Durée, longueur et vitesse apparentes d un voyage - article ; n°1 ; vol.63, pg 13-28
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Durée, longueur et vitesse apparentes d'un voyage - article ; n°1 ; vol.63, pg 13-28

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Description

L'année psychologique - Année 1963 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 13-28
On a mesuré la perception de la durée, de la longueur d'un parcours et de la vitesse et étudié leurs relations dans une expérience de mouvement subi passivement (le S. était enfermé dans une automobile à rideaux tirés, roulant sur une autoroute). Les résultats montrant une interdépendance des perceptions, telle qu'on peut parler d'effet kappa et d'effet tau. En outre, il existerait une vitesse « optimale », autour de 50 km/h, que l'on peut estimer avec un maximum de précision. D'une façon générale, la vitesse est estimée plus exactement que la durée, et la durée plus exactement que la distance.
The apparent duration, distance and speed of a journey were measured and compared with the actual values, in an experiment on passively experienced movement. (The subject was seated in an automobile with drawn curtains that was travelling on a highway.) The results show an interdependence in the various estimates such that one may speak of kappa and tau effects. Moreover there was an « optimal » speed at approximately 50 km/h, which was estimated with maximum precision. In a general way, speed is estimated more accurately than duration, and duration more accurately than distance.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Cohen
P. Cooper
Durée, longueur et vitesse apparentes d'un voyage
In: L'année psychologique. 1963 vol. 63, n°1. pp. 13-28.
Résumé
On a mesuré la perception de la durée, de la longueur d'un parcours et de la vitesse et étudié leurs relations dans une
expérience de mouvement subi passivement (le S. était enfermé dans une automobile à rideaux tirés, roulant sur une autoroute).
Les résultats montrant une interdépendance des perceptions, telle qu'on peut parler d'effet kappa et d'effet tau. En outre, il
existerait une vitesse « optimale », autour de 50 km/h, que l'on peut estimer avec un maximum de précision. D'une façon
générale, la est estimée plus exactement que la durée, et la durée plus exactement que la distance.
Abstract
The apparent duration, distance and speed of a journey were measured and compared with the actual values, in an experiment
on passively experienced movement. (The subject was seated in an automobile with drawn curtains that was travelling on a
highway.) The results show an interdependence in the various estimates such that one may speak of kappa and tau effects.
Moreover there was an « optimal » speed at approximately 50 km/h, which was estimated with maximum precision. In a general
way, speed is estimated more accurately than duration, and duration more accurately than distance.
Citer ce document / Cite this document :
Cohen J., Cooper P. Durée, longueur et vitesse apparentes d'un voyage. In: L'année psychologique. 1963 vol. 63, n°1. pp. 13-
28.
doi : 10.3406/psy.1963.27022
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1963_num_63_1_27022Département de Psychologie, Université de Manchester
DURÉE, LONGUEUR ET VITESSE APPARENTES
D'UN VOYAGE
par J. Cohen et P. Cooper
La littérature consacrée à la durée, la longueur et la vitesse
apparentes et à leurs interrelations se limite, en grande partie,
au domaine de la vision ; le sujet estime, par exemple, la durée,
la vitesse et la longueur du déplacement d'un objet qui se meut
devant ses yeux. Néanmoins, il est évident que la durée, la dis
tance et la vitesse subjectives ainsi que leurs interrelations
peuvent être étudiées dans différents contextes, par exemple
lorsque le sujet se déplace sur terre, en mer ou dans les airs,
avec ou sans véhicule, à pied ou à la nage, en pilotant un avion,
dans une voiture d'enfant, dans un hovercraft1 ou en fusée.
Nous nous proposons de décrire une expérience qui a pour but
d'étudier ces interrelations lorsque le sujet voyage, à titre de
passager, dans un véhicule se déplaçant sur une route.
L'expérience a été inspirée par une discussion sur les effets
d'un voyage dans l'espace sur le vieillissement. Langevin avait
déduit de la théorie de la relativité que, si un voyageur se dépla
çait dans l'espace à une vitesse proche de celle de la lumière,
il ne vieillirait pas aussi vite que les amis qu'il aurait laissés
sur la terre. Par exemple, s'il voyageait à la vitesse de 298 500 km
à la seconde, une année du voyageur dans l'espace équivaudrait
à 10 années sur terre, du point de vue de l'observateur terrestre2.
Si nous admettons que le voyage dans l'espace produit des effets
qui, dans cet ordre d'idées, ressemblent à ceux qui résultent
