L adaptation des enfants à leur interlocuteur lors de la communication - article ; n°1 ; vol.83, pg 199-224
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L'adaptation des enfants à leur interlocuteur lors de la communication - article ; n°1 ; vol.83, pg 199-224

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Description

L'année psychologique - Année 1983 - Volume 83 - Numéro 1 - Pages 199-224
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

D. Lafontaine
L'adaptation des enfants à leur interlocuteur lors de la
communication
In: L'année psychologique. 1983 vol. 83, n°1. pp. 199-224.
Citer ce document / Cite this document :
Lafontaine D. L'adaptation des enfants à leur interlocuteur lors de la communication. In: L'année psychologique. 1983 vol. 83,
n°1. pp. 199-224.
doi : 10.3406/psy.1983.28459
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1983_num_83_1_28459L'Année Psychologique, 1983, S3, 199-224
Laboratoire de Pédagogie expérimentale
de V Université de Liège1
L'ADAPTATION DES ENFANTS
A LEUR INTERLOCUTEUR
LORS DE LA COMMUNICATION
par Dominique Lafontaine2
SUMMARY : Children's adaptation to their listeners during commun
ication.
This paper reviews the data issued from the referential and the socio-
linguistic research traditions. The studies analysed are about children's
oral communication skills : how do young children adapt their messages to
their listeners, in natural and experimental settings, when they are dealing
with a strong referential constraint or a weak one ? The paper shows the
effect of the context and of the task on children's verbal behaviors. Attention
is particularly paid to the notion of egocentrism. The piagetian concept
is questioned ; it is suggested that egocentrism does not account for an
important part of the failures of communication between children. In order
to explain those failures, it is necessary to take also into account the
children's linguistic abilities and the task-specific skills. The concept of
egocentrism is too wide and should be analysed in its more specific
components.
Key-words : developmental psychology, communication skills, ego
centrism.
On ne parle plus guère aujourd'hui d'étudier la compétence linguis
tique de l'enfant. En même temps que les psycholinguistes d'inspiration
générativiste voyaient leur influence décliner, se sont développés de
nouveaux champs de recherches autour du langage, placés sous le
signe du concept de communication. Ce passage de l'étude de la langue
1. Institut de Psychologie et des Sciences de l'éducation, Sart Tilman,
B4000 Liège, Bat. B 32.
2. Je remercie vivement S. Bredart, M. Crahay, A. Grisay, M.-L. Moreau,
J. Rondal, pour les critiques constructives qu'ils ont apportées à une pre
mière version de ce texte. 200 Dominique Lafontaine
à l'étude de la communication est constitué d'un double mouvement :
unification (synthèse) et élargissement. Unification d'abord : le concept
de communication est, pourrait-on dire, unanimiste ; il rassemble des
scientifiques de spécialités diverses : anthropologues, ethnologues, lin
guistes, psychologues, et parfois même au-delà des sciences humaines,
biologistes ou physiciens. D'un autre côté, la nouvelle notion de « compét
ence communicationnelle » efface ou déplace les anciennes oppositions
constitutives de la linguistique saussurienne et chomskyenne ; elle réunit
langue et parole, compétence et performance, en une « nouvelle alliance »
de l'individuel et du social.
Elargissement ensuite : la communication verbale est certes consti
tuée de messages, de productions linguistiques. Mais le passage d'une
étude de la compétence linguistique fondée sur les intuitions de gram-
maticalité du sujet (le linguiste, en fait) à une étude de la compétence
à communiquer implique que ces messages ne sont plus considérés en
eux-mêmes, mais en relation avec un contexte. Savoir communiquer,
c'est, en effet, non seulement connaître l'ensemble des règles linguis
tiques qui permettent de produire un message acceptable par les locuteurs
d'une langue donnée, mais aussi les règles sociales et culturelles
qui conduisent à produire un message adéquat dans une situation donnée,
en tenant compte des divers paramètres de cette (statuts
réciproques du locuteur et du récepteur, contenu du message, canal de
