L activité électrique cérébrale en relation avec les grands problèmes psychologiques - article ; n°1 ; vol.51, pg 61-88
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L'activité électrique cérébrale en relation avec les grands problèmes psychologiques - article ; n°1 ; vol.51, pg 61-88

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Description

L'année psychologique - Année 1949 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 61-88
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1949
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Gastaut
VI. L'activité électrique cérébrale en relation avec les grands
problèmes psychologiques
In: L'année psychologique. 1949 vol. 51. pp. 61-88.
Citer ce document / Cite this document :
Gastaut Henri. VI. L'activité électrique cérébrale en relation avec les grands problèmes psychologiques. In: L'année
psychologique. 1949 vol. 51. pp. 61-88.
doi : 10.3406/psy.1949.8495
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1949_num_51_1_8495VI
Faculté de Médecine de Marseille. ■
L'ACTIVITÉ ÉLECTRIQUE CÉRÉBRALE EN RELATION
AVEC LES GRANDS PROBLÈMES PSYCHOLOGIQUES1
par Henri Gastaut
L'électroencéphalographie, qui enregistre l'activité électrique
du cerveau humain et représente de ce fait le fidèle reflet de
l'activité métabolique et fonctionnelle de cet organe, a été dès
son origine le sujet d'autant d'espoirs que de déceptions en
matière d'applications à la psychologie. En effet, dès la décou
verte de la méthode par Hans Berger, il apparut que les états
de veille et de sommeil, d'attention ou d'indifférence, de cons
cience ou de coma, de jeunesse ou de maturité, s'accompagnaient
d'activités électriques cérébrales plus ou moins caractéristiques,
tandis que les tracés demeuraient les mêmes quel que fût l'état
d'esprit ou le degré d'intelligence du sujet. On aurait donc pu
croire à ce moment que l'électroencéphalographie ne serait jamais
d'aucun secours pour la psychologie; point de vue qui ne saurait
être partagé par les psychologues instruits d'un certain aspect
de la méthode. C'est qu'il existe en effet deux façons tout à fait
différentes de concevoir l'enregistrement de l'activité électrique
du cerveau : la méthode que j'appellerai statique et, par opposit
ion, la méthode dynamique.
La statique est de beaucoup la plus utilisée; elle con
siste à recueillir l'activité électrique cérébrale dans des condi
tions bien définies et codifiées, de manière à rendre aussi compar
ables que possibles les résultats obtenus. Ces conditions sont
représentées par le repos sensoriel, moteur et psychique, que l'on
1. Communication faite à la Société française de Psychologie le 6 jan
vier 1951. MÉMOIRES ORIGINAUX 62
réalise autant que possible en maintenant le sujet allongé et les
yeux fermés. Dans ces conditions on obtient chez l'adulte normal
un rythme électrique particulier que l'on appelle « alpha », carac
térisé par la forme quasi sinusoïdale et la répétition dix fois par
seconde des ondes qui le constituent. L'importance de ce rythme,
sa morphologie, sa répartition spatiale et temporelle, de même
que sa réactivité, ne dépendent que fort peu de la personnalité
du sujet et pas du tout de son intelligence. Les divers stimuli
que l'on peut infliger au patient en expérience, l'activité mentale
à laquelle il peut se livrer ou les émotions qu'il peut éprouver,
ne font que réduire ou supprimer momentanément le rythme
alpha sans jamais modifier ses autres caractéristiques.
L'électroencéphalographie statique ne nous apprend donc que
oaicu/f/re lumibr£
OYT/QOS ,
1SEC.
Y£UX OOVSATS
Fig. 1. — Destinée à montrer l'étroite ressemblance existant entre l'acti
vité électrique du système nerveux antérieur d'un insecte aquatique et
celle d'un Prix Nobel. Noter également dans les deux cas l'identité des
réactions d'arrêt à la lumière (empruntée à Rijlant : Éléments de psychol
ogie physiologique, Masson et C°, p. 193, d'après Adrian et Matthews :
Brain, 1934, t. LVII, p. 385).
fort peu de choses en ce qui concerne le psychisme d'un individu.
Elle peut même contrarier notre entendement lorsqu'elle nous
montre que l'activité électrique du système nerveux inférieur,
comme celui d'un insecte aquatique, le Dytique, est pratique
ment impossible à distinguer de celle d'un savant qui s'est vu
attribuer le Prix Nobel, et que toutes deux réagissent de façon
identique à la stimulation lumineuse (fig. 1).
L'activité alpha dont nous venons de parler n'est d'ailleurs
qu'un phénomène artificiel sans signification psychologique pré
cise, puisqu'elle ne survient que chez le sujet éveillé, conser
vant les yeux fermés et ne pensant à rien, conditions ne s'accor-
dant guère et se rencontrant bien rarement groupées! Les
recherches psycho-physiologiques fondées sur l'étude de ce
rythme ne peuvent donc présenter qu'une signification très
limitée.
Cela nous conduit à envisager l'électroencéphalographie dyna- GASTAUT. — • L'ACTIVITE ÉLECTRIQUE CEREBRALE 63 H.
mique, de plus en plus utilisée de nos jours depuis que Liberson (1)
l'avait proposée sous le nom d'« électroencéphalographie fonc
tionnelle », et qui trouve son moyen d'expression maximum dans
les méthodes dites d'« activation», avec lesquelles les électroencé-
phalographistes s'efforcent de modifier l'activité électrique céré
brale par les moyens les plus divers, dans l'intention de connaître
sa façon de réagir dans des circonstances différentes.
Dans ces conditions il ne s'agit plus d'enregistrer un phénomène
artificiellement créé et de voir s'il diffère chez un sujet intell
igent et un imbécile, mais de créer chez l'homme des conditions
psychologiques différentes et d'apprécier leur traduction électr
ographique, exactement comme on le fait en neurophysiologie pour
apprécier des conditions somatiques chez le Chat ou chez le
Lapin. Il s'agit enfin de faire non de l'électroencéphalographie
mais de l'électrophysio-psychologie et de recueillir la moisson
des faits nouveaux qu'elle s'apprête à fournir à tous ceux qui
viendront la solliciter. Voici à titre d'exemples quelques-uns des
résultats déjà obtenus à propos des principaux faits psychiques :
faits de connaissance, faits d'affectivité, faits d'activité.
A. — Étude électrographique
DE QUELQUES FAITS DE CONNAISSANCE.
La présentation didactique des faits de connaissance a été
tentée de bien des façons. La plus détestable à mon avis est celle
qui fait dépendre leur acquisition de trois étapes dites physique,
physiologique et psychologique, la première concernant la stimul
ation des récepteurs, la seconde la transmission de l'influx ner
veux jusqu'au cerveau et la troisième l'élaboration de la sensa
tion. Ce que je reproche le plus à cette théorie n'est pas tant sa
grossière inexactitude, car il est bien connu que 1'« étape physio
logique » de la connaissance sensible n'est pas terminée au
moment de l'arrivée de l'influx au cortex cérébral, que son carac
tère tendancieux; il est évident en effet qu'elle n'a d'autre but
que de situer le spirituel à côté du physiologique et l'esprit en
dehors du cerveau. Cette attitude, comme le disait Claude Ber
nard en 1872, est non seulement surannée, mais également
« anti-scientifique, nuisible au progrès de la physiologie et de la
psychologie ». Je ne puis d'ailleurs citer cette phrase du grand
psycho-physiologiste sans mentionner celles qui la suivent et qui
valent bien d'être rappelées : « Comment comprendre qu'un MÉMOIRES ORIGINAUX 64
appareil quelconque du domaine de la nature brute ou vivante
puisse être le siège d'un phénomène sans en être l'instrument?
On est évidemment influencé par des idées préconçues dans la
question des fonctions du cerveau et on en combat la solution
par des arguments de tendance. Les uns ne veulent pas admettre
que le cerveau soit l'organe de l'intelligence parce qu'ils craignent
d'être engagés par cette conception dans des doctrines matérial
istes; les autres au contraire se hâtent de placer arbitrairement
l'intelligence dans une cellule nerveuse ronde ou fusiforme pour
qu'on ne les taxe pas de spiritualisme. Quant à nous nous ne nous
préoccuperons pas de ces craintes. La physiologie montre
que, sauf la différence

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