Etude de la production d'Information dans le cadre de la transm

Alain Lemoine

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Extrait

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Etude de la prod uction d’I nformation dans le cadre de la transmission instantanée
du ballon en football.
Alain Lem oine & Hughe s Jullie n
Unive rsité de Picar die Jules Ver ne, Ami ens, France.
Résumé
Dans le football actu el les attaqu ants sont confrontés à des réseaux défensifs de plus en
plus denses où les espace s d’évo lution sont réduits. Jouer en déviation ap para ît alors
comme une solution possible pour modifier le rap port de forces et permettre aux
att aquan ts de dépasser les défenseurs.
L’article porte sur 40 combinaisons de jeu qui se terminent par un tir. Le jeu en déviation
apparaît comme une option économique, fiable et sécuritaire dans la mesure où il repose
sur la notion d’anticip ation collective. Celle ci oblige les attaquants à jouer au futur en
occupant les espaces libres avant l’adversaire, à dévier la balle de façon contradictoire et
systématique tout en maintenant un espace de circulation du ballon le plus stable
possible. In fine, les joueurs dépassent la complexité défensive à partir d’une simplicité
des gestes et de la communication. On peut alors définir des principes tactiques à
respecter si l ’on veut s’inscrire e fficacement dans un jeu en d éviation.
Notre étude porte sur une forme de jeu asse z couran te e n football qui consiste pour les atta quan ts
à tran smettre le bal lon san s temps de contrôle. La terminologie technique parle alors d’une
« déviation » qui vise à « modifier instantanément la trajec toire du ballon pour le diriger vers un
parte naire au moyen d’ une fra ppe réal isée sur une balle en mouvement » (Her bin & Reth ack er,
1976). En sports collectifs, les tra va ux menés proposent le plus souvent des situati ons
décontextua lisées. Le s joueurs deva nt le plus souvent résoudre des tâches de un contre
un (Lerda, 1993, H enneman , 1989 ). Pour étudier le jeu en déviation , nous nous
plac erons dans la perspective de ce que les anglo-saxons nomment « The notational
ana lysis of sport » (Hu gues & Fr an cks, 1997). San s ignorer la difficulté méthodologique
présentée par l’ut ilisa tion d’un mat ch comme support expérimental, notre choix se portera
sur une rencontre entre deux équipes de 5 joueurs. Nou s étudierons alors la production
d’in format ions dan s le cadre du jeu en déviations. Plus précisément, seront traité es des
combinaisons de jeu qui sont l’enchaîn ement de trois déviat ions successives avant un tir
c’est à dire quand le jeu en déviatio ns est une option strat égique se situa nt à un stade de
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complexité supérieure par rapp ort à l’utili sa tion du une- deux (passe et va) ou bien du une-
deux-trois.
M is à pa rt Dug rand (1989) qui a réali sé un travail appr ofondi sur la na ture et
l’apprentissag e du jeu en déviatio ns, peu d’a uteurs ont abo rdé ce thème. Pourt an t il est
d’actu alité tan t les résea ux défensifs des équipes modernes sont denses ne permetta nt
plus aux att aquant s d’avoir des espac es d’évo lution importa nts. Dans un contexte où « il y
a bea ucoup moins de temps pour contrôler le ball on sa ns être gêné d’un e manière ou
d’u ne au tre pa r un adversaire » (Palfai, 1989), la déviation de la balle app ar aît comme
une possi bilité pour tenter d’éc ha pper aux mar quage s d es arrières (FIFA, 1986) .
D’ un point de vue théorique, nous considérerons le football comme un système complexe
et dynam ique (G réhaign e, 1992 ; M ouchet, 2003). L’an alyse systémique nous servira de
support pour comprendre l’é volution du rapport de forces tout au long de la combinais on
de jeu. La littérature systémique décrit généralem ent deux grands types d’Inf ormation. Le
premier est la redondan ce d’u n système (R), qui met en évidence « l’i ntelligibilité d’u n
orga nisme plus ou moins complexe » (Moles, 2002). Le second fait référence à la
nécessité pour les joueurs de traite r instan tanément les différents flux d’Inf ormati ons
provenan t à la fois des par tenaire s, des adversaires et du ballo n (Durand, 1990).
Habit uellement définies par 3 composa ntes : spati ale, événementielle et temporelle
