ÉCONOMIE POLITIQUE DES ROMAINS
Adolphe DUREAU DE LA MALLE
Membre de l’Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
PARIS - 1811
LIVRE PREMIERTABLE GÉNÉRALE DES CHAPITRES
LIVRE Ier — VUES GÉNÉRALES - SYSTÈME MÉTRIQUE - VALEUR ET RAPPORT DES MÉTAUX
- CENS ET CADASTRE
CHAPITRE I. Vues générales
CHAPITRE II. Des poids et des mesures chez les Romains
CHAPITRE III. Des monnaies romaines
CHAPITRE IV. De l’ensemble du système métrique romain
CHAPITRE V. Poids, mesures et monnaies grecques
CHAPITRE VI. Conversion des mesures grecques et romaines en mesures françaises
CHAPITRE VII. Conversion des monnaies grecques et romaines en monnaies françaises
CHAPITRE VIII. Rapport des métaux précieux en général
CHAPITRE IX. Des monnaies de cuivre, des monnaies d’argent et de leurs rapports
réciproques
CHAPITRE X. De la monnaie d’or et de son rapport avec la monnaie d’argent
CHAPITRE XI. Prix moyen du blé
CHAPITRE XII. Prix des denrées d’après l’inscription de Strabonicée
CHAPITRE XIII. Prix de la journée de travail
CHAPITRE XIV. De la solde des troupes
CHAPITRE XV. Du prix des esclaves I. Origines du cens
CHAPITRE XVII. Du cadastre
CHAPITRE XVIII. De l’ancienneté du cadastre chez les Romains
CHAPITRE XIX. Cadastre de tout l’empire exécuté par Auguste
CHAPITRE XX. Certitude des documents statistiques que nous ont transmis les auteurs
anciens
LIVRE II — POPULATION
CHAPITRE I. Population libre de l’Italie
CHAPITRE II. De la population servile
CHAPITRE III. Exagération des auteurs anciens et modernes relativement au nombre
des esclaves
CHAPITRE IV. Discussion des textes qui ont servi de base aux évaluations exagérées
du nombre des esclaves
CHAPITRE V. Détermination du nombre des esclaves pendant la durée de la
République
CHAPITRE VI. Des affranchissements
CHAPITRE VII. Population sous l’empire, et conclusion
CHAPITRE VIII. Population des Gaules
CHAPITRE IX. Extension du droit de cité depuis César et Auguste
CHAPITRE X. De l’étendue et de la population de Rome
CHAPITRE XI. Des faubourgs de Rome
CHAPITRE XII. Des maisons de Rome et de leurs boutiques
CHAPITRE XIII. Des causes générales qui, chez les Grecs et les Romains, durent
s’opposer au développement de la population
LIVRE III — AGRICULTURE - PRODUITS
CHAPITRE I. Agriculture romaine
CHAPITRE II. État physique de l’Italie
CHAPITRE III. Histoire des progrès et causes probables de l’insalubrité
CHAPITRE IV. Agriculture de Caton
CHAPITRE V. Du mode de fermage
CHAPITRE VI. Procédés d’agriculture
CHAPITRE VII. Exposé de l’agriculture de Varron
CHAPITRE VIII. Des instruments d’agriculture
CHAPITRE IX. Semences et engrais
CHAPITRE X. Patrie des céréales, notamment du blé et de l’orge
CHAPITRE XI. Rapport de la semence au produit
CHAPITRE XII. Revenu du terres labourables et des prés CHAPITRE XIII. Des troupeaux
CHAPITRE XIV. Du menu bétail
CHAPITRE XV. Du gros bétail I. Des mulets et des chiens
CHAPITRE XVII. Des bergers et de leurs travaux
CHAPITRE XVIII. Produits de la villa ; des volières
CHAPITRE XIX. Des parcs d’animaux
CHAPITRE XX. Des viviers
CHAPITRE XXI. De la concentration des propriétés, principale cause de
l’affaiblissement de la population et des produits de l’Italie aux VIIe et VIIIe
siècles de Rome
CHAPITRE XXII. Destruction de la classe moyenne
CHAPITRE XXIII. Diminution de la population et des produits
LIVRE IV — INSTITUTIONS POLITIQUES - ADMINISTRATION - FINANCES
CHAPITRE I. Nature des lois agraires
CHAPITRE II. De l’intérêt légal de l’argent
CHAPITRE III. Des lois liciniennes
CHAPITRE IV. Lois de Tiberius Gracchus
CHAPITRE V. Lois de Caïus Gracchus
CHAPITRE VI. Lois de Rullus, de Flavius et de César
CHAPITRE VII. Droits civils et politiques
CHAPITRE VIII. Administration civile et judiciaire
CHAPITRE IX. Effets de l’administration provinciale
CHAPITRE X. Population et produits de la Sicile
CHAPITRE XI. De la province d’Asie
CHAPITRE XII. Système des impôts
CHAPITRE XIII. Condition des terres imposables
CHAPITRE XIV. Revenu des terres du domaine de la république
CHAPITRE XV. De l’impôt foncier et en particulier des prestations en nature
CHAPITRE XVI. De l’impôt direct sous l’empire
CHAPITRE XVII. Impôts sur les mines et les carrières
CHAPITRE XVIII. Impôt sur le bétail
CHAPITRE XIX. Impôts indirects, douanes, octrois, péages
CHAPITRE XX. Impôt sur les objets de consommation
CHAPITRE XXI. Du vingtième sur la vente et sur l’affranchissement des esclaves et sur
les successions
CHAPITRE XII. Impôts sur les aqueducs et les prises d’eau
CHAPITRE XXIII. Impôts sur les égouts et les matières fécales
CHAPITRE XXIV. Impôts divers
CHAPITRE XXV. Conclusion
AVERTISSEMENT
L’ouvrage que je livre aujourd’hui au public est le résultat de recherches
spéciales auxquelles, sauf quelques courts intervalles, j’ai consacré vingt années
de ma vie. Tout, dans ces deux volumes, n’est pas entièrement nouveau; j’avais
déjà traité quelques parties da sujet dans divers mémoires qui font partie des
tomes X et XII du Recueil de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Ces
travaux isolés ont tous reçu les remaniements nécessaires pour les faire entrer
convenablement dans une oeuvre d’ensemble Presque tous ont été
considérablement augmentés, quelques-uns même entièrement refondus. Enfin
la partie qui était restée, jusqu’ici inédite est beaucoup plus étendue que celle qui
avait déjà été publiée.
