Le surmenage par suite du travail professionnel au XIVe congrès international d hygiène et de démocratie - article ; n°1 ; vol.14, pg 232-248
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Le surmenage par suite du travail professionnel au XIVe congrès international d'hygiène et de démocratie - article ; n°1 ; vol.14, pg 232-248

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Description

L'année psychologique - Année 1907 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 232-248
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1907
Nombre de lectures 24
Langue Français
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Extrait

A. Imbert
Le surmenage par suite du travail professionnel au XIVe
congrès international d'hygiène et de démocratie
In: L'année psychologique. 1907 vol. 14. pp. 232-248.
Citer ce document / Cite this document :
Imbert A. Le surmenage par suite du travail professionnel au XIVe congrès international d'hygiène et de démocratie. In: L'année
psychologique. 1907 vol. 14. pp. 232-248.
doi : 10.3406/psy.1907.3742
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1907_num_14_1_3742VI
LE SURMENAGE PAR SUITE DU TRAVAIL
PROFESSIONNEL AU XIV CONGRÈS INTERNA
TIONAL D'HYGIÈNE ET DE DÉMOGRAPHIE
(Berlin, septembre 1907).
Des quatre rapports présentés au Congrès sur cette question
du Surmenage par suite du travail professionnel, ceux du
Dr Roth, conseiller intime à Potsdam, du professeur Trêves
de Turin et de l'auteur de ces lignes affirment l'existence du
surmenage et reconnaissent la nécessité de songer à l'étude de
cette question par des moyens sur lesquels nous reviendrons
plus loin. Le quatrième rapport, présenté par le distingué
ingénieur en chef du service des eaux de Berlin, M. Eisner, est
la contre-partie des précédents.
Il faut très franchement féliciter le Comité d'organisation du
Congrès, chargé du choix des rapporteurs, d'avoir, dans la
personne de M. Eisner, donné la parole aux industriels, c'est-
à-dire aux patrons, à propos d'une question qui touche de si
près à leurs intérêts essentiels.
La solution pratique du surmenage professionnel ne peut,
en effet, être établie sans prendre en considération la catégorie
importante de renseignements quo nul, mieux que les patrons,
n'est en état de fournir, et sans tenir compte des exigences
industrielles et patronales, dont plusieurs se confondent avec
l'intérêt général. Mais peut-être eût-il été désirable, en toute
impartialité, qu'aux quatre rapporteurs seuls désignés, on en
eût adjoint un cinquième, qui eût été le représentant des
ouvriers, puisque c'est d'eux surtout qu'il allait être question.
On eût, par cette adjonction, mis en présence les deux caté
gories d'intéressés directs, tandis que l'une d'elles semble
avoir été délibérément écartée du débat. Aux opinions des
médecins et des physiologistes, opinions plus sûrement impar- IMBERT. — LE SURMENAGE PROFESSIONNEL 233 A.
tiales parce que physiologistes et médecins n'ont ni à fournir
le travail professionnel, ni à en bénéficier, on aurait joint
ainsi, comme preuve plus évidente d'une préoccupation exclu
sive de vérité, celles des adversaires en lutte, expression dont
je prie M. l'ingénieur Eisner de ne pas s'offusquer et par
laquelle je veux simplement exprimer, sans la moindre idée
préconçue, un fait malheureusement trop certain et un état
malheureusement trop caractérisé.
M. Eisner s'est très loyalement livré d'abord à une enquête
quelque peu étendue, dont les résultats sont insérés à la suite
de son rapport; toutefois ce rapport est plus instructif encore,
me semble-t-il, en tant qu'indication d'état d'esprit et de
manière d'envisager la question du travail professionnel et de
ses conséquences, qu'en ce qui touche aux faits précis d'où
peut se dégager l'existence ou l'absence du surmenage. Le
travail de M. Eisner est, en effet, l'œuvre d'un esprit très
convaincu, et l'expression, à coup sûr absolument sincère, des
opinions très fermes qui y sont émises est faite pour expliquer
en partie l'acuité de la lutte actuelle entre le Capital et le
Travail; de la lecture de ce rapport me paraît résulter, d'autre
part, l'indication bien nette de l'un des sens dans lesquels pour
raient utilement s'exercer les efforts de ceux dont l'ambition
serait de jouer en quelque sorte un rôle d'arbitre, en vue d'a
