La conscience et la peur  - article ; n°1 ; vol.51, pg 41-53
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Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1984 - Volume 51 - Numéro 1 - Pages 41-53
Conscience and Fear : Who Killed the Vicar ? On March 9th 1733, the two senior magistrates of the town of Kircheim-unter-Teck sent a report to the Duke of Wurtemberg, announcing the death of the vicar of the parish of Zell-unter-Aichelberg ; the priest had died suddenly on his way home from Kircheim, where he had taken part in a theological discussion. Ten years later, a rumour began to circulate in the region that the priest had been murdered by two rich peasants, the Drohmann brothers. The Duke ordered an inquiry. A close study of the village archives brings to light the forms of power in an early 18th-century German village and the relationship between local power and the State institutions, by showing how the different factions which emerged around the affair were aligned on the complex structures formed by the intersection between kinship relations and property relations. At a deeper level, analysis of the actors' discourse about the affair, the use they make of gossip and their definitions of «conscience» and «matters of conscience» reveals the mechanisms through which the least powerful actors were able to bring their denunciations before public opinion.
Gewissen und Angst : wer hat den Pfarrer getötet ? Am 9.März 1733 schicken der Vogt und der Superintendant von Kirchheim unter Teck ein Schreiben an den Herzog von Wurtemberg, worin sie den plötzlichen Tod des Pfarrers der Pfarrgemeinde von Zell unter Aichelberg während seiner Heimreise von einer theologischen Disputation in Kirchheim mitteilen. 10 Jahre später geht das Gerücht um, der Pfarrer sei von den Brüdern Drohmann, zwei reichen Bauern, ermordet worden. Der Herzog ordnet eine Untersuchung an. Anhand eingehender Studien der Archivakten lassen sich die Herrschaftsformen in einer deutschen Kleinstadt während der ersten Hälfte des 18. Jahrhunderts nachzeichnen, insbesondere die Beziehungen zwischen lokaler Herrschaft und staatlichen Institutionen. Gezeigt wird, wie die verschiedenen Fraktionen, die im Verlauf der Affäre Gestalt gewinnen, sich entlang komplexer, aus der Uberschneidung von Verwandschafts- und Besitzverhältnissen gebildeter Strukturen konstituieren. Mittels Analyse der Aussagen der Akteure zur Affäre, der Art und Weise in der sie vom Geschwätz Gebrauch machen, schließlich ihrer Definition von «Gewissen» und «Gewissensfall» werden die Mechanismen aufgedeckt, mit denen es den Ärmsten gelingt, ihre Denunziation an die Öffentlichkeit zu tragen.
La conscience et la peur : qui a tué le pasteur ? Le 9 mars 1733, les deux principaux magistrats de la ville de Kirchheim-unter-Teck envoient un rapport au duc de Wurtemberg pour annoncer la mort du pasteur de la paroisse de Zell-unter-Aichelberg survenue brutalement alors qu'il revenait de la ville de Kirchheim où il avait participé à une discussion théologique. Dix ans après, un bruit se met à circuler dans le pays : le pasteur a été assassiné par deux riches paysans, les frères Drohmann. Le duc ordonne une enquête. L'étude minutieuse du dossier d'archives met en lumière les formes du pouvoir dans un village allemand de la première moitié du 18e siècle et les relations entre le pouvoir local et les institutions d'État en montrant comment les différentes factions qui se mettent en place au cours de l'affaire s'alignent sur les structures complexes formées par l'intersection des rapports de parenté et des rapports de propriété. Plus profondément, l'analyse du discours des acteurs sur l'affaire, de l'usage qu'ils font du ragot et de la définition qu'ils se donnent de la «conscience» et du «cas de conscience», révèle les mécanismes par lesquels les plus démunis parvenaient à porter leurs dénonciations devant l'opinion publique.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur David Sabean
La conscience et la peur
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 51, mars 1984. pp. 41-53.
Citer ce document / Cite this document :
Sabean David. La conscience et la peur . In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 51, mars 1984. pp. 41-53.
doi : 10.3406/arss.1984.2213
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1984_num_51_1_2213Résumé
La conscience et la peur : qui a tué le pasteur ?
Le 9 mars 1733, les deux principaux magistrats de la ville de Kirchheim-unter-Teck envoient un rapport
au duc de Wurtemberg pour annoncer la mort du pasteur de la paroisse de Zell-unter-Aichelberg
survenue brutalement alors qu'il revenait de la ville de Kirchheim où il avait participé à une discussion
théologique. Dix ans après, un bruit se met à circuler dans le pays : le pasteur a été assassiné par deux
riches paysans, les frères Drohmann. Le duc ordonne une enquête. L'étude minutieuse du dossier
d'archives met en lumière les formes du pouvoir dans un village allemand de la première moitié du 18e
siècle et les relations entre le pouvoir local et les institutions d'État en montrant comment les différentes
factions qui se mettent en place au cours de l'affaire s'alignent sur les structures complexes formées par
l'intersection des rapports de parenté et des rapports de propriété. Plus profondément, l'analyse du
discours des acteurs sur l'affaire, de l'usage qu'ils font du ragot et de la définition qu'ils se donnent de la
«conscience» et du «cas de conscience», révèle les mécanismes par lesquels les plus démunis
parvenaient à porter leurs dénonciations devant l'opinion publique.
Abstract
Conscience and Fear : Who Killed the Vicar ?
On March 9th 1733, the two senior magistrates of the town of Kircheim-unter-Teck sent a report to the
Duke of Wurtemberg, announcing the death of the vicar of the parish of Zell-unter-Aichelberg ; the priest
had died suddenly on his way home from Kircheim, where he had taken part in a theological discussion.
Ten years later, a rumour began to circulate in the region that the priest had been murdered by two rich
peasants, the Drohmann brothers. The Duke ordered an inquiry. A close study of the village archives
brings to light the forms of power in an early 18th-century German village and the relationship between
local power and the State institutions, by showing how the different factions which emerged around the
affair were aligned on the complex structures formed by the intersection between kinship relations and
property relations. At a deeper level, analysis of the actors' discourse about the affair, the use they
make of gossip and their definitions of «conscience» and «matters of conscience» reveals the
mechanisms through which the least powerful actors were able to bring their denunciations before
public opinion.
Zusammenfassung
Gewissen und Angst : wer hat den Pfarrer getötet ?
Am 9.März 1733 schicken der Vogt und der Superintendant von Kirchheim unter Teck ein Schreiben an
den Herzog von Wurtemberg, worin sie den plötzlichen Tod des Pfarrers der Pfarrgemeinde von Zell
unter Aichelberg während seiner Heimreise von einer theologischen Disputation in Kirchheim mitteilen.
10 Jahre später geht das Gerücht um, der Pfarrer sei von den Brüdern Drohmann, zwei reichen Bauern,
ermordet worden. Der Herzog ordnet eine Untersuchung an. Anhand eingehender Studien der
Archivakten lassen sich die Herrschaftsformen in einer deutschen Kleinstadt während der ersten Hälfte
des 18. Jahrhunderts nachzeichnen, insbesondere die Beziehungen zwischen lokaler Herrschaft und
staatlichen Institutionen. Gezeigt wird, wie die verschiedenen Fraktionen, die im Verlauf der Affäre
Gestalt gewinnen, sich entlang komplexer, aus der Uberschneidung von Verwandschafts- und
Besitzverhältnissen gebildeter Strukturen konstituieren. Mittels Analyse der Aussagen der Akteure
zur Affäre, der Art und Weise in der sie vom Geschwätz Gebrauch machen, schließlich ihrer Definition
von «Gewissen» und «Gewissensfall» werden die Mechanismen aufgedeckt, mit denen es den Ärmsten
gelingt, ihre Denunziation an die Öffentlichkeit zu tragen.DAVID SABEAN
officielle famille, position présentées ont négligeable, de singulières personne d'être maître que était avec par entendues. les le risque les un centrée Schultheiss chances d'une villageois Schultheiss. alors A sur exploitation une relatives d'affecter, devant l'image occupait Un époque simple le que du bureau bien de dans où bon changement les façon l'idéologie gérée, la du chef plaintes distrVogt non de la
ibution des richesses et la façon dont il évaluait, à son
tour, l'ardeur au travail des autres villageois, pesaient
d'un poids élevé sur l'issue donnée aux plaintes qui lui
étaient adressées (2). IÂ
CONSCIENCE
ET M
Leurs glaives sont des instruments de violence.
Que mon âme n'entre point dans leur conciliabule, esprit ne s'unisse point à leur assemblée !
Car, dans leur colère, ils ont tué des hommes,
Et, leur méchanceté, ils ont coupé les jarrets des taureaux
Dans les pages qui suivent, on essaiera de rester Maudite soit leur colère, car elle est violente
Et leur fureur, car elle est cruelle. au plus près des sources en tâchant d'analyser à la fois Genèse 49.5-7 la réalité telle qu'elle peut apparaître à un observateur
L'Éternel est un Dieu jaloux, il se venge ; extérieur et la représentation que les agents eux-mêmes se venge, il est plein de fureur ; se font de cette réalité. On examinera plus précisément se venge de ses adversaires, les différences entre la manière dont les gens du II garde rancune à ses ennemis.
village parlent de leurs cas de conscience et la façon L'Eternel est lent à la colère, il est grand par sa force ;
II ne laisse pas impuni. très particulière qu'ils ont de décrire leurs voisins et Nahum 1.2-3 leurs proches, en mettant en relation l'expérience
sociale ordinaire et les changements de la structure villageoise.
Voici l'histoire d'une enquête au sujet d'un meurtre :
celui d'un pasteur de campagne (1). En la suivant 1- Les documents de ce chapitre sont tirés des archives centrales
dans ses moindres détails nous allons découvrir les du Wurtemberg à Stuttgart (WHS A), Série A214 (Oberrat
Commissionen 1579-1817), Büschel 476, sous le titre «Acta, rouages cachés de la vie politique d'un village dans la
die wegen des 9 Julii todgefundenen Pfarrers Breunigers zu première moitié du 18e siècle et révéler les liens qui Zeil in Anno 1743. zu tag gekommenen bendenckliche unissaient alors la vie locale aux institutions d'Etat. Umstände betr. 1733-48». Les documents seront cités par leur Les personnages qui évoluent sur la scène d'un numéro.
village n'ont guère changé entre le 16e et le 19e siècle : 2— L'interprétation du discours pose des problèmes particu
il s'agit du Schultheiss et du Bürgermeister (qui lièrement difficiles. A certaines périodes, on constate des
occupent une position comparable à celle du prévôt déplacements idéologiques et des changements d'arguments
politiques qui ne correspondent pas nécessairement à des et du maire), du Richter (juge local au niveau le plus changements sociaux ; à l'inverse, des importants bas), du pasteur, du paysan, du négociant en vin, de dans la composition de la société n'entraînent parfois que des l'artisan, du laboureur, des autorités régionales, le modifications subtiles du langage et des autres formes symbol
Vogt (bailli) et le Superintendent (superintendant iques. Mais une nouvelle mode en théologie ou un nouveau
style d'argumentation peuvent à leur tour modifier de façon d'Église chez les protestants), enfin des représentants
notable la sensibilité populaire à un message, qui deviendra du pouvoir central tels que le commissaire, le conseiller lui-même un élément du contexte spécifique dans lequel ce du duc, ou le membre du Consistoire. Cette stabilité message est reçu. Lorsque le message change, les rapports que des rôles sociaux risque d'encourager les généralisations le pasteur entretient avec son public changent aussi, ce qui,
abusives. S'agissant d'analyser les relations de pouvoir par voie de conséquence, modifie également la relation qu'il
a avec les autorités associées ou concurrentes. En outre, les et les conflits entre ces acteurs, il est trop facile, en
personnages importants du village peuvent paraître relativeffet, d'avoir recours à des principes très généraux ement semblables ou fort différents selon qu'on les

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