Le galvanotropisme des métazoaires en courant continu : Recherches et théories - article ; n°2 ; vol.64, pg 433-460
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Description

L'année psychologique - Année 1964 - Volume 64 - Numéro 2 - Pages 433-460
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marc Blancheteau
Le galvanotropisme des métazoaires en courant continu :
Recherches et théories
In: L'année psychologique. 1964 vol. 64, n°2. pp. 433-460.
Citer ce document / Cite this document :
Blancheteau Marc. Le galvanotropisme des métazoaires en courant continu : Recherches et théories. In: L'année
psychologique. 1964 vol. 64, n°2. pp. 433-460.
doi : 10.3406/psy.1964.27257
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1964_num_64_2_27257REVUES CRITIQUES
LE GALVANOTROPISME DES MÉTAZOAIRES
EN COURANT CONTINU :
RECHERCHES ET THÉORIES
par Marc Blancheteau
Depuis plus d'un demi-siècle, divers chercheurs ont étudié le galva
notropisme que manifestent certains animaux aquatiques lorsque,
placés dans un champ électrique constant, homogène en densité de
courant et en gradient de potentiel, ils se dirigent vers l'un des pôles
du circuit. A la lecture de ces travaux, on éprouve de façon assez
constante, malgré la diversité des méthodes, les deux impressions
suivantes.
Tout d'abord, le galvanotropisme semble être l'objet de deux attitudes
contraires de la part de ceux qui l'étudient. D'un côté, il est souvent
considéré comme un comportement artificiel sans importance écolo
gique ni psychologique par rapport aux conditions de vie normale des
animaux ; certains auteurs en viennent alors à soupçonner une hété
rogénéité de nature entre le galvanotropisme et les autres taxies et
réactions orientées, et à le considérer à part de ces dernières (Manquât,
1921). En opposition avec cette première attitude, d'autres auteurs
s'appliquent à démontrer que, malgré tout, le galvanotropisme ne
diffère pas fondamentalement des autres tropismes et que les lois de ces
divers comportements sont les mêmes ; ils emploient au besoin, aux
fins de cette démonstration, des arguments opposés. Ainsi Loeb (1914)
écrit que le galvanotropisme n'a aucune chance de se manifester en
dehors du laboratoire, mais que tel est également le cas pour d'autres
tropismes, comme la phototaxie d'animaux vivant en milieu obscur ;
inversement, Viaud (1951) croit que le galvanotropisme peut se produire
dans les conditions naturelles tout comme un autre tropisme, car ses
seuils de réaction sont parfois très bas. Il y a donc là une ambiguïté
qui date du début de ces recherches et qui dure encore. En bref, le?
auteurs pressentent qu'il n'y a pas identité de mécanismes entre l'atti-
A. PSYCHOL. 64 28 434 REVUES CRITIQUES
rance par l'électricité et celle qui répond à l'une quelconque des modalités
sensorielles, comme la phototaxie par exemple ; mais étant donné la
définition classique des tropismes comme mouvements orientés par
rapport à une source d'énergie, ils se trouvent obligés d'admettre qu'il
y a une identité fondamentale entre tous les tropismes. Ce conflit semble
donc recouvrir une sorte de méconnaissance de la nature du galvano-
tropisme, sinon de controverse sur sa place parmi les autres réactions
orientées dans un champ d'énergie.
D'autre part, on ne peut manquer d'être frappé de l'extrême diversité
des organismes étudiés et des méthodes mises en œuvre, ce qui semble
dénoter un certain manque d'unité et de liaison entre les travaux. Dans
les premières recherches, on retrouve assez fréquemment l'influence
de Loeb, mais par la suite les auteurs semblent avoir travaillé plutôt
indépendamment, chacun selon sa manière propre. Cet isolement est
particulièrement manifeste en ce qui concerne les études des ingénieurs
des pêches allemands et anglo-saxons qui ne sont pas citées dans les
récents travaux de recherche fondamentale, et qui témoignent elles-
mêmes d'ailleurs d'une certaine méconnaissance de ces derniers.
LES MÉTHODES D'ÉTUDE
L'isolement relatif des auteurs a donc favorisé la diversification
des méthodes d'étude qui reflète également la multiplicité des buts que se
proposent les études concernant la galvanotaxie.
— Dans le secteur de l'application (pêche à l'électricité), la nécessité
d'estimer l'efficacité de telle ou telle forme de stimulus électrique a
conduit à développer la méthode des seuils de réaction taxique. Un
intérêt spécial s'attache au couplage de cette méthode psychophysique
avec celle des interventions physiologiques, dont elle précise les résultats
sous forme de modification de la sensibilité galvanique. C'est ainsi
qu'en abordant le problème par la voie physiologique sans tenir compte
suffisamment de la quantification de la stimulation nécessaire à éliciter
un comportement donné, on peut confondre des réactions de nage de
même polarité tropistique, mais régies par des mécanismes cependant
bien distincts, et aisément discriminables par les différences d'intensité
des courants électriques qui les suscitent (Blancheteau, Lamarque,
Mousset et Vibert, 1961 ; Denzer, 1956 ; Spiecker, 1957). L'attention
des utilisateurs s'est également portée sur l'aspect physique de l'action
du stimulus galvanique (Monan et Engström, 1963 ; Whitney et Pierce,
1957).
— La recherche fondamentale de son côté a porté plus spécialement
sur les problèmes de comportement du point de vue de V observation des
réactions, récemment facilitée par l'emploi de la cinématographie
(Blancheteau et al., 1961 ; Nussenbaum et Faleeva, 1961), et sur ceux
de physiologie, surtout lorsque le phénomène étudié n'est pas une
locomotion, mais les diverses formes de paralysie que peut produire le
courant électrique (Engelen, 1912 ; Hölzer, 1931 ; Scheminsky, 1924, BLANCHETEAU. LE «ALVANOTROPISM E DES MÉTAZOAIRES 435 M.
1936). L'étude du comportement galvanotaxique et celle des mécanismes
organiques qui le sous-tendent sont d'ailleurs assez complémentaires
pour que les meilleurs auteurs puissent passer de l'une à l'autre au cours
de leurs travaux, soit comme Loeb (1914, 1918) qui se basa sur la
biochimie, puis sur la physiologie nerveuse pour rendre compte des
galvanotropismes, soit comme Scheminsky qui paraît avoir suivi une
démarche inverse, ses premières études de comportement (1924, 1931)
introduisant à une physiologie de l'excitabilité du névraxe (1939, 1940,
1941).
— Il convient de mentionner une méthode d'intervention sur
l'organisme qui est particulière à l'étude du galvanotropisme : il s'agit
de la modification expérimentale de la conductivité électrique de l'animal,
auquel on conserve par ailleurs toutes ses potentialités physiologiques,
théoriquement du moins. L'action peut être globale : irradiation de
Planaires aux rayons ultraviolets (Viaud, 1955, 1959), ou partielle :
isolement électrique de telle ou telle partie du corps, permettant d'inférer
du rôle possible de l'excitation de structures déterminées (Blancheteau
et al, 1961 ; Spiecker, 1957).
Il ressort de tout ceci qu'il est difficile de systématiser les travaux à
partir de techniques ou de méthodes aussi diverses, ou à partir des
résultats ou des théories auxquels ont abouti les auteurs, car il en
résulterait un rassemblement de données trop hétérogènes et parcellaires.
Il est beaucoup plus intéressant, par contre, de constater que l'évolution
des conceptions s'est faite assez parallèlement chez la plupart des
chercheurs ; ce fait se marque bien si l'on considère successivement les
quatre principaux problèmes psychologiques qui se posent dans l'étude
du galvanotropisme.
LES PRINCIPAUX PROBLÈMES
I. — Orientation et déplacement
La première de ces questions, et la plus importante, est celle qui
concerne les réactions d'orientation, et l'importance qu'il convient de leur
accorder par rapport à celles de locomotion ou de déplacement (taxies et
cinèses), afin de rendre compte des attirances que semblent exercer
l'une ou l'autre électrode d'un circuit de courant continu.
1) Conceptions générales sur les tropismes. — Nous rappellerons tout
d'abord l'évolution des conceptions sur ce problème en ce qui concerne
les tropismes en général ; on peut distinguer principalement deux
théories ou modèles successifs.

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