Le marché dans la ville : un lieu de sociabilité à travers la parole - article ; n°1 ; vol.33, pg 7-31
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Langage et société - Année 1985 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 7-31
Lindenfeld Jacqueline, Urban marketplaces as loci of sociability through speech.
A comparison of various public places in the city (public parks and malls, shopping places other than periodic markets, cafés and periodic markets) put into focus the extremely fluid nature of sociability on marketplaces ; speech is one of the essential ingredients of this sociability. Two types of speech patterns (vendors' calls and jokes), precisely because of their aggressive nature, help make for less impersonal relations between urbanités. They contribute to the construction of social reality on the basis of immediate situation at the marketplace, as well as any pre-established social categorisation.
La comparaison de divers lieux publics dans la ville (jardins publics et rues piétonnes, lieux de commerce autres que les marchés périodiques, cafés et marchés périodiques) fait ressortir la nature extrêmement fluide de la sociabilité sur la place marchande, sociabilité dont l'un des éléments essentiels est la parole. Deux types de pratiques discursives (appels des vendeurs et plaisanteries) contribuent par leur agressivité même à rendre moins impersonnels les rapports entre citadins. Elles participent à la construction d'une réalité sociale qui résulte autant de la situation immédiate sur la place marchande que d'éventuelles catégorisations sociales pré-établies.
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline Lindenfeld
Le marché dans la ville : un lieu de sociabilité à travers la parole
In: Langage et société, n°33, 1985. pp. 7-31.
Abstract
Lindenfeld Jacqueline, "Urban marketplaces as loci of sociability through speech".
A comparison of various public places in the city (public parks and malls, shopping places other than periodic markets, cafés and
periodic markets) put into focus the extremely fluid nature of sociability on marketplaces ; speech is one of the essential
ingredients of this sociability. Two types of speech patterns (vendors' calls and jokes), precisely because of their aggressive
nature, help make for less impersonal relations between urbanités. They contribute to the construction of social reality on the
basis of immediate situation at the marketplace, as well as any pre-established social categorisation.
Résumé
La comparaison de divers lieux publics dans la ville (jardins publics et rues piétonnes, lieux de commerce autres que les marchés
périodiques, cafés et marchés périodiques) fait ressortir la nature extrêmement fluide de la sociabilité sur la place marchande,
sociabilité dont l'un des éléments essentiels est la parole. Deux types de pratiques discursives (appels des vendeurs et
plaisanteries) contribuent par leur agressivité même à rendre moins impersonnels les rapports entre citadins. Elles participent à
la construction d'une réalité sociale qui résulte autant de la situation immédiate sur la place marchande que d'éventuelles
catégorisations sociales pré-établies.
Citer ce document / Cite this document :
Lindenfeld Jacqueline. Le marché dans la ville : un lieu de sociabilité à travers la parole. In: Langage et société, n°33, 1985. pp.
7-31.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1985_num_33_1_2028Jacqueline LINDENFELD
Department of Anthropology
California State University, Northridge
LE MARCHE DANS LA VILLE :
UN LIEU DE SOCIABILITE A TRAVERS LA PAROLE
Cet article/ qui fait suite à mon exposition théo
rique et méthodologique dans cette même revue (Lindenfeld
1984 a)# a pour but d'examiner la place marchande en tant que
lieu de sociabilité dans la ville, à travers une analyse qui
relève à la fois de l'ethnologie urbaine et de l'ethnographie
de la communication. Ayant choisi une perspective comparati-
viste, je ferai d'abord quelques remarques sur d'autres lieux
publics dans la ville, afin de dégager la spécificité du
marché périodique du point de vue de l'interaction sociale/
en particulier au niveau verbal. Je m'attacherai ensuite à
esquisser quelques-unes des fonctions symboliques que prend la
parole dans cette agora moderne qu'est la place marchande en
milieu urbain.
(1) Une partie de ces recherches a été effectuée sous l'égide
du Conseil du Patrimoine Ethnologique/ Ministère de la
Culture^ que je tiens à remercier ici.
Langage & société no 33 septembre 1985 - - 8
La sociabilité peut bien entendu se définir de mul
tiples façons, puisqu'elle comporte de nombreuses dimensions.
Je laisserai ici de côté l'étude de ses aspects non-verbaux
(spatiaux en particulier) pour m1 attacher surtout à la parole,
qui en constitue un élément essentiel. C'est là une dimension
qui n'a pas été souvent abordée en ethnologie urbaine jus
qu'à présent.
Certains chercheurs en sciences sociales se sont
appliqués à dégager la spécificité de la sociabilité dans la
ville, utilisant à cet effet diverses méthodes, dont l'analyse
de réseaux. Tels sont les travaux de C. Fischer (1975, 1982)
aux Etats-Unis : il montre comment le mode de vie urbain oblige
les citadins à maintenir quelque distance dans leurs rapports in
terpersonnels et à savoir constamment s'adapter à des situations
non familières ou des personnes inconnues, sans pour cela
qu'ils souffrent nécessairement d'anomie (contrairement à ce
qu'en pensaient les ancêtres de l'ethnologie urbaine, tels
L. Wirth en particulier) . Dans son livre sur ce même sujet,
L. Lof land (1973) rend explicite la notion de "rapports imper
sonnels" que l'on utilise fréquemment pour décrire la condition
du citadin : il s'agit des rapports limités et superficiels
que l'on a en ville avec les gens dont on n'a qu'une connais
sance catégorielle (statut social, etc) plutôt con
naissance intime.
On ne trouve malheureusement guère de précisions chez
ces deux auteurs sur le rôle de la parole dans les rapports
interpersonnels en ville. Par contre, on trouve dans certains
manuels d'ethnologie urbaine, tel celui de E. Eames et
J. Goode (1977), des remarques d'ordre général à cet effet.
Passant en revue plusieurs lieux publics dans la ville, ils
déclarent que les rapports sont encore plus impersonnels sur
les places marchandes qu'ailleurs; mais ils s'empressent d'a
jouter que le caractère particulièrement agressif des échanges
langagiers qui s'y produisent donne à la parole une fonction
intégratrice importante en ce lieu ouvert à tous.
Ces travaux m'ont poussée à me poser les questions - - 9
suivantes : la place marchande est-elle ou non un lieu par
ticulier dans la ville? Les rapports entre les acteurs sociaux
y sont-ils véritablement impersonnels? L'agressivité verbale
est-elle ou non un facteur d'intégration entre les participants?
De façon plus générale, quelles sont les fonctions symboliques
de la parole, quel est son rôle dans l'établissement ou le ren
forcement de liens entre personnes qui se connaissent ou non
sur une place marchande?
Ce sont là les idées que je vais explorer ci-dessous,
en m 'appuyant sur mes travaux de terrain dans deux villes de
taille et d'importance comparables, à savoir Grenoble et
Rouen. J'utiliserai largement ici mes entretiens ethnogra
phiques auprès de vendeurs et de clients de marchés, outre
les données de l'observation directe, y compris mes enregis
trements sur le vif. En effet, il semble approprié, dans des
champs d'étude multidisciplinaires comme l'ethnologie urbaine
et l'ethnographie de la communication, d'utiliser des mé
thodes de collecte et d'analyse des données aussi diverses
que possible, afin de parvenir à des résultats possédant
ainsi un plus haut degré d'objectivité. L'observation directe
de données non-construites contient un risque que n'ont pas
toujours évité les sociologues interactionnistes : celui de
décrire les faits de la vie quotidienne de façon si détaillée
que l'on aboutit à l'insignifiance. Il est donc important de
pondérer cette analyse microscopique par l'examen des percep
tions souvent plus globales des participants eux-mêmes, telles
qu'elles peuvent s'exprimer au cours des entretiens ethnogra
phiques .
I. LA SOCIABILITE AU MARCHE,
PAR RAPPORT A D'AUTRES LIEUX PUBLICS DANS LA VILLE
Essayons tout d'abord de replacer la place marchande
dans le contexte de la ville toute entière. On peut bien enten
du le faire dans une perspective historique, comme j'ai briè
vement tenté de le faire dans un article précédent (Lindenfeld - - 10
1984 b) . On peut aussi se poser la question suivante : y a-t-
il d'autres lieux publics où la sociabilité se manifeste de
façon comparable à ce qu'elle peut être sur un marché pério
dique? Nous examinerons tour à tour trois catégories regroupant
des lieux qui me paraissent avoir des points communs : jardins
publics et rues piétonnes/ où la sociabilité est limitée; lieux
de commerce autres que le marché (grandes surfaces et petits
magasins ), où la sociabilité semble aller d'un extrême à l'au
tre; marchés et cafés, où la sociabilité se manifeste de façon
généralisée.
1. Jardins publics et rues piétonnes.
On pourrait s'attendre à ce que les jardins publics
aient en France une fonction sociale importante dans la ville,
étant donné le nombre croissant de personnes qui habitent en
appartement. Or# ils ne paraissent pas rallier les suffrages
de tous en tant que lieux de sociabilité. En fait, ils servent
principalement à trois catégories d'usagers à Grenoble et à
Rouen en centre-ville : les mères de famille qui y amènent leurs
jeunes enfants; les adolescents qui s'y réunissent pour jouer;
les retraités qui s'y retrouvent pou

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