La géographie de la santé : un agenda qui se précise - article ; n°1 ; vol.13, pg 31-41

Emmanuel Vigneron

Description

Espace, populations, sociétés - Année 1995 - Volume 13 - Numéro 1 - Pages 31-41
The Geography of Health : a Diary Becoming Clearer.
Geography of health is frequently badly perceived both by the whole community of geographers and by epidemiologists. The recent development of Public Health gives to it an opportunity to assert its place as a geographical science. In order to succeed in this aim, Geography of health must clearly define its object in comparizon with Epidemiology and consequently increase its geographical and scientific nature.
La géographie de la santé est souvent mal perçue tant du côté des géographes que des épidémiologistes. Le développement récent de la Santé Publique lui donne une occasion d'affirmer sa place et son rôle de science géographique. Pour y parvenir, la discipline doit d'une part se définir par rapport à l'épidémiologie et d'autre part, ce qui est un autre aspect de la même réflexion, approfondir ses caractères géographique et scientifique.
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ESPACE-_POPULATIONS-_SOCIETES
• Publié le: 01 janvier 1995
• Nombre de lectures: 46
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Emmanuel Vigneron
La géographie de la santé : un agenda qui se précise
In: Espace, populations, sociétés, 1995-1. La géographie de la santé en question. pp. 31-41.
Abstract
The Geography of Health : a Diary Becoming Clearer.
Geography of health is frequently badly perceived both by the whole community of geographers and by epidemiologists. The
recent development of Public Health gives to it an opportunity to assert its place as a geographical science. In order to succeed in
this aim, Geography of health must clearly define its object in comparizon with Epidemiology and consequently increase its
geographical and scientific nature.
Résumé
La géographie de la santé est souvent mal perçue tant du côté des géographes que des épidémiologistes. Le développement
récent de la Santé Publique lui donne une occasion d'affirmer sa place et son rôle de science géographique. Pour y parvenir, la
discipline doit d'une part se définir par rapport à l'épidémiologie et d'autre part, ce qui est un autre aspect de la même réflexion,
approfondir ses caractères géographique et scientifique.
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Vigneron Emmanuel. La géographie de la santé : un agenda qui se précise. In: Espace, populations, sociétés, 1995-1. La
géographie de la santé en question. pp. 31-41.
doi : 10.3406/espos.1995.1668
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/espos_0755-7809_1995_num_13_1_1668VIGNERON Université des Sciences et Technologies de Lille Emmanuel
U.F.R. de Géographie
Bât. 2
59655 Villeneuve d'Ascq cedex
La géographie de la ganté :
un agenda qui se précise
INTRODUCTION
La multiplication depuis quelques années la géographie fait l'objet d'une forte de
des travaux que l'on peut qualifier de géo mande potentielle de la part du monde mé
graphie de la santé de même que la curio dical et particulièrement de la part des
sité et les encouragements multiples1 pour épidémiologistes et des médecins de Santé
cette discipline, venue aussi bien de la comPublique. Il est non moins incontestable que
munauté des géographes que de celle des cette demande de «géographie» n'a, en
épidémiologistes et médecins de santé pu France et pour l'instant, que très marginale
blique, incitent à clarifier les rapports entre ment été adressée aux géographes «en t
la géographie de la santé et l'épidémiologie. itre». Pourquoi et comment ?
Cela a déjà été fait, mais inégalement, et - Jusqu'à présent la géographie de la santé
sur le terrain de la pratique la traduction en s'est exclusivement placée dans le cadre de
est loin d'être simple. Tel a été l'un des la définition de ce qu'elle pouvait apporter
motifs de ce colloque que de débattre de ces à l'épidémiologie, comme du reste l'épidé
étranges rapports entre les deux disciplines miologie descriptive s'est définie par rap
et de tenter d'y voir plus clair à partir de port à l'épidémiologie analytique. Globale
quelques pistes reconnues par l'exercice ment, la question demeure de savoir com
concret de la discipline et que le présent ment la géographie pourrait contribuer à la
article se propose d'emprunter : reconnaissance de facteurs de risques, objet
- Au cours des dernières décennies, le déve de l'épidémiologie analytique. Le dévelop
loppement de l'information médicale a sus pement récent et spectaculaire de la Santé
cité l'envie et le besoin des chercheurs Publique invite pourtant à ne plus se situer
d'aborder des questions de géographie sani dans une perspective strictement médicale
taire. Il est, aujourd'hui, incontestable que mais à se situer dans le champ beaucoup
1 dans sa dernière édition la Géographie de la Populat ces travaux «d'attachants».
ion de D. Noin ( Paris, Masson, 1994) qualifie même 32
plus large des sciences sociales et sanitai géographe de la santé pour remédier à cette
res. Quelle y est la place de la géographie ? injustice ?
- En dépit des encouragements prodigués, la C'est en donnant une réponse identique à
ces deux questions - c'est-à-dire en affigéographie de la santé est souvent mal per
çue par les géographes. D'un mot, elle se rmant son caractère de science géographique
rait «déterministe et classique» et même - que la géographie de la santé sortira de la
non géographique. Que peut donc faire le position inconfortable où elle se trouve.
I. GÉOGRAPHIE DE LA SANTÉ ET ÉPIDÉMIOLOGIE : UN PARTAGE DES
RÔLES ?
Un point de vue classique : l'utilité de la de la santé pour l'épidémiologie se double
géographie pour l'épidémiologie ici d'une utilité économique que l'on ne sau
Vis-à-vis de l'épidémiologie, la géographie rait négliger. On sait aussi que par facteurs
de la santé a d'abord pour fonction d'être géographiques les épidémiologistes enten
dent essentiellement les facteurs que nous une géographie. C'est ce qui est attendu
d'elle. Cela ne signifie plus qu'elle témoi nommons physiques. La géographie de la
gne de sa vision globale et synthétique des santé a aussi vocation à établir un pont en
problèmes régionaux - la géographie n'est tre la géographie «recentrée» contemporaine
- ou sociale - et l'épidémiologie. plus seule capable de synthèse spatiale ( ce
n'est d'ailleurs pas son objet) - mais qu'elle
fasse preuve de sa capacité à analyser, dé Un point de vue d'actualité : la géogra
crire et expliquer l'organisation et la dyna phie de la santé et la Santé Publique
mique des territoires et les inégalités spatia On aurait tort d'examiner seulement ce que
les de toutes natures qui en sont la manifest la géographie peut apporter à l'épidémiolog
ation. ie. Jusqu'à présent la géographie de la santé
Cependant, parce qu'elle est reconnue - s'est exclusivement placée dans le cadre de
parmi d'autres disciplines - pour sa percep la définition de ce qu'elle pouvait apporter
tion originale des contextes régionaux ( ou à l'épidémiologie, comme du reste l'épid
plus généralement spatiaux) la géographie émiologie descriptive par rapport à
est conviée à participer à la recherche de analytique. Globalement, la ques
facteurs de risques potentiels 2. Mais la géo tion était de savoir comment la géographie
graphie de la santé doit affirmer qu'elle ne pouvait contribuer à la reconnaissance de
peut les reconnaître. Elle ne peut pour cette facteurs de risques, objet de l'épidémiolo
raison être définie comme une épidémiolo- gie analytique. Le développement récent de
gie spatiale, laquelle est une branche encore la Santé Publique invite à ne plus se placer
peu développée de l'épidémiologie . Elle ne de ce strict point de vue biomédical mais à
peut, en effet, rester que descriptive car elle retourner radicalement la question. La r
se limite à l'analyse des caractères collect econnaissance des facteurs de risques par
ifs dans l'espace mais elle peut toutefois l'épidémiologie analytique est en effet su
suggérer des investigations supplémentaires ffisamment engagée pour que la géographie
pour certaines zones géographiques identi puisse partir de ses observations pour défi
fiées comme foyers à risques sur lesquelles nir des aires à risque. Pour dire simplement
peut alors se concentrer la coûteuse épidé- les choses, il ne s'agit plus de chercher si
miologie analytique qui est seule à même fumer est un facteur de risque d'infarctus
d'identifier les risques au niveau des indivi du myocarde et de cancer du poumon mais
de localiser les zones où l'on peut s'atten- dus. L'utilité scientifique de la géographie
2 Ceci ne peut se faire qu'au prix du recours aux mé santé est à même de suggérer la nécessité de standardi
thodes de standardisation des taux, encore beaucoup sation de facteurs autres que le sexe et l'âge auxquels
trop rarement employées en géographie en dépit de se limite en règle la standardisation en épidémiologie
leur ancienneté et des recommandations multiples dont et en démographie.
elle