La dominance latérale - article ; n°2 ; vol.65, pg 411-438
29 pages
Français

La dominance latérale - article ; n°2 ; vol.65, pg 411-438

-

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
29 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

L'année psychologique - Année 1965 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 411-438
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Lerbet
La dominance latérale
In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2. pp. 411-438.
Citer ce document / Cite this document :
Lerbet G. La dominance latérale. In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2. pp. 411-438.
doi : 10.3406/psy.1965.27442
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1965_num_65_2_27442LA DOMINANCE LATÉRALE
par Georges Lerbet
I. — Introduction
Les problèmes posés par la constatation d'une dominance
latérale chez l'homme ont été diversement interprétés selon les
modes d'intelligibilité qui avaient cours à l'époque considérée.
Longtemps, ils ont été envisagés d'un point de vue magique ou
rituel. Dans l'histoire des religions, toute une symbolique s'attache
aux notions de dextralité et de sénestralité. La droite est pure,
divine, impaire. La gauche trahit le côté vil, la collusion avec les
forces obscures ou maléfiques [101].
Tout en se perpétuant partiellement jusqu'à nos jours, cette
approche ne conserve plus qu'une importance symbolique ou
sacrée. Au niveau épistémologique, on lui a substitué une appré
hension plus scientifique. Malgré les premières préoccupations
de cet ordre dès l'Antiquité (Platon), c'est surtout depuis le
xixe siècle que des auteurs en ont abordé l'étude dans un langage
et avec des méthodes plus positives.
Depuis lors, les travaux se sont multipliés. La bibliographie,
à la fin de cet exposé, fait état de 189 publications et est pourtant
fort incomplète. Aussi serait-il vain de vouloir entreprendre, dans
ces quelques pages, un inventaire exhaustif des recherches consa
crées à la latéralisation. Nous nous contenterons seulement de
tenter de faire le point de cette question en nous plaçant de trois
points de vue qui, s'ils ne sont pas de même ordre, ont l'avantage
de correspondre aux perspectives générales dans lesquelles les
travaux ont été faits. C'est :
— le point de vue psychophysiologique ;
— le de vue de la psychologie génétique ;
— le point de vue de la appliquée (aux problèmes
scolaires et professionnels).
C'est seulement à l'issue de cette analyse que nous pourrons
chercher à dégager les raisons qui confèrent à la latéralisation
toute son actualité. REVUES CRITIQUES
II. Le point de vue psychophysiologique
A) Latéralisation et dominance hémisphérique
Dès 1865, Broca [31] a cherché à identifier ces deux phéno
mènes. Il pensait que si le droitier articule, parle avec son cerveau
gauche, il existait un processus symétrique chez le gaucher.
Cette opinion était encore communément admise il y a une
dizaine d'années, puisque P. -F. Girard [74] pouvait l'expliciter
ainsi en 1951 : « Le gaucher est l'individu qui parle avec son
cerveau droit. » Vers cette même époque, des auteurs comme
L. Cornil et H. Gastaut [45] pensaient qu'il était possible d'in
duire la dominance hémisphérique du seul examen de la latéralité.
Aujourd'hui, la rigueur de cette relation de réciprocité pré
valence manuelle-dominance hémisphérique s'est fortement
estompée. Au niveau hémisphérique, la notion de dominance
absolue d'un hémisphère fait plutôt place à celle de degré de
dominance, selon O. L. Zangwill [185]. J. de Ajuriaguerra et
H. Hecaen [9] posent, quant à eux, le problème de la spéciali
sation fonctionnelle de chacun des hémisphères. Regroupant
l'essentiel de leurs travaux antérieurs en une seule publica
tion [9], ils analysent les résultats de leurs observations de
psychopathologie et de neurochirurgie, ainsi que de celles de leurs
confrères.
L'affirmation d'une dominance hémisphérique gauche est
née des travaux sur l'aphasie. Cette dominance est admise pour
le langage, mais pour des problèmes voisins comme celui du
langage musical on ne saurait être aussi affirmatif. L'amusie
motrice et l'amusie sensorielle peuvent dépendre de lésions droites
ou gauches encore que la latéralisation gauche soit la plus fr
équente.
La latéralisation hémisphérique de l'apraxie nécessite une
analyse plus fine. L'apraxie idéomotrice et l'apraxie idéatoire
se rencontrent uniquement au cours de lésions gauches ou bila
térales comme le montre le tableau ci-dessous établi à partir de
415 cas de lésions rétro-rolandiques :
Lésions Lésions Lésions
gauches bilatérales droites
Apraxie idéo-motrice 18,93 % 14,54 % 0 % idéatoire 4,36 % ■J,ol /o 0 % LERBET. LA DOMINANCE LATÉRALE 413 G.
L'apraxie constructive peut être analysée plus finement selon
la localisation lésionnelle. En effet, si globalement on constate
une plus grande fréquence lors de lésions de l'hémisphère droit
(61,48 % contre 39,8 % X2 = 12,023), on a pu montrer que les
atteintes droites provoquent surtout des troubles visuo-spatiaux
et les atteintes gauches des troubles plus proprement conceptuels.
Les travaux de de Ajuriaguerra et Hecaen confirment sur ce
point très largement ceux de McFie et Zangwill [125]. Enfin
l'apraxie de l'habillage, isolée par R. Brain [28] en 1941, semble
être spécifiquement due à des lésions droites chez le droitier.
Les troubles de la somatognosie, pour être valablement inter
prétés, doivent être analysés finement sur le plan clinique. Si
les troubles bilatéraux (agnosie digitale, autotopoagnosie) sont
imputables à des lésions gauches (y2 = 18,356), les troubles
unilatéraux dépendent de lésions droites (y2 = 34,285).
Dans les agnosies visuelles, il faut distinguer les agnosies pour
les objets et les agnosies des couleurs qui semblent correspondre
à des lésions gauches alors qu'inversement l'agnosie des physio
nomies correspondrait à des lésions droites. Quant aux agnosies
spatiales et spatiales unilatérales, aux troubles des notions topo
graphiques, à la perte de la mémoire topographique, il faut très
probablement les rattacher à des lésions droites.
Les acalculies diffèrent également selon qu'elles sont consé
cutives à des lésions de l'un ou de l'autre hémisphère. L'alexie
des nombres ou des chiffres dépend de lésions gauches, alors
que les dyscalculies spatiales dépendent de droites. Les
anarithméties forment un groupe hétérogène où les deux méca
nismes précédents semblent interagir. Les métamorphopsies enfin
paraissent tenir à des lésions droites.
Ainsi, lorsqu'ils sont lésés, les deux hémisphères cérébraux
déterminent des syndromes différents : les atteintes gauches
perturbent surtout le langage et la conceptualisation, alors que
les atteintes droites nuisent au « maniement des données spatiales
corporelles et extracorporelles » et à la reconnaissance d'autrui.
Ces faits tendent alors à valoriser la notion de spécificité
hémisphérique. C'est pourquoi, certains auteurs en viennent à
considérer comme hypothétiquement intéressante la recherche
de types de dispositions fonctionnelles différents selon l'hémi
sphère envisagé. Par exemple, pour Semmes, Weinstein, Ghent
et Teuber [158], la représentation sensitive serait différente
d'un hémisphère à l'autre. La sensation tactile entre autres serait
plus diffuse sur l'hémisphère droit que sur le gauche. Par ailleurs, 414 REVUES CRITIQUES
Hecaen, Angelergues et Houllier [97] aboutissent à la notion de
« systématisation fonctionnelle » plus différenciée et plus homo
gène au niveau de l'hémisphère gauche avec trois types struc
turaux relativement spécifiques quoique interférents : le langage
(lobe temporal), calcul, praxies, somatognosie (lobe pariétal),
fonctions symboliques visuelles (lobe occipital). Au niveau de
l'hémisphère droit, l'organisation fonctionnelle serait plus lâche
et plus polyvalente concernant une forme non verbalisée — ou
moins directement et moins primitivement — des
relations du corps à l'espace (ensemble pariéto-temporo-occipital).
A côté de ces travaux généraux, d'autres ont porté plus
directement sur la mise en relation de la manualité préférentielle
et des troubles consécutifs à des lésions corticale

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents