Histoire véritable et divertissante de la naissance de mie Margot et de ses aventures
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Variétés historiques et littéraires, Tome IIHistoire veritable et divertissante de la naissance de Mie Margot et de ses aventures jusqu’à present.1735Histoire veritable et divertissante de la naissance de Mie Margotet de ses aventures jusqu’à present. 1735.1Gr. in-4 de 2 feuillets .Le bruit que fait tous les jours la célèbre Mie Margot est trop universellementrepandu, tant dans Paris que dans la province, pour qu’on puisse garder le silencesur la naissance et l’origine de cette héroïne moderne. Son arrivée subite à Paris,annoncée d’abord par la plus épaisse populace, pouvoit faire soupçonner lanoblesse de son extraction ; mais, tous faits bien examinez, on en a fait une exactedécouverte. Cette aimable fille naquit à Amboise au mois de février de l’année1720, dans les jours les plus licentieux du carnaval. Son père, qu’on appeloitEustache Dubois, et sa mère, nommée Jacqueline Rognon, ne purent contenir leurjoye à la naissance de cet enfant de jubilation. Les songes qu’avoit faits sa mère, etqui avoient servi d’avant-coureurs à cette naissance illustre, les avoient avertis de lahaute reputation à laquelle parviendroit leur fille Margot. Sa mère, JacquelineRognon, avoit, entr’autres songes, rêvé, quelques jours avant de mettre au mondecette singulière creature, qu’elle accouchoit d’un tambour, et que le bruit eclatantqu’il faisoit frappoit les oreilles de toute la ville. Ce rêve, joint à d’autres de mesmeestoffe, engagea son père Eustache à faire tirer ...

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Variétés historiques et littéraires, Tome II Histoire veritable et divertissante de la naissance de Mie Margot et de ses aventures jusqu’à present. 1735
Histoire veritable et divertissante de la naissance de Mie Margot et de ses aventures jusqu’à present. 1735. 1 Gr. in-4 de 2 feuillets .
Le bruit que fait tous les jours la célèbre Mie Margot est trop universellement repandu, tant dans Paris que dans la province, pour qu’on puisse garder le silence sur la naissance et l’origine de cette héroïne moderne. Son arrivée subite à Paris, annoncée d’abord par la plus épaisse populace, pouvoit faire soupçonner la noblesse de son extraction ; mais, tous faits bien examinez, on en a fait une exacte découverte. Cette aimable fille naquit à Amboise au mois de février de l’année 1720, dans les jours les plus licentieux du carnaval. Son père, qu’on appeloit Eustache Dubois, et sa mère, nommée Jacqueline Rognon, ne purent contenir leur joye à la naissance de cet enfant de jubilation. Les songes qu’avoit faits sa mère, et qui avoient servi d’avant-coureurs à cette naissance illustre, les avoient avertis de la haute reputation à laquelle parviendroit leur fille Margot. Sa mère, Jacqueline Rognon, avoit, entr’autres songes, rêvé, quelques jours avant de mettre au monde cette singulière creature, qu’elle accouchoit d’un tambour, et que le bruit eclatant qu’il faisoit frappoit les oreilles de toute la ville. Ce rêve, joint à d’autres de mesme estoffe, engagea son père Eustache à faire tirer son horoscope. À la minute mesme que Margot vit la lumière, le plus fameux sorcier d’Amboise fut mandé. Après avoir fait passer toutes les etoiles par les quatre règles de l’arithmetique, et avoir malicieusement envisagé la gentille Margot, il resta comme en extase, et dit avec un ton de ravissement que cette fille feroit le plaisir du plus grand royaume de l’Europe, et qu’elle passeroit par les mains et par la langue de tout le monde. Comme les oracles sont toujours equivoques ses parens prirent les termes de cette prediction du bon côté.
La petite Margot croissoit de jour en jour, et ses graces se developpoient à vüe d’oeil. Il s’agit de vous faire son portrait : c’est l’usage des historiens. Vous n’attendrez pas long-tems, car le voici :
2 Ses cheveux étoient d’un blond tirant sur le tombac , ses yeux assez brillans et d’une fripponnerie à craindre, son nez entre le ziste et le zeste, ses dents inégales, mais d’une olive claire ; sa bouche entre ronde et ovale, et son teint d’un blanc qui, joint avec le roux de sa chevelure et de ses sourcils, representoit un satin blanc de lait broché d’or ; sa gorge sociable ; sa taille etoit haute et menue, et son panier si large, que depuis la ceinture jusqu’à la tête, qu’elle avoit extremement bichonnée, 3 elle ressembloit à un oranger en caisse.
Son père, qui n’etoit qu’un simple remouleur de couteaux d’ancienne fabrique, et sa mère, qui n’étoit qu’une tripière en détail, ne lui refusèrent rien de l’education qu’on donne à une fille de son rang. La petite Margot, qui, grace à ses manières affables et prevenantes pour tout le monde, avoit mérité le nom de ma Mie, fit voir une curiosité sans exemple pour les romans, et surtout pour les grandes histoires où il etoit parlé d’enlèvement de filles et de femmes. J’oubliois à vous dire qu’on avoit predit à sa mère qu’elle seroit enlevée plus d’une fois en sa vie. Sa mère voulut la stiler dans les fonctions de son negoce ; mais ma Mie Margot, qui n’avoit nulle inclination pour la tripe, sortit un jour de la maison paternelle, et arriva à Paris entre chien et loup ; elle se logea dans le faubourg Saint-Germain, et, ayant eu l’indiscretion d’y decliner son nom, ce fut à qui publieroit le premier son arrivée. D’abord les ecosseuses de pois ne repetèrent autre chose au coin des rues ; les polissons furent leur echo : bientôt toute la ville en fut imbue.
Le penchant qu’elle avoit à devenir publique, et qui se manifestoit en elle de jour en jour, la porta bien vite à ne plus faire mystère de son séjour à Paris. Elle s’y fit voir, et la foire la vit avec plaisir et avec profit ; les preaux retentirent de son nom ; Polichinelle la chanta, et les theâtres la celebrèrent en chorus. Un jour qu’elle
passoit sur le Pont-Neuf, où une douleur de dents la conduisoit pour se faire voir au 4 gros Thomas, après quelques civilités materielles que lui fit ce massif esculape, on fut tout surpris de voir qu’il embrassa delicatement ma Mie Margot, et qu’il l’appella sa chère cousine. La reconnoissance se fit avec de vifs transports de part et d’autre, et la vanité de ma Mie Margot ne fut pas peu flattée de se voir parente de si près d’un homme qui faisoit une si grosse figure sur le Pont-Neuf, et qu’on peut appeler le pendant d’oreille du cheval de bronze.
Comme elle etoit d’une complexion fort amoureuse, l’air du Pont-Neuf fut favorable à ses inclinations ; les guinguettes furent honorées de sa presence, et Vaugirard entre autres, comme le lieu le plus voisin du faubourg où elle avoit porté ses premiers pas en arrivant à Paris, disputa l’avantage de la preference aux autres tripots bacchiques. Enfin ma Mie Margot devint aussi publique que l’avoit eté la Tanturlurette, dont elle se trouva être la nièce dans une debauche qu’elles firent ensemble au Gros-Caillou.
On parla de la marier, et plusieurs partis se presentèrent. Ses charmes donnoient dans les yeux les plus en garde contre la beauté ; il n’y eut pas un corps de metier dans Paris, un etat libre et mecanique, qui n’attentât sur sa personne ; grands et petits, tout la voulut voir, et les vaudevilistes les plus fameux tinrent à honneur de travailler sur ma Mie Margot. Comme son humeur, aussi coquette que volage, l’empêchoit de se fixer en faveur d’aucun de ses soupirans, chacun resolut de l’enlever ; elle le sçut et n’en fit que rire. Cependant le bruit en courut, et tout le monde en voulut avoir la gloire ; on n’entendit plus que crier à pleine tête, dans tous les carrefours de Paris : La Mie Margot a eté enlevée ! Tantôt c’etoit trois pâtissiers ensemble qui avoient fait ce coup, tantôt c’étoient trois rotisseurs, et tantôt c’étoient 5 trois procureurs . Ses ravisseurs etoient toujours au nombre de trois ; on sçavoit que le nombre de trois etoit son nombre favori : elle etoit née le trois fevrier, son père demeuroit aux Trois-Andouilles, elle etoit venue au monde avec trois dents, elle avoit trois trous au menton, elle avoit deja de la gorge à trois ans ; sa mère avoit eu trois maris, et le bruit couroit qu’elle avoit eu trois pères ; elle avoit trois guinguettes attitrées, sçavoir : Vaugirard, les Porcherons et la Courtille.
Semblable à la belle Helène, fameuse par son enlevement, ma Mie Margot a eu plus d’un Pâris, et a vu répandre du sang pour l’amour de son nom seul. Les femmes de ceux qui l’entretenoient à tour de rolle conçurent contre elle une si grande jalousie, qu’il y eut trois partis formidables qui conjurèrent contre sa vie. Les 6 Dryades des Champs-Elisées, les Nymphes de la Grenouillèreet les Pomônes du Pilory, se distinguèrent entre autres par leur animosité ; elles obligèrent la pauvre Mie Margot à songer à retourner dans le sein de sa famille, ou à porter la gloire de ses conquêtes dans les pays étrangers. En attendant l’occasion favorable pour disparoître, qui, je crois, grace à l’inconstance du public, ne tardera guères à se presenter, ma Mie Margot a pris le parti de se montrer moins frequemment. En vain ses ravisseurs entreprendroient de la defendre, ils ne pourroient rien contre l’armée femelle qui lui a declaré la guerre.
On apprendra au public le lieu de sa retraite et la suite de ses avantures au moindre changement qui arrivera. Le lecteur ne sera peut-être pas fâché de trouver à la fin de cette histoire la chanson composée, à ce sujet, par le marchand de bouteilles cassées, l’un de ses plus zelés partisans.
Chanson nouvelle sur les aventures de ma Mie Margot, par le Marchand de bouteilles cassées. Sur l’air courant deMa mie Margot.
ENLHONNEURde ma mie Margot, Badauts, faites merveilles, Faites chacun un bon écot Et cassez vos bouteilles ; Les morceaux sont mon lot. Vive, vive ma mie Margot ! Cassez bien des bouteilles.
Son nom fait grand bruit à Paris Et nous rompt les oreilles ; De son air chacun est épris. Où trouver ses pareilles ? Chantez tous à gogo :
Vive, vive ma mie Margot ! Mais cassez des bouteilles. Un chacun la chante en chorus ; Elle amuse nos veilles ; Les poëtes, par leurs rébus, Célèbrent ses merveilles. Chantez tous à gogo : Vive, vive ma mie Margot! Mais cassez des bouteilles. J’ai lu par ordre de M. le lieutenant général de police une Histoire divertissante de ma Mie Margot, dont on peut permettre l’impression. — À Paris, ce 12 octobre 1735. Paget. Vu l’approbation, permis d’imprimer, à Paris, ce 12 octobre 1735. Herault. De l’imprimerie de Valeyre père, rue de la Huchette.
1. NOUSNAVONSTROUVÉCETTEPIÈCEQUEDANSLERECUEILFACTICEEN57VOLUMESFORMÉPAR e JAMETLEJEUNESOUSCETITRE :Femmes. ELLEESTDANSLE 38VOLUME. JAMETLATTRIBUEÀ LABBÉDEGRÉCOURT,ETJESEROISVOLONTIERSDESONAVIS. L’ABBÉ,ENEFFET,QUIÉTOITDETOURS, comme on sait, avoit pu connoître Mie Margot, qui étoit d’Amboise, dans un des fréquents VOYAGESQUILFAISOITENTOURAINEPOURYREPRENDRESAJOYEUSEVIEDECHANOINEDESAINT-MARTINDE TOURS,OUPOURAIDERMADAMED’AIGUILLON,LACHÂTELAINEDE VERRET,DANSLA COMPOSITIONDUFAMEUXRECUEILle Cosmopolite. (V.NOTREARTICLESURLABBÉDANSLE e Supplément au Dictionnaire de la conversation, 20LIVRAISON,P. 258.) PEUT-ÊTREEST-CE LABBÉQUIFITLÉDUCATIONDEMARGOT. JELECROIROIS,DAPRÈSLESDÉTAILSQUISETROUVENTICISUR SAFAMILLEETSURSONENFANCE. ILÉTOIT,DURESTE,PLUSQUEPERSONNE,ENÉTATDELEFAIRE,ET l’écolière, on va le voir, ne fut pas indigne de lui.
2. LetombacoutombacleESTUNMÉTALDECOMPOSITIONFORMÉPARLALLIAGEDUCUIVREETDU ZINC. ILESTBLANCQUANDCELUI-CIDOMINE,OUJAUNE,COMMEICI,QUANDCESTLECUIVRE. IL ÉTOIT,AUDERNIERSIÈCLE,POURLESGENSDUPEUPLE,CEQUELECHRYSOCALEESTAUJOURDHUI. Chaque faraud vouloit
Detombacleou d’argent la boucle Aussi brillante qu’escarboucle. er (Les Porcherons, chant 1[Amusemens rapsodi-poétiques, etc. Stenay, 1783, in-8, p. 132].)
3. ONTROUVEUNECOMPARAISONÀPEUPRÈSDUMÊMEGENREDANSDESVERSQUECITE LA Mésengère à l’articleTablierde sonDictionnaire des proverbes:
Quelle grâce, en effet, quels charmes singuliers Nos dames présentoient avec leurs grands paniers ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sur une base énorme, obélisque nouveau, Dans sa gaine, le corps s’allongeoit en fuseau, Et serré fortement, afin d’être plus libre, Présentoit sur sa pointe un coue en équilibre.
4. FAMEUXARRACHEURDEDENTSDUPONT-NEUF,DONTILESTDÉJÀPARLÉDANSLESNouvelles à la mainDE 1728,DANSLEJournalDE BARBIER,passim,ETC. GOURIETLUIACONSACRÉUN er ARTICLEDANSSONLIVREPersonnages célèbres dans les rues de Paris, 1811,IN-8,T. 1,P. 323–325. UNEANCIENNEGRAVURE,REPRODUITEPARLEMagasin pittoresque,T. 9,P. 324–325, LEREPRÉSENTESURSONÉCHAFAUDROULANT,AUBASDELASTATUEDEHENRIIV. QUANDILMOURUT, ONFITENSONHONNEUR,SOUSCETITRE:Apothéose du docteur Gros-Thomas,UNECHANSON e QUISETROUVEDANSLERECUEILS.L.N.D.PARUÀLAFINDU XVIIISIÈCLE,ETINTITULÉle e Chansonnier françois(12 recueil,p. 117– 122). Des onze couplets nous ne citerons que celui-ci :
Sur un char ceint de garde-foux, Construit d’une forme nouvelle, Il y débitoit pour cinq sous La médecine universelle. Le foie et les reins entrepris Par son remède étoient guéris ; Et, par une secrette cause Qu’il connoissoit dans tous les maux, Il ordonnoit la même dose Pour les hommes et les chevaux.
5. C’ESTUNDECESENLÈVEMENTS,UNDECESTRIOMPHESDE MARGOTMA MIE (sic),QUIEST REPRÉSENTÉSURUNEGRAVUREDUTEMPS,DONTUNFAC-SIMILETRÈSEXACTAÉTÉDONNÉDANSLA e 26LIVRAISONDUMusée de la caricature en France(1834,IN-4). « ADMIREZLEPOUVOIRDE SESCHARMES!DITM. JAIME,AUTEURDELARTICLEQUIACCOMPAGNECETTEREPRODUCTION. ELLEA, SANSDOUTE,QUITTÉLARUELLEPARFUMÉEDUNGRANDSEIGNEUR;ELLEAÉTÉTROPFESTOYÉECHEZ LESGENSDUBELAIR:ILLUIFAUTDESSUCCÈSNOUVEAUX,ETLAVOILÀTOMBÉEDANSLESBRASDU PEUPLE,ORNÉEDEFLEURSETDERUBANS. LACOURTISANE,LESRUBANSETLESFLEURS,LEPEUPLE RAMASSETOUT,COMMELESMIETTESDUNBANQUETROYAL. ONLAPORTEENTRIOMPHE :ELLE INSPIRELALLÉGRESSEENATTENDANTQUELLEINSPIRELAPITIÉ. CROCHETEURS,MITRONS,RÔTISSEURS, CABARETIERS,SESONTTOUSCOTISÉSPOURPAYERLESVIOLONS. ILNYAPASJUSQUAU COMMISSAIREQUILESCORTEAVECSONGREFFIER,ETQUIDANSEAUMILIEUDESESADMINISTRÉS. C’ESTQUENEFFET,TANTQUEMARGOTNAURAPASATTIRÉLEGUET,QUELLENAURAPASCASSÉLES VITRES,LECOMMISSAIRESERALAMIDEMARGOT. » M. JAIME,DEPUISQUILAÉCRITCESLIGNES, est devenu lui-même commissaire central à Versailles.
6. CELIEU,VADÉFITAUSSISESFREDAINES,ÉTOITSITUÉ,COMMEONSAIT,SURLARIVEGAUCHE DELA SEINE,ENFACEDUJARDINDES TUILERIES,ÀLEXTRÉMITÉDECEQUAI,DONTLAUTREPARTIE PORTOITDÉJÀLENOMDED’ORÇAY,ÀCAUSEDESTRAVAUXQUEM. BERTRANDD’ORÇAY,PRÉVÔTDES marchands, y avoit fait commencer en 1708.
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