Du don et du rite comme fondateurs des chefferies. Marcel Mauss chez les Dìì du Nord-Cameroun - article ; n°154 ; vol.39, pg 387-408
24 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Du don et du rite comme fondateurs des chefferies. Marcel Mauss chez les Dìì du Nord-Cameroun - article ; n°154 ; vol.39, pg 387-408

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
24 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Cahiers d'études africaines - Année 1999 - Volume 39 - Numéro 154 - Pages 387-408
Abstract ~~On Gifts and Rites as Founders of Chiefdoms: Marcel Mauss among the Dìì of Northern Cameroon. ~~— This article examines the recurrent elements of the various myths of foundation of the Dìì (Dourou) chiefdoms of Northern Cameroon. These recurrent elements mention an initial gift of food made either by a foreign hunter or a rich man of a village without a chief whose inhabitants subsequently elect him chief. These recurrent elements fit the Maussian scheme of gift/counter gift, where the initial gift places the giver in a hierarchicaily superior position, the counter gift confirming this position with a permanent surplus: the political power over the chiefdom. The chains of gifts/counter gifts which have been most discussed like the kula of Melanesia or the potlatch of the American North West Coast are reduced here to a single gift and a single counter gift which is an absolute total social fact since it Iiteraily instigates the political society. But this logical evolutionistic sequence must take into account the rituals performed on the chief which change the nature of society by opening a new political space.
Résumé Cet article considère les invariants des mythes de fondation des diverses chefferies de la société dìì (Dourou) du Nord-Cameroun. Ceux-ci tournent tous autour d'un don initial de nourriture fait soit par un chasseur étranger soit par un homme riche d'un village sans chef que les habitants s'empressent de nommer à leur tête, lui donnant le pouvoir politique. Ces éléments invariants entrent dans le schème maussien du don/contre-don, où le don initial place le donateur dans une position hiérarchiquement supérieure, le contre-don la confirmant mais avec un surplus permanent, la chefferie. Les chaînes dons/contre-dons qui sont le plus souvent évoquées comme la kula de Mélanésie et le potlatch de la Côte Nord-Ouest de l'Amérique du Nord se réduisent ici à un seul don et un seul contre-don qui est un fait social total absolu puisqu'il crée littéralement la société politique. Mais cette séquence parfaitement logique doit se doubler d'une analyse des rituels qu'on fait subir au chef, lesquels établissent véritablement un espace politique nouveau en changeant la nature de la société.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 48
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Claude Muller
Du don et du rite comme fondateurs des chefferies. Marcel
Mauss chez les Dìì du Nord-Cameroun
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°154. 1999. pp. 387-408.
Citer ce document / Cite this document :
Muller Jean-Claude. Du don et du rite comme fondateurs des chefferies. Marcel Mauss chez les Dìì du Nord-Cameroun. In:
Cahiers d'études africaines. Vol. 39 N°154. 1999. pp. 387-408.
doi : 10.3406/cea.1999.1316
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1999_num_39_154_1316Résumé
Résumé
Cet article considère les invariants des mythes de fondation des diverses chefferies de la société dìì
(Dourou) du Nord-Cameroun. Ceux-ci tournent tous autour d'un don initial de nourriture fait soit par un
chasseur étranger soit par un homme riche d'un village sans chef que les habitants s'empressent de
nommer à leur tête, lui donnant le pouvoir politique. Ces éléments invariants entrent dans le schème
maussien du don/contre-don, où le don initial place le donateur dans une position hiérarchiquement
supérieure, le contre-don la confirmant mais avec un surplus permanent, la chefferie. Les chaînes
dons/contre-dons qui sont le plus souvent évoquées comme la kula de Mélanésie et le potlatch de la
Côte Nord-Ouest de l'Amérique du Nord se réduisent ici à un seul don et un seul contre-don qui est un
fait social total absolu puisqu'il crée littéralement la société politique. Mais cette séquence parfaitement
logique doit se doubler d'une analyse des rituels qu'on fait subir au chef, lesquels établissent
véritablement un espace politique nouveau en changeant la nature de la société.
