Le  développement  agricole  et  rural  au  cours  de l industrialisation de la Corée du Sud - article ; n°153 ; vol.39, pg 145-159
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Le développement agricole et rural au cours de l'industrialisation de la Corée du Sud - article ; n°153 ; vol.39, pg 145-159

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Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 153 - Pages 145-159
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Hyunseok Oh
Le développement agricole et rural au cours de
l'industrialisation de la Corée du Sud
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°153. pp. 145-159.
Citer ce document / Cite this document :
Oh Hyunseok. Le développement agricole et rural au cours de l'industrialisation de la Corée du Sud. In: Tiers-Monde. 1998,
tome 39 n°153. pp. 145-159.
doi : 10.3406/tiers.1998.5223
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_153_5223LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE
ET RURAL AU COURS
DE L'INDUSTRIALISATION
DE LA CORÉE DU SUD
par Hyunseok OH*
La Corée du Sud a connu durant les dernières décennies une croissance
rapide et soutenue qui lui a permis d'entrer récemment à I'ocde. Cet essor
a été le résultat d'une stratégie de croissance dite « extravertie », tournée
vers l'exportation. Elle a été suivie avec opiniâtreté et tout lui a été subor
donné, y compris les politiques agricoles. L 'autosuffisance dans les al
iments de base (riz, orge) a été recherchée jusque dans les années 70. On
espérait par ce moyen maintenir de bas salaires pour l'industrie naissante.
Pour faire augmenter la production, on a procédé dans les années 60 à
d'importants travaux d'aménagements et, dans les années 70, les prix du
riz seront soutenus. L 'écart de développement qui sépare les populations
rurales et urbaines ne cesse de se creuser. Les pressions extérieures qui
entraînent l'ouverture du marché compliquent la situation rurale à partir
des années 80. On tentera en vain d'implanter des industries dans les cam
pagnes pour offrir des emplois d'appoint aux agriculteurs. La « Nouvelle
Politique agricole » des années 90 continue de soutenir le développement
rural, mais se donne pour principal objectif de former une élite d'agricul
teurs capable d'affronter la libéralisation.
Des économistes occidentaux admiratifs devant les succès de l'écono
mie coréenne ont souvent fait état du rôle de l'agriculture dans le pro
cessus d'industrialisation. La réforme agraire de 1950, qui avait distr
ibué la terre à ceux qui la cultivaient, permit une amélioration de la
productivité agricole. On considère généralement que celle-ci a préparé
* Cet article est tiré d'une thèse présentée à l'Institut national agronomique, Paris-Grignon, 1997:
L'Agriculture et l'Industrialisation en Corée du Sud: la crise agricole et sa réponse.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 153, janvier-mars 1998 Hyunseok Oh 146
l'industrialisation. En effet, on libéra de la sorte une abondante main-
d'œuvre bon marché, ce qui était une condition préalable dans le modèle
d'industrialisation suivi par la Corée. Comme chacun sait, la Corée du
Sud a depuis longtemps adopté une stratégie de croissance résolument
tournée vers l'exportation. Ce type de croissance exigeait une solide
base de bas salaires, pour garantir la compétitivité des produits sur les
marché internationaux.
Hormis ce phénomène bien connu du transfert de la main-d'œuvre
rurale vers le secteur industriel, on s'est peu interrogé sur ce qu'est l'état
réel du secteur agricole. Sait-on par exemple qu'encore aujourd'hui la
majorité des exploitants agricoles cultivent une surface inférieure à
1 ha ? Cette petite taille des exploitations est considérée, à l'heure de la
libéralisation du commerce agricole, comme un obstacle au nouvel élan
que pourrait prendre l'économie du pays. Les Coréens s'inquiètent aussi
des conséquences de l'exode rural qui a vu la jeunesse des campagnes
affluer vers les villes. L'exode n'a jamais été maîtrisé et aujourd'hui
les petites exploitations agricoles se ressentent de cette perte de sang
neuf. Beaucoup d'exploitations agricoles, enracinées dans l'antique civi
lisation de la riziculture, sont dirigées par des agriculteurs âgés. Ils sont
désemparés face aux nouvelles règles du commerce agricole instituées
par les accords du GATT.
Quelles sont les réponses apportées par l'État coréen dans ce
contexte difficile ? Nous verrons que des sommes énormes sont affectées
aujourd'hui à la mise en place d'une nouvelle agriculture. On la vou
drait assez forte pour faire face à l'ouverture du marché. C'est ce que
vise la « Nouvelle Politique agricole » des années 90. Pour comprendre
ce que cette politique agricole apporte de nouveau, nous décrirons
d'abord celles qui l'ont précédée depuis les années 60, en mettant en
relief leur relation avec la stratégie globale d'industrialisation.
I. LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLE DANS LA STRATEGIE
DE CROISSANCE EXTRAVERTIE DES ANNÉES 60 ET 70
L'État, la stratégie d'industrialisation et le rôle de l'agriculture
On ne peut décrire la croissance rapide et soutenue que l'économie
sud-coréenne connaît dans les années 60 et 70 sans parler du rôle joué
par l'État. Pendant cette période, où le protectionnisme de la Corée du
Sud est plus ou moins toléré sur le marché international, l'État est
maître du jeu en matière de croissance économique nationale. Il affecte
des ressources matérielles, financières et humaines aux secteurs jugés Le développement agricole et rural de la Corée du Sud 147
stratégiques, en établissant des plans de développement économique à
moyen ou long terme (plans quinquennaux), tout cela sans pour autant
négliger complètement les lois du marché.
Ce dirigisme de l'État correspond à la conjoncture économique que
rencontre le gouvernement du général Park, à son arrivée au pouvoir
en 1961. Les Américains commencent à réduire les aides qui aliment
aient l'économie du pays depuis la guerre de Corée. C'est ce qui
explique que le taux de croissance économique se ralentit brusquement
entre 1958 et 1960, passant de 6,6% à 2,5%. En effet, les entreprises qui
transforment les surplus agricoles américains (le blé, le coton et le sucre)
commencent à connaître des difficultés. Par ailleurs, comme une part de
l'aide américaine prend la forme de produits agricoles lancés direct
ement sur le marché coréen, le secteur agricole connaît une paupérisation
générale1.
Du côté de l'industrie, le nouveau gouvernement de 1961 est obligé
de recourir à l'épargne étrangère pour financer les programmes d'inves
tissement. Malgré la volonté politique de construire «une économie
indépendante et autosuffisante», le Ier Plan quinquennal (1962-1966),
doit se financer à hauteur de 60% par l'emprunt extérieur (Lee, 1984).
Cette dépendance vis-à-vis du capital étranger est confirmée lors des
négociations coréano-japonaises de 1965, destinées à rétablir les rela
tions diplomatiques entre les deux pays. Ce sont pour une grande part
les emprunts étrangers, garantis en principe par le gouvernement, qui
financent les programmes d'investissement jusqu'en 1971 : 54% pour le
Ier Plan quinquennal et 40 % pour le deuxième2.
Cette stratégie de développement fondée sur le capital étranger a
pour conséquence d'accentuer le caractère « extraverti » de l'économie
coréenne. Le pays ne peut alors payer ses dettes que par le moyen des
produits d'exportation marchande. En effet, il est pauvre en ressources
naturelles et n'a pas de surplus agricole à commercialiser. C'est pour ces
raisons d'ailleurs que l'industrialisation de la Corée du Sud est d'abord
et avant tout orientée vers l'exportation. L'effort porte dans les
années 60 sur le développement des industries légères (le textile, la per-
1. Les céréales américaines introduites dans le cadre du PL. 480 dès 1956 représentaient chaque
année quelque 600 000 tonnes, soit 15% de la production céréalière du pays. Il en est résulté entre 1956
et 1959 une baisse du prix des céréales : l'indice du prix du riz passe de 100 à 83, celui de l'orge descend à 73.
L'aide américaine, fournie en grande partie gratuitement, se transforme en emprunt commercial dès 1961,
quand le gouvernement de J. F. Kennedy décide d'appliquer une

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