Il faudrait que le lecteur eût, comme moi, longtemps médité le sujet que
j’embrasse, pour bien comprendre combien il est vaste dans son ensemble, infini
dans ses détails, incomplet dans ses documents. Si j’avais eu la prétention de le
traiter à fond, ce livre n’aurait probablement jamais vu le jour. Mais quel auteur
se résignerait à travailler longtemps et péniblement sans quelque honneur pour
lui, sans profit pour les autres. J’ai donc cru devoir me borner. Quelque imparfait
que puisse être ce livre, j’ai néanmoins la confiance que, sur quelques points
importants, il pourra aider aux progrès de la science historique ; je n’ai jamais eu
d’autre ambition.
Lorsque je publiai, en 1836, mon Mémoire sur le Système métrique des
Romains1, je ne pus payer que par une simple note à M. Delorme, alors
professeur de mathématiques spéciales au collège d’Amiens, mon tribut de
reconnaissance pour l’active collaboration qu’il m’avait prêtée clans la rédaction
de ce mémoire, et pour la composition des tables qui l’accompagnaient. Je suis
heureux de pouvoir lui offrir ici des remerciements un peu plus solennels.
Devenu professeur au collège de Louis le Grand, M. Delorme a pu revoir arec moi
notre ancien travail; il en est résulté une refonte complète. Les seize tables de
conversion qui sont à la fin du premier volume ont été recalculées par lui sur des
bases beaucoup plus exactes, que lui-même a exposées mieux que je n’aurais pu
le faire, en tête du premier livre (ch. II-VII).
Ces tables n’ont pas été dressées exclusivement pour l’intelligence de l’ouvrage
que je publie, elles seront, je l’espère, fort utiles pour la lecture des historiens
anciens. Quoiqu’on ait cherché en les composant à les rendre aussi précises que
possible, il ne faut pourtant pas se dissimuler que la difficulté de la matière et
l’imperfection des documents que nous possédons sur les poids, les mesures et
les monnaies de l’antiquité, ne permettaient de donner que des évaluations
approximatives. Aussi, dans le cours de l’ouvrage, ne nous sommes-nous
presque jamais astreints à prendre pour base les évaluations de nos tables dans
toute leur rigoureuse précision. Presque toujours nous avons procédé par
nombres ronds, en négligeant les décimales et remplaçant par des zéros les
chiffres secondaires, qui entravaient ces calculs, sans rien ajouter à l’exactitude
des résultats. Cette manière de procéder était suffisamment exacte pour le but
que nous nous proposions.
1 Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XII, p. 286. LIVRE PREMIER — VUES GÉNÉRALE - SYSTÈME MÉTRIQUE -
VALEUR ET RAPPORT DES MÉTAUX - CENS ET CADASTRE.
CHAPITRE I. Vues générales
L’histoire romaine a été éclaircie par de nombreux travaux ; la constitution, la
politique, les oscillations des pouvoirs du sénat et du peuple, les ressorts du
gouvernement, la législation, la discipline des armées, enfin les causes des
succès, de la durée, de la décadence et de la chute de l’empire romain, ont été
approfondies par des esprits supérieurs. Polybe et Tacite chez les anciens,
Machiavel en Italie, chez nous Bossuet et Montesquieu ont associé leur
renommée à celle de Rome, et l’auréole de gloire de la ville immortelle nous est
apparue brillante de tous les rayons de leur génie.
Les ressorts intérieurs de la machine, le mouvement et la distribution de ses
parties, la marche de l’administration, l’exactitude et la précision de ses moyens,
l’ordre et la régularité de l’ensemble, enfin la statistique et l’économie, de
l’empire romain nous étaient peu connus. C’est cette lacune dans les sciences
historiques que j’ai tâché de remplir.
Je me suis proposé de rechercher quels ont été en Italie, pendant la domination
romaine, la population, les produits, enfin la richesse considérée connue le
produit annuel de la terre et du travail ;
Quelle a été la mesure des travaux productifs et moins productifs ;
D’examiner l’influence des métaux monnayés sous leurs formes diverses et à
différentes époques, comme représentation et mesure de la va-leur ; de chercher
à obtenir la valeur relative des produits pendant cette période, soit en comparant
leurs prix dans la monnaie courante du temps, soit en trouvant le rapport entre
leur valeur, le prix de la journée de travail et le prix d’une mesure de blé
équivalente à une journée de travail.
J’ai cherché à établir positivement la distinction marquante qui existe entre la
société moderne et l’état social de l’Italie sous la dominatio