paiser une agitation sociale qui ne peut plus prendre fin par
la victoire d'un parti au détriment de l'autre, mais bien par
une juste conciliation d'intérêts, qui, en partie seulement, se
trouvent en opposition.
« Assez souvent, écrit par exemple M. Eisner, nous avons
occasion, nous, ouvriers intellectuels, de nous comparer aux
ouvriers manuels et de leur envier leur capacité de travail;
nous nous affaiblissons, tandis qu'ils se fortifient en travail
lant, et cette circonstance semble avoir rarement retenu l'a
ttention. » II ne sera pas inutile de rapprocher de cette phrase
les appréciations d'un Directeur de chantiers de constructions
navales qui répond dans les termes suivants à une partie du
questionnaire que M. Eisner lui avait adressé en vue de la rédac
tion de son rapport : « La question de la fatigue est une quesindividuelle. Des ouvriers bien portants et vigoureux ne
sont pas fatigués après une journée de douze ou quatorze heures;
ces ouvriers gagnent un bon salaire, se nourrissent bien, vivent
sagement, et un travail de quatorze heures n'est pas pour les 234 MEMOIRES ORIGINAUX
fatiguer. Ceux qui se fatiguent, ce sont les ouvriers indolents
qui ne savent que faire de leur temps libre, pour lesquels ce
temps est en quelque sorte trop long, parce qu'ils vagabondent
la nuit et qu'ils arrivent le matin au travail déjà las et fatigués.
On peut beaucoup plus souvent constater la paresse que la
fatigue. On devrait regarder comme principal but à atteindre
par le travail professionnel de fatiguer l'ouvrier, afin qu'il se
couche de bonne heure, sans passer la soirée à courir à travers
cafés et brasseries, et se trouve le matin, au lever, frais et
dispos pour le travail. Ce qui précède, ajoute le correspondant,
résulte de l'expérience de toute ma vie ; j'occupe environ
7 000 ouvriers dans mon établissement, et j'ai, durant toute
ma carrière, très sérieusement étudié la question dont vous
me parlez. »
La question de la fatigue et du surmenage est évidemment
résolue par la négative dans l'esprit de ce Directeur, pour
lequel existent deux catégories d'ouvriers : les bons, qui, après
douze ou quatorze heures de travail, rentrent chez eux, dînent,
se couchent, se lèvent le lendemain pour retourner sur le
chantier, et recommencent tous les jours cette existence
régulière, et les mauvais, les paresseux, pour lesquels le temps
libre est de trop, parce que ce temps n'est pas entièrement
consacré au sommeil. Il n'y a même plus place, dans ce juge
ment, pour des constatations d'ordre médical ou physiolo
gique; la question est regardée comme de la compétence
exclusive du patron qui peut à lui seul en établir la solution.
Le moins que l'on puisse dire de cette manière, par trop
élémentaire et simpliste, d'envisager l'un des problèmes sociaux
les plus importants de notre époque, c'est qu'elle témoigne
d'une connaissance insuffisante de la complexité de la question
et de ses caractères essentiels. L'auteur des lignes citées plus
haut, me permettrais-je d'ajouter, serait probablement ébranlé,
quant à ses convictions actuelles, si, dans une heure de loisir
industriel, il élargissait le cadre trop étroit, où il emprisonne
le problème du surmenage, par la lecture des rapports pré
sentés au Congrès, en particulier par celle du remarquable et
substantiel travail de son savant compatriote, le Dr Roth.
Sans doute le rapporteur ne peut être tenu pour responsable
de l'opinion de ses correspondants. Mais la réponse dont on
vient de lire un extrait nous a paru être le développement
explicite de la phrase de M. Eisner que nous avons citée, et
nous avons cru, à ce titre, devoir la reproduire. Si, en effet, IMBERT. — LE SURMENAGE PROFESSIONNEL 235 A.
M. Eisner ne nie pas le surmenage, il en met du moins fort
ement en doute l'existence, il refuse toute valeur démonstrat
ive aux faits sur lesquels se basent ceux qui ont une opinion
contraire à la sienne, et n'admet qu'avec des réserves l'étude
plus directe et plus précise de la question.
Utilisant les vastes et rares connaissances que son instruction
technique et ses fonctions lui ont données, quant au travail
professionnel, M. Eisner montre par de multiples exemples
quelle extrême variété présente ce travail. C'est en face de

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