Le développement touristique en Andalousie : les limites d une politique - article ; n°3 ; vol.26, pg 129-150
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1990 - Volume 26 - Numéro 3 - Pages 129-150
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 211
Langue Français
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Extrait

Mlle Anne Beaumond
Le développement touristique en Andalousie : les limites d'une
politique
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 26-3, 1990. pp. 129-150.
Citer ce document / Cite this document :
Beaumond Anne. Le développement touristique en Andalousie : les limites d'une politique. In: Mélanges de la Casa de
Velázquez. Tome 26-3, 1990. pp. 129-150.
doi : 10.3406/casa.1990.889
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1990_num_26_3_889LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE EN ANDALOUSIE :
LES LIMITES D'UNE POLITIQUE
Par Anne BEAUMOND
Membre de la section scientifique
L'activité touristique, qui connaît une formidable croissance depuis les
années 1960 et dont l'expansion économique sera encore accrue du fait de sa
dimension sociologique (on parle maintenant de l'industrie du loisir et de la
civilisation des loisirs), est un produit du modèle de développement des pays
avancés, modèle en voie de mondialisation. Elle présente deux de ses
caractéristiques: au modèle de consommation de masse correspond un
tourisme de masse qui prédomine dans l'ensemble des flux touristiques;
dans le cadre de la division internationale du travail, le tourisme s'est imposé
comme un des moteurs du développement des régions du Sud, et ces régions
accueillent surtout un tourisme de masse.
Le développement du tourisme en Espagne, qui occupe ces dernières
années le premier ou deuxième rang mondial en terme de rentrées de devises
touristiques, «a conditionné la structure économique nationale». Les tran
sformations du système économique espagnol à partir des années 1960 sont
dans une certaine mesure dues aux «intenses bénéfices économiques et
sociaux» apportés par le tourisme ' .
L'Andalousie, région de l'extrême Sud européen, aux portes de l'Afrique,
dont les principales figures culturelles s'exportent au nom de toute l'Espagne
depuis les premiers voyageurs romantiques, ne pouvait qu'être au premier
plan du tourisme espagnol. Elle offre en effet d'indéniables «qualités touris
tiques», comme le signale Manuel Marchena : soleil, plages et exotisme, bien
sûr, mais aussi sous-développement. Pour l'auteur, une région sous-dévelop-
1. Manuel Figuerola Palomo, «Tendencias y problemas del turismo actual», Revista de
Estudios régionales, Numéro Spécial VI. 1985/6, 1985, p. 21.
Mélanges de la Casa de Velâzquez (= M.C. V.), 1990, t. XXVI (3), p. 129-150. 130 ANNE BEAUMOND
pée est plus propice à l'activité touristique, tout d'abord parce qu'elle peut
offrir ce type de services à faible coût, mais aussi parce qu'elle a l'attrait
d'une image sociale traditionnelle2. L'attrait que peut présenter le sous-
développement pour le touriste venu d'un pays plus avancé mériterait d'être
approfondi, ce n'est pas l'objet de ce texte. La «qualité» du sous-développe
ment en vue d'une activité touristique permet cependant de soulever de
façon plus générale la question du mode d'exploitation touristique.
Si le tourisme est une source de revenu importante dans les comptes de
la nation et participe à l'élévation du niveau de vie à l'échelle nationale, ses
effets sur le développement régional et local dans le cas de l'Andalousie sont
plus relatifs. La région d'accueil ne s'approprie qu'une partie des revenus
dégagés par le tourisme. Les limites du développement régional induit par le
tourisme sont à imputer d'une part à la nature même du secteur touristique,
et d'autre part à la structure économique et sociale de la région
en situation de sous-développement.
L'activité touristique vit d'une rente géo-climatique et ne nécessite dans
un premier temps que peu de savoir-faire technique. Une offre diffuse,
atomisée, s'est développée de façon spontanée, sans qu'aucune organisation
ou régulation de l'activité n'ait été nécessaire entre les acteurs du secteur : le
développement du tourisme a une dynamique endogène, s'appuyant sur une
croissance de la demande massive et pratiquement continue. Les modalités
de distribution du revenu touristique semblent être facteurs de déséquilibres
dans le cadre de l'Andalousie.
