Le vieillissement de la population active : ampleur et incidence
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Les évolutions démographiques n'affectent pas que le volume de la population active, elles en affectent aussi la structure par âge. Une idée courante est que le vieillissement de la population totale devrait s'accompagner d'un vieillissement parallèle de la population active. La réalité est plus complexe. Les deux processus de vieillissement sont décalés et ils n'auront ni la même durée, ni la même ampleur. Ce n'est qu'après 2006 que l'avancée en âge des baby-boomers amorcera une longue phase de croissance de la part des plus de 60 ans. En revanche, cette progression tend à augmenter l'âge moyen des actifs depuis plusieurs années déjà, et ce processus ralentira sensiblement au-delà de 2006. Il n'y a que dans l'hypothèse de remontée de l'âge de la retraite que ce vieillissement reprendrait de manière significative. Ces évolutions de la structure par âge ont-elles des conséquences importantes ? Leur impact sur la productivité, sur les incitations à la formation, et sur le coût unitaire moyen du travail ne sont pas nécessairement défavorables, notamment celui sur la productivité moyenne. Le vieillissement de la population active appelle néanmoins à une intensification de l'effort de formation. Par ailleurs, les dispositifs de rémunération à l'ancienneté peuvent conduire à une pression à la hausse sur les coûts de production unitaires : même si cet effet reste modéré au niveau global, il représenterait un obstacle à la remontée potentielle des taux d'activité aux âges élevés. Enfin, les effets du vieillissement démographique peuvent être plus importants dans des professions ou des secteurs dont les évolutions démographiques sont plus marquées que l'évolution nationale moyenne.

