Echange inégal, gain de l échange et justice distributive internationale - article ; n°4 ; vol.37, pg 659-676
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Echange inégal, gain de l'échange et justice distributive internationale - article ; n°4 ; vol.37, pg 659-676

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue économique - Année 1986 - Volume 37 - Numéro 4 - Pages 659-676
Echange inégal, gain de l'échange et justice distributive internationale
La théorie de l'« Echange Inégal » d'Arghiri Emmanuel demeure très largement perçue comme une remise en cause de la théorie classique et néo-classique des gains de l'échange international. On montre pourtant dans un cadre néo-ricardien simple, conforme aux hypothèses d'Emmanuel, que cette interprétation n'a pas de fondement logique. La théorie conserve un intérêt en tant que proposition normative concernant la répartition internationale des revenus.
Unequal exchange, gain from trade and international distributive justice
Emmanuel's theory of Unequal Exchange still appears as a radical, critique of the classical and neo-classical theory of the gain from international trade. A simple neo-ricardian framework helps us to show that this is a theoretically unsound interpretation. The theory remains interesting as a normative proposition, concerning the distribution of world income.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 175
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Christian Montet
Echange inégal, gain de l'échange et justice distributive
internationale
In: Revue économique. Volume 37, n°4, 1986. pp. 659-676.
Résumé
Echange inégal, gain de l'échange et justice distributive internationale
La théorie de l'« Echange Inégal » d'Arghiri Emmanuel demeure très largement perçue comme une remise en cause de la théorie
classique et néo-classique des gains de l'échange international. On montre pourtant dans un cadre néo-ricardien simple,
conforme aux hypothèses d'Emmanuel, que cette interprétation n'a pas de fondement logique. La théorie conserve un intérêt en
tant que proposition normative concernant la répartition internationale des revenus.
Abstract
Unequal exchange, gain from trade and international distributive justice
Emmanuel's theory of " Unequal Exchange" still appears as a radical, critique of the classical and neo-classical theory of the gain
from international trade. A simple neo-ricardian framework helps us to show that this is a theoretically unsound interpretation. The
theory remains interesting as a normative proposition, concerning the distribution of world income.
Citer ce document / Cite this document :
Montet Christian. Echange inégal, gain de l'échange et justice distributive internationale. In: Revue économique. Volume 37,
n°4, 1986. pp. 659-676.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1986_num_37_4_408933ÉCHANGE INÉGAL,
GAIN DE L'ÉCHANGE
ET JUSTICE DISTRIBUTIVE INTERNATIONALE
Depuis sa publication en 1969, la théorie de « l'Echange Inégal »
d'Arghiri Emmanuel a connu une vaste diffusion auprès du
public français intéressé par les problèmes du développement écono
mique et des relations économiques internationales. Malgré la sévérité
et la persistance de certaines critiques de l'argumentation d'Emmanuel,
généralement à l'intérieur même du courant de pensée marxiste, une
interprétation de la théorie s'est progressivement imposée : elle consti
tuerait une réfutation de la théorie classique et néo-classique des gains
de l'échange international l.
Nous voulons rappeler dans cette note qu'une telle interprétation
n'est pas logiquement fondée. Les résultats présentés ici ne sont pas
véritablement nouveaux (voir, par exemple, P. A. Samuelson [19] [20],
R. Findlay [9] [10], M. M. A. Smith [23], C. Montet [14]), mais leur
trop faible diffusion en France 2 et la confusion méthodologique régnant
encore en ce. domaine nous invitent à une nouvelle mise au point.
Notre intention n'est pas de remettre en cause la cohérence interne
de la théorie. Certes, Paul Samuelson [20] a révélé d'importantes fautes
de logique dans le raisonnement d'Emmanuel, mais on peut les éviter
et retrouver le résultat essentiel. Le problème de méthode soulevé ici
concerne plutôt la phase d'interprétation du résultat.
* Je tiens à exprimer toute ma gratitude, au « rapporteur » pour ses suggestions
très constructives.
1. Le ton était donné par le professeur Bettelheim, dès 1969, dans la postface
(« Remarques théoriques ») à la première édition de l'ouvrage. Malgré ses critiques,
Bettelheim demeurait fort élogieux et écrivait : « Les développements critiques
d'A. Emmanuel représentent une contribution extrêmement importante au renverse
ment de ce qu'on pourrait appeler le « dogme de la théorie des coûts comparatifs
et des bienfaits de la division internationale du travail » ([21, p. 300).
