La paraphrase dans la lexicographie espagnole au Moyen-Âge - article ; n°1 ; vol.14, pg 235-245
12 pages
Français

La paraphrase dans la lexicographie espagnole au Moyen-Âge - article ; n°1 ; vol.14, pg 235-245

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
12 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Cahiers de linguistique hispanique médiévale - Année 1989 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 235-245
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 55
Langue Français

Extrait

Bodo Müller
La paraphrase dans la lexicographie espagnole au Moyen-Âge
In: Cahiers de linguistique hispanique médiévale. N°14-15, 1989. pp. 235-245.
Citer ce document / Cite this document :
Müller Bodo. La paraphrase dans la lexicographie espagnole au Moyen-Âge. In: Cahiers de linguistique hispanique médiévale.
N°14-15, 1989. pp. 235-245.
doi : 10.3406/cehm.1989.1071
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cehm_0396-9045_1989_num_14_1_1071PARAPHRASE LA
DANS LA LEXICOGRAPHIE ESPAGNOLE
AU MOYEN-ÂGE
notre Je colloque, me propose le rôle ici d'étudier, particulier dans de la le paraphrase cadre du thème dans général la lexico de
graphie espagnole au Moyen-Âge. A première vue, ma contribution
semble basée sur deux prémisses dont chacune pourrait paraître
bien osée, sinon inacceptable, car elle suppose
— premièrement: l'existence d'une iexicographie espagnole dès
avant le XVIe siècle, et
— deuxièmement : l'utilisation de la paraphrase pour des fins
extra-stylistiques, non-littéraires.
En effet, on a pris l'habitude de dater la lexicographie espagnole
grosso modo à partir de Nebrija, auteur d'un Diccionario latino-
español de 1492 qu'il appela lui-même Lexicón, et de plusieurs
lexiques postérieurs. Mais peu avant Nebrija, en 1490, Alfonso de
Palencia avait déjà publié son Universal Vocabulario en latín y en
romance, un ouvrage volumineux qui comprenait un dictionnaire
latin-latin et un dictionnaire latin-espagnol. Ces dictionnaires
bilingues n'étaient que les aboutissements d'une longue tradition
lexicographique latine et romane qui, d'une façon générale, a connu
quatre étapes évolutives, à savoir: les gloses, les glossaires de textes,
les glossaires indépendants, et enfin les dictionnaires.
On sait que la première de ces étapes, celle des gloses, est caract
érisée, du moins dans le domaine de l'espagnol médiéval, par
l'emploi exclusif du latin; il suffit de vous rappeler à ce sujet
l'exemple que nous fournissent les Glosas Emilianenses et les Glosas
Silenses. En règle générale c'est dans les glossaires de textes ainsi
que dans les glossaires indépendants que la langue vernaculaire a
fait pour la première fois son apparition. De ces deux catégories, 236 BODO MÜLLER
les glossaires de textes sont encore peu explorés; en principe, on
se trouve devant une «terra incógnita».
Il en est tout autrement des glossaires indépendants, dont
Américo Castro nous a fourni une belle édition critique dans son
livre Glosarios latino-españoles de la Edad Media (Madrid, 1936).
Il s'agit là de trois compilations transmises dans des copies datant
de 1400 environ, à savoir le Glosario de Toledo, le Glosario de Palacio
et le Glosario de El Escorial, trois sources qui contiennent 6.128
mots-vedettes latins avec leurs équivalents espagnols. Le Universal
Vocabulario d' Alfonso de Palencia, de 1490, portera le nombre total
des à environ 18.000, alors que Nebrija, deux ans plus
tard, enregistrera au moins 22.000 mots, fabricant de cette façon
le dictionnaire bilingue le plus volumineux de son époque. C'est à
partir du corpus lexical des trois glossaires et des dictionnaires cités
de Palencia et Nebrija que je vais faire l'analyse de la paraphrase
dans la lexicographie espagnole du Moyen-Âge.
Avant d'entrer dans les détails, une question préalable de
caractère théorique s'impose: Est-ce qu'il peut y avoir un rapport
entre la paraphrase et la lexicographie, ou plus précisément: un
rapport avec la métalangue du lexicographe dans la description
linguistique d'un terme donné? A en juger par son origine
documentée, la paraphrase faisait partie de l'inventaire des moyens
stylistiques créés par la rhétorique de l'Antiquité. Platon, dans son
dialogue Phaidros (267 a/b), nous apprend que les rhéteurs Teisias
