LEÇONS D HISTOIRE ROMAINE : RÉPUBLIQUE ET EMPIRE
127 pages
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LEÇONS D'HISTOIRE ROMAINE : RÉPUBLIQUE ET EMPIRE

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LEÇONS D'HISTOIRE ROMAINE. RÉPUBLIQUE ET EMPIRE. AUGUSTE BOUCHÉ-LECLERCQ. PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS ...

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Langue Français

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LEÇONS D’HISTOIRE ROMAINE RÉPUBLIQUE ET EMPIRE AUGUSTE BOUCHÉ-LECLERCQ. PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE PARIS - MEMBRE DE L’INSTITUT. PARIS - 1909. AVANT-PROPOS. I. — Les institutions religieuses de Rome. II. — Les Romains et l’Orient hellénistique. III. — Histoire intérieure de Rome, de Sylla à César. IV. — La fin de la République romaine. V. — Le principat d’Auguste. VI. — Le premier siècle de l’Empire. VII. — L’Empire romain au IIe siècle. VIII. — L’Empire romain au IIIe siècle. IX. — Le Bas-Empire. X. — L’administration financière du Bas-Empire. AVANT-PROPOS. En publiant, il y aura bientôt dix ans, mes Leçons d’Histoire grecque, j’annonçais comme devant paraître à la suite un volume semblable, composé également de leçons d’ouverture, écrites clans le male laps de temps, de 1880 à 1899, pour servir d’introduction à des cours publics et également inédites. Pour des raisons qui importent peu, cette publication resta alors à l’état de projet. Si j’y reviens aujourd’hui, ce n’est point par complaisance sénile pour des feuilles volantes qui épuisèrent jadis leur effet utile en fixant durant une heure, une fois l’an, l’attention d’un auditoire de Sorbonne. C’est que, sans me faire illusion sur l’efficacité des enseignements de l’histoire, je crois plus opportun que jamais de les rappeler à une démocratie entraînée par sa logique interne à des expériences déjà faites autrefois, à Athènes et à Rome. Si nous n’avons point de Gracques, nous en avons la monnaie, et de moins bon aloi. Nous avons aussi nos démagogues, experts en surenchère électorale, qui, avec des mots comme prolétariat, capitalisme, classe ouvrière, classe bourgeoise, bruyamment ressassés et clamée à tous les échos, sont en train de diviser le pays en factions ennemies et de détendre la fibre patriotique. Dans ce pays passionné pour l’égalité, ils entendent faire des lois qui ajoutent ou enlèvent des droits à des catégories spéciales de citoyens. Il y eut aussi à Rome un temps où l’État se chargeait d’assigner à chacun sa place dans la société, où il n’y avait plus pour ainsi dire de droit commun, où les fonctionnaires et les corporations avaient leurs statuts particuliers, où le fisc parquait une catégorie de contribuables prélevée sur la classe moyenne clans des barrières dont il s’ingéniait à fermer les issues. Ces barrières, il faudra peut-être les redresser pour empêcher non plus la fuite des nouveaux curiales, mais l’exode de leurs capitaux. En somme, le Bas-Empire, qui a fait de l’État omnipotent une manière de providence bureaucratique et porté partout l’ingérence tracassière de ses règlements, ressemble assez au régime que nous promet le socialisme. Maintenant que, de par les nouveaux programmes, l’étude de l’antiquité classique tient de moins en moins de place dans l’éducation de la jeunesse, ces exemples risquent d’être oubliés. On reproche aux hommes de la Révolution, ou plutôt on les raille, de s’être indigérés de réminiscences antiques, d’avoir voulu être alitant de Lycurgues, de Catons et de Brutus. C’était le temps où Babeuf s’appelait Gracchus. Nous sommes bien guéris de cette manie, qui ne fut pas toujours inoffensive. Le souhait d’un contemporain, le gastronome Berchoux : Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ! est bien près d’être réalisé. Seulement, il se pourrait que nous ayons conservé de l’esprit antique précisément ce qu’il en faut rejeter, et que nous recommencions inconsciemment des expériences qui jadis ont mal tourné. Les circonstances ont beau changer, il y a des principes généraux qui tiennent au fond immuable de la nature humaine, auxquels les gouvernements, quelle que soit leur étiquette, obéissent malgré eux et qui ont leur effet sous toutes les latitudes. Ces principes, on les voit agir et aboutir à leurs fins nécessaires chez les Grecs et les Romains, nos ancêtres intellectuels, qu’on ne pourra bientôt plus citer sans passer pour pédant. Il m’a paru qu’il était bon de les extraire de la masse des faits particuliers, et je me suis souvenu, une fois de plus, que je l’avais fait déjà, de temps à autre, dans des préfaces de cours destinées à orienter les auditeurs en leur fournissant une provision d’idées générales. J’ai laissé ces leçons telles quelles, m’interdisant d’y rien ajouter, ne fût-ce qu’un mot qui pût paraître inspiré par des préoccupations nées de l’heure présente. J’ai résisté de même à l’envie d’y introduire des références, des notes, bibliographiques oit autres, un bagage d’érudition dont ne peut s’embarrasser la parole vivante. J’en ai seulement retranché, çà et là, quelques superfluités et tours oratoires, qui plaisent moins au lecteur qu’à l’auditeur. Faut-il répéter ce que j’ai dit à propos des Leçons d’Histoire grecque, à savoir, que ce volume n’est pas un livre, mais une suite d’études autonomes, disposées après coup dans l’ordre chronologique des sujets traités, si bien que des morceaux contigus peuvent avoir été composés à dix ou quinze ans d’intervalle et dans un ordre inverse ? On ne s’étonnera donc point d’y trouver des répétitions, — qui n’en étaient pas pour l’auditoire du moment, — des figures historiques présentées tantôt de face et tantôt de profil, des retours sur les mêmes causes qui, au cours de trois siècles, expliquent la genèse, la prospérité et le déclin de l’Empire romain. En revanche, je ne pense pas qu’on y trouve de contradictions. Les idées maîtresses qui donnent de l’unité à ce produit de travaux intermittents ne sont pas de celles dont un esprit arrivé à sa maturité change suivant l’humeur ou la mode du jour. Ce sont celles d’un libéral impénitent, affranchi de toute attache dogmatique ou doctrinaire, qui, n’ayant plus à craindre le despotisme d’en haut, redoute celui d’en bas, mais qui, d’autre part, se garde d’un pessimisme outré et se plait à écrire au bas de ces pages : Liceat sperare timenti. 29 juin 1909. I. — LES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE ROME1. Dans la vie religieuse d’une nation, il n’est point de détail qui n’ait son importance, et on ne la comprend bien qu’en l’embrassant tout entière du regard : mais une étude d’ensemble portant sur tout ce qui constitue la religion romaine est un sujet dont il vaut mieux détacher une partie que d’essayer même d’en faire le tour dans une esquisse sommaire comme celle-ci. Par Institutions religieuses de Rome j’entends non pas le legs assez pauvre de croyances qui constitue le fonds dogmatique de la religion, non pas même la série bien plus variée de formules, de prières, de cérémonies, de recettes de toute sorte, au moyen desquelles le Romain peut se rendre les dieux-favorables et traiter de gré à gré avec eux ; mais seulement l’organisation que l’Étai a donnée au culte officiel, le seul dont il ait la direction immédiate et dont il assume la responsabilité. I Sans doute, le culte suppose des croyances, actuelles ou impliquées dans des habitudes qui leur ont survécu. Mais, dans les sociétés antiques, les croyances, si on les détache par abstraction du culte, se réduisent à peu de chose. On n’y trouve point de réponse nette aux questions que se pose une réflexion un peu exercée, point de système cohérent, de corps de doctrine, mais des récits mythiques, des légendes où figurent pêle-mêle des êtres surnaturels et des personnages humains, tout cela issu d’une tradition vague, sans marque d’origine, sans preuves et sans conclusions dogmatiques. Elles ne contiennent point d’idées générales, et leur nature même le leur interdit ; car elles se ressemblent toutes par ce trait qu’elles constituent des religions locales, faites et valables pour un pays, pour un peuple déterminé, ou même pour des groupes plus restreints. Chaque famille a ses dieux domestiques, qui la protègent à l’exclusion de toute autre : chaque corporation, là où il en existe, a dans le monde divin ses patrons spéciaux ; de même, la nation ou la race a fait sa religion pour son usage propre, et elle croyait avoir ses dieux à sa portée, tout occupés d’elle et prêts à défendre au besoin son sol contre les hommes et les dieux ennemis. Le polythéisme se prêtait merveilleusement à cette localisation naïve des êtres divins, et toutes les religions soudées aux nationalités, pouvaient vivre côte à côte sans que l’on contestât à aucune d’elles son droit à l’existence. Elles étaient vraies toutes ensemble et utiles de la même manière, chacune pour ses fidèles, à condition que ceux-ci s’acquittassent scrupuleusement de toutes les observances rituelles. Le culte est clone, ou peu s’en faut, le tout des religions antiques. Cela est vrai surtout de la religion romaine, la plus pauvre qui fut jamais en types divins et en articles de foi, mais une des plus minutieuses en fait de rites obligatoires. Les dieux romains, créés par l’imagination d’une race dure et défiante, ne sont que médiocrement bienveillants ; ils ont l’esprit formaliste et procédurier ; ils vendent pour ainsi dire en détail leur protection et leurs conseils, et ils exigent que, chaque fois, le pacte intervenu entre eux et leurs clients soit entouré de toutes les garanties dont ils ont eux-mêmes déterminé le nombre et la portée. Il n’y a point avec eux de cérémonie insignifiante ; l’omission de la moindre 1 Leçon du 1er décembre 1881. formalité peut les porter à refuser leur secours dans le besoin le plus pressant. Petits et grands ont sur ce point même humeur. Fides ne recevait d’offrandes que de la main des trois grands flamines réunis, et elle exigeait que ces dignitaires, après être montés à sa chapelle en voiture couverte, les lui présentassent avec la main droite entourée de bandelettes blanches. Les dieux infernaux n’acceptaient de libations que versées goutte à goutte, et les dieux d’en haut tenaient, au contraire, à ce qu’on les répandit d’un seul coup. Quant à Jupiter Capitolin, ses exigences en ma
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