Le henné chez les musulmans de l Afrique du Nord - article ; n°1 ; vol.4, pg 35-61
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1934 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 35-61
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 55
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Vonderheyden
Le henné chez les musulmans de l'Afrique du Nord
In: Journal de la Société des Africanistes. 1934, tome 4 fascicule 1. pp. 35-61.
Citer ce document / Cite this document :
Vonderheyden M. Le henné chez les musulmans de l'Afrique du Nord. In: Journal de la Société des Africanistes. 1934, tome 4
fascicule 1. pp. 35-61.
doi : 10.3406/jafr.1934.1564
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1934_num_4_1_1564HENNÉ LE
CHEZ LES MUSULMANS DE L'AFRIQUE DU NORD,
РАН
M. VONDERHEYDEN.
On rencontre à tout instant, parmi la population musulmane de
l'Afrique du Nord, surtout au moment des fêtes, des femmes, des
enfants, quelquefois aussi des hommes, dont les pieds, les mains, ou
seulement quelques doigts sont teints en rouge orangé ou brun. Cette
coloration est obtenue par application, en emplâtres, d'une poudre que
l'on tire des feuilles séchées du henné, arbrisseau originaire de l'Orient,
et qui ressemble au troëne. On connaît, par ailleurs, l'usage qu'en font
les femmes pour teindre leurs cheveux. Il y a là une antique tradition de
coquetterie qui n'offre pas, semble-t-il, un grand intérêt. L'intérêt grand
it cependant, du point de vue sociologique, quand on apprend que l'em
ploi de cette substance était recommandé par le Prophète, que le henné
est une plante bénie, que tousles Musulmans, notamment les Maghrébins
qui nous intéressent plus spécialement, considèrent la poudre du henné,
la teinture, et l'arbuste lui-même avec un respect quasi religieux, et qu'en
dehors de la simple coquetterie, le henné se prête à une foule d'usages
où interviennent la tradition, la religion et la magie.
Il semble, à première vue, que le henné ait d'abord un simple carac
tère de médication et aussi de festivité, conforme aux traditions musul
manes qui s'y rapportent : il est gai ; et qu'il ait pris ensuite plus spécia
lement une valeur de protection magique, du moins en Berbérie.
Après quelques mots sur la culture de cette plante, on étudiera succes
sivement tous les usages qu'on en fait, pour la simple parure, pour les
fêtes religieuses, pour les cérémonies familiales, surtout celles du mariage,
pour les pratiques médicales et magiques. En s'aidant de certaines don
nées historiques, on essaiera ensuite de proposer une interprétation de
cet usage.
Une petite étude d'ensemble sur l'usage du henné en Afrique du Nord
doit sans doute éviter de trop vite généraliser. Il faudrait présenter des SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 36
renseignements précis sur la question pour chaque localité et chaque
tribu. Cependant il est certain que cet usage est universellement
répandu, de Gabès à Taroudant (sans compter l'Orient) 1. Des quantités de sur le henné et son emploi en toutes régions, en tous
milieux, ont été publiés par les voyageurs, les ethnographes, les socio
logues. Après examen, on ne peut discerner que quelques différences de
détail. L'usage qu'on fait du henné, le sens qu'on lui prête surtout, ne
sont pas tout à fait les mêmes chez les gens très islamisés et chez ceux
qui le sont moins, chez les ruraux et chez les citadins, chez les pasteurs
et chez les cultivateurs. Mais quand il s'agit d'une coutume aussi
ancienne — et qui tient fortement à la religion et à la magie — les popul
ations nord-africaines ne sont peut-être pas tellement hétérogènes. Tout
au plus certains usages particuliers serviront-ils à souligner quelque
différence de tempérament entre les éléments de cette population.
On a groupé ici un grand nombre de renseignements, presque tous
recueillis à une date très récente, épars dans la riche littérature ethno
graphique nord-africaine. Pour tout ce qui ne porte pas de références, il
s'agit d'observations personnelles faites surtout dans la région algéroise,
ou d'informations orales, vérifiées et recoupées, fournies par des représen
tants des trois provinces algériennes.
Culture et Commerce du Henné.
Le henné, Lawsonia inerrnis L., nommé parfois aussi Troëne d'Egypte,
est un arbrisseau de la famille des Lythrariées. Il n'atteint généralement,
dans les oasis sahariennes, que de 0 m. 50 à 1 m. de haut, mais il peut
devenir arborescent. Le bois en est blanc. Il est très ramifié, avec des
feuilles simples, petites, à bords crénelés, d'un vert brillant. Il porte des
fleurs blanches à quatre pétales, disposées en bouquet, et parfumées. On en
tire en Orient des essences et des huiles odorantes 2 mais c'est surtout de ses
1. Il a été beaucoup écrit sur Les usages du henné (surtout pour les cérémonies
du mariage) chez les Musulmans d'Orient. On ne peut ici que donner une idée
de cette bibliographie : ïodd. Tripoli the mysterious (Londres, 1912), 97. Decostils
et Berthollet. Mémoires d'Egypte. Lane. Modern Egyptians, I, 178. Chemali. Mariage
et noce au Liban (Anthrupos, 1915-16, 54) Van Lennep. Bible Lands, 547. D'Arvieux,
Travels in Arabia (Londres, 1718). 231. Hurgronje. Mekka, II, 165. Lôbel. Hochzeit-
brâuche in Turkey, 46, Aubin. La Perse d'aujourd'hui, 321. Lady Sheil. Glimpse's of
life in Persia. Polak. Persien, 1,357; Meer Hasan All Observations on the mus. of
Indiaj 1,38* : Skeat, Malay magic, 377 ; etc.
2. Il est fait en Egypte un commerce de fleurs de henné vendues à l'état frais. En
certains pays on les mélange au thé pour le parfumer. HENNÉ CHEZ LES MUSULMANS DE LAFRIQUE DU NORD 37 LE
feuilles que l'on fait un grand commerce, pour en tirer la poudre tinc
toriale. ' ' ■
Le henné est couramment cultivé en Perse, dans l'Inde, l'Arabie et sur
tout l'Egypte, d'où Ton en exporte beaucoup, pour l'Afrique du Nord
notamment. On le trouve également dans le Maroc atlantique Sud (Douk-
kala, Zaër, etc..) qui ne produit, il est vrai, qu'une qualité inférieure, et
sur tout le pourtour du Sahara, Mauritanie, zone soudanaise, et oasis
septentrionales de basse altitude. Bref, les climats subtropicaux de la
bande désertique lui conviennent particulièrement, car, sans exiger beau
coup d'humidité, il demande une chaleur constante. Il n'a pas pénétré,
au Soudan, dans la zone de la forêt dense. On constate à première vue
que le domaine du henné est assez exactement le domaine prédestiné de
ce que nous appelons l'Orient ou l'Islam.
Une partie du henné consommé dans l'Afrique du Nord vient des
oasis qui jalonnent la ligne de bas-fonds du Sahara septentrional : Gabès,
Nefzaoua, Djerïd, Biskra (celui-là est réputé), oued Righ, Ouargla,
Touat, Gourara, Tidikelt et Tafilelt. Au nord de cette ligne, il ne vient
qu'exceptionnellement *. Au Mzab même on n'en récolte que de faibles
quantités ; il ne vient pas à Laghouat, d'altitude trop haute.
Mais la seule région, en dehors du Maroc sud, où il soit l'objet d'une
culture rémunératrice et qui donne lieu à une exportation sérieuse est le
Touat, et, à un moindre degré, le Gourara et le Tidikelt. Il y a un dicton
saharien : Touat el Henna. C'est spécialement le district touat d'Inzeg-
mir, sur la rive droite de l'oued Messaoud, qui porte ce nom de Touat el
Henna, ou de Oued el Henna 2. Inutile de dire que ces oasis, qui voient
fleurir la plante merveilleuse, sont considérées comme bénies d'Allah.
. Le henné est cultivé en buissons espacés de 2 mètres, sur le bord des
séguias. « Tous les deux ou trois ans, lorsque les buissons ont environ
i mètre de haut, on coupe toutes les branches au ras du sol. La souche
émet des repousses, au premier printemps, que l'on exploitera par la
suite. Une plantation peut durer vingt ou trente ans » 3.
La plante se reproduit par boutures : on fait un semis, et l'on groupe
une dizaine de pousses en bottes, que l'on plante et qui formeront un seul
plant. Ce sont surtout les Gourariens, jardiniers réputés de Laghouat à
1. Le Jardin d'Essai d'Alger en possède une trentaine de buissons, 'mais qui ne
fructifient pas. Je n'ai pas entendu dire qu'on en trouve dans les jardins privés,
même dans les plaines chaudes de la côte méditerranéenne, malgré le plaisir que les
Musulmans auraient à le cultiver (voir Moulièras, le Maroc inconnu, 397).
2. G1 Déporter. L'Extrême-Sud de V Algérie, 197 et déjà

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