Fréquence de l endogamie et ses facteurs au XIXe siècle - article ; n°2 ; vol.23, pg 303-324
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Description

Population - Année 1968 - Volume 23 - Numéro 2 - Pages 303-324
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean Sutter
Fréquence de l'endogamie et ses facteurs au XIXe siècle
In: Population, 23e année, n°2, 1968 pp. 303-324.
Citer ce document / Cite this document :
Sutter Jean. Fréquence de l'endogamie et ses facteurs au XIXe siècle. In: Population, 23e année, n°2, 1968 pp. 303-324.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1968_num_23_2_11841DE L'ENDOGAMIE FRÉQUENCE
ET SES FACTEURS AU XIXe SIÈCLE
I. L'ACCROISSEMENT DE
1. Le concept d'isolat. Le concept d'isolat a été avancé par le suédois
Walhund (1928). L'origine en est le besoin de déter
miner, au sein d'une grande population, comme celle de la plupart des nations
modernes, les populations partielles où l'on pourra contrôler réellement les
fréquences des caractères génétiques dans la génération présente et leur évolu
tion dans les suivantes, selon le mode de transmission.
Il était nécessaire de fragmenter en « isolats » les populations d'effectif
important pour remplir ce dessein, la génétique de population mendélienne
supposant, dans ses applications, l'existence de la panmixie dans les populat
ions étudiées, autrement dit, essentiellement, que les populations sont fe
rmées et que la fécondité y est la même pour tous les couples. Dans l'impossib
ilité d'appliquer l'instrument de mesure à de trop larges populations, Walhund
pensa à les fragmenter. Les mariages jouant un rôle essentiel dans les transmis
sions héréditaires, Walhund définit l'isolât comme la population à l'intérieur
de laquelle chaque individu a la possibilité de se marier.
Un autre suédois Dahlberg (1929) élargit la notion sur le plan humain.
La notion d'isolat s'illustre facilement, si l'on se représente l'existence
des habitants des villages de la vieille Europe, avant l'ère industrielle. La
difficulté des communications favorisait peu les échanges. De village à village
les populations étaient même souvent hostiles. Les perspectives de mariage
étaient limitées, autant qu'elles peuvent l'être encore aujourd'hui dans les
tribus primitives ou dans les communautés géographiquement isolées. Cette
situation imposait, semble-t-il, à ces populations une endogamie étroite.
Les recherches dans ce domaine ont peu à peu montré que l'isolât pouvait
avoir des origines diverses. L'isolât à l'intérieur duquel peut exister une pan
mixie stricte peut être dû à l'isolement physique et peut être qualifié de géo
graphique. C'est, par exemple, un village écarté dont les habitants ne peuvent
s'unir qu'entre eux et où une fraction notable des unions s'effectuent néces
sairement entre cousins.
Mais les isolats ne sont pas tous géographiques ; on connaît de nombreux
isolats religieux. En France, par exemple, dans certains départements, pro
testants et catholiques vivent encore souvent côte à côte, sans trop de mariages 304 FRÉQUENCE DE L»ENDOGAMIE ET SES FACTEURS
mixtes, créant des isolats fictifs, mais à structure solide. L'existence d'isolats
professionnels peut être aussi facilement démontrée : les familles d'artistes,
de musiciens, de médecins, de militaires existent dans tous les pays. On
rejoint ici l'ancien problème des castes, grandes créatrices d'isolats.
Un autre mécanisme de leur formation est l'immigration. Dans de nom
breux pays, les étrangers, tout au moins pendant quelques générations, se
marient plus volontiers entre eux qu'avec les personnes [du pays d'accueil.
En France quelques isolats polonais, russes, arméniens, grecs, persistent depuis
assez longtemps.
On connaît aussi des isolats où toutes les causes précitées se sont conju
guées. La population indienne des Parsis, en est un remarquable exemple,
puisqu'à la fois l'immigration, la religion, les aptitudes générales, l'esprit de
caste, ont contribué à le créer et le perpétuer.
2. Mesure de la dimension L'intérêt de la notion d'isolat s'affirme
de l'isolât. d'autant plus que nous pouvons en mesurer
la dimension. Cet élément métrique, quel que
soit son degré d'approximation, dans un domaine où il serait vain d'ailleurs
de rechercher une trop grande précision, n'est pas négligeable; trop souvent
on a tendance, en effet, à idéaliser à partir de données purement imaginaires.
Le mérite revient à Dahlberg d'avoir montré, dès 1929, que la fréquence
des mariages entre cousins germains permet d'estimer la dimension de l'isolât,
autrement dit, le nombre des mariables. A partir de ses calculs, il a estimé
à 400 personnes la dimension moyenne des isolats, en Suède, pour la
période antérieure à l'ère industrielle. Ce calcul est basé sur le raisonnement
suivant : il existe une relation entre, d'une part, la dimension d'une populat
ion, et, d'autre part, la fréquence et la répartition des divers degrés de parenté.
Lorsque le choix du conjoint se trouve limité par un faible nombre d'individus
mariables, on doit s'attendre à trouver une grande proportion de crois
ements entre proches parents. D'où l'idée de mesurer la dimension de l'isolât
à partir des unions entre cousins germains.
Dans cette optique, on peut imaginer que les possibilités de mariage ont
augmenté avec l'évolution de notre civilisation. De ce fait, les isolats anciens
auraient littéralement éclaté avec l'avènement de l'ère industrielle, et les maria
ges consanguins auraient très sensiblement diminué.
Dahlberg a exprimé le premier le phénomène d'éclatement de l'isolât
mesuré par la diminution des mariages consanguins entre cousins germains.
Voici comment il s'exprime (Dahlberg, 1948, p. 93) : « Quand on essaie
d'obtenir une idée de la dimension de l'isolât, on devrait avant tout se sou
venir qu'elle varie naturellement à un haut degré. L'extrême dimension se
rencontre dans les grandes villes avec ses masses humaines jamais en repos.
L'autre extrême, dans les pays sauvages, de nature désertique, comme en
Europe du Nord, avec des petits villages isolés. Aussi bien, maintenant, la XIXe SIÈCLE 305 AU
dimension de l'isolât est sujette à de violents changements du fait du dévelop
pement des communes, de l'émigration vers les villes, etc. Touchant à des
données valables, on peut sans doute faire l'hypothèse que les mariages entre
cousins germains s'élevaient à environ 1 °/0, ce qui correspond à un isolât
de 400 individus. Maintenant les mariages entre cousins semblent être de
l'ordre de 0,25 % ce qui correspond à un isolât de 1 600 individus. Cela
signifie qu'en moyenne, une personne contractant mariage a la possibilité
de choisir aujourd'hui son conjoint parmi 800 personnes et autrefois seulement
parmi 200 ».
C'est bien ce qui a été observé par nous-mêmes pour la France entière dès
1948 (Sutter et Tabah, 1948) et ensuite pour de nombreux pays.
3. L'accroissement Les idées exprimées précédemment ont long-
dès mariages consanguins, temps fait croire que la consanguinité était très
répandue dans les populations d'Europe avant
l'ère moderne. En 1955 (Sutter et Tabah, 1955), nous avons émis des doutes
en étudiant l'évolution du nombre des mariages consanguins dans un dépar
tement français : le Loir-et-Cher, de 1812 à 1954. Il s'agit des unions consan
guines requérant une dispense de l'église catholique romaine, pour les degrés
de parenté suivants : 3e degré, 3D, oncle-nièce, tante-neveu; 4e degré, 4D,
cousins germains; 5e degré, 5D, cousins de degré inégal; 6e degré, 6D, cousins
issus de plus les cousins doubles, descendant de fratries qui, anté
rieurement, avaient vu, par exemple, deux frères épouser deux sœurs.
Graphique n° 1, — Évolution (pourcentage) des mariages consanguins
dans un département français (Loir-et-Cher, 1824-1955)
(D'après J. Sutter et L. Tabah, 1955)
Voici la marche de l'évolution (graphique n° 1) : entre 1812 et 1835 la
fréquence des mariages consanguins, constante, se situe 2 et 3 °/0, avec
seulement deux années où le chiffre est supérieur. De 1835 à 1870, on voit 306 FRÉQUENCE DE L

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