Le développement de l intelligence chez les enfants - article ; n°1 ; vol.14, pg 1-94
95 pages
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Description

L'année psychologique - Année 1907 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 1-94
94 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1907
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

Alfred Binet
Th. Simon
Le développement de l'intelligence chez les enfants
In: L'année psychologique. 1907 vol. 14. pp. 1-94.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred, Simon Th. Le développement de l'intelligence chez les enfants. In: L'année psychologique. 1907 vol. 14. pp. 1-94.
doi : 10.3406/psy.1907.3737
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1907_num_14_1_3737L'ANNÉE PSYCHOLOGIQUE
TOME XIV
MÉMOIRES ORIGINAUX
I
LE DÉVELOPPEMENT DE L'INTELLIGENCE
CHEZ LES ENFANTS
1
II n'y a peut-être pas d'expression qu'on ait plus souvent
répétée en psychologie dans ces dernières années que celle-ci :
La mesure de V intelligence. On peut mesurer l'intelligence,
disent les uns. L'intelligence ne se mesure pas, disent les
autres. D'autres, mieux avisés, dédaignent ces discussions
théoriques \ et s'appliquent à résoudre le problème en fait. Les
lecteurs de notre Année savent que nous avons, depuis long
temps déjà, essayé quelques approximations ; mais elles étaient
bien moins étudiées que celle que nous leur présentons aujour
d'hui2.
Nous nous sommes placés constamment au point de vue de
1. On nous a quelquefois reproché d'être avec aveuglement les enne
mis de la théorie et de l'a priori. C'est un reproche injuste. Nous admett
ons les discussions de théorie, avant les recherches expérimentales, pour
les préparer, et après, pour les interpréter; ce que nous repoussons de
toutes nos forces, ce sont les discussions théoriques qui veulent remplacer
l'exploration des faits, ou qui s'établissent sur des faits obscurs, équi
voques, légendaires, qu'on va recueillir dans des lectures, car c'est là ce
que certaines gens appellent observer : c'est lire. L'idéal de la méthode
scientifique doit être, à notre avis, une collaboration de la théorie et de
l'expérimentation, collaboration bien précisée dans la formule suivante :
une méditation prolongée sur des faits recueillis de première main.
2. Voir Année, XI, p. 163 et sq.
l'année psychologique, xiv. 1 2 MÉMOIRES ORIGINAUX
là pédagogie, de la pédagogie normale autant que de la patho
logique. Depuis plusieurs années, nous cherchons à réunir
tous les documents et tous les procédés capables de nous
éclairer sur le caractère intellectuel et moral des enfants ; ce
n'est pas la moindre partie de la pédagogie, la moins impor
tante ni la moins difficile. Nous nous étions donné à nous-
mêmes le programme suivant : tout d'abord nous devrons
chercher à connaître la loi du développement intellectuel des
enfants, et à imaginer une méthode permettant de doser leur
intelligence; en second lieu, nous étudierons la diversité de
leurs aptitudes intellectuelles.
Nous espérons que nous pourrons rester fidèles à ce pr
ogramme bien vaste, et surtout que nous aurons le temps et la
force de le réaliser. Seulement, nous nous apercevons déjà que
la matière est bien plus riche qu'on ne l'avait imaginée. Nos
esprits simplifient toujours la nature. Il nous avait semblé
qu'il suffirait d'apprendre à mesurer l'intelligence enfantine.
Ce procédé de mesure, on le trouvera ici, sinon complet, du
moins établi dans ses grandes lignes, et déjà utilisable. A
l'expérience, nous avons reconnu l'existence d'autres problèmes,
connexes, et tout aussi importants. L'enfant ne diffère pas
seulement de l'adulte en degré, en quantité, mais par la forme
même de son intelligence; on né connaît pas encore cette
enfantine; dans nos expériences actuelles, nous n'avons fait
que l'entrevoir. Elle réclame bien certainement une étude.
Autre chose. En nous occupant à tracer la ligne d'évolution
de l'intelligence chez l'enfant, nous avons été poussés tout
naturellement à jeter un coup d'œil sur les programmés
K d'enseignement, et à constater que certains de ces enseigne
ments sont trop précoces, c'est-à-dire mal adaptés à la réceptivité
mentale des jeunes. En d'autres termes, les rapports de l'évo
lution intellectuelle des enfants avec le programme d'enseign
ement constituent un nouveau problème, greffé sur le premier,
et dont l'intérêt pratique est grand. Il se trouve donc qu'avant
d'arriver aux aptitudes intellectuelles des enfants nous serons
obligés de nous arrêter quelque temps à ces deux étapes :
caractères propres de l'intelligence enfantine, et rapports à
chercher entre l'évolution intellectuelle des enfants et l'ense
ignement qu'ils reçoivent. On trouvera dans le présent mémoire
quelques amorces de ces questions si attachantes.
Pour le moment, nous devons nous contenter d'étudier ce
-Uqui a trait à l'évolution intellectuelle, et les procédés qui servent L* ET SIMON. — LE DÉVELOPPEMENT DE BINET INTELLIGENCE 3
à la mesurer. On verra que ces recherches ne s'adressent pas
seulement aux dilettantes de la psychologie, mais qu'elles
rendront certainement de grands services à la médecine mentale
et aux expertises médico-légales.
Limitons encore davantage notre sujet. Nous avons indiqué, .
dans nos publications antérieures, qu'il est possible de diviser j
en trois groupes les méthodes d'exploration de l'intelligence :
1° la méthode anatomique (mensuration du crâne, de la/
face, du développement corporel, relevé et interprétation des/
stigmates de dégénérescence, etc.) ; 2° la méthode pédagogique!
(mesure du savoir acquis à l'école, principalement en ortho
graphe et en calcul) ; 3° la psychologie (mesure de l'intelligence
sans culture). Toutes ces branches de la même recherche sont
en croissance rapide, grâce à la collaboration de quelques per
sonnes que nous avons réussi à y intéresser; mais nous expo
serons ailleurs l'étude anatomique et l'étude pédagogique.
Ici, il ne sera parlé que de la mesure psychologique de l'intel
ligence.
Cette mesure, nous la faisons au moyen d'une série de tests,
dont la hiérarchie constitue ce que nous appelons une échelle
métrique de l'intelligence. Il importe, avant tout, de faire
connaître ces tests avec une précision suffisante pour que
toute personne qui se donnera la peine de les assimiler puisse
les répéter correctement1.
Afin que notre description ne devienne pas une monotone
méthodologie, nous décrirons et discuterons la plupart des
réponses d'enfants qu'on obtient avec ces tests, et nous cher
cherons même à ce que, à travers nos expériences, on aperçoive
comme un schéma de l'enfant en cours de développement.
ENFANTS DE TROIS ANS
Montrer nez, oeil, bouche. — Un des signes les plus nets de
l'éveil de l'intelligence chez les jeunes enfants est la compré-
1. Le travail que nous exposons est si long et si minutieux que, pour
faire court, nous passons sur l'historique; on le trouvera du reste dans
un tome antérieur de l'Année psychologique (t. XI, p. 163). Rappelons
aussi que M. Decroly et Mlle Degand ont bien voulu reprendre, vérifier nos
premières recherches avec un soin dont nous les félicitons, et que la
Société de pédologie de Bruxelles a inscrit ces recherches à son programme
de travail. Toutes nos expériences successives et les nouvelles ont été
faites soit à l'Asile Sainte-Anne, soit à la Salpêtrière, soit dans les écoler
primaires et les écoles maternelles de Paris. Elles ont donc constamment
porté sur des enfants de la classe dite ouvrière. C'est un trait à souligner. MEMOIRES ORIGINAUX 4
hension du langage parlé. Pendant bien longtemps le jeune
enfant ne comprend que nos gestes, et dans notre parole il n'est
sensible qu'à l'intonation de la voix. Les idiots sont des êtres
qui restent toute leur vie confinés dans ce degré inférieur, et ne
communiquent pas avec leurs semblables par le langage. La
première prise de possession du langage consiste dans la com
préhension; on comprend la pensée orale des autres, avant
d'être devenu capable d'exprimer la sienne propre. Par consé
quent, ce que nous demandons à l'enfant dans le premier test
de notre examen c'est de prouver qu'il comprend

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