Histoire critique de l établissement de la monarchie française dans les Gaules - livre 4
124 pages
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Histoire critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules - livre 4

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CHAPITRE 1. Guerre entre les visigots et les bourguignons après la mort du roi Euric. Clovis la cinquième année de son règne, se rend maître de la portion des ...

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Histoire critique de l'établissement de la monarchie française dans les Gaules par M. l’abbé Dubos Livre quatrième CHAPITRE 1 Guerre entre les visigots et les bourguignons après la mort du roi Euric. Clovis la cinquième année de son règne, se rend maître de la portion des Gaules que tenait Syagrius. Nous avons déjà dit qu’Euric roi des visigots ne mourut que trois ans après l’avènement de Clovis à sa couronne, et environ sept ans après la paix ou la trêve qui se fit dans les Gaules vers l’année quatre cent soixante et dix-sept. Il est très vraisemblable que cette cessation d’armes de quelque nature qu’elle pût être, aura duré jusqu’à la mort d’Euric. Tant que ce prince aura vécu, les Gaules seront demeurées tranquilles. Si d’un côté, les autres puissances de ce pays avaient assez de force pour se défendre, et pour faire perdre au roi des visigots l’espérance de les subjuguer ; d’un autre côté, elles n’étaient point en assez bonne intelligence pour faire une ligue offensive contre lui. La crainte d’Euric était même peut-être, la seule chose, qui empêchait ces puissances de faire la guerre l’une contre l’autre. Il ne reste du moins dans les monuments de l’antiquité aucun indice qu’il se soit donné des batailles, ni fait des sièges dans les Gaules depuis la pacification de quatre cent soixante et dix-sept, jusqu’à la mort d’Euric arrivée vers quatre cent quatre-vingt-quatre. La mort de ce prince délivra tous ces potentats de la crainte des visigots, parce que son fils Alaric II qu’il laissait pour successeur, était encore enfant, et hors d’état d’agir par lui- même. Ils furent donc en liberté après cette mort d’exécuter les projets de vengeance ou d’agrandissement qu’ils avaient formés, et dont une crainte commune leur avait fait remettre l’exécution à d’autres temps. Je crois pouvoir placer dans l’année de la mort d’Euric, ou dans l’année suivante, celle des guerres des bourguignons contre les visigots, durant laquelle les premiers conquirent sur les autres la province marseillaise. Cette province n’est pas une des dix-sept qui se trouvent dans la notice des Gaules ; au contraire Marseille, loin d’avoir une province à qui elle donnât son nom dans le temps que cette notice fut rédigée, était elle-même une des cités de la viennoise. Je crois donc que Grégoire de Tours, lorsqu’il dit que cette province marseillaise appartenait aux bourguignons en l’année cinq cent, parle le langage de son temps, et qu’en s’exprimant ainsi, il s’est conformé à la division de la viennoise qui s’était faite sous les successeurs de Clovis. Cette province se trouva partagée sous le règne de ces rois en plusieurs autres petites provinces, dont une portait le nom de province marseillaise. Elle comprenait outre la cité de Marseille, Aix, et Avignon. Il est certain, pour reprendre le fil de l’histoire, qu’Euric roi des visigots s’était emparé en l’année quatre cent soixante et dix d’Arles et de Marseille qu’il avait unies à son royaume, et qu’il mourut dans Arles. Les auteurs qui nous l’apprennent, et qui ont écrit environ un siècle après sa mort, ou n’auraient point parlé de l’acquisition de Marseille, ou bien ils auraient fait mention de la prise de Marseille par une autre puissance, si ce prince eût perdu Marseille avant que de mourir. Il est donc apparent qu’il avait conservé Marseille jusqu’à sa mort, ainsi qu’il avait certainement conservé Arles. Nous trouvons cependant dans Grégoire de Tours, que lorsque Clovis fit la guerre aux bourguignons, ce qui arriva en l’année cinq cent, comme nous le dirons dans la suite, les bourguignons étaient actuellement en possession de la province marseillaise. Notre historien commence la relation qu’il nous donne de cette guerre par dire : dans ce temps-là le royaume de Gondebaud et de Godégisile... comme Grégoire de Tours ne fait ici aucune mention particulière d’Arles, rien n’empêche de croire que les bourguignons ne tenaient pas cette place en l’année cinq cent ; mais que les visigots après avoir perdu la province marseillaise, n’avaient point laissé de conserver Arles, suivant l’apparence, à la faveur du pont que cette ville avait sur le Rhône, et par lequel elle communiquait librement avec la première narbonnaise, et les autres contrées, où ils avaient leurs établissements les plus solides. En effet Arles était encore soumise à leur roi Alaric II quand Césaire fut fait évêque d’Arles, ce qui arriva vers l’année cinq cent trois. Il est dit dans la vie de ce prélat qu’il fut accusé par un de ses secrétaires devant le roi Alaric, d’avoir voulu livrer Arles aux bourguignons, et que ce roi se prévint tellement contre lui, qu’il fut tiré de son diocèse, et relégué à Bordeaux. Mais l’innocence de Césaire ayant été reconnue à quelque temps de-là, il fut rappelé, et son calomniateur fut puni de mort par l’ordre du même prince, qui avait exilé notre évêque. Or je ne crois pas pouvoir placer mieux la conquête de la province marseillaise faite certainement par les bourguignons sur les visigots entre l’année quatre cent quatre-vingt-quatre et l’année cinq cent, qu’en la plaçant durant la minorité d’Alaric II. Je suis même persuadé que ce fut durant la guerre qui se fit alors entre les deux nations, qu’arriva un évènement dont il est parlé dans les opuscules de Grégoire de Tours. On y lit qu’un corps de bourguignons s’étant avancé jusque dans l’Auvergne, qui pour lors était sous la domination des visigots, il y pilla l’église de saint Julien martyr, bâtie à Brioude. Hellidius qui commandait pour les visigots dans le Velay, arriva comme par miracle à Brioude dans le temps que les ennemis y étaient encore, et il les défit. Ceux des bourguignons qui purent se sauver, regagnèrent leurs quartiers, emportant avec eux une partie du pillage qu’ils avaient fait dans l’église de saint Julien. Quand ils y furent arrivés, ils firent présent d’une patène et de quelques autres pièces de leur butin au roi Gondebaud, mais la reine sa femme se les fit donner, et elle les renvoya aussi bien que tous les autres vases pris dans cette église, et qu’il lui fut possible de recouvrer, au lieu d’où ils avaient été enlevés. Elle joignit même des présents à cette restitution, disant au roi son mari, qu’il ne fallait point s’attirer l’indignation du ciel, à l’appétit de quelqu’argenterie. Cet évènement doit être arrivé ou avant la paix faite entre Euric et les puissances des Gaules, ou bien dans la guerre durant laquelle les bourguignons prirent sur les visigots la province marseillaise. En effet on ne saurait, suivant la vraisemblance, reculer l’évènement dont il s’agit jusqu’en cinq cent sept que les
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