et Gorgias auraient inventé l'art de s'exprimer de différentes
manières sur un sujet quelconque, en se servant tantôt d'un discours
bref et succinct, tantôt d'un discours infiniment long. C'est le
premier témoignage de ce qu'on appellera plus tard, dans les écoles
de rhétorique, le procédé de Yabbreviatio d'un côté, et le procédé
de I 'amplificado de l'autre. La paraphrase, elle, était considérée
comme une figura de Vamplificatio, avec deux variantes principales:
la transposition mot à mot d'un texte donné (interpretatio) et la
variation syntaxique d'une pensée moyennant une suite de phrases
synonymes. Exercice obligatoire dans la formation des intellectuels
et des orateurs aux premiers siècles de l'ère chrétienne, la
paraphrase fut utilisée plus spécialement pour l'explication de
textes, littéraires ou bibliques, ainsi que la prosification
d'œuvres poétiques. Vue sous cet angle, une grande partie de la
littérature du Moyen-Âge est constituée par des rédactions
paraphrastiques, des transcriptions explicatives, amplifiantes,
d'importants textes de base.
Dans la lexicographie, notre domaine, la paraphrase n'intervient
pas en tant que phénomène littéraire, stylistique, mais uniquement
comme fait linguistique. On constatera tout d'abord que c'est une LA PARAPHRASE DANS LA LEXICOGRAPHIE ESPAGNOLE 237
propriété universelle du langage que d'être capable de condenser
dans un message extrêmement court ce qui vient d'être formulé avec
quantité de mots, et d'exprimer en plusieurs mots et phrases ce
qui vient d'être dit en un seul mot. A la différence du locuteur
normal qui, de façon plus ou moins subconsciente, fait simplement
le choix entre toutes les formulations possibles, le lexicographe
se trouve dans une situation spécifique. Car en partant du principe
que tout article d'un dictionnaire de langue représente un discours
sur un signe linguistique, et que ce discours implique une équation
sémique établie entre le signe et un texte reproduisant le contenu
sémantique de celui-ci en termes différents, on arrive à la conclusion
que l'activité du lexicographe est une activité paraphrastique par
excellence. Et le dictionnaire lui-même s'avère être (ou bien: se
veut être) un recueil, exhaustif ou sélectif, du lexique, composé
d'énoncés bipolaires dont le but est d'expliquer chaque unité linguis
tique constituant l'un des deux ensembles de l'énoncé par une
paraphrase synonymique. Précisons que dans la pratique de la
lexicographie cette paraphrase exprime une hypothèse relative à
l'existence d'une équivalence ou d'une correspondance approxi
mative, plutôt qu'une relation d'identité et de substituabilité
réciproque. A noter aussi, pour bien caractériser l'activité para
phrastique du lexicographe, qu'on a toujours affaire à une opération
métalinguistique et consciente, tout comme dans para
phrastique du traducteur.
Reste le problème de savoir s'il y a, par rapport à la paraphrase,
une différence entre le dictionnaire monolingue et le dictionnaire
bilingue. Il convient de constater à ce propos que dans l'un des deux
cas les paraphrases proviennent d'un procédé lexicographique intra-
lingual, alors que dans l'autre elles résultent d'une opération
interlinguale. Une différence existe donc seulement au niveau de
la langue, non pas au niveau du langage. J'ajoute, pour expliciter
encore la correspondance entre traduction et dictionnaire bilingue,
que toute traduction d'une langue à l'autre est constituée, elle ausi,
par un paraphrasage du texte de départ dans un code divergent.
L'aspect essentiel de la paraphrase en tant que fait linguistique est
par conséquent la réinterprétation et la reformulation d'un énoncé
en d'autres termes, quelle que soit la langue employée dans la
composante paraphrastique.
L'analyse des ouvrages lexicographiques étudiés met aussitôt
en évidence le rôle primordial du synonyme paraphrastique.
En effet, en comparant les cinq lexiques, on constate un pourcentage
étonnant d'équations du type a = x («a égale x»), dans lequel
la paraphrase est constituée par un mot unique prétendu équivalent.
Dans les trois glossaires, le nombre des paraphrases qui 238 BODO MÜLLER
comprennent un seul synonyme s'élève à 83%, dans le «Universal
Vo

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents