La conduite psychologique devant l effort mental imposé - article ; n°1 ; vol.34, pg 61-113
54 pages
Français

La conduite psychologique devant l'effort mental imposé - article ; n°1 ; vol.34, pg 61-113

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
54 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1933 - Volume 34 - Numéro 1 - Pages 61-113
53 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1933
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

S. Korngold
André Lévy
V. La conduite psychologique devant l'effort mental imposé
In: L'année psychologique. 1933 vol. 34, n°1. pp. 61-113.
Citer ce document / Cite this document :
Korngold S., Lévy André. V. La conduite psychologique devant l'effort mental imposé. In: L'année psychologique. 1933 vol. 34,
n°1. pp. 61-113.
doi : 10.3406/psy.1933.29867
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1933_num_34_1_29867V
LA CONDUITE PSYCHOLOGIQUE
DEVANT L'EFFORT MENTAL IMPOSÉ
Par S. Korngold et A. Levy
L'homme ne se manifeste pas seulement par ce qu'il fait,
mais parfois et dans certaines circonstances surtout par ce
qu'il ne fait pas. Tout le monde est d'accord sur ce fait que
« l'inhibition est elle-même une forme de mouvement, que
l'absence de réponse aux sollicitations extérieures est elle-
même une b1, puisque en effet deux possibilités :
réagir ou ne pas réagir, nous sont toujours offertes dans toutes
les circonstances de la vie, là où la réponse à une excitation
•est consciemment dirigée.
On sait combien fréquente est cette deuxième sorte de
réaction. On s'évade de l'obligation de répondre et depuis
longtemps les psychologues se sont attachés à savoir quelles
étaient les causes réelles de cette évasion, là où aucune raison
directe ne la justifiait. L'explication la plus courante et
aujourd'hui généralement répandue, admet que cette sorte
de réaction est due au caractère particulier de timidité ou de
scrupulosité des individus en question. « Le timide est un faible,
un asthénique social. Il a peur, non pas des hommes — il
peut être brave — il a peur de l'action qu'il aura à faire2. »
« L'exécution de l'action demande une dépense des forces, de
toute manière il est fatigant d'agir3. »
Or, s'il est possible que tous les timides s'évadent de l'obl
igation d'une réaction, l'inverse n'est pas nécessairement vrai.
Tous les individus dont la conduite présente ce caractère ne
1. Ch. Blondel, Les Volitions. Trailé de Psychologie, t. II, 1924, p. 410.
2. Pierre Janet, L'Évolulion psychologique de la personnalité, Paris, 1929,
3. Ibidem, p. 356. 62 MÉMOIRES ORIGINAUX
sont pas des timides ni des scrupuleux. Cette conduite peut
avoir d'autres causes qui sont peut-être psychologiquement
moins complexes mais plus difficiles à atteindre et à mettre
en relief.
A. — Le problème
Nous nous sommes posé cette question à propos de l'att
itude fréquente qu'adoptent des sujets — tant enfants que
personnes adultes — au cours de l'application des tests, et
notamment des tests mentaux.
On sait que la notation de ces épreuves aboutit à 4 ordres
de résultats :
— - Réponses exactes ;
— Erreurs ;
— Omissions ;
— Consignes non suivies (peu fréquentes, se rencontrent chez les sujets
qui n'ont pas compris ce qu'on leur demande de faire).
Puis, chaque laboratoire qui emploie le test choisit, comme
base de classement, soit une de ces possibilités, soit des fo
rmules mathématiques spécialement établies qui tiendraient
compte tant des réponses correctes que des erreurs et des
omissions. Ce choix est dicté habituellement par le souci de
donner à la série des valeurs obtenues l'allure la plus normale
et la dispersion la plus grande. Si par la nature même de
l'épreuve, les omissions de réponses sont rares, il est difficile
de choisir cette forme de réaction comme base de classement.
Dans le cas de formules où on s'efforce de faire jouer toutes
les possibilités on ne sait pas habituellement très bien quelle
importance il faut attacher aux erreurs par rapport aux omis
sions. Ainsi la construction de ces formules est pour la plupart
des cas déterminée par des idées préconçues ou encore par
l'idée du « juste partage ». C'est pour toutes ces raisons qu'on
est enclin, le plus souvent, à se borner au classement par le
nombre de réponses exactes.
Or, il nous a semblé que, si les réponses exactes donnent
en effet une indication sur la valeur du s.ujet, il était intéressant
aussi d'étudier les autres résultats, puisque ceux-ci repré
sentent, en somme, la manière de réagir de l'individu devant
la difficulté. D'une manière générale, « c'est déjà quelque chose
de dangereux que de négliger systématiquement une partie KORNGÖLD ET A. LEVY. LA CONDUITE PSYCHOLOGIQUE 63 S.
naturelle de ce que l'on étudie ; et il y a des cas où cela doit,
forcément, conduire à de graves erreurs b1. En particulier, il
est déjà très difficile, de toute façon, d'enfermer l'infinie
complexité des phénomènes psychologiques dans les cadres
de l'expérimentation pure ; aussi bien, n'avons-nous pas le
droit de négliger le plus petit indice que l'on puisse déceler
dans les résultats de l'expérience.
* * *
Les omissions ont donc plus particulièrement retenu notre
attention : les sujets qui ne répondent pas sont-ils des scru
puleux, des consciencieux, qui préfèrent abandonner leur
chance de réussir plutôt que de risquer une réponse dont ils
ne sont pas sûrs — ou bien sont-ils, au contraire, si désarmés
devant la question, leur est-elle si étrangère qu'ils ne sont
même pas capables d'essayer de la résoudre, de l'aborder
activement. Autrement dit : le problème doit-il porter essen
tiellement sur le caractère et le rôle des facteurs affectifs
— ou bien, aussi, sur le niveau du développement intellectuel.
Disons que la première explication nous semblait d'abord
évidente. Un essai avait même été fait à notre laboratoire en
vue de pénaliser les erreurs, et par suite de favoriser les sujets
faisant des omissions. L'échec de cette méthode et quelques
sondages préalables ont donné à notre deuxième recherche
une direction qui nous ferait conclure en faveur de la deuxième
hypothèse.
* * *
L'importance de cette question des omissions avait déjà
retenu l'attention de plusieurs auteurs, parmi lesquels il faut
citer W. M. Brown2. Comme il est certain de voir dans cette
attitude un trait de caractère, une tendance à la prudence, sa
recherche est systématiquement dirigée dans ce sens, et ne se
rapproche donc pas directement de la nôtre. Quant aux
études de G. T. Manson3, elles sont une vérification et, en
1. Ch. Fabry, Éléments de Thermodynamique, Paris, 1933, p. 4.
2. W. M. Brown, A study of the " caution " factor and its importance
in intelligence tests performance, 1924. The American Journal of Psychology,
vol. 35, n° 3, p. 368-386.
3. G. T. Manson, Personnality differences in intelligence tests. Journal
of applied Psychology, 1925, vol. 9, n° 3, p. 230-255. MÉMOIRES ORIGINAUX 64
majeure partie, une confirmation des résultats de Brown. Ce
qui fait leur principal intérêt, ce sont les examens d'intros
pection auxquels les sujets de leurs expériences ont été
soumis.
Mayer, étudiant un test de complètements de textes,
prévoit une notation qui pénaliserait les erreurs plus que les
omissions. Il la justifie de la manière suivante : « C'est le plus
souvent un sentiment d'incertitude qui a empêché l'enfant de
compléter ; l'expérience l'a souvent montré, questionné sur
la raison de son hésitation, l'enfant répond souvent : « je ne
« suis pas sûr que ce soit cela » et dans maint travail, un
complément placé en bonne place a été barré ensuite, par
hésitation. On pourrait, peut-être, dans des expériences
ultérieures, dire aux enfants d'écrire dans la marge les complé
ments dont ils ne trouvent pas la place véritable, et d'indiquer
par une croix la place où ils croient devoir ajouter quelque
chose, sans qu'ils soient capables de trouver ce
chose1. » Cette manière de voir est courante. Nous remar
querons qu'ici, par exemple, elle ne repose sur aucune base
expérimentale ; car il semble difficile de considérer comme tel
le seul interrogatoire des enfants, souvent suggestibles, et
toujours incapables d'une introspection sûre.
Si, quittant le domaine de la recherche expérimentale,
nous passons dans celui de la pratique

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents