La mémorisation du temps du verbe - article ; n°2 ; vol.79, pg 429-441
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Description

L'année psychologique - Année 1979 - Volume 79 - Numéro 2 - Pages 429-441
Summary
We studied the mnemonic coding of verb tense in sentences containing temporal (e.g. hier) or non temporal (e.g. gentiment,) adverbs, using a prompted recall task. The results showed that memorisation of the lexical content of the sentence was better with non temporal than with temporal adverbs. In contrast, fewer errors were made in the recall of verb tense for temporal than for non temporal adverbs. The analysis of recall errors of verb tense showed that perfect tenses were in most cases replaced by other perfect tenses, and simple tenses were replaced by other simple tenses. Consequently, it seems that the semantic feature of completion given by auxiliary is more relevant for mnemonic coding that the strictly temporal features which express the period of the actions.
Résumé
Le codage mnémonique des temps verbaux est étudié en fonction de la présence dans la phrase de certains adverbes, temporels ou non. On procède à une épreuve de rappel indicé grâce à laquelle on constate que, si les adverbes non temporels permettent, en raison de leur spécificité sémantique, une meilleure mémorisation du contenu lexical des phrases, les adverbes temporels diminuent considérablement les erreurs de rappel du temps des verbes. Lorsque de telles erreurs se produisent, les temps composés sont le plus fréquemment restitués sous la forme d'autres temps composés et les temps simples sous la forme de temps simples. Il semble par conséquent que la marque aspectuelle d'accomplissement, apportée par les auxiliaires, soit plus pertinente dans le codage mnémonique que les marques strictement temporelles désignant l'époque de l'action.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 33
Langue Français

Extrait

F. Parot-Locatelli
La mémorisation du temps du verbe
In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°2. pp. 429-441.
Abstract
Summary
We studied the mnemonic coding of verb tense in sentences containing temporal (e.g. hier) or non temporal (e.g. gentiment,)
adverbs, using a prompted recall task. The results showed that memorisation of the lexical content of the sentence was better
with non temporal than with temporal adverbs. In contrast, fewer errors were made in the recall of verb tense for temporal than for
non temporal adverbs. The analysis of recall errors of verb tense showed that perfect tenses were in most cases replaced by
other perfect tenses, and simple tenses were replaced by other simple tenses. Consequently, it seems that the semantic feature
of completion given by auxiliary is more relevant for mnemonic coding that the strictly temporal features which express the period
of the actions.
Résumé
Le codage mnémonique des temps verbaux est étudié en fonction de la présence dans la phrase de certains adverbes,
temporels ou non. On procède à une épreuve de rappel indicé grâce à laquelle on constate que, si les adverbes non temporels
permettent, en raison de leur spécificité sémantique, une meilleure mémorisation du contenu lexical des phrases, les adverbes
temporels diminuent considérablement les erreurs de rappel du temps des verbes. Lorsque de telles erreurs se produisent, les
temps composés sont le plus fréquemment restitués sous la forme d'autres temps composés et les temps simples sous la forme
de temps simples. Il semble par conséquent que la marque aspectuelle d'accomplissement, apportée par les auxiliaires, soit plus
pertinente dans le codage mnémonique que les marques strictement temporelles désignant l'époque de l'action.
Citer ce document / Cite this document :
Parot-Locatelli F. La mémorisation du temps du verbe. In: L'année psychologique. 1979 vol. 79, n°2. pp. 429-441.
doi : 10.3406/psy.1979.28278
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1979_num_79_2_28278L'Année Psychologique, 1979, 19, 429-441
Laboratoire de Psychologie expérimentale et comparée1
Université René-Descarles et EPHE, 3e section
associé au CNRS
LA MÉMORISATION DU TEMPS DU VERBE
par Françoise Parot-Locatelli2
SUMMARY
We studied the mnemonic coding of verb tense in sentences containing
temporal (e.g. hierj or non temporal (e.g. gentiment,) adverbs, using a
prompted recall task. The results showed that memorisation of the lexical
content of the sentence was better with non temporal than with temporal
adverbs. In contrast, fewer errors were made in the recall of verb tense for
temporal than for non temporal adverbs. The analysis of recall errors of
verb tense showed that perfect tenses were in most cases replaced by other
perfect tenses, and simple tenses were replaced by other simple tenses.
Consequently, it seems that the semantic feature of completion given by
auxiliary is more relevant for mnemonic coding that the strictly temporal
features which express the period of the actions.
La notion de « marque sémantique », utilisée pour rendre
compte de certaines différences entre des adjectifs antonymes
(long/court, large/étroit, par exemple) a été reprise par Clark
et Stafford (1969) dans leur étude de la mémorisation des temps
verbaux. Le passage des formes temporelles simples aux formes
composées (s'accompagnant d'un auxiliaire) ou progressives
(racine verbale -j- ing en anglais) augmenterait la complexité
de l'interprétation des verbes : l'action décrite par un verbe à
un temps simple (non marqué par la présence d'un auxiliaire qui
1. 28, rue Serpente, 75005 Paris.
2. Cette expérience a été réalisée sous notre direction par M. Alain
Germain dans le cadre de son certificat de maîtrise. 430 F. Parot-Locatelli
est une des marques temporelles possibles) ne serait pas limitée
en durée, ni étroitement située dans un espace temporel, alors
que les différentes marques qui caractérisent le past perfect pro
gressive par exemple (had been watching) situeraient l'action
dans le passé, limiteraient sa durée, détermineraient le moment
de son achèvement, la rendant ainsi plus « complexe ».
Cette hypothèse permet en effet de rendre compte de certains
résultats obtenus par Clark et Stafford : demandant à des sujets
de mémoriser des phrases simples dans lesquelles le temps du
verbe varie, ils constatent que les erreurs au rappel (« gliss
ements temporels ») consistent à transformer les formes verbales
composées en formes simples, comprenant moins de « marques
sémantiques ».
Cette interprétation en termes de marques n'est cependant
pas totalement satisfaisante : elle impliquerait en effet que seul
le présent (de l'indicatif) est la forme non marquée et que toutes
les autres formes verbales sont codées en mémoire comme un
présent -f- une marque quelconque (temps passé, date, duratif
ou non), ce qui ne paraît guère acceptable. De plus, certains
travaux (E. Ferreiro, 1971, ou Locatelli, 1973, 1974, 1977) ont
montré que le passé composé français (forme « marquée ») est
aussi simple que le présent, qu'il est très fréquent et très préco
cement employé par l'enfant.
Toutefois, les glissements temporels obtenus par Clark et
Stafford dans leur expérience ont également été mis en évidence
par Harris et Brewer (1973). Ces auteurs considèrent les temps
des verbes dans leurs rapports avec les éléments déictiques de
la langue, c'est-à-dire ceux qui permettent de mettre les événe
ments en relation spatiale, temporelle et personnelle avec la
situation d'énonciation (caractérisée par le ici, maintenant, moi).
Pour eux, certains temps verbaux comme les temps composés
(past perfect) ne prennent toute leur valeur sémantique qu'en
présence d'une référence déictique précise : all of California had
felt the earthquake ne sera sémantiquement distinct de all of
California felt the earthquake que si, dans la phrase, on trouve
un adverbe ou une locution qui implique l'emploi de la forme
composée. Ces auteurs constatent en effet qu'un adverbe tem
porel (cohérent avec le temps verbal, before last week pour had
-f- preterit par exemple) permet de diminuer considérablement
les glissements lors d'une expérience de rappel (44,8 % de gli
ssements avec un adverbe de temps et 60 % de glissements avec Mémorisation du temps du verbe 431
un adverbe de lieu ou de manière, comme unfortunately par
exemple).
Cependant, l'analyse de Harris et Brewer semble trop génér
ale, trop globale, et ne fournit pas d'interprétation théorique
des différents glissements constatés ; elle ne s'articule pas sur
une étude du système des temps, ni même sur une approche
plus « psychologique » de la compréhension du temps, de la
situation des actions dans le passé ou l'avenir du sujet.
En français, il semble que tous les linguistes s'accordent pour
considérer que les temps verbaux simples servent à situer l'action
dans une des trois « époques » : passé, présent, avenir, alors que
les temps composés (qui correspondent chacun à un temps simple)
comportent une nuance aspectuelle : ils désignent le caractère
accompli de l'action à l'époque considérée. Par exemple : l'imparf
ait situe dans le passé, alors que le plus-que-parfait,
qui également l'action dans le passé, indique en plus qu'au
moment considéré est terminée.
Remarquons que, le plus souvent, l'emploi d'un temps
composé (le plus-que-parfait, le passé antérieur et le futur anté
rieur) sous-entend la référence à une action qui est située dans la
même époque mais qui lui est postérieure.
Cependant, comme le montrent les travaux de Benvéniste
(1966), le passé composé français assume aujourd'hui une double
fonction :
— comme tout temps composé, il exprime une action accomplie,
et, puisque le simple qui lui correspond est le présent,
il exprime une action accomplie dans le présent (exemple :
« j'ai trouvé » ou « j'ai fini ») ;
— - mais, en raison de la disparition du passé simple de la langue
parlée, le passé composé le remplace comme temps simple
du passé, servant uniquement à situer l'action dans l'époque
« passée ».
Il nous paraît utile de repre

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