transmission, public, caractère plus ou moins formel de l'échange, etc.).
Ainsi, la situation de communication est un microsystème intégré
où circule de l'information. Son fonctionnement repose sur la relation
et la régulation. Pour communiquer, le locuteur et le récepteur doivent
mettre en relation la signification et la structure des énoncés d'une
langue avec la structure et la signification du monde social ; le locuteur
module son message en fonction des hypothèses sociolinguistiques qu'il
peut formuler et régule son discours en fonction des informations
reçoit en retour de ses interlocuteurs.
Cette brève présentation laisse entrevoir l'ampleur et la diversité du
champ d'études sur la communication. A cet égard, on soulignera l'exi
stence de différences parfois importantes dans la conception de la com
munication. Certains (surtout du côté de la communication referentielle)
fondent leurs études sur un modèle « télégraphique » (Winkin, 1981)
de la communication (émetteur-message-récepteur), focalisant leur
attention sur les activités d'encodage et de décodage. D'autres, davan
tage proches de la sociolinguistique, privilégient un modèle « orchestral »
(Winkin, 1981) de la communication, mettant davantage l'accent sur
le caractère intégré de la et sur le contexte social.
La littérature scientifique disponible à propos de la compétence à
communiquer chez les enfants recouvre de multiples aspects : production,
compréhension, jugement, etc. Dans la présente étude, seuls les aspects
productifs de la communication seront envisagés : les questions relatives L'adaptation des enfants à leur interlocuteur 201
à Ja compréhension et aux jugements métalinguistiques seront provi
soirement laissés de côté.
Notre objectif est double :
1. Donner un aperçu, forcément partiel, des informations disponibles
à propos de la compétence «à communiquer chez les enfants (pour la
production), tant dans les recherches sur la communication referent
ielle que dans les recherches sociolinguistiques (Beaudichon, 1982 ;
Oléron, 1981 ; Dickson, 1981 a et b).
2. Développer une réflexion critique à propos des données recueillies
et des interprétations fournies par un certain nombre d'études. Cette
réflexion tournera plus particulièrement autour de la notion d'égoeen-
trisme verbal, articulation essentielle des études sur la communication
enfantine.
I. — DONNÉES RECUEILLIES
EN SITUATION EXPÉRIMENTALE
1. Présence d'une forte contrainte referentielle
Dans cette première catégorie d'études, le contenu des productions
de l'enfant est assez fortement contrôlé : soit l'enfant doit produire des
énoncés relatifs à des referents donnés (objets par exemple), soit il doit
rapporter un texte donné à un interlocuteur. En outre, les critères
d'adéquation des messages sont souvent définis a priori (grilles d'analyse
préconçues).
A) Prise en compte de la perspective de l'interlocuteur3
Dans toute étude à propos de la communication enfantine, le passage
par Piaget s'impose. Dans Le langage et la pensée, Piaget a décrit en
termes d'égocentrisme les échanges verbaux entre enfants et cette des
cription continue d'avoir des retombées dans le champ d'investigation
qui nous occupe. Que ce soit pour y adhérer ou pour la rejeter (Beau
dichon et Bideaud, 1979 ; Robinson, 1981) ou encore pour la nuancer,
presque toutes les études s'inscrivent dans la zone d'influence de la
notion d'égocentrisme enfantin. On notera que dans la littérature sur
la communication, l'égocentrisme est souvent confondu avec l'absence
de décentration — l'incapacité de « prise de rôle » ou encore l'incapacité
de sortir de sa perspective propre. Chez Piaget, l'égocentrisme en tant
3. Nous avons distingué « perspective » et « caractéristiques » de l'inte
rlocuteur : les modulations des messages et éventuellement les complexités
cognitives qui les soutiennent nous semblent d'ordres différents (par exemple :
utiliser un vocabulaire simple ou utiliser les déictiques appropriés consti
tuent des opérations linguistiques qualitativement éloignées). 202 Dominique Lafontaine
que caractéristique du sujet épistémique a un sens beaucoup plus
large. L'égocentrisme intellectuel représente « l'ensemble des attitudes

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