Face à une expansion spontanée du tourisme, génératrice d'importants
revenus, mais dont les répercussions sur la société d'accueil ne sont pas
toutes positives, l'acteur privilégié de l'harmonisation du développement est
en principe l'acteur public. Il intervient de fait à trois niveaux :
— politique de prélèvements et de redistributions d'une partie des revenus
dégagés par le tourisme,
— cadre juridico-légal du développement touristique,
— mise en place d'une politique d'orientation du développement touris
tique.
Le rôle joué par l'acteur public à ces trois niveaux reflète en fait des
intérêts divergeants. Il sera analysé dans une perspective historique, en
mettant l'accent sur les politiques d'orientation.
Le processus de décentralisation politique est intervenu à un moment
où le constat sur la politique touristique était assez négatif, et le transfert de
compétences en matière touristique a suscité l'espoir d'un meilleur développe-
Manuel Marchena Gômez, Territorio y turismo en Andalucia. Anâlisis a diferentes
escalas espaciales, thèse de doctorat, Seville, Junta de Andalucia, Consejeria de
Economia y Fomento, Direction General del Turismo, 1987, p. 18. LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE EN ANDALOUSIE 1 3 1
ment, plus adéquat aux intérêts régionaux. La politique touristique de la
Junta de Andalucia n'est réellement mise en œuvre que depuis 1984, mais
son analyse permet néanmoins de poser la question de la possible planifica
tion de l'activité touristique.
De manière plus générale, ce texte voudrait poser la question du type de
développement induit par le tourisme. Dans la perspective d'un accroisse
ment toujours plus important de cette activité, existe-t-il des alternatives
possibles au modèle touristique actuellement existant? Une région sous-
développée est-elle en mesure de créer son produit touristique, et d'en gérer
les bénéfices ? Ou bien le sous-développement, de par la fragilité et la faible
résistance du tissu économique et social qu'il suppose, est-il voué inév
itablement au développement du tourisme de masse dont la dynamique, en
règle générale, échappe à la société locale ?
I. L'ANDALOUSIE: L'IMPACT MITIGÉ DU DÉVELOPPEMENT
TOURISTIQUE
1. Indicateurs nationaux et indicateurs régionaux
En 1987, l'Espagne reçoit plus de 50 millions de visiteurs étrangers,
dont 33 millions peuvent être considérés comme touristes (les 17 millions
restants sont des visiteurs en transit) 3. Le tourisme national atteindrait seul
ement 30 % de la population espagnole, ce qui est peu comparé à la Commun
auté Européenne, et représente environ 1 1 millions de touristes résidents 4.
Le revenu touristique représente globalement 45 % du total des expor
tations espagnoles en 1987, et entre 1982 et 1987, il est supérieur au déficit
commercial du pays, représentant en moyenne 133 % de celui-ci5. L'impor
tance du tourisme dans la balance espagnole des biens et services, ainsi que
son effet multiplicateur sur l'ensemble de l'économie, estimé à 1 ,7 6, en font
donc un secteur de première importance dans l'économie nationale.
En terme de nuitées, le rapport tourisme étranger/ tourisme national
s'inverse : le tourisme étranger représente 377 millions de nuitées contre 719
pour le tourisme national, soit pratiquement le double. Mais en terme de
Valeur Ajoutée Brute [= VAB], ces deux types de tourisme participent à
valeur égale dans le produit touristique national7. Le tourisme étranger
3. Informe anual sobre los transportes, el turismo y las comunicaciones, Madrid,
Ministerio de Transportes, Turismo y Comunicaciones [= MTTC], 1988, p. 263.
4. M. Figuerola Palomo, art. cité, p. 22.
5. D'après MTTC, ouvr. cité, p. 257.
6. M. Figuerola Palomo, art. cité, p. 24.
7. MTTC, ouvr. cité, p. 264 et 265. 132 ANNE BEAUMOND
offre donc un rendement touristique en terme de VAB deux fois supérieur
au tourisme résident

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