Éléments d analyse pour l étude comparée des sociétés dépendantes : Afrique, Amérique latine - article ; n°72 ; vol.18, pg 737-762
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Éléments d'analyse pour l'étude comparée des sociétés dépendantes : Afrique, Amérique latine - article ; n°72 ; vol.18, pg 737-762

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Description

Tiers-Monde - Année 1977 - Volume 18 - Numéro 72 - Pages 737-762
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bonnie Campbell
Éléments d'analyse pour l'étude comparée des sociétés
dépendantes : Afrique, Amérique latine
In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°72. pp. 737-762.
Citer ce document / Cite this document :
Campbell Bonnie. Éléments d'analyse pour l'étude comparée des sociétés dépendantes : Afrique, Amérique latine. In: Tiers-
Monde. 1977, tome 18 n°72. pp. 737-762.
doi : 10.3406/tiers.1977.2758
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1977_num_18_72_2758ÉLÉMENTS D'ANALYSE
POUR L'ÉTUDE COMPARÉE
DES SOCIÉTÉS DÉPENDANTES
Afrique, Amérique latine1
par Bonnie Campbell*
Pour qu'une analyse comparative des sociétés d'Afrique et d'Amérique
latine soit utile, il est essentiel qu'elle se situe dans une perspective histo
rique. Dans ce cadre il sera nécessaire d'essayer de « déterminer la nature
des différents modes de production précapitalistes; la nature particulière
du processus de colonisation dans son développement historique en se
référant particulièrement aux étapes de du capitalisme
européen lorsqu'il pénétra pour la première fois ce que l'on appelait
les sociétés coloniales; les différents moyens par lesquels le système
capitaliste en expansion a réussi à utiliser, transformer, subordonner et
incorporer les modes de production préexistants dans les nouveaux types
* Département de Science politique, Université du Québec à Montréal, ancienne élève de
I'iedes.
i. Version modifiée d'une conférence présentée lors des réunions de l'Association
canadienne de Science politique tenues dans le cadre du Congrès des Sociétés savantes,
Université Laval, juin 1976.
Je tiens à remercier Guy Dhoquois, de l'Université Paris VII, pour avoir bien voulu
apporter ses commentaires à ce texte. Les idées et opinions exprimées et les erreurs que
celles-ci peuvent contenir sont néanmoins entièrement la responsabilité de l'auteur.
Revue Tien-Monde, t. XVIII, n» 72, oetobn-déeembre 77 737 BONNIE CAMPBELL
de structures socio-économiques; et enfin les caractéristiques spécifiques
au capitalisme périphérique des sociétés dépendantes et le rôle et l'inte
raction des ces dernières dans le système international2 ».
L'objet de cet article sera d'essayer de clarifier ces différents éléments
d'analyse afin de démontrer la possibilité et l'utilité de traiter de pro
blèmes précis sur une base comparative tout en assurant la rigueur
de l'analyse.
Il est néanmoins important de souligner au préalable la très grande
difficulté posée par l'analyse de phénomènes à la fois aussi vastes et aussi
abstraits. Pour ce qui est de l'étendue des problèmes soulevés, il n'y a
aucun doute que la rigueur analytique des études dans ce domaine nécess
iterait le recueil de données empiriques dont nous ne disposons pas
présentement et qui impliquent un travail considérable de recherche.
Pour ce qui est du problème de conceptualisation, nous nous efforcerons
de démontrer l'existence de désaccords entre les différentes thèses dans
ce domaine.
Cet article se contentera de présenter l'état d'une question que nous
considérons des plus importantes.
Nous avons retenu pour la fin de cet article, le concept de mode de
production et sa forme historiquement concrète, la formation sociale,
non pas par simple affinité avec une terminologie dite marxiste, mais
parce que ces termes nous semblent les seuls capables de nuancer suff
isamment la réalité complexe que nous tentons de cerner.
A cet égard il est bon de reconnaître les difficultés et la confusion qui
résultent des tentatives de faire entrer les réalités des sociétés précapit
alistes et dépendantes dans un petit nombre de modèles définis a priori.
Le problème posé par la définition du concept de mode de production
est particulièrement épineux et loin de susciter un consensus. Quelle
démarche méthodologique emprunter dans ce cas ? La réflexion de
Samir Amin et les précisions qu'il apporte à cette question nous semblent
fort utiles. Loin de préconiser un retour à l'empirisme absolu ou une
renonciation à tout le système conceptuel marxiste, devant ces pro
blèmes de conceptualisation, Amin propose de refuser de qualifier de
2. Cette approche méthodologique est celle proposée par Rodolfo Stavenhagen,
Structures agraires et sous-développement en Afrique et en Amérique latine, L'Homme et la
Société, n° 33-34, juillet 1974, pp. 37-53. Présentation au Colloque idep, iedes, ids, clacso, sur
les stratégies du développement économique, Afrique et Amérique latine comparée (Dakar,
4-17 septembre 1972).
738 ÉTUDE COMPARÉE DES SOCIÉTÉS DÉPENDANTES
« concept » une combinaison historique concrète quelconque. Car, nous
dit-il :
«... les concepts de la méthode marxiste se situent à un niveau d'abstraction plus élevé. Ne
sont des du matérialisme historique, à notre avis, que ceux qui ont une vocation
générale, c'est-à-dire commune à tous les modes de production et à toutes les formations
historiques : ainsi les concepts de forces productives, rapports de production, exploitation
(surtravail, surproduit...), classes sociales, base économique, etc. »8.
L'absence de telles nuances nous paraît implicite dans la thèse
d'André Gunder Frank, malgré la contribution fort importante qu'elle
représente, quand il affirme que les économies latino-américaines sont
capitalistes du fait de leur intégration dans le marché mondial capital
iste4. L'insuffisance d'une telle démarche vient du refus d'analyser
concrètement les formes particulières de l'intégration des régions qui
sont devenues, par ce fait même, dépendantes. En d'autres termes,
dans une telle démarche la relation entre « développement » et « sous-
développement » n'est pas structurée mais simplement affirmée. Ceci
explique la confusion présente dans l'analyse de Frank entre l'intégration
d'une région dans l'économie mondiale, et l'expansion de rapports
de production capitalistes à l'intérieur d'une région une fois celle-ci
intégrée, confusion qui se révèle, comme le suggère E. Laclau, dans
l'utilisation ambiguë des termes « capitalisme » et « capital »5. Le processus
d'accumulation à l'échelle mondiale et le processus d'accumulation
périphérique dans une société une fois celle-ci intégrée au marché mondial
ne sont pas les mêmes. De ceci découle nécessairement l'insuffisance
de l'expression « le développement du sous-développement », titre d'un
deuxième ouvrage de Frank6.
Cette question ou, plus précisément, la reconnaissance de l'impor
tance des caractéristiques spécifiques des différentes formations sociales
dominées dont est composée l'économie mondiale, et les conséquences
de l'existence de cette structure internationale complexe, qui imposent
à la loi de la valeur une transformation dans son fonctionnement, est
un des points soulevés par Charles Bettelheim dans son débat avec
3. Samir Amin, Impérialisme et sous-développement en Afrique, Ed. Anthropos, 1976, p. 335.
4. André Gunder Frank, Capitalisme et sous-développement en Amérique latine, Paris,
Ed. F. Maspero, 1972. Voir chap. Ier : « Développement et sous-développement au Chili ».
5. Ernesto Laclau, Feudalism and Capitalism in Latin America, New Left Review, 1971,
n° 67, pp. 19-38.
6. André Gunder Frank, Le développement du sous-développement. L'Amérique latine,
Ed. Maspero, 1970.
739 BONNIE CAMPBELL
A. Emmanuel7. Quoique nous n'entrerons pas dans le fond de ce débat
ici et que nous ne prendrons parti ni pour l'un, ni pour l'autre des
protagonistes sur le fond de la question, le débat soulève de nombreux
points importants dont le suivant :
L'économie mondiale ne se résume pas simplement à la coexistence
de formations sociales « juxtaposées », qui permettrait de prendre comme
hypothèse, comme le fait A. Emman

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