Abstract
On Gifts and Rites as Founders of Chiefdoms: Marcel Mauss among the Dìì of Northern Cameroon. —
This article examines the recurrent elements of the various myths of foundation of the Dìì (Dourou)
chiefdoms of Northern Cameroon. These recurrent elements mention an initial gift of food made either
by a foreign hunter or a rich man of a village without a chief whose inhabitants subsequently elect him
chief. These recurrent elements fit the Maussian scheme of gift/counter gift, where the initial gift places
the giver in a hierarchicaily superior position, the counter gift confirming this position with a permanent
surplus: the political power over the chiefdom. The chains of gifts/counter gifts which have been most
discussed like the kula of Melanesia or the potlatch of the American North West Coast are reduced here
to a single gift and a single counter gift which is an absolute total social fact since it Iiteraily instigates
the political society. But this logical evolutionistic sequence must take into account the rituals performed
on the chief which change the nature of society by opening a new "political space".Jean-Claude Muller
Du don et du rite comme
fondateurs des chefferies
Marcel Mauss chez les Dii du Nord-Cameroun*
Marcel Mauss chez les Dii
La littérature africaniste est remplie innombrables mythes de fondation
de chefferies et de royaumes qui expliquent et justifient la structure socio-
politique des sociétés qui souscrivent ces institutions par le partage des
tâches entre un ou des étrangers et des autochtones qui leur ont donné la
chefferie Un des archétypes de ces mythes qui comportent de nombreuses
variantes fait état étrangers vagabonds qui rencontrent au gré de leurs
pérégrinations un groupe de gens ils vainquent par les armes et ils
se mettent administrer non sans leur avoir laissé les prérogatives de
continuer faire les rites nécessaires la bonne marche de leur société
Ces versions insistent sur la force ou encore la ruse des étrangers qui sont
finalement acceptés après quelques tractations avec les autochtones Ceux-
Le travail de recherche sur lequel est basé cet article été financé par le Comité
attribution des fonds internes de recherche CAPIR de Université de Montréal
qui permis en juin-juillet 1990 de prendre un premier contact fort court
avec les Dii en bénéficiant de assistance technique du regretté Institut des
sciences humaines de Garoua dont le directeur Eidridge Mohammadou
avait suggéré étudier les Dii Il est ensuite poursuivi en automne-hiver
1991-1992 et pendant les étés 1992 1993 1994 1995 et 1996 grâce au finan
cement du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada CRSHC
ainsi que pour les quatre derniers étés de assistance technique et administrative
du Programme universitaire Ngaoundéré-Anthropos un projet conjoint des Uni
versités de Ngaoundéré et de Troms Norvège auquel je renouvelle ici mes
remerciements Les mythes discutés dans cet article auraient pu être recueillis
sans assistance de MM Adamcù Galdima et Oussoumanou Babbawa que je
remercie également
Cet article fait objet une présentation partielle lors un colloque sur
économie tenu en mars 1995 Université de Montréal et une autre pré
sentation plus complète lors du congrès de Association canadienne fran aise
pour avancement des sciences ACFAS en mai 1996 Montréal Il finalement
bénéficié des commentaires ont bien voulu faire Alfred Adler ainsi un
lecteur anonyme de la présente revue je les remercie tous deux vivement
Cahiers tudes africaines 154 XXXIX-2 1999 pp 387-408 JEAN-CLAUDE MULLER 388
ci vont fournir par la suite les prêtres chargés de gérer aspect religieux
laissant le politique et la guerre aux nouveaux arrivants Le statut de ces
prêtres est souligné dans leur appellation même les maîtres de la terre
en fran ais une traduction assez exacte des langues africaines qui men
tionnent une fa on ou une autre leur autochtonie dans le terme même
qui sert les désigner
Ces mythes guerriers ont occulté autres versions moins belliqueuses
qui mettent en évidence une caractéristique plus pacifique des nouveaux
venus Ces récits de la création entités politiques insistent sur éco
nomique et sur importance du don et de la générosité ce que les autres
font aussi mais seulement après conquête faite Nous allons en résumer
quelques-unes recueillies récemment chez les Dii de Adamaoua au
Nord-Cameroun
Les Dii autrefois appelés Dourou une dénomination étrangère ils
refusent hui vivent dans Adamaoua au Cameroun cheval
entre la Province du Nord et celle de Une partie est établie
dans la plaine dii au nord de Ngaoundéré dans les lamidats principautés
peules de Rey Bouba et de Garoua ainsi que dans arrondissement
indépendant de Mbé autre partie dépend du lamidat de Ngaoundéré et
est située sur le plateau du même nom Les Dii sont environ quarante
mille divisés en quelque cent cinquante chefferies de tailles variables
mais plutôt petites ils disent explicitement ils ne connaissaient pas la
guerre avant la Guerre Sainte engagée par les Peuls au cours du xixe siècle
et aucun des mythes de création de leurs institutions politiques en fait
état dans les narrations les guerres avec les Peuls pour autant elles
soient mentionnées interviennent après la création des chefferies
Ces mythes mettent souvent en scène non pas un groupe de guerriers
mais un chasseur solitaire
Ces versions impliquant un seul chasseur ont été bien moins examinées
ici que celles mentionnant des conquérants guerriers probablement
cause de la plus grande taille des ensembles politiques basés sur la ou
les conquêtes et du plus grand rôle joué par celles-ci dans histoire
africaine jugée aune des événements que nous considérons nous-mêmes
comme les plus importants Quelques études sont consacrées confronter
ces mythes avec histoire pour vérifier si identité ethnique du chasseur
étranger quelquefois précisée relève de la vérité historique ou de la simple
plausibilité qui servirait des buts politiques actuels Boston 1964 Ces
tentatives de raccorder le mythe et histoire ou histoire ont
toujours pour résultat de laisser de côté les dimensions proprement
mythiques qui ne sont pas exploitées comme le dit très justement Luc
De Heusch 1972 15-16 En ce qui concerne les aspects mythiques
intégrant éventuellement qui manquent dans nos récits ce dernier
brillamment montré dans ouvrage qui vient être cité comment les
analyser Il autre part insisté sur les dimensions alterile et exter
ritorialité du chasseur ou du guerrier qui préfigurent la distance qui existera DON RITE ET CHEFEER 389
plus tard entre le chef il va devenir et ses futurs sujets id 1988
1991 De Heusch est en partie inspiré du livre remarquable Alfred
Adler 19

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents