point sensible de la rétine contienne un nombre infini de
particules, chacune capable de vibrer à l'unisson avec chaque ondulation
possible, il devient nécessaire de supposer leur nombre limité, par
exemple à 3" (Young). Il est intéressant de souligner que l'hypothèse
de l'existence de 3 récepteurs fondamentaux formulée par Young
relevait initialement d'une pure intuition. L'évocation du rappel histo
rique fait par Le Grand (1960) dans sa conférence donnée au Palais de
la Découverte est instructif à cet égard. L'auteur souligne la valeur
mystique attribuée aux chiffres 3 et 7 depuis l'Antiquité. Aristote
décrit 3 couleurs dans Parc-en-ciel cependant que Reische au xve siècle
en énumère 7, y compris le noir et le blanc.
La couleur a d'ailleurs été considérée comme un simple attribut
métaphysique jusqu'à Descartes. Ce dernier tente, au contraire, de
l'expliquer par une propriété mécanique de la lumière, mais il fallut
attendre les fameuses recherches de Newton (1666) pour lier la couleur
à une valeur donnée de l'indice de réfraction. Newton prouve ainsi le
caractère simple des lumières homogènes (monochromatiques) dont
chacune possède une couleur propre que rien ne peut plus modifier.
Newton constate que les rayons possèdent « une certaine disposition à
exciter une sensation de telle ou telle couleur » et emprunte à Reische
le nombre 7 tout en remplaçant, de manière arbitraire d'ailleurs, le
blanc et le noir par l'orangé et l'indigo.
Cependant les graveurs en couleurs et les peintres demeurent en
faveur des 3 couleurs primitives et contre les 7 couleurs de Newton.
Ainsi Young n'a pas nventé le trichromatisme mais il a compris que la réduction du nombre infini de radiations rnonöchromatiques à un
nombre restreint de couleurs fondamentales (3 « par exemple ») relevait
d'un mécanisme physiologique et non, comme on le supposait jusqu'alors,
d'une propriété de la lumière.
Cette conception reprise et développée par Helmoltz (1852) devait
apparaître satisfaisante aux physiciens, car elle concorde parfaitement
avec les principes de base de la colorimétrie (Lois des mélanges de
Grassmann). Elle laissait pourtant inexpliqués un certain nombre
d'aspects psychologiques de la vision colorée (saturation par exemple) et,
de ce fait, était moins bien acceptée par les psychologues.
Le schéma de Hering s'appuie sur l'existence de couples antagonistes.
Hering part de l'observation suivante : si l'on demande à un sujet de
nommer, spontanément, les couleurs franches qu'il perçoit dans le
spectre, la réponse sera : bleu, jaune, rouge, vert.
Ces quatre couleurs sont groupées par Hering en couples antagonistes
rouge-vert, bleu-jaune, auxquels s'ajoute le couple blanc-noir.
Cette conception fait intervenir des phénomènes d'excitation et
d'inhibition compétitifs non explicités par Hering. C'est une conception
de psychologue et d'artiste sensible à la qualité propre de la sensation
colorée, qui, bien avant la théorie de Hering, se retrouve dans l'œuvre
de Léonard de Vinci. Son succès auprès des psychologues s'explique
par le fait qu'elle rend compte d'un certain nombre de données de la
vision chromatique, celles de contraste en particulier, la saturation
d'une couleur (par exemple) n'atteignant sa valeur absolue qu'en
présence de la couleur complémentaire. Depuis une quinzaine d'années
cette théorie fait à nouveau l'objet de nombreuses recherches, notam
ment aux États-Unis avec Hurvich et Jameson (1951-1961).
Les résultats récemment obtenus tant sur le plan biochimique que
sur le plan électrophysiologique tendent aujourd'hui à concilier ces deux
schémas en une « théorie de zones » (déjà présentée par von Kries) situant
chacun d'eux à un niveau différent du système visuel.
Données biochimiques
La mise en évidence des 3 pigments photosensibles à l'intérieur des
cônes vient d'apporter un argument décisif à l'appui de la théorie tri-
chromatique de Young discutée depuis plus de 150 ans. Ces expériences
remarquables sont effectuées indépendamment, par Marks, Dobelle
et McNichol (1964) et par Brown et Wald (1964).
Déjà, Rushton, en 1958, avait pu déceler, au niveau de la fovéa
humaine, par analyse spectrophotométrique d'une lumière qui ressort
de l'oeil après avoir traversé deux fois la rétine, la présence de deux
maximum d'absorption vers 540 et 590 mn. Le premier a été attribué
à un pigment dit « chlorolabe » et le second à un pigment « érythrolabe ».
L'absence de ce dernier chez les Protanopes expliquerait le raccourcis

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents