Le Clipeus virtutis d Arles et la composition des Res Gestae Divi Augusti - article ; n°3 ; vol.98, pg 286-297
13 pages
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Le Clipeus virtutis d'Arles et la composition des Res Gestae Divi Augusti - article ; n°3 ; vol.98, pg 286-297

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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1954 - Volume 98 - Numéro 3 - Pages 286-297
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur William Seston
Le Clipeus virtutis d'Arles et la composition des Res Gestae Divi
Augusti
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 98e année, N. 3, 1954. pp. 286-
297.
Citer ce document / Cite this document :
Seston William. Le Clipeus virtutis d'Arles et la composition des Res Gestae Divi Augusti. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 98e année, N. 3, 1954. pp. 286-297.
doi : 10.3406/crai.1954.10291
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1954_num_98_3_10291COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 286
M. William Seston entretient l'Académie du clipeus virtutis
d'Arles et de la composition des Res gestae divi Augusti.
COMMUNICATION
LE CLIPEVS VIRTUTIS D* ARLES
ET LA COMPOSITION DES RES GESTAE DIVI AUGUSTI,
PAR M. WILLIAM SESTON.
A Arles, en 1951, dans les galeries souterraines qui semblent bien
être les horrea du Forum, l'équipe de fouilleurs dirigés par M. Jules
Formigé a découvert de nombreux fragments d'inscriptions et de
sculptures. Plutôt que le dépôt respectueux de l'ornementation d'un
sanctuaire consacré à Auguste qui aurait été détruit au ive siècle, je
croirais que c'est là le dépotoir où un chaufournier a mis en réserve
des matériaux destinés à son four et déjà préparés pour la cuisson,
de sorte que nous ne saurions être certains que tout cela provient
d'un monument du voisinage, contrairement à ce qu'a supposé
M. Fernand Benoit qui a publié cet ensemble de textes et de sculp
tures en 19521.
A côté de ces débris, on a rencontré posé sur le sol au pied d'un des
piliers de la galerie, un bouclier de marbre absolument intact, qui
pour l'historien présente un intérêt exceptionnel2. C'est en effet la
réplique en marbre de Carrare du bouclier d'or, le clipeus virtutis,
qu'Auguste nous dit dans les Res Gestae avoir reçu en hommage pour
son œuvre politique (pro merito meo), dans le temps où, avec le
titre d'Augustus, il lui était donné le droit d'orner sa porte de lauriers
et d'une couronne de chêne ob cives servatos.
L'inscription du clipeus d'Arles2, dont les lettres magnifiques
n'ont subi aucune atteinte, est ainsi libellée :
Senatus | Populusque Romanus \ imp. CaesariDivif. Augusto \ cos.
vin dédit clupeum | virtutis clementiae iustitiae pietatis erga \ deos
patriamque.
1. Le sanctuaire d'Auguste et les cryptoportiques d'Arles, Reo. arch., XXXIX, 1952»
p. 66. Les inscriptions, les sculptures et le clipeus virtutis ont été présentés pour
la première fois au public savant, par M. Jules Formigé à la Société nationale des Anti
quaires de France le 21 février 1951.
2. Diamètre : 0 m. 965. Le type de forme circulaire, comme l'a noté F. Benoit (op. cit.,
p. 51, flg. 11), est celui des boucliers votifs et du clipeus virtutis représenté sur les monn
aies et certains reliefs de l'époque impériale. La partie centrale bombée est entourée
d'une bordure plate de 0 m. 10 de large. Un tenon de marbre à la partie inférieure, une
agrafe de bronze en haut prouvent que le bouclier était supporté par un pilier de pierre
comme celui qui est figuré sur l'autel de la gens Augusta à Cartilage (cf. L. Poinssot,
L'autel de la gens Augusta, 1929, p. 15) et sur l'autel des Lares Augustes, du musée
de Florence (cf. S. Reinach, Rep. reliefs, III, 1912, p. 398), et aussi sur des monnaies
(cf. Mattingly-Sydenham, The Roman imp. Coinage, I, n° 244 et pi. 2, 27). CLIPEUS VIRTVT1S D'ARLES 287 LE
On comparera ce texte à celui qu'on lit dans le chapitre 34 des
Res Gestae :
.... et clipeus aureus in Curia lulia positus quem mihi senatum
populumque Romanum dare virtutis clementiaeque et iustitiae et pie-
tatis causa testatum est per eius clipei inscriptionem.
Les différences sautent aux yeux. La date qui est indiquée à Arles
(le vme consulat d'Auguste) est postérieure d'un an à celle que
semble indiquer Auguste dans les Res Gestae quand il suggère que
le clipeus lui a été donné le temps où il recevait les trois autres
honneurs, c'est-à-dire (nous le savons d'autre part) en janvier 27.
A ce problème de date que personne ne soupçonnait jusqu'à la
découverte du clipeus d'Arles, s'ajoute un autre problème plus
délicat, celui que pose la présentation des vertus dans l'un et l'autre
texte. Dans les Res Gestae en effet, Auguste a eu soin d'associer la
virtus à la clementia et la justitia à la pietas ; à Arles il n'y a point de
ces couples et la nature de la pietas est précisée puisqu'il est dit
qu'elle s'est appliquée erga deos patriamque1.
Pour rendre compte de la date de 26 que porte le clipeus d'Arles,
M. Fernand Benoit a pensé qu' « elle représente l'élément local,
correspondant à la consécration du bouclier romain en Arles, lors
du passage d'Auguste en 26 av. J.-C, à son retour de Tarragone et
de sa cure balnéaire en Espagne ». Mais il n'est pas vraisemblable
que les magistrats arlésiens- aient eu l'audace de changer de leur
propre chef la date d'une décision qu'ils disent être celle du Sénat
et du Peuple romain. Le cas n'est pas unique de copies de documents-
romains affichées dans des colonies ou des municipes : nulle part on
ne voit qu'on en ait changé la date. L'inscription du bouclier d'Arles
a la valeur d'une citation, tout de même que le clipeus qui la porte
reproduit sans aucun doute celui qui fut placé dans la Curie à Rome
par le Sénat. Rien ne nous prouve d'ailleurs que le bouclier de
marbre n'est pas arrivé à Arles tout préparé et achevé dans l'officine
italienne voisine de Carrare d'où provient le marbre dont il est fait.
La date que nous y lisons (26) n'en est que plus difficile à expliquer.
Y aurait-il eu décalage entre le vote du clipeus virtutis que les Res
Gestae semblent placer en janvier 27 et l'exécution du sénatus-
consulte qui en prescrivait l'exécution ? Certains faits signalés pour
d'autres monuments par Miss L. R. Taylor2 donneraient à le penser.
On sait qu'en 20 avant notre ère, Auguste obtint des Parthes que
fussent rendus à Rome les citoyens romains survivant des désastres
du milieu du siècle et les enseignes perdues à Carrhae par Crassus.
1. Plutôt que le texte de l'édition Gagé, je donne celui, plus exact, de Volkman
dans le Bericht de Bursian de 1942, un moulage de l'inscription d'Ancyre ayant révélé
l'existence d'une haste avant le mot iustitia, ce qui oblige à restituer unrià cette place.
2. Class. Philology, 45, 1950, p. 94. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 288
Quand la nouvelle de cette restitution parvint à Rome, sans doute
vers la milieu de l'année 20, le Sénat décréta qu'un arc de triomphe
serait élevé à la gloire d'Auguste. Peu importe que Dion Cassius
(liv, 8) nous prévienne que cet arc ne fut bâti que plus tard. Le fait
important est que la date qu'il porta inscrite sur son fronton et
qu'une monnaie espagnole nous restitue1, fut l'année 18-17, et non 20,
c'est-à-dire qu'on entendit perpétuer non point la décision du Sénat
mais sa réalisation. Près d'un siècle plus tard, le 18 mai 113, fut
dédiée la Colonne Trajane, nous le savons par un texte des Fastes
d'Ostie (An. ép., 1933, n° 30). Or dans l'inscription de la base [qui
dédie le monument à Trajan, le Sénat donne à l'empereur les titres
qu'il avait cette année-là, et pourtant ce n'est pas en six mois qu'une
telle œuvre a été bâtie et sculptée : en fait la décision du Sénat
avait été bien antérieure. Se pourrait-il que la date inscrite sur le
clipeus d'Arles soit celle de la mise en place dans la Curie de Rome du
bouclier d'or voté par le Sénat un an et plus auparavant ? Je ne le
crois pas, car un bouclier n'est pas un arc de triomphe ou une colonne
historiée. Entre le vote du Sénat et la dédicace, il n'y a eu que
quelques semaines tout au plus.
On tiendra donc pour assuré que la date inscrite sur le clipeus
d'Arles est la seule authentique. Ce n'est pas en janvier 27, comme
on le croyait jusqu'ici sur la foi des Res Gestae, mais un an plus tard
et davantage peut-être que le S

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