Le handicap est plus fréquent en prison qu à l extérieur
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Plus de trois personnes détenues sur cinq rencontrent dans leur vie quotidienne des difficultés physiques, sensorielles, intellectuelles ou mentales liées à des problèmes de santé. A structure par âge et par sexe identique, cette proportion n'est que d'une personne sur quatre dans le reste de la population, y compris les institutions socio-sanitaires. Les incapacités sont le plus souvent antérieures à l'incarcération. Elles se traduisent notamment par le fait qu'une personne détenue sur dix déclare avoir besoin d'une aide, humaine ou matérielle (appareillage, prothèses, etc.). Ce besoin n'est satisfait que dans un cas sur trois.

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Langue Français

Extrait

N° 854 - JUIN 2002
Prix : 2,20€
Le handicap est plus fréquent
en prison qu’à l’extérieur
Aline Désesquelles, Institut National d’Études Démographiques
et le groupe de projet HID-prisons
lus de trois personnes détenues l’ensemble de la population ayant mis en
évidence de fortes disparités en termes d’inca-sur cinq rencontrent dans leur vie
pacités entre hommes et femmes (Insee pre-Pquotidienne des difficultés physi-
mière n°742), il est de plus nécessaire de
ques, sensorielles, intellectuelles ou
corriger le biais éventuellement induit par la
mentales liées à des problèmes de santé. faible représentation des femmes en prison.
A structure par âge et par sexe identique, A structure par âge et par sexe comparable
cette proportion n’est que d’une per- donc, la proportion de personnes ayant au
moins une difficulté est près de trois fois plussonne sur quatre dans le reste de la popu-
élevée en prison que dans le reste de la popu-lation, y compris les institutions socio-sa-
lation. L’ampleur de cet écart s’explique en
nitaires. Les incapacités sont le plus sou-
partie par la fréquence beaucoup plus élevée
vent antérieures à l’incarcération. Elles se en prison des problèmes de comportement et
traduisent notamment par le fait qu’une d’orientation dans le temps et dans l’espace
personne détenue sur dix déclare avoir be- (39,4% contre 13,2%) ainsi que des troubles
sensoriels (17,3% contre 5,7%). C’est danssoin d’une aide, humaine ou matérielle
ces deux groupes que l’on trouve les quatre dif-(appareillage, prothèses, etc.). Ce besoin
ficultés les plus fréquentes en prison : compor-
n’est satisfait que dans un cas sur trois.
tement agressif ou impulsif (27,4% des
personnes détenues), mise en danger de soi
erAu 1 mai 2001, 43 700 personnes majeures, (17,7%), problèmes de repérage dans le temps
dont 1 600 femmes, étaient incarcérées dans (12,3%) et d’audition (9,8%). Les
un établissement pénitentiaire situé en France autres types de difficultés ne touchent pas plus
métropolitaine, exclusion faite des personnes de 6% de la population carcérale.
détenues hospitalisées ou bénéficiant d’un Le fait d’être incarcéré n’est sans doute pas
régime de semi-liberté. L’enquête Handi- sans lien avec l’existence de problèmes com-
caps-Incapacités-Dépendance (HID) en prison portementaux. Toutefois, lorsqu’on exclut ce
a été réalisée auprès de cette population. type de difficultés du calcul de la proportion de
Trois personnes détenues sur cinq déclarent, dès personnes ayant au moins une difficulté, l’écart
le début de l’entretien, rencontrer dans la vie de entre la population carcérale et l’ensemble de
tous les jours des difficultés, qu’elles soient physi- la population s’accroît encore (30,0% contre
ques, sensorielles, intellectuelles ou mentales. 9,4% soit un rapport de 3,2). Bien que le ques-
tionnement soit très factuel, il n’est pas impos-
sible que l’incarcération modifie la perception
Avoir une incapacité est trois fois globale des difficultés d’ordre sensoriel. Mais
même si l’on exclut les difficultés d’orientationplus fréquent en prison
dans le temps et dans l’espace du champ des
Une personne détenue sur deux souffre soit de problèmes pris en compte, le rapport entre la
troubles du comportement ou de l’orientation population carcérale et le reste de la population
dans le temps et dans l’espace, soit d’au moins reste voisin de trois.
une incapacité : difficulté, voire impossibilité,
de réaliser des actes élémentaires de la vie
