La privatisation de l électricité en Côte-d Ivoire : évaluation et interprétation des premiers résultats - article ; n°152 ; vol.38, pg 859-878
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La privatisation de l'électricité en Côte-d'Ivoire : évaluation et interprétation des premiers résultats - article ; n°152 ; vol.38, pg 859-878

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Tiers-Monde - Année 1997 - Volume 38 - Numéro 152 - Pages 859-878
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Patrick Plane
La privatisation de l'électricité en Côte-d'Ivoire : évaluation et
interprétation des premiers résultats
In: Tiers-Monde. 1997, tome 38 n°152. pp. 859-878.
Citer ce document / Cite this document :
Plane Patrick. La privatisation de l'électricité en Côte-d'Ivoire : évaluation et interprétation des premiers résultats. In: Tiers-
Monde. 1997, tome 38 n°152. pp. 859-878.
doi : 10.3406/tiers.1997.5200
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1997_num_38_152_5200LA PRIVATISATION DE L'ELECTRICITE
EN CÔTE-DTVOIRE :
ÉVALUATION ET INTERPRÉTATION
DES PREMIERS RÉSULTATS
par Patrick Plane*
Les pays en développement sont engagés dans un processus de privati
sation de leurs services publics. L'article relate l'expérience menée
depuis 1990 en Côte-d'Ivoire où la production et la distribution de l'élec
tricité sont privatisées sous la forme d'un contrat de concession. Il montre
qu 'à ce jour cette réforme institutionnelle se révèle avoir été performante.
Le compte d'exploitation est désormais bénéficiaire. L'une des raisons
essentielles semble toucher à la nouvelle culture de l'organisation privée,
plus incitative avec des contrôles à la fois allégés et plus efficaces. L'auteur
s'interroge, in fine, sur la faisabilité d'une transposition de cette expé
rience à d'autres sociétés africaines de services publics.
Sous des modalités institutionnelles variées, la privatisation des ser
vices publics s'inscrit désormais dans le paysage de l'économie mond
iale. Les raisons qui poussent partout au désengagement de l'État sont
connues ; elles combinent le durcissement de la contrainte budgétaire et
les difficultés d'adaptation des monopoles publics au standard d'effica
cité économique des marchés déréglementés (cf. Plane, 1996a, 19966). A
l'écart du changement structurel dans les premières années de la décenn
ie, l'Afrique subsaharienne se prépare désormais à un processus de rat
trapage. On ne compte plus les pourparlers informels et négociations
avancées entre les gouvernements et quelques grands opérateurs inte
rnationaux de ce secteur d'activité.
♦ Université d'Auvergne, France, CERDI, CNRS.
Revue Tiers Monde, t. XXXVIII, n° 152, octobre-décembre 1997 860 Patrick Plane
Sur cette toile de fond qui campe une évolution sans doute incon
tournable, l'objectif de cet article sera de retracer l'expérience de priva
tisation menée en Côte-d'Ivoire, pays précurseur en la matière. A tra
vers la distribution de l'eau sur Abidjan, la gestion privée du service
public est en effet une histoire ancienne. Voilà plus de trente ans que
la SODECI (Société des eaux de Côte-d'Ivoire) concourt à des presta
tions dont la qualité a été maintes fois soulignée, notamment dans les
publications officielles de la Banque mondiale (1983, 1994). Plus
récemment, la privatisation s'est étendue à l'électricité par le biais d'un
contrat de concession. Après quatre exercices, on dispose de suffisam
ment de recul pour établir une toute première évaluation des effets
observés.
La section I dresse un bilan sommaire du transfert de gestion. Elle
montre que le service s'est sensiblement amélioré en prix comme en
qualité. La section suivante évoque les arguments qui donnent à pen
ser que les innovations organisationnelles ont joué un rôle important,
peut-être même décisif. En entrant dans la «boîte noire» de
l'entreprise, l'attention se focalise d'abord sur le renforcement du
système des incitations, puis sur les mécanismes d'autocontrôlé desti
nés à déjouer l'opportunisme des agents dans les frontières de la firme.
La section III discute de la faisabilité de la transposition du cas de la
cm (Compagnie ivoirienne d'électricité) à d'autres services publics
africains. La conclusion revient sur les principaux enseignements de
l'étude.
I - ÉVALUATION DU CONTRAT DE CONCESSION
Une lecture rapide des indicateurs techniques d'EECi (Énergie élec
trique de Côte-d'Ivoire) pourrait laisser croire qu'avant la privatisa
tion de l'exploitation, l'entreprise était dans une situation satisfaisante.
Ses ratios de 605 kWh par agent et de 105 abonnés par salarié la clas
saient parmi les plus performantes de l'Afrique subsaharienne, non
loin de celles du Maghreb (cf. Lesueur et Plane, 1994a et 1994b). La
comparaison était toutefois sujette à caution puisqu'en majorité les
sociétés africaines étaient, et demeurent le plus souvent, confrontées à
des difficultés de fonctionnement. De surcroît, eeci connaissait des
déficits abyssaux. Le dernier exercice d'exploitation publique fait état
d'une perte de 37 milliards de francs CFA pour la seule année 1989-
1990, soit 37% des quelque 100 milliards de chiffre d'affaires. En fait,
dès 1987, la société était en quasi-faillite. Les subventions d'équipe- La privatisation de l'électricité en Côte-d'Ivoire 861
ment et les provisions faisaient plus que compenser le report à
nouveau négatif et les pertes additionnelles de chaque exercice, soit
plus de 70 milliards de francs cumulés sur la période 1986-1990. Le
besoin de réorganisation et de restructuration financière ouvrait la
voie à la privatisation selon des modalités qui restaient à définir. Le
gouvernement ivoirien, actionnaire à hauteur de 92,7%, ne pouvait
procéder au renflouement de la société, contraint par son surendette
ment et par les tensions nées de l'effondrement du cours des matières
premières exportées (café, cacao) à une contraction de ses dépenses
budgétaires.
En 1990, le désengagement de l'État s'est concrétisé sous la forme
d'un contrat de concession pour une durée de quinze ans renouvelable
deux fois trois ans. Au terme de cet arrangement institutionnel dont le
schéma est retracé par le graphique 1, eeci subsiste, mais n'exerce que
les fonctions d'une société de patrimoine et de réglementation,
c'est-à-dire de défense des intérêts de la collectivité. Pour sa part, le
secteur privé prend en charge l'exploitation de la nouvelle Compagnie,
ivoirienne d'électricité dont il assume la totalité du risque commercial.
Le capital de la cm a été souscrit à hauteur de 51 % par une société
internationale de services publics et à 49% par des investisseurs
ivoiriens.
Deux objectifs ont été intimement liés à cette réforme. Ils découlent
l'un et l'autre des études diagnostiques menées sur la précédente struc
ture publique: restauration des équilibres financiers, amélioration de
••• Maître Tutelle Propriété d'ouvrage du patrimoine dans certains cas
.ion technique Maître d'ouvrage ou stion administrative maître délégué ion financière
51%
Société
Internationale V FONDS SPÉCIAL Investisseurs
J N CAISSE AUTONOME Ivoiriens de Services Publics
( S.I.S.P. ) D'AMORTISSEMENT
5% 44% 33,15 % 17,75 % AUTOFINANCEMENT
Personnel Privé SAUR EDF DU SECTEUR
Graphique 1 . — Schéma d'organisation de l'énergie électrique
en Côte-d'Ivoire 862 Patrick Plane
l'efficacité technique de manière à baisser le coût de l'énergie à la
consommation. Dans quelle mesure ces objectifs ont-ils été réalisés par
la cm?
Financièrement, le tableau en annexe montre que le lourd déficit
d'exploitation qui affectait les finances publiques et le système bancaire
a fait place à un excédent de l'ordre de 1 % du chiffre d'affaires. Certes,
l'évolution moins négative du produit intérieur à prix constant en
témoigne, la conjoncture macro-économique intérieure a été moins défa
vorable entre 1990 et 1994 qu'elle ne l'avait été dans la période ayant
précédé le changement institutionnel. Mais on ne tient pas là un facteur
décisif du redressement observé.
La partie supérieure du tableau montre que les principaux ratios
techniques de l'entreprise ont sensiblement progressé, notamment ceux
impliqu

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