Etude sociologique dans les prisons pour femmes
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Retrouvez Rostaing Corinne, qui vous propose une analyse de la relation carcérale. Découvrez un rapport inédit sur l'identité et rapports sociaux dans les prisons pour femmes à travers notre document au format PDF.

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Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 222
Langue Français

Extrait

Monsieur Lilian Mathieu
Rostaing Corinne, La relation carcérale. Identités et rapports
sociaux dans les prisons pour femmes.
In: Revue française de sociologie. 1998, 39-4. pp. 799-803.
Citer ce document / Cite this document :
Mathieu Lilian. Rostaing Corinne, La relation carcérale. Identités et rapports sociaux dans les prisons pour femmes. In: Revue
française de sociologie. 1998, 39-4. pp. 799-803.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1998_num_39_4_4846Les livres
sitions de ces sociologues sur les ques Rostaing (Corinne). - La relation
tions d'articulation entre intérêts et va carcérale. Identités et rapports
leurs. Plus, il y a plein de trouvailles sociaux dans les prisons pour
issues du rapprochement d'une pensée femmes.
avec une autre (celle de Tocqueville
Paris, Presses Universitaires de France celle de Montesquieu ou de Weber,
(Le lien social), 1997, 331 p., 149 FF. par exemple), de pistes parfois très eru
dites (la réinterprétation sociologique de
la biographie de Freud, par exemple) et Les établissements pénitentiaires
de mises en perspective éclairantes (sur français sont depuis peu accessibles aux
le protestantisme vu par Tocqueville, investigations des chercheurs en
Weber ou Walzer, par exemple). On l'au sciences sociales, et ces dernières an
ra compris, ce livre est avant tout st nées ont vu la publication rapprochée
imulant : il aiguise le sens critique, des résultats de plusieurs recherches
excite la curiosité, incite à la lecture. consacrées à différents aspects de la vie
carcérale. Le livre de Corinne Rostaing, L'ouvrage n'est pas sans défauts dûs
issu d'une thèse réalisée sous la direcsouvent à la tentation d'en écrire trop,
tion de Dominique Schnapper et soude trop complexifier ou de multiplier les
tenue en 1994, occupe une place allusions. Ainsi les dernières pages du
importante dans cette production sociochapitre sur l'identité (pp. 280-324)
logique, notamment en ce qu'il présente sont-elles souvent obscures : l'identité
pour principale originalité - et intérêt - dite maussienne n'est définie nulle part,
d'être spécifiquement consacré aux priles expressions « figures identitaires »,
sons pour femmes. Ainsi que le fait r« cristallisation identitaire », « oscilla
emarquer l'auteur, les analystes du monde tions identitaires», « synchrétisme iden
pénitentiaire ont jusqu'à présent génératitaire», pas toujours référées à des
lement privilégié l'étude des prisons travaux précis, sont mal distinguées les
pour hommes, ce qui les a fréquemment unes des autres, non contextualisées la
amenés à universaliser des résultats plupart du temps, non rattachées à des
n'ayant pourtant qu'une validité limitée opérations de recherche empirique. De
à la seule composante masculine (certes ce point de vue, l'ouvrage qui est vra
très largement majoritaire) de la populiment une (excellente) entreprise d'initia
ation incarcérée. De ce point de vue, La tion à la pensée, n'est pas un traité de
relation carcérale vient opportunément sociologie parce qu'il y manque toute la
combler le manque de connaissances sur méthodologie d'enquête. C'est un texte
la vie pénitentiaire féminine. destiné à donner envie de lire (et, pour
quoi pas de faire) de la sociologie, et Mais l'intérêt de l'ouvrage ne se
non un manuel qui montre comment on limite pas à la réhabilitation de cette
en fait. Mais il est tellement rare de trou dimension «sexuée», habituellement né
ver un livre si agréable à lire (malgré gligée, du monde carcéral. L'objet que
des faiblesses terminales) qui montre les C. Rostaing se propose d'étudier est ex
enjeux politiques et personnels de la so plicité dès le titre du livre : c'est bien
ciologie, que l'on aurait tort de ne pas aux relations sociales - et principale
le conseiller à tous ceux qui posent en ment aux relations entre surveillantes et
