-L affectivité sensorielle - article ; n°1 ; vol.47, pg 1-10
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-L'affectivité sensorielle - article ; n°1 ; vol.47, pg 1-10

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Description

L'année psychologique - Année 1946 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 1-10
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1946
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Henri Piéron
I. -L'affectivité sensorielle
In: L'année psychologique. 1946 vol. 47-48. pp. 1-10.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. -L'affectivité sensorielle. In: L'année psychologique. 1946 vol. 47-48. pp. 1-10.
doi : 10.3406/psy.1946.8277
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1946_num_47_1_8277L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XLVI-XLVII
MÉMOIRES ORIGINAUX
I
L'AFFECTIVITÉ SENSORIELLE
par Henri Piéron
I. — Les grands systèmes de réponses
AUX STIMULI EXTERNES.
Les réflexes, réponses partielles et stéréotypées, comportent
en général des modalités adaptatives, dirigées, soit dans le sens
appétitif — comme la succion du nouveau-né ou l'agrippement
— soit dans le sens aversif — comme les divers réflexes de
défense — soit enfin dans un sens régulateur — comme le
redressement statique, l'alternance de la marche, que l'on
observe dès les premières heures après la naissance1 — , mais
en aucun cas ces réponses, comme telles, ne peuvent être con
sidérées comme ayant une signification affective.
L'affectivité apparaît quand intervient la régulation générale
du comportement d'ensemble des organismes, caractérisant le
niveau psychologique, et elle se manifeste par l'une des trois
modalités directrices : exploratrice, appetitive ou aversive, avec
mobilisation générale de l'activité, mobilisation qui peut prendre,
dans l'émotion, un caractère excessif et même désordonné 2. L'af-
* Communication de participation au Mooscheart Symposium d'octobre
1948 (Second international Symposium on Feelings and Emotions).
1. Cf. André Thomas et F. Hanon. Les premiers automatismes. Revue
neurologique, 79, 1947, p. 641-648.
2. Cf. H. Piéron. Emotions in Animals and Man, in Feelings and Emo-
tions, Clark University Press, 1928, p. 284-294.
l'année psychologique, xltii-xlviii 1 MÉMOIRES ORIGINAUX 2
fectivité réceptrice concerne un certain effet, sur l'organisme, des
stimulations. Chez fes Mammifères supérieurs et chez l'Homme,
la régulation affective est assurée au niveau du diencéphale et
on peut l'observer chez les chiens ou les chats privés des hémis
phères cérébraux, se montrant sensibles à la tiédeur d'un poêle
auprès duquel ils se coucheront, ou à la saveur du lait qu'ils
laperont, mais réagissant violemment à un pincement, dans une
défense aussi ardente que maladroite.
Limités à la sphère affective, les animaux décérébrés n'ac
quièrent plus guère d'expérience et, chez les singes anthropoïdes
tout au moins et chez l'homme, il n'y a plus aucun conditio
nnement possible au niveau diencéphalique.
La sphère corticale est essentiellement celle du qui permet les anticipations adaptatives, celle de l'acqui
sition de l'expérience grâce à laquelle les régulations s'effectuent
avec une grande finesse discriminative et une souplesse très
nuancée. Elle a trait à la connaissance du milieu, des objets et
des forces extérieurs, indépendamment de la nature utile ou
nocive de leur action sur l'organisme 1.
Les directives sont données par les centres affectifs, mais les
moyens d'exécution sont assurés par les centres corticaux, qui
inhibent plus ou moins complètement les réponses grossières
déclenchées immédiatement au niveau du diencéphale, pour y
substituer, en général, des réponses, tendant aux mêmes buts,
mais préalablement élaborées et mieux adaptées, ou parfois des
réponses différentes sinon même un arrêt de toute réponse, en
rapport avec tout un ensemble de connaissances acquises et
avec une situation générale plus ou moins complexe.
Pavlov a montré qu'un chien recevant de la poudre de viande
après un stimulus douloureux pouvait cesser de présenter les
réactions caractéristiques de défense, auxquelles se substituait