2. Voir cependant Phan Dut- Loi [1.6].
65.9
Revue économique — N: 4. juillet lV.Srt Revue économique
En principe et sans qu'il soit nécessaire de savoir si l'économique
est une science, pure ou impure, noble, « molle » ou autre chose, l'unani
mité devrait se taire autour d'une proposition du type : dans le cadre
des hypothèses A, B et C, un raisonnement logique conduit au résultat
D et non à E ou F. Le résultat D pourra être jugé bon par certains et
mauvais par d'autres ; d'autres, enfin, ne lui trouveront aucune espèce
d'intérêt et seront tentés de reformuler le cadre d'analyse afin de par
venir à un résultat G jugé plus pertinent. Ces différentes attitudes n'ont
rien d'étonnant quand on sait l'importance des propositions normatives
en économie (voir, sur ce point, C. Schmidt [22]). Mais, en tout état de
cause, il est illégitime de transformer le résultat D en une tout autre
proposition.
Or cette attitude est fréquente dans notre discipline. La plus belle
illustration nous est fournie par les théorèmes I et II de l'économie
du Bien-Etre, selon lesquels un équilibre général concurrentiel est
optimal au sens de Pareto et, inversement, tout état optimal peut être
obtenu, sous des conditions plus restrictives, par un système de prix
concurrentiels. Combien de commentateurs ont vu dans ce résultat la
description, fidèle et réconfortante pour les uns, malhonnête et insul
tante pour les autres, d'un monde capitaliste à la Pangloss (voir, sur ce
point, les mises au point répétées de F. Hahn [11] par exemple).
De semblables dérives ont accompagné l'interprétation de la théorie
de 1'« échange inégal ». C'est ce que nous nous proposons de rappeler
et d'éclaircir dans cette note.
La section III sera consacrée à un résumé de la proposition centrale
d'Arghiri Emmanuel et des conséquences que l'auteur en déduit en
matière de politique économique. Dans la deuxième section, nous mont
rerons, à l'aide de quelques modèles simples mais généralisables, que la
proposition traditionnelle concernant les gains de rechange reste valable
dans un cadre conforme aux hypothèses d'Emmanuel. La seule façon
de donner un sens à la théorie de rechange inégal est de l'interpréter
comme une proposition normative comparable à d'autres théories de
la justice distributive internationale (section III). Mais, alors, les impli
cations de politique économique ne peuvent qu'être très différentes
cle celles généralement proposées (section IV).
■0 L'ECHANGE INEGAL : PROPOSITION CENTRALE
CONDITIONS DE VALIDITE
ET INTERPRETATIONS TRADITIONNELLES
La proposition centrale d'Emmanuel démontrée à l'aide des schémas
marxiens de la transformation est la suivante : dans une économie inter
nationale concurrentielle où le facteur travail demeure pour l'essentiel
immobile entre pays, alors que le facteur capital est mobile, un pays
domestique à taux de salaire élevé peut obtenir d'un pays étranger à
taux de salaire bas « le produit d'une quantité plus élevée de l'agrégat
des facteurs onéreux pour la société — notamment des deux facteurs
principaux : travail et capital — contre le produit dune quantité
plus réduite du même agrégat de facteurs » ([6], p. 350).
Cette proposition évoque naturellement la notion de termes de
l'échange factoriels doubles, c'est-à-dire « le rapport entre les quantités
de facteurs productifs nécessaires dans deux pays pour produire des
quantités de produits d'égale valeur dans l'échange international »
(R. Barre [1], p. 609). Emmanuel utilise les schémas marxiens de la
transformation des valeurs en prix de production pour montrer que,
dans le capitalisme contemporain, caractérisé selon l'auteur par une
uniformisation mondiale des taux de profit couplée à un maintien des
différences internationales des taux de plus-value, les termes de l'échange
factoriels doubles des pays du Sud doivent être inférieurs à l'unité. Il
s'agit, selon Emmanuel, d'une sous-valorisation des produits du Sud
par rapport à ceux du Nord par référence à la norme que constituerait
une économie mondiale avec taux de salaires (et donc taux de plus-
value) uniformisés.
Parallèlement, l'auteur soutient que. dans un système de prix de pro
duction internationaux décrivant des branches à composition orga
nique du capital différentes, la variation autonome du prix d'un facteur
immobile entre pays, en particulier le travail, peut entraîner une spécial
isation et des flux d'échanges inefficaces.
Le

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents