Faits et problèmes du jour - article ; n°1 ; vol.5, pg 5-12
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Description

Population - Année 1950 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 5-12
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

Alfred Sauvy
Faits et problèmes du jour
In: Population, 5e année, n°1, 1950 pp. 5-12.
Citer ce document / Cite this document :
Sauvy Alfred. Faits et problèmes du jour. In: Population, 5e année, n°1, 1950 pp. 5-12.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1950_num_5_1_2384FAITS ET PROBLÈMES
DU JOUR
repris la le de qu'en société chômage, Avec l'insécurité raison leur la d'avant-guerre, place disparition des moins générale souffrances les pour maux de qu'il les économiques maux la physiques pertes pénurie, crée, en tête matérielles du et pessimisme desquels morales même sociaux qui avant on qu'il dont en peut entraîne, résultent elle, souffrait placer entreont
lient et des contre-remèdes que suggèrent son étude superficielle
et les réactions affectives des hommes menacés.
Chômage et malthusianisme. Les événements ont montré que
le chômage des pays industriels
n'était que rarement d'origine technologique ou démographique.
Les pays qui comptent le plus d'hommes désœuvrés ne sont
pas les Etats-Unis ou la Belgique, mais les pays insuffisam
ment développés à prédominance agricole. Et, parmi les pays
industriels, c'est-à-dire ceux qui recensent les hommes sans
travail, la corrélation entre chômage et surpeuplement fut
toujours très douteuse. Si l'Italie a compté — et compte
encore — des hommes en surnombre, eu égard à son dévelo
ppement technique du moment, l'Australie aux très faibles dens
ités fut, à l'époque de crise, bien plus frappée encore.
Bien que le chômage actuel soit loin d'atteindre l'étendue
qui fut la sienne au cours de la grande crise mondiale, les réac
tions psychologiques qu'il provoque sont déjà sensibles.
Il est difficile, en effet, à une population souffrant de ce mal
de repousser les arguments spontanés de nature pessimiste et,
à tout prendre, malthusienne, dans le sens le plus général du
mot.
En outre, il est normal que la réaction psychologique prenne, 6 FAITS ET PROBLÈMES DU JOUR
par rapport à la crise précédente, de l'avance sur les phénomènes
physiques. Mieux instruites des risques courus, moins portées
à les considérer comme passagers et accidentels, plus sceptiques
sur la vertu des remèdes naturels, mieux armées peut-être aussi,
les populations menacées réagissent plus vigoureusement.
L'optique économique conduit à peu près fatalement à
redouter l'excès de marchandises, l'excès de richesses. Tout
individu ou groupement professionnel est, en effet, plus viv
ement impressionné lorsqu'il prévoit une mévente qu'une amél
ioration du marché. En période de progrès de production, il
suppute, d'ailleurs, facilement la progression future de l'offre,
sans être à même de juger celle de la demande. Ainsi voyons-
nous, actuellement, dans de nombreux secteurs, les spécialistes
manifester quelque pessimisme : la « surproduction » d'acier
est annoncée en Europe, d'agrumes en Afrique, de sucre dans le
monde entier, etc. L'attention se porte sur les secteurs en
avance sur les autres, au lieu de se concentrer sur les produits
attardés qui retardent la marche de l'ensemble, mais sont beau
coup moins visibles.
La crainte de l'excès en soi a repris, depuis quelques mois,
sa force, avec son curieux illogisme qui pousse à dénoncer à la
fois l'excès d'hommes et l'excès de biens.
L' actualité nous fournit, en France, un exemple de l'un et
de Vautre.
L'immigration. Les vides causés par la guerre dans la popul
ation n'ont pas été comblés par l'immigrat
ion, comme ce fut le cas après la première guerre. La période
particulièrement favorable 1946-1948 n'a pas été pleinement
mise à profit et n'a donné que des résultats insuffisants , comme
le montre l'article de M. Louis Chevalier, dans ce numéro.
Le nombre des emplois disponibles dans une collectivité
n'est pas une donnée fixe, mais varie avec le nombre d'hommes
lui-même.
Les classes creuses 1915-1919 ont, aujourd'hui, de 30 à
34 ans; si elles avaient fourni des effectifs normaux, il y aurait
actuellement 500.000 hommes de plus sur le « marché du
travail », mais il n'y aurait pas 500.000 chômeurs de plus.
Et de même, si 400.000 Italiens ou Allemands de plus étaient FAITS ET PROBLEMES DU JOUR 7
entrés sur le territoire depuis la Libération, le nombre des chô
meurs ne serait pas de 400.000 plus élevé que l'actuel et sans
doute serait-il même inférieur, grâce à la sélection professionn
elle.
Des problèmes d'outillage et, surtout, de logement se
seraient posés. Mais tout en étant plus rigide que celui des
emplois, le nombre des logements aurait pu être accru préc
isément par des immigrants bâtisseurs.
La stagnation économique actuelle et l'existence d'un contin
gent de chômeurs accroissent les difficultés techniques et surtout
psychologiques de l'immigration. Il est difficile à un organisme
chargé d'introduire et de placer des travailleurs étrangers de
bénéficier, auprès de la population, du crédit suffisant pour
entreprendre des opérations dont seul le passif est visible
Au moment où un immigrant est introduit, seules sont
visibles et vues les conséquences locales à l'échelle de Ventre-
prise; l'avantage national qui en résulte n'apparaît dans aucun
compte.
De son insuffisance d'adultes, la population française souffre
particulièrement, au moment où s'accroissent simultanément le
nombre des vieillards, grâce au progrès médical, et celui des
enfants, grâce au progrès social. Ainsi, en étendant ses bienfaits,
la Sécurité sociale accroît-elle son propre fardeau. Le contre
poids qui devait venir de l'immigration faisant défaut, la popul
ation adulte se trouve plus lourdement chargée.
Les « excédents » agricoles. Voici maintenant l'autre aspect de
l'excès apparent, celui des mar
chandises.
Nous nous limitons ici au cas très actuel de l'agriculture
française :
L'agriculture se plaint traditionnellement de manquer
d'hommes et d'avoir trop de j)roduits. La crainte des excédents
de récolte peut s'expliquer par la très grande sensibilité des prix,
lorsque le seuil de saturation est atteint. La fixité des frais inte
rmédiaires transforme alors une baisse de 10 % à la consommat
ion en effondrement sur le lieu de production.
Mais, trop souvent, une surproduction annoncée ou dénoncée FAITS ET PROBLÈMES DU JOUR 8
n'est qu'apparente, les besoins réels étant sensiblement supé
rieurs aux besoins solvables.
Il est possible qu'en 1950 apparaissent des excédents réels;
la consommation du Français approche aujourd'hui de 3.000
calories par jour, chiffre supérieur aux normes des diététiciens;
il s'agit là d'une moyenne où interviennent des chiffres sens
iblement plus faibles; en outre, des améliorations qualitatives
restent largement possibles. C'est pour certains produits seul
ement que des difficultés d'écoulement peuvent réellement se
poser.
Les excédents agricoles appellent une solution et suggèrent
une contresolution.
La contresolution consiste à détruire les produits ou à les
soustraire à la consommation par une quasi- destruction. Il est
peu probable que la destruction proprement dite puisse être
aujourd'hui pratiquée sans soulever de victorieuses oppositions.
Mais des formes plus inoffensives en apparence peuvent être
trouvées ou sont déjà en application. Parmi celles-ci se place au
premier rang, sans doute, la distillation des excédents. En dehors
de quelques débouchés normaux de l'alcool industriel, la disti
llation conduit à une quasi- destruction des produits agricoles.
Il est possible que les progrès techniques permettent à l'ave
nir d'utiliser plus largement les produits de la terre à des fins
industrielles. Mais, dans l'état actuel des techniques et des marc
hés, la dégradation des aliments, produits nobles et onéreux,
ne saurait concurrencer les produits minéraux ni, surtout, les
matières énergétiques. L'évolution actuelle éloigne m&

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