L Office du Niger au Mali, d hier à aujourd hui. - article ; n°1 ; vol.47, pg 53-82
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Description

Journal des africanistes - Année 1977 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 53-82
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 51
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Vittorio Morabito
L'Office du Niger au Mali, d'hier à aujourd'hui.
In: Journal des africanistes. 1977, tome 47 fascicule 1. pp. 53-82.
Citer ce document / Cite this document :
Morabito Vittorio. L'Office du Niger au Mali, d'hier à aujourd'hui. In: Journal des africanistes. 1977, tome 47 fascicule 1. pp. 53-
82.
doi : 10.3406/jafr.1977.1786
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0399-0346_1977_num_47_1_1786Л des Africanistes, 47, 1 (1977), pp. 53-83.
I/Office du Niger au Mali
ďhier à aujourd'hui
PAR VITTORIO MORABITO
L'office du Niger constitue l'un des projets les plus grandioses
que l'Afrique a connus pour l'irrigation et la mise en culture de terrains
non productifs. Ce projet est cependant resté inachevé et l'Office existe
au Mali sur une échelle plus réduite que celle initialement prévue. Le
projet final de 1929 fut le résultat de plusieurs tentatives de mise en
valeur du Soudan (Mali).
Nous pensons que pour comprendre l'Office du Niger il faut le consi
dérer comme la dernière création bureaucratique de l'administration
dans la catégorie des compagnies de concessions territoriales pour l'e
xploitation économique des colonies. Ce côté public explique les pressions
politiques et les renseignements, filtrés, qu'on trouve dans les cinq cents
publications sur l'Office. La principale caractéristique de l'Office est
d'avoir une histoire et des archives [1, 2, 3] qui peuvent éclairer certaines
difficultés dues au développement économique.
Tous les observateurs sont d'accord pour juger l'expérience de l'Of
fice du Niger comme un demi-succès ou, si l'on préfère, un demi-échec.
Notre analyse se limitera à l'étude des causes de ce résultat en rapport
avec le contexte historique.
La mission d'étude au Mali en 1975 a été financée par le Consigîio
Nationale délie Richerche de Rome que nous remercions ici. Nous remer
cions également la S.C.E.T. International (Paris) pour l'autorisation don
née à la publication de ce texte modifié, l'original devant paraître dans
un ouvrage collectif.
Premières tentatives.
Les éléments de base pour .la naissance de l'Office du Niger sont
à chercher dans le Soudan (Mali) et dans les aménagements anglais de 54 VITTORIO MORABITO
l'Inde et du Gézira au Soudan Anglo-Égyptien (Soudan Oriental). Au
Soudan (Mali), l'Association cotonnière coloniale (1903-1914), avec l'aide
de l'administration, avait obtenu de cultiver du coton sec et irrigué dans
des villages ou sur des petites concessions. Les résultats furent satis
faisants après les premières années. Les cultures pleines de promesses
furent arrêtées à cause des difficultés de toutes sortes consécutives à
la première guerre mondiale.
Un ingénieur hydraulicien des Travaux publics de l'État du cadre
colonial s'était familiarise, dans les Indes françaises, de 1907 à 1911 et
de 1912 à 1914, avec les irrigations traditionnelles indiennes reprises par
les Anglais en Asie comme sur le Nil. Il s'agissait de É. Bélime, un homme
jeune et rude qui songeait à faire des travaux semblables à ceux de
l'Irrigation Branch quelque part dans l'Empire français.
Bélime se décida pour le Soudan français après la lecture de deux
importantes études de 1913 sur la zone traversée par le Niger. Avant de
rejoindre le front, lors de la première guerre mondiale, il obtient du
Ministère d'être envoyé au Soudan dès la fin de la guerre pour mettre
en projet des irrigations. A partir de cette date toute la vie de Bélime
(1883-1969) est consacrée à « faire de l'irrigation ». Il défendra son idée
sans faille et contre vents et marées [5c].
Mission Bélime.
La guerre finie, toutes les conditions étaient en place pour lancer
l'irrigation à grande échelle.