Le cumul des difficultésquotidienne tels que s’habiller, se lever, parler,
etc. (tableau 1, définitions). Pour comparer est aussi plus fréquent
l’ensemble de la population avec la population
carcérale, il est nécessaire de tenir compte de Le cumul de difficultés est beaucoup plus fré-
la jeunesse de celle-ci : 42% des personnes quent en prison qu’à l’extérieur : 6,1 % des per-
détenues sont âgées de 18 à 29 ans et seule- sonnes détenues souffrent d’au moins quatre
ment 12% ont 50 ans ou plus. L’enquête dans difficultés contre 1,8 % des personnes « libres ».
INSEE
PREMIEREL’écart entre la population carcérale et le ment signalées par les personnes l’incarcération, s’accentue après celle-ci
reste de la est moindre détenues. L’existence d’une grande ner- (graphique 2). La survenue d’incapaci-
lorsqu’on considère la proportion de per- vosité ou d’un état dépressif est plus tés en prison vient donc amplifier l’écart
sonnes ayant obtenu une reconnais- souvent citée en prison que dans avec le reste de la population préexis-
sance officielle d’un taux d’incapacité, l’ensemble des ménages mais l’écart est tant à l’entrée en détention.
indicateur assez révélateur de la sévé- faible. Toutefois, la fréquence des limita-
rité des situations. En effet, 7,6% des tions d’activité étant plus élevée en prison Origine des limitations d’activité
personnes incarcérées contre 6,7% des (29% contre 5%), chacune de ces origi- en milieu carcéral et dans
personnes « libres » en bénéficient. nes est beaucoup plus fréquente en pri- l’ensemble des ménages
Les inégalités sociales sont très fortes son que dans le reste de la population.
En %
face au handicap (Insee première
Milieu Ménages
n°742). La surreprésentation en prison
carcéral ordinaires
La majorité des incapacitésde personnes issues des classes popu-
Accident 28,4 32,2
laires (Insee première n°706) pourrait est antérieure à l’incarcération
Douleurs importantes 25,4 25,9
expliquer les écarts observés. Ce n’est
État nerveux 21,4 17,4
pas le cas. En comparant la population La moitié des personnes détenues sont
Maladie chronique 15,1 13,1
carcérale et le reste de la par incarcérées depuis moins d’un an. Les Trouble de la vision
grande catégorie socioprofessionnelle, difficultés déclarées sont le plus souvent ou de l’audition 14,7 13,0
à structure par âge identique, les diffé- apparues avant l’incarcération : c’est le État dépressif 12,9 9,8
Séquelle de maladie 9,1 13,6rences demeurent très marquées. Les cas de 77% des incapacités et de 61%
Malformation de naissance 4,5 6,6différences en termes d’origine sociale des problèmes d’orientation dans le
Vieillissement 3,7 6,6n’expliquent donc que très partiellement temps et dans l’espace. L’ancienneté de
Maladie génétique 3,3 6,9la prévalence plus forte du handicap en leurs problèmes de comportement n’a
Note : la somme de ces pourcentages est supérieure àprison (graphique 1). pas été demandée aux personnes incar-
100% : les personnes interrogées peuvent en effet avoir dé-A âge et sexe identiques, l’origine des cérées.
claré plusieurs causes différentes aux limitations d’activité
limitations d’activité déclarées est assez Il est possible de reconstituer la situation dont elles souffrent.
En ménages ordinaires, les chiffres ont été calculés souspeu différente entre les deux popula- des personnes détenues en terme
l’hypothèse d’une structure par âge et par sexe des person-tions (tableau 2). Les accidents (28% d’incapacité au moment de leur incarcé-
nes souffrant d’une limitation d’activité identique à celle ob-
des cas) et les douleurs (25% des cas) ration. L’écart avec le reste de la popula- servée en prison.
Sources : Enquêtes VQS-prisons 2001 et VQS-ménages 1999sont les deux causes les plus fréquem- tion, déjà présent au moment de
Le handicap en milieu carcéral : prévalence selon l’âge et comparaison avec l’ensemble de la population
En %
Ensemble Ensemble de la
18-29 ans 30-49 ans 50 ans et plus des personnes population
détenues « libre » (2)
Part de personnes détenues ayant déclaré :
Avoir des difficultés dans la vie quotidienne, physiques, sensorielles,
intellectuelles ou mentales 52,2 63,2 75,5 59,8 23,8
Être limité dans leurs activités en raison d’un problème de santé (1) 2

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