La religion dans les mouvements identitaires post-soviétiques. L exemple du Tatarstan - article ; n°4 ; vol.34, pg 59-76
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La religion dans les mouvements identitaires post-soviétiques. L'exemple du Tatarstan - article ; n°4 ; vol.34, pg 59-76

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2003 - Volume 34 - Numéro 4 - Pages 59-76
Since the breakup of the USSR, religious freedom has led to religion being used to mark identities. There was discussion about introducing a question on religious affiliations in the 2002 census, but the idea was abandoned. This spawned scientific and political controversies that have exposed the differing conceptions of identity competing in contemporary Russia. However religion was implicitly taken into account when drawing up the list of nationalities. The new religious claims advanced by certain groups were recognized within the preexisting framework of nationalities. This analysis of the case of the Orthodox Tatars (Kryashen) in Tatarstan focuses on the many debates and conflicts that their demands have aroused at the republic and federal levels. This has forced authorities to take a position on the place of religion in today's society.
Depuis la disparition de l'URSS, la reconnaissance de la liberté de croyance a conduit à une mobilisation du religieux dans les compositions identitaires. L'introduction éventuelle d'une question sur l'appartenance religieuse lors du recensement de 2002 a été envisagée puis abandonnée, donnant lieu à d'importantes controverses scientifiques et politiques qui ont mis en évidence les différentes conceptions de l'identité en concurrence dans la Russie d'aujourd'hui. L'élément religieux est entré implicitement en ligne de compte à l'occasion de l'élaboration de la liste des nationalités. Les revendications religieuses nouvelles de certains groupes ont été reconnues dans le cadre pré-existant des nationalités. Le cas des Tatars orthodoxes (krjasen) dans la République du Tatarstan est ici analysé à travers les nombreux débats et conflits que leur revendication a entrainés, tant à l'échelle républicaine que fédérale, contraignant les autorités à prendre position sur la place de la religion dans la société actuelle.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Françoise Daucé
La religion dans les mouvements identitaires post-soviétiques.
L'exemple du Tatarstan
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 34, 2003, N°4. Dossier : Recenser la Russie en 2002. pp. 59-
76.
Abstract
Since the breakup of the USSR, religious freedom has led to religion being used to mark identities. There was discussion about
introducing a question on religious affiliations in the 2002 census, but the idea was abandoned. This spawned scientific and
political controversies that have exposed the differing conceptions of identity competing in contemporary Russia. However
religion was implicitly taken into account when drawing up the list of nationalities. The new religious claims advanced by certain
groups were recognized within the preexisting framework of This analysis of the case of the Orthodox Tatars
(Kryashen) in Tatarstan focuses on the many debates and conflicts that their demands have aroused at the republic and federal
levels. This has forced authorities to take a position on the place of religion in today's society.
Résumé
Depuis la disparition de l'URSS, la reconnaissance de la liberté de croyance a conduit à une mobilisation du religieux dans les
compositions identitaires. L'introduction éventuelle d'une question sur l'appartenance religieuse lors du recensement de 2002 a
été envisagée puis abandonnée, donnant lieu à d'importantes controverses scientifiques et politiques qui ont mis en évidence les
différentes conceptions de l'identité en concurrence dans la Russie d'aujourd'hui. L'élément religieux est entré implicitement en
ligne de compte à l'occasion de l'élaboration de la liste des nationalités. Les revendications religieuses nouvelles de certains
groupes ont été reconnues dans le cadre pré-existant des Le cas des Tatars orthodoxes (krjasen) dans la
République du Tatarstan est ici analysé à travers les nombreux débats et conflits que leur revendication a entrainés, tant à
l'échelle républicaine que fédérale, contraignant les autorités à prendre position sur la place de la religion dans la société
actuelle.
Citer ce document / Cite this document :
Daucé Françoise. La religion dans les mouvements identitaires post-soviétiques. L'exemple du Tatarstan. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 34, 2003, N°4. Dossier : Recenser la Russie en 2002. pp. 59-76.
doi : 10.3406/receo.2003.1628
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2003_num_34_4_1628Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2003, vol. 34, n° 4, pp. 59-76
La religion dans les mouvements
identitaires post-soviétiques.
l'exemple du tatarstan
Françoise DAUCÉ *
Résumé : Depuis la disparition de l'URSS, la reconnaissance de la liberté de
croyance a conduit à une mobilisation du religieux dans les compositions identi
taires. L'introduction éventuelle d'une question sur l'appartenance religieuse lors
du recensement de 2002 a été envisagée puis abandonnée, donnant lieu à d'im
portantes controverses scientifiques et politiques qui ont mis en évidence les
différentes conceptions de l'identité en concurrence dans la Russie d'aujourd'hui.
L'élément religieux est entré implicitement en ligne de compte à l'occasion de
l'élaboration de la liste des nationalités. Les revendications religieuses nouvelles
de certains groupes ont été reconnues dans le cadre pré-existant des nationalités.
Le cas des Tatars orthodoxes (krjasen) dans la République du Tatarstan est ici
analysé à travers les nombreux débats et conflits que leur revendication a
entrainés, tant à l'échelle républicaine que fédérale, contraignant les autorités à
prendre position sur la place de la religion dans la société actuelle.
Abstract: Since the breakup of the USSR, religious freedom has led to rel
igion being used to mark identities. There was discussion about introducing a ques
tion on religious affiliations in the 2002 census, but the idea was abandoned. This
spawned scientific and political controversies that have exposed the differing
conceptions of identity competing in contemporary Russia. However religion was
implicitly taken into account when drawing up the list of nationalities. The new
religious claims advanced by certain groups were recognized within the preexi
sting framework of nationalities. This analysis of the case of the Orthodox Tatars
(Kryashen) in Tatarstan focuses on the many debates and conflicts that their
demands have aroused at the republic and federal levels. This has forced authorit
ies to take a position on the place of religion in today's society.
Introduction
Lors du recensement général de la population en octobre 2002, l'a
ppartenance religieuse des citoyens n'a pas été enregistrée dans les bulle
tins individuels comme ce fut le cas à plusieurs reprises dans l'histoire des
recensements russe (1897) et soviétique (1937). Pourtant, après l'expé
rience soviétique, la restauration de la liberté de culte a conféré à la rel
igion une place importante dans la transformation des sentiments identi
taires en Russie. Au sein d'un État où la confession majoritaire,
l'orthodoxie, occupe une place centrale dans la construction politique et
* ATER à l'Université Paris IV-Sorbonne, associée au Centre d'études du monde russe
soviétique et post-soviétique, EHESS (fdauce@msh-paris.fr). 60 Françoise Daucé
où les oppositions peuvent s'exprimer au nom de religions minoritaires, la
question sur l'appartenance religieuse a suscité des débats tant scienti
fiques que politiques. En dépit de son absence formelle, l'élément rel
igieux est entré implicitement en ligne de compte dans la question relative
à l'appartenance nationale. C'est là un fait important qui montre l'imbri
cation des sentiments religieux dans des constructions identitaires
complexes façonnées par l'histoire soviétique. Cette présence de la rel
igion a été notable lors de l'élaboration de la nouvelle liste des nationalités
destinée à coder les réponses du recensement. L'inscription de nouveaux
groupes dans la liste a donné lieu à des mobilisations importantes recour
ant, notamment, à l'argument religieux ou au soutien des autorités spiri
tuelles du pays pour appuyer ces revendications. Dans le cadre d'une
étude sur le rôle de la religion dans la définition des identités individuelles
et collectives en Russie, l'analyse des débats autour du recensement puis
de son déroulement constitue donc un bon terrain d'enquête. Cette
contribution aborde, dans un premier temps, les enjeux politiques des
débats sur le rôle de la religion dans la définition de la nationalité qui ont
surgi lors de la préparation du recensement en Russie. Dans un second
temps, elle montre comment les règles d'élaboration de la catégorie natio
nale ont permis l'apparition de nouveaux groupes nationaux se définissant
par la religion, à partir du cas concret des mobilisations auTatarstan. Dans
cette République, la reconnaissance des Tatars orthodoxes (Krjasen)
comme une nationalité (groupe ethnique) à part entière a suscité en
contrepartie des débats sur la place de la religion, en général, et de l'islam,
en particulier, dans la définition de l'identité tatare. Dans un troisième
temps, cette contribution porte sur la prise en charge politique des mouve
ments identitaires religieux révélés par le recensement, tant au niveau
régional que fédéral.
1. La religion dans la réflexion sur la catégorie nationale
L'opération de 2002 a été l'occasion de voir ressurgir des problémat
iques identitaires historiquement constituées dès le XIXe siècle. En effet,
lors du recensement de 1897, la population de l'Empire avait été recensée
selon la religion d'appartenance et la langue maternelle, ces deux critères
ayant été à l'origine de la classification des nationalités représentées en
Russie. En 1926, la question sur l'appartenance confessionnelle fut
supprimée des bulletins et celle sur nationale fut instituée.
La dimension religieuse resta cependant présente : à travers la recension
spécifique de certains groupes comme les Tatars orthodoxes (krjasen). En
1937, les citoyens soviétiques furent à nouveau questionnés sur leur appar
tenance religieuse dans le but d'évaluer, dans le contexte stalinien, les
effets de la po

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents