Les armées de la Révolution d après les registres matricules - article ; n°4 ; vol.38, pg 842-849
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Les armées de la Révolution d'après les registres matricules - article ; n°4 ; vol.38, pg 842-849

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Description

Population - Année 1983 - Volume 38 - Numéro 4 - Pages 842-849
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 38
Langue Français

Extrait

Jacques Houdaille
Les armées de la Révolution d'après les registres matricules
In: Population, 38e année, n°4-5, 1983 pp. 842-849.
Citer ce document / Cite this document :
Houdaille Jacques. Les armées de la Révolution d'après les registres matricules. In: Population, 38e année, n°4-5, 1983 pp.
842-849.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1983_num_38_4_17796842 NOTES ET DOCUMENTS
LES ARMÉES DE LA RÉVOLUTION
D'APRÈS LES REGISTRES MATRICULES
Les pertes en vies humaines des armées du Premier Empire ont soulevé
bien des controverses passionnées mais, à notre connaissance, aucun historien
ne s'est jusqu'à ces dernières années, préoccupé d'estimer celles des armées
révolutionnaires. Ce contraste s'explique peut-être par l'hostilité des historiens
républicains du siècle dernier envers les Bonaparte (grand ou petit) et par
l'impression générale que les guerres de la Révolution visaient à défendre
ses conquêtes sociales contre les souverains coalisés.
Le Kriegslexikon publié par Bodart à Vienne en 1906, donne cependant
la liste de toutes les batailles importantes des guerres qui se déroulèrent en
Europe depuis le milieu du xvir6 siècle. Les pertes, c'est-à-dire les morts au
combat et les blessés, y sont indiquées ainsi que le nombre de prisonniers.
En additionnant ces chiffres et en distinguant trois périodes, nous parvenons
aux résultats suivants exprimés en milliers.
Pertes Prisonniers Périodes
(tués et blessés)
1792-1794 183 55
1795-1799 166 78
1800-1801 74 7
T4Ô Total 423
II convient d'y ajouter 33 000 Vendéens morts dans les grandes batailles
(Savenay, Quiberon), si désastreuses pour la cause royaliste.
Pour tirer de ces chiffres une estimation des morts du fait des guerres,
nous employons une méthode très simple qui ne peut donner qu'un ordre de
grandeur. En faisant le total des pertes indiquées dans l'ouvrage de Bodart
pour la période 1805-1811, nous trouvons 259 000 tués ou blessés. Pour la
même période, une estimation faite à partir des registres matricules de
l'armée conservés à Vincennes, donne 221 000 morts au combat ou à l'hôpit
al. Les pertes de 1792 à 1801 seraient donc de :
423 x 221/259 = 360 000 hommes
L'ouvrage de Bodart nous fournit en outre des chiffres sur les prison
niers. Un certain nombre d'entre eux revinrent dans leur patrie. Dans notre
étude sur les pertes de l'Empire w, nous avons estimé ces retours à 27 % en
recherchant les anciens soldats qui reparurent à leur village de naissance lors
Voir Population, 1, 1972, p. 37. NOTES ET DOCUMENTS 843
de leur mariage ou de leur décès. Cette proportion s'applique à toute la
période impériale dont les dernières années furent marquées par le désastre de
Russie et par l'épidémie de 1813. En nous limitant aux soldats faits prison
niers de 1803 à 1811, la proportion des retours atteint 59 %.
Les pertes du fait des guerres révolutionnaires s'élèveraient donc à :
360 000 + 33 000 + (140000 x 0,41) = 450 000
Ce chiffre n'est qu'un ordre de grandeur qui ne tient pas compte des
victimes des guerres d'embuscade, très meurtrières en Vendée et en Italie,
non plus que des marins.
La reconstitution de la population de la France faite par Louis Henry
et son équipe a permis d'estimer à environ 1,4 million les pertes militaires de
la Révolution et de l'Empire. Comme ces dernières sont de l'ordre de 900 000,
on en déduit que celles de la Révolution dépasseraient 500 000.
Il est douteux qu'on puisse parvenir à une plus grande précision et ce
n'est pas pour estimer le montant total des pertes que nous avons fait un
sondage au 1/1 000e des matricules dans tous les régiments des armées révo
lutionnaires.
Depuis 1716, chaque régiment tenait un registre indiquant les nom, lieu
de naissance, filiation et signalement des soldats lors de leur incorporation.
Une colonne était prévue pour y inscrire le destin (mort au combat, à
l'hôpital, désertion, mutation à une autre unité). La tenue de ces registres,
très bonne à la veille de la Révolution, se détériora lors de l'appel des volont
aires et de la levée en masse en 1792 et 1793.
A cette époque furent en effet constitués des bataillons départementaux.
Les renseignements y sont assez bien indiqués lors de l'entrée au service mais
les registres n'ont pas toujours été tenus à jour, c'est-à-dire, qu'ils ne pré
cisent pas le destin des volontaires. Lorsque ces bataillons furent amalgamés
à l'armée régulière de nouveaux registres furent utilisés mais à la fin de la
Convention d'autres les remplacèrent. Le