core cette question qui souvent nous détenues - qui se tissent à l'intérieur de
désespère : « La sociologie, à quoi ça la prison qu'elle s'intéresse, ce qui lui
sert?» Kuty nous en persuade : «À ne permet de faire apparaître l'une des fa
pas mourir idiot ! » iblesses d'une large part de la production
sociologique consacrée à la prison, à saClaude Dubar
voir la focalisation sur l'une des populPrintemps
Université Versailles-Saint-Quentin - Cnrs ations composant l'univers carcéral (le
799 Revue française de sociologie
plus souvent les prisonniers, plus rar cré à une présentation du processus
ement les fonctionnaires de l'administra pénal au terme duquel un justiciable
tion pénitentiaire), sans se donner les accède au statut de condamné à l'empri
moyens de rendre intelligible ce que les sonnement, ce qui permet à l'auteur de
pratiques et attitudes de chacun des deux situer la place de la prison au sein du
groupes en présence doit à l'interdépen répertoire de peines à disposition de
dance qui le lie à l'autre. C. Rostaing l'institution judiciaire et de rappeler que
s'appuie, pour l'analyse de cet objet, sur «la répression pénale touche davantage
un matériel empirique imposant, recueill les catégories de populations plus ou
i au sein de trois prisons pour femmes moins désaffiliées » (p. 93). La discus
(deux maisons d'arrêt et un établiss sion de données statistiques laissant ap
ement pour peine) et constitué de près de paraître la très nette sous-représentation
130 entretiens avec des détenues, des des femmes au sein de la population car
fonctionnaires de l'administration péni cérale - 4 % seulement des quelque
tentiaire et des intervenants extérieurs, 58 000 détenus des prisons françaises
sont des femmes - se poursuit par une ainsi que sur de nombreuses observat
ions réalisées in situ. analyse comparative des peines infligées
selon le sexe, permettant de constater
Les deux premières parties de l'ou que si «les femmes profitent d'une réac
vrage, respectivement consacrées aux tion sociale discriminatoire pour les pet
mutations de l'univers carcéral et aux its délits (sorties nombreuses avant le
cadres de l'expérience pénitentiaire, ont défèrement, acquittements plus fré
une vocation essentiellement introduc- quents, peines plus courtes que leur
tive et permettent de situer l'objet de la complice...)», en revanche «elles subis
recherche dans son contexte historique sent un traitement plus défavorable lors
et sociologique. Le premier chapitre qu'elles sont condamnées pour une
opère une rapide généalogie de l'insti infraction plus grave (condamnations et
tution carcérale, en envisageant notam peines effectives plus longues)»
ment, dans une perspective wébérienne, (p. 105). Enfin, le quatrième chapitre of
la prison contemporaine comme l'abou fre une présentation générale de la vie
tissement d'un processus de rationalisa carcérale dans ses multiples dimens
tion des peines. Le deuxième chapitre ions : règlement, sanctions, formations
dresse un panorama des recherches et activités offertes aux détenus,
sociologiques antérieures consacrées à contraintes spécifiques sur leur vie quo
l'univers pénitentiaire. L'auteur identifie tidienne (perte de la maîtrise du temps,
trois grandes étapes du questionnement disparition de l'intimité, soumission à
sociologique sur la prison : à une ré une logique de déresponsabilisation...),
flexion en termes de « culture » ou de conditions de détention spécifiques aux
« communauté » carcérales, principale femmes, etc.
ment développée aux États-Unis entre
les années 40 et 60, a succédé au cours Si ces deux premières parties de La
relation carcérale sont d'un incondes années 70 une réflexion à tonalité
plus critique sur la place de la prison testable intérêt pour le lecteur peu au
dans la société, réflexion dont Surveiller fait de la réalité carcérale et brillent par
et punir est devenu l'ouvrage de réfé leur qualité synthétique, on peut toute
rence. La période actuelle serait mar fois regretter qu'elles occupent une
quée par la multiplication de travaux place aussi importante dans l'économie
spécifiquement dédiés à différents as générale de l'ouvrage et qu'il faille a
pects particuliers de l'univers carcéral, ttendre la troisième et ultime partie pour
au

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