un comportement appètitif.
Les stimulations extérieures sont donc susceptibles de susciter
des réflexes, des réponses affectives et enfin des réactions percep
tives, acquises par expérience, avec discrimination, qualitative
et quantitative, localisation, reconnaissance.
1. Les anesthèsies corticales n'abolissent pas les impressions doulou
reuses, comme j'ai eu occasion de le montrer chez des blessés de la guerre
1914-1918 (La question des localisations sensitives de l'écorce et le syndrome
sensitif cortical. Revue de, Médecine, 36, 1919, p. 129-157) et Penfleld n'a
jamais provoqué de sensation de douleur par stimulation électrique du
cortex chez des sujets éveillés au cours d'opérations de chirurgie cérébrale- h. piéron. — l'affectivité sensorielle 3
Mais il y a un certain antagonisme compensateur entre les
effets affectifs et perceptifs des diverses catégories de stïnrala--
tions provenant du milieu extérieur.
Le niveau douloureux des réponses aversives n'est pas atteint
dans l'excitation sensorielle des nerfs optique, acoustique, olfact
if ou gustatif 1, qui jouent un rôle essentiel dans la connais
sance perceptive, et l'on ne parle alors que d'agréabfe ou de
désagréable. Dans les nerfs de la sensibilité générale, les fibres
apportant les messages de la tactile ou thermique
— chaude ou froide — ne suscitent pas non plus d'impressions
qualifiées proprement de douloureuses, celles-ci étant véhiculées
par des systèmes différents de fibres.
Les stimulations cutanées peuvent provoquer trois catégories
différentes d'impressions ayant comme caractéristique commune
là réponse douloureuse et présentant une spécificité réceptrice ^
le premier système — que Von Frey a seul envisagé quand il a.
identifié des « points de douleur » — est électivement éveillé par
les piqûres et, dans une certaine mesure, les coupures superfic
ielles; le second par les pincements et les compressions tégu-
mentaires; le troisième par les échauffements ou refroidissements
excessifs, les brûlures, ou par les irritations chimiques superfic
ielles. J'ai montré en 1930 2 que les latences des réactions à
des stimulations en des points du corps assez éloignés pour per
mettre une évaluation des vitesses de conduction permettaient*
avec des intensités algiques comparables (mêmes multiples du
seuil), de séparer nettement lès trois systèmes. Et l'analyse-
physiologique du saphène du chat par Zottermaii en 1939 3 a.
permis de retrouver les mêmes trois systèmes algiques que chez:
rhomme. Voici, en effet, les vitesses caractéristiques de conduct
ion obtenues dans les deux cas :
(Some observations on the cerebral cortex of man. Proceed, of Royal Soe.y
B 134, p. 329-347).
1. La douleur d'éblouissement est liée au spasme de l'iris, excitant de»
fibres algiques, la douleur des bruits violents au spasme du muscle tenseur
du tympan.
% H. Piéron. Temps de réaction et dissociation des douleurs cutanées.
C. £. Soc. de Biologie, 103, 1930, p. 883-886. La dissociation des douleur»
cutanées et la différenciation des conducteurs algiques. Année Psycholog
ique, 30, 1930, p. 1-24. La dissociation des douleurs cutanées et Tea. vitesse1
do conduction des influx afférents. C. B. Soc. de Biologie, lié, 1940, p. 5&4-
556.
3. Y. Zottekman. Touch, pain and tickling; an electrophysiological
investigation in cutaneous sensory nerves. J. of Physiology, 75, 1939, p. 1-28. ■

MÉMOIRES ORIGINAUX
Réactions sensorielles chez l'homme Influx du saphène du chat
Sensations de contact. 40 m p. sec. Influx tactiles. . . . 30-60 m
Piqûre 16 m — 20-30 m
Pincement 12 m — Influx 8-17 m
Brûlure 4,50 m — Influx 2- 5 m
L'emploi du mot unique de douleur pour des sensations pénibles
aussi différentes qu'une piqûre et une brûlure a contribué ce
rtainement à dissimuler l'hétérogénéité de ces systèmes récepteurs
spécifiques.
D'autre part, entre la réaction affective qualifiée de désa
gréable, comme celle que provoquent certaines odeurs ou cer^
taines cacophonies, et les diverses réactions dites douloureuses,
il n'y a pas de véritable fossé; il existe, entre les diverses douleurs,
des différences d'intensité

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