Le marché mondial du coton était en crise et l'administration colo
niale semblait convaincue qu'il fallait tirer le maximum de profit des
colonies. Le partage de l'exploitation impériale s'amorçait en Afrique
occidentale : le Sénégal était voué à l'arachide, la Guinée au caoutchouc,
et la Côte-d'Ivoire aux plantations de cacao et de café.
L'administration du Soudan avait continué les tentatives de diffu
sion du coton et de l'arachide dans plusieurs villages et avait réalisé
deux projets de culture de coton irriguée par le Niger. Un projet fait
à El-Oueladij (Nord Mali), avec un barrage, par l'Inspection agricole
du Soudan fut de courte durée ; un autre dura de 1917 à 1937 à Dire
(Nord Mali) sur 200 ha dans la concession obtenue par la « Compagnie
de culture cotonnière », émanation de M. Hirch et de puissances banc
aires.
En 1919, Bélime arriva au Sénégal comme ingénieur chargé de l'in
spection hydraulique agricole pour l'A.O.F. que la clairvoyance du Gou
verneur général venait de créer. Sa mission au Soudan ne fut pas facile
car le Gouverneur général ne croyait pas à l'exploitation cotonnière du
Soudan. En outre, tous les gouverneurs hésitaient entre trois choix :
charger une société privée, demander l'élargissement des tentatives de
l'Inspection agricole du Soudan ou donner crédit à M. Bélime, un « nou
veau venu » dans le « clan » de l'administration [6] de l'A.O.F. L'OFFICE DU NIGER AU MALI D'HIER A AUJOURD'HUI 55
Dans son premier avant-projet de 1920 [5 a], Bélime prévoyait
l'irrigation de 1 600 000 ha, moyennant le canal de Nyamina et le canal
de Ségou, long de 200 km, sur la rive gauche du Niger, et le canal de
Sansanding sur la rive droite. Le rapport prévoyait un barrage de déri
vation à Sotuba et un barrage de retenue hydroélectrique sur le Niger
moyen ou un affluent.
Les aménagements de 1925.
Pour rédiger son rapport, Bélime prit connaissance des rapports
des commandants des cercles du Soudan sur les victimes de la famine
de 1913-1914. Bélime note que ce type de famine est généralisé. « La
même année le Soudan égyptien connut des hécatombes semblables et
l'Inde centrale fut fortement atteinte » [5b : 18]. « L'année 1913, qui pré
luda à la grande famine, appartient à un cycle d'années sèches qui, dans
le Soudan occidental, semble avoir régné de 1910 à 1924. A cette période
a succédé un cycle plus humide accusant en moyenne un mètre de plus
dans la hauteur maximum des grandes crues » [5b : 29].
Bélime comprend le dilemme : envisager des irrigations à petite
échelle pour les intérêts alimentaires locaux ou à grande échelle pour
les intérêts de la métropole. Pour obtenir le premier résultat les méthod
es sont plus lentes, plus efficaces, portant sur de vastes régions et ne
faisant pas appel à l'irrigation. Il fallait améliorer les techniques agri
coles rudimentaires des indigènes. Pour le deuxième résultat Bélime
croit que : « tout système d'irrigation ayant pour objet de garantir une
production vivrière quelconque serait voué à l'échec le plus complet [...].
C'est la culture intensive [...], le coton irrigué appelé à former la base
de la prospérité rurale» [5a: 32].
Cependant Bélime sait que le premier résultat est le plus urgent
(contre la famine) mais arrive à la conclusion que les deux peuvent
coexister et se compléter, au moins dans la théorie qui ressort de ses
publications.
L'avant-projet produisit des réactions visant non seulement les poss
ibilités financières de l'opération, mais encore l'exactitude au point de
vue technique des possibilités agronomiques du sol et des précipitations
atmosphériques [10].
Le projet de Bélime allait aussi contre les projets coloniaux de
groupes privés d'importateurs et des banques soutenus par le Gouver
neur général Merlin, convaincu de l'incapacité de l'administration. Cepend
ant, en 1921, il décida de créer une station expérimentale de 200 ha
pour le coton irrigué de Niénébalé, à 60 km de Bamako, sur le Niger.
En 1922, la première compagnie agricole fut instituée avec des salariés.
L'opinion publique française, dès 1921 et jusqu'en 1961, se partage
en deux. D'un côté Bélime et plusieu

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