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Langue Français

Extrait


POPULATION ACTIVE
Le vieillissement
de la population active :
ampleur et incidence
Didier Blanchet*
Les évolutions démographiques n’affectent pas que le volume de la population active,
elles en affectent aussi la structure par âge. Une idée courante est que le vieillissement
de la population totale devrait s’accompagner d’un vieillissement parallèle de la
population active. La réalité est plus complexe. Les deux processus de vieillissement
sont décalés et ils n’auront ni la même durée, ni la même ampleur. Ce n’est qu’après
2006 que l’avancée en âge des baby-boomers amorcera une longue phase de croissance
de la part des plus de 60 ans. En revanche, cette progression tend à augmenter l’âge
moyen des actifs depuis plusieurs années déjà, et ce processus ralentira sensiblement au-
delà de 2006. Il n’y a que dans l’hypothèse de remontée de l’âge de la retraite que ce
vieillissement reprendrait de manière significative.
Ces évolutions de la structure par âge ont-elles des conséquences importantes ? Leur
impact sur la productivité, sur les incitations à la formation, et sur le coût unitaire moyen
du travail ne sont pas nécessairement défavorables, notamment celui sur la productivité
moyenne. Le vieillissement de la population active appelle néanmoins à une
intensification de l’effort de formation. Par ailleurs, les dispositifs de rémunération à
l’ancienneté peuvent conduire à une pression à la hausse sur les coûts de production
unitaires : même si cet effet reste modéré au niveau global, il représenterait un obstacle
à la remontée potentielle des taux d’activité aux âges élevés. Enfin, les effets du
vieillissement démographique peuvent être plus importants dans des professions ou des
secteurs dont les évolutions démographiques sont plus marquées que l’évolution
nationale moyenne.
* Didier Blanchet appartient au Département de l’emploi et des revenus d’activité de l’Insee.
Les noms et dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie en fin d’article.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 355-356, 2002 123
e vieillissement de la population soulève de ... et résulte de celui des générations
multiples interrogations. Certaines concer-L nombreuses du baby-boom (1)
nent le vieillissement de la population active.
Cet article examine ses conséquences pour trois
Jusqu’au milieu des années 1960, le vieillis-variables intéressant le marché du travail. La
sement de la population d’âge actif résulte depremière est la productivité moyenne. L’impact
l’entrée progressive dans le groupe des 20-60 ansdu vieillissement sur la productivité moyenne
des cohortes peu nombreuses nées jusqu’audépend du profil de la productivité par âge. Ce
milieu des années 1940. Après 1965, elles ontprofil est mal connu, ce qui invite à plutôt tra-
été suivies des premières générations de baby-vailler par scénarios. Le choix de deux scénarios
boomers, ce qui a amorcé un processus de rajeu-extrêmes de productivité par âge permet d’enca-
nissement temporairement amplifié par l’arri-drer raisonnablement l’incidence réelle du
vée simultanée, dans le groupe des 50 à 60 ans,vieillissement sur la productivité moyenne.
des générations creuses nées entre 1915 et 1919.
Ces générations creuses ont fait baisser le poidsLa seconde variable est l’effort de formation :
relatif du groupe des 50 à 60 ans entre leson cherchera à valider l’idée selon laquelle le
années 1965-1966 (lorsque la génération 1915vieillissement invite à intensifier l’effort de for-
est entrée dans ce groupe d’âge) et 1979-1980mation, en distinguant effort de formation ini-
(lorsque la génération 1919 a quitté ce groupetiale et de formation tout au long de la vie.
d’âge). Sans cet accident démographique, la
poussée des baby-boomers aurait conduit à unOn examinera enfin l’impact du vieillissement
rajeunissement beaucoup plus progressif, jus-sur le rapport coût du travail/productivité. Cet
que vers 1996. À partir de cette date, cette pous-effet est défavorable s’il existe des avantages
sée s’est mise à produire les effets inverses. Lessalariaux liés à l’ancienneté qui n’ont pas de con-
premières générations du baby-boom ont com-trepartie en termes de productivité individuelle.
mencé à leur tour à rejoindre le groupe des 50-
60 ans, et se sont donc mises à peser positive-Un préalable est d’évaluer l’ampleur de ce
vieillissement de la population active. On le fera
à partir de séries longues, à la fois rétrospectives
et prospectives, qui s’appuient sur les projections Graphique I
Part des plus de 50 ans dans le groupe d’âge de population totale et de population active (1).
20-60 ans
En %
Le vieillissement de la population active 35
ralentira fortement d’ici 2006...
La part des 50 à 60 ans dans les 20-60 ans est un
30indicateur usuel du vieillissement de la popula-
tion d’âge actif. Il confirme qu’un processus de
vieillissement de la population d’âge actif est
actuellement en cours (cf. graphique I). Cepen- 25
dant, ce processus n’est plus très éloigné de son
terme, à la différence du vieillissement de la
population globale qui, lui, doit s’accélérer et se
20prolonger au cours des trois à quatre décennies
à venir. Dans le scénario de fécondité médian
(1,8 enfant par femme), la part des travailleurs
les plus âgés parmi l’ensemble des actifs poten-
15
tiels ayant entre 20 et 60 ans devrait en effet se
stabiliser à partir de 2006. Elle devrait même
décroître légèrement après 2020 dans l’hypo-
Scénario démographique médianthèse d’un retour progressif au seuil de rempla-
Scénario bas
cement des générations (2,1 enfants par femme).io haut
De plus, même si le processus de vieillissement
Source : Insee et calculs de l’auteur.en cours est important, il s’est déjà rencontré
dans le passé. Il aurait en effet une ampleur à
peine supérieure à celle du vieillissement
1. Voir dans ce même numéro les articles de Chantal Brutel et
observé au début des années 1960. d’Emmanuelle Nauze-Fichet.
124 ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 355-356, 2002
1950
1960
1970
1980
1990
2000
2010
2020
2030
2040
2050
ment sur l’indicateur de vieillissement, en Les indices précédents ne rendent compte que
n’étant plus remplacées, au bas du groupe des des seuls facteurs démographiques, ce qu’on
20-60 ans, que par les générations légèrement pourrait qualifier de vieillissement « naturel » (2).
moins nombreuses nées à partir de 1975. La mesure du vieillissement de la population
active proprement dite doit également prendre
Ce processus est encore à l’œuvre. Il durera jus- en compte l’impact des changements des taux
que vers 2006. À cette date, les premières géné- d’activité par âge, qu’ils aient été spontanés ou
rations de baby-boomers atteindront en effet encouragés par les politiques de l’emploi. On
l’âge de 60 ans. Au-delà, l’avancée en âge des peut se demander notamment si les politiques
baby-boomers continuera de contribuer au visant à encourager ou accompagner les retraits
vieillissement général de la population en faisant d’activité précoce, à partir des années 1970, ont
croître, durant une trentaine d’années, l’effectif eu pour effet de modérer le processus de vieil-
des plus de soixante ans, mais le vieillissement lissement naturel induit par l’avancée en âge des
du groupe des 20-60 ans, lui, devrait rapidement baby-boomers.
se stabiliser. La part des 50-60 ans dans les 20-
60 ans serait alors voisine de 27 %.
On rapproche pour cela les deux indices de
vieillissement précédents, portant sur la totalitéUn problème posé par cet indicateur de vieillis-
des 20-60 ans, des indices similaires calculéssement réside dans sa sensibilité au seuil con-
sur la population active réelle ou projetée, lesventionnel de 50 ans qui est utilisé pour isoler le
taux d’activité r

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