d'une réduction de la température (Piéron, 1952), nous pouvons
1. Autobus aérien.
2. Voir Nature, 1956, 177, p. 782 ; ibid., p. 680 ; Discovery, 1957, 18, p. 56 ;
ibid., 18, p. 174; voir aussi J. Cohen, Subjective time, Discovery, 1957, 18,
151-154. 14 MÉMOIRES ORIGINAUX
nous attendre à trouver des eiïets psychologiques aussi bien que
physiologiques. « La notion du temps » de ce voyageur serait
également affectée. Car, quand la température est réduite et
quand le métabolisme est ralenti, le temps des horloges semble
s'écouler plus vite ; et, réciproquement, quand la température
est augmentée et le métabolisme accéléré, ce temps semble plus lentement. Cette question de la et
du temps est, bien entendu, étroitement spécifique au voyage
dans l'espace.
Il existe néanmoins une raison supplémentaire et plus valable
de supposer que le voyage dans l'espace et, en fait, toute forme
de voyage peuvent influencer nos estimations du temps. Nous
savons que les estimations de la durée, en ce qui concerne la
vision, sont systématiquement influencées par l'espace visuel
correspondant. Ainsi, si trois éclairs successifs de lumière sont
séparés par des durées égales, la seconde durée semble relativ
ement plus longue que la première lorsque le rapport de la
deuxième à la première distance augmente ; et, de même, lorsque
la seconde distance est plus courte que la première, la seconde
durée semble relativement plus courte. Ce phénomène est connu
sous le nom d'effet kappa (Cohen, Hansel, Sylvester, 1953 ; 1955).
On a également mis en évidence le phénomène réciproque : un
espace sensoriel donné est influencé par le temps sensoriel corre
spondant. Ce phénomène est appelé effet tau (Helson, King, 1931).
Dans les situations que nous venons d'évoquer, le sujet est
immobile, mais les effets kappa et tau peuvent également se
produire en relation avec l'expérience vécue du mouvement,
c'est-à-dire quand le sujet se déplace. Ainsi, l'estimation de la
durée que donne un voyageur dans l'espace peut varier para
doxalement avec les différentes distances qu'il franchit à une
vitesse donnée ; à vitesse égale, une longue distance lui semblera
prendre un temps disproportionnellement plus long qu'une dis
tance plus courte. De plus, les diverses parties de son voyage,
accomplies chacune dans le même temps, lui sembleront plus
ou moins longues suivant la vitesse à laquelle il les effectuera.
Une longue distance parcourue à une vitesse élevée pourra lui
sembler prendre relativement plus de temps qu'une distance
plus courte, parcourue à une vitesse plus lente. Ces effets peuvent
être plus facilement compris si nous prenons l'exemple d'un
voyage de type courant. Supposons qu'un homme aille en avion,
les yeux bandés, de Londres à Paris, en une heure et qu'il pour
suive son voyage jusqu'au Caire, en mettant également une heure. ET COOPER. DURÉE, LONGUEUR, VITESSE D'UN VOYAGE 15 COHEN
La seconde étape du voyage pourra lui sembler plus longue que
la première, et un effet correspondant apparaîtra pendant son
voyage de retour.
Nous avons fait des recherches, dans les conditions d'un
voyage normal par la route, sur le phénomène impliqué dans ce
vol hypothétique, notre premier objectif étant d'étudier le
pattern des estimations effectuées par un voyageur sur la durée,
la longueur et la vitesse du parcours. En d'autres termes, nous
avons cherché à vérifier s'il existe également une interdépendance,
analogue aux effets kappa et tau, quand le mouvement est passif,
comme par exemple dans le cas d'un automobiliste ou de son
passager. Nous mettons l'accent sur le mot analogue car, dans
l'effet kappa original, la durée apparente dépend de l'espace
perçu alors que dans notre expérience il n'y a pas d'espace perçu.
Il en est de même pour l'effet tau.
Nos sujets ont voyagé dans un fourgon de police dont les
fenêtres étaient obturées afin d'éliminer les indices visuels. On
leur a dit au début de l'expérience qu'ils allaient faire un voyage
par la route et qu'à un certain moment ils entendraient une cloche
sonner. Quand la cloche sonnait, le camion ne s'arrêtait pas,
mais le conducteur, en changeant aussitôt de vitesse, ralentissait
ou accélérait. Pendant le voyage, afin de les distraire, l'expérimen
tateur engageait avec les sujets une conversation plaisante et leur
donnait des tâches papier-crayon, pour leur faire passer le temps.
A la fin du voyage, on demandait à tous les sujets d'estimer
le temps écoulé avant et après la sonnerie de la cloche. On demand
ait ensuite à la moitié des sujets, pour chaque essai, d'estimer la
vitesse à laquelle ils avaient voyagé et à l'autre moitié
la distance parcourue.
Dix sujets différents, jouant chaque fois le rôle de passager,
ont effectué neuf voyages sur une autoroute. Les sujets étaient
des étudiants de co

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