(Famose, 1983) notre tra vail portera plus spécifiquement sur l’Informat ion Sp ati ale (I.S.),
qui fait référence à la direction vers laquell e le porteur de ba lle dévie le ballo n. Pour
calcul er la valeur de l’Informati on (I), c’est la formule I=Log 1/P qui sera utilisée où P2
représente la proba bilité d’app ar ition d’un événement (Alain, 1976 ; Ripoll, 1987; Bakker &
al, 1992).
Après avoir décrit la construction de notre outil de mesure et les va riab les qui rendent
compte des déplac ements des joueurs et du ballon, l’obje ctif de ce trava il sera de mettre
en évidence la man ière dont les attaq uan ts orga nisent leurs déplac ements et celui du
ball on afin de créer et ma intenir une circulatio n de ball e ininterrompue en jeu dévié da ns
le but de produire chez les défenseurs un désordre organisati onnel fat al ayant pour
conséquence une inca pa cité momentanée à s’organiser collectivement pour défendre la
cible.
1. Matériel et Mé thodes
1.1. Les sujet s.
40 footballeurs de club constituent les équipes. Ils sont d’un âge moyen de 19 ans et 9
mois ± 2 an s, d’une taille de 1,75 ± 0,05 m et d’u n poids de 72,5 ± 4.3 Kg. Ils ont une
pratique fédéral e de nivea u régional de 9 ans et 8 mois ± 3 ans, ce qui leur permet de
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supporter les contraintes de la tâche expérimentale. Aucune prépara tion spécifique n’a eu
lieu, les joueurs découvrant les conditions d’exécu tion le jour du test. Tous les joueurs
éta ient volontaires et motivés pa r la réalisati on de l’expérim enta tion.
1.2. La si tuat ion expér imentale
La situati on sta ndardis ée est représentée pa r une rencontre entre deux équipes
homogènes entre elles de 5 joueurs dont un gardien de but. L’aire de jeu mesure 50 m x
25 m. Le dispositif de prise de vue prévoit un opérate ur installé sur une nacell e plac ée
derrière un but, à une ha uteur de 20m au dessus du sol. L’orie ntati on de la cam éra
permet un plan fixe de la totali té du terrain da ns le sens de la longueur. Une camé ra
ana logique S ony type CCD munie d’u n grand an gle a été utilisée. Les images sont
exploitées sur un magn étoscope So ny SLV E-930 permetta nt la lecture image par image.
La prise de vue en continu permet d’obtenir 24 séquences de 4 min de JED comprena nt 40
combina isons respectan t le cr itère des 3 déviations réussies avant le tir.
1.3. Elaboration et validati on de l’outil de me sure
Afin de respecter les protocoles scientifiques en usa ge dan s les processus d’éla boration
des outils de mesure et de val idati on (Reboul-Mar ty & Launois, 1995 ; ANAES , 2003), ce
travail s’est déroulé en 4 étap es. Les 3 premières ont tra it à la reproductibilité intra-juge, à
èmela reproductibilité inter-j uges, puis à la sensibilité de l’ou til. Le 4 temps permetta it de
calcul er les valeurs en bits de l’Information spati ale. Les déviatio ns (Dev) au nombre de 8
possibles sont répertoriées de Dev1 à D ev8. Auc une différence n’est faite entre les
déviat ions effectuées au so l et celles e ffectuées en l’air (T ab. 1, p. 42).
Tableau I. Les di fférentes déviatio ns po ssibles en fonction de l’esp ace.
Angle fo rmé par la déviat ion et l’axe du but
Espac e
0°. ]0° et 90°[. 90°. ]0° et 90°[. 0°. ]0° et 90°[. 90°. ]0° et 90°[.
exploré
De v De v
D ev3 D ev4 De v8D éviat ions De v2 De v6 De v7
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D irection de la
déviat ion
2.73 4.46
2.177 3.315 3.637 3.730 3.467 2.082I.S. (bits)
0 7
Légende : Les déviations ainsi identifiées explorent 3 directions et sont caractérisées par
l’angle qu’ elles forment avec l’axe but -but égal à 0 (Khun & M eier,197 8).
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Le change ment de direction (Cde v) d’une déviatio n pa r rapp ort à la précédente
car actérisera les modificat ions du traje t de la ball e et prendra une des 4 valeurs
suivant es : Idev, iden tique ; Cod ev, con trad ictoire ; Odev, o blique ; Pdev, perpendiculair e.
Pour mesurer la fiabilité de l’outil, nous avons sollicité 12 experts qui ont visionné une
séquence prise au has ard et comportant 10 déviatio ns successives. Les résultats ont été
1
soumis au test de Kappa (K) (Bonn arde l, 2003). Dan s notre cas