Le Rôle des phénomènes de contraste dans la combinaison des champs hétérogènes en vision binoculaire - article ; n°1 ; vol.29, pg 221-228
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Le Rôle des phénomènes de contraste dans la combinaison des champs hétérogènes en vision binoculaire - article ; n°1 ; vol.29, pg 221-228

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Description

L'année psychologique - Année 1928 - Volume 29 - Numéro 1 - Pages 221-228
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1928
Nombre de lectures 12
Langue Français

Extrait

Henri Piéron
I. Le Rôle des phénomènes de contraste dans la combinaison
des champs hétérogènes en vision binoculaire
In: L'année psychologique. 1928 vol. 29. pp. 221-228.
Citer ce document / Cite this document :
Piéron Henri. I. Le Rôle des phénomènes de contraste dans la combinaison des champs hétérogènes en vision binoculaire. In:
L'année psychologique. 1928 vol. 29. pp. 221-228.
doi : 10.3406/psy.1928.4812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1928_num_29_1_4812■
NOTES ET REVUES
i
LE RÔLE DES PHÉNOMÈNES DE CONTRASTE DANS
LA COMBINAISON DES CHAMPS HÉTÉROGÈNES
EN VISION BINOCULAIRE.
Par Henri Piéron
Ch. Fabry a décrit un phénomène qu'il a observé lorsque, par
divergence oculaire, entraînant diplopie, une surface brillante don
nait deux images non fusionnées et empiétant partiellement l'une
sur l'autre : à la limite de la région commune aux deux images, un
liseré sombre caractérise le début de la surface vue par un seul œil,
ce liseré étant le plus foncé du côté adjacent à la zone de superposit
ion et rejoignant progressivement la tonalité, moins lumineuse que
celle de la partie commune aux deux images, de la surface vue mono-
culairement. Le schéma ci-contre représente la luminosité perçue à
la limite des images (fig. 1). ',
Fig. 1. — Schéma de 'Fabry pour l'illustration du phénomène. En B, liseré
sombre à la limite de la zone commune des deux images située à
gauche, où la brillance est maxima et homogène. En B' limite de l'image
monoculaire de la surface brillante. Le niveau de brillance est inscrit en
ordonnée. 222 NOTES ET 11EVUES
« Quant à l'explication de cette apparence, conclut Fabry, elle
ne me paraît pas facile à trouver. \
« Le phénomène de cette apparence n'est pas dû à une fatigue rét
inienne ; il disparaît instantanément si l'on ferme l'un ou l'autre des
deux yeux. Plus généralement, on peut dire que le phénomène n'est
pas d'ordre rétinien, mais qu'il est d'ordre cérébral, et qu'il se rap
porte à la manière dont notre cerveau combine et interprète les im
pressions produites sur nos deux rétines 1. »
Ch. Fabry ayant bien voulu me communiquer le texte de sa note
avant de la présenter à l'Académie des Sciences, en me demandant
si je connaissais déjà le phénomène, je fus amené à examiner le fait,
qui m'apparut comme un cas particulier, non décrit à ma connais
sance, du processus de la lutte des champs, en vision séparée de
plages hétérogènes.
Fait intéressant, en tant qu'il met en évidence un des éléments
intervenant dans les lois si complexes de la combinaison des impres
sions hétérogènes des deux yeux, et de la prédominance de l'ui.e ou
l'autre des rétines dans l'image unifiée.
Pour faciliter l'observation, j'ai employé le prisme variable de
De Wecker, grâce auquel on peut, en réglant l'angle de rotation,
au moyen d'un bouton moleté, provoquer un écart croissant entre
les images des deux yeux,
A
•- t'
Fig. 2. — Schéma de la brillance dans le cas d'un rectangle noir sur fond
blanc avec divergence oculaire. En A B G D la surface noire vue pars l'œil
gauche, en A'B' C D' la même surface vue par l'œil droit. En A' B G D' la
région vue binoculairement. Au-dessus niveau de brillance en ordonnée. ^
Et je pus immédiatement constater qu'il ne s'agissait pas, effect
ivement, d'un cas de vision des luminosités, comme telles, car avec
une surface noire sur fond blanc, tout avec une surface
brillante, sur fond plus sombre, on obtenait, mais en sens inve.rse, le
même phénomène. A la limite de la zone noire commune aux deux
images superposées, on observe un liseré blanc qui s'assombrit pro-
1. Ch. Fabry. Sur un phénomène qui accompagne la vision binoculaire
lorsque les deux images visuelles ne sont pas fusionnés, C. R. Ac. des Sciences
t. GLXXXVI, 1928, p. 53-55. II. IMÉltON. LE I«OI.E DKS PHENOMENES DE CONTIIASTE, ETC. 223
gressivement pour rejoindre la zone d'aspect gris foncé correspondant
à l'image monoculaire de la surface noire (fig. 2 et 3).
De même que la zone correspondant à une image monoculaire
de la surface lumineuse est moins brillante que la zone commune aux
deux images, de même la zone à l'image
de la surface noire est moins sombre que la zone commune aux images
superposées.
Et l'aspect de la zone vue en image monoculaire dépend du fond
du champ : sur fond très sombre la surface lumineuse est beaucoup
moins brillante que sur fond assez clair ; sur fond très blanc la sur
face noire est bien moins sombre que sur fond gris foncé.
C'est que l'image de la surface brillante ou foncée vue par un seul
oeil se superpose à l'image du fond du champ vue par l'autre œil, et
il se produit une combinaison mixte, suivant les lois bien connues
de la fusion binoculaire. On a donc, dans le champ unifié, une surface
où il y a accord des impressions des deux rétines, avec fusion ren
forcée, donnant une zone lumineuse très brillante sur fond obscur,
blanche sur fond gris ou noir, noire sur fond gris ou blanc. Et, quand
les images des deux yeux sont plus ou moins décalées, au delà de
cette zone de superposition plus ou moins large, la surface caracté
ristique se trouve combinée avec le fond par superposition des images
hétérogènes. Il se produit, à la limite,' un phénomène de contraste.*
Fig. 3. — Aspect du rectangle noir sur fond blanc avec divergence oculaire.
Or l'effet de ce contraste est ici très considérable parce qu'il en
traîne prédominance à peu près complète de l'image hétérogène à
la limite de la zone homogène.
Aux frontières de la zone noire et de l'image grise obtenue par
fusion de la surface noire vue par l'œil droit par exemple, et du fond
blanc vu par l'œil gauche, le contraste fait prédominer l'image blanche
de l'œil gauche sur l'image noire de l'œil droit (de l'autre côté, si la
surface noire est assez petite, c'est l'image blanche de l'œil droit qui
prédomine sur l'image noire de l'œil gauche).
Au delà, la prédomTùâncè s'atténue pfogfesslvement et II y a fusîori
avec participation quantitativement croissante de l'œil exclu jusqu'à
un maximum correspondant au régime d'équilibre de la fusion des
deux images, ce régime consistant parfois en la prédominance à peu
près complète de l'autre Image.
Le rôle de l'image homogène du fond là où les deux yeux se r
etrouvent en accord peut se traduire aussi par un contraste faisant
entièrement prédominer, à la limite, l'image hétérogène.
Les figures et schémas ci-joints illustrent ce phénomène intéres
sant, qui met si bien en évidence le processus de combinaison bino
culaire de champs hétérogènes. 224 1N0TES ET KB VUES
Avec des surfaces colorées sur fond gris, ou sur fond hétérochrome,
on fait les mêmes constatations (facilitées quand l'analogie chromat
ique de la surface et du fond permet une fusion satisfaisante).
Par exemple un petit rectangle rouge sur fond bleu, un rectangle
vert sur fond jaune, quand on fait s'écarter un peu, avec le prisme,
les images des deux yeux, apparaît d'un rouge vif ou d'un vert très
saturé sur la zone moyenne des images superposées, et à la limite, des
deux côtés, le rouge est bordé par un liseré bleu semblable au fond,
qui devient d'un pourpre de plus en plus rouge, le vert est bordé par
un liseré jaune qui passe progressivement à un vert-jaune homogène.
Fig. 4. — Le vase à profils humains de Rubin.
Ainsi, dans la combinaison complexe des champs hétérogènes, le
contraste intervient pour constituer un facteur de prédominance.
Il m'a paru intéressant de confronter ce de contraste avec
d'autres facteurs, très importants, ceux de signification et de forme.
J'ai utilisé dans ce but deux images de Rubin, la figure ambiguë du
vase dont les contours forment profils de visages humains (flg. 4),
et celle des indentations noires sur fond blanc ou blanches sur
fond noir (flg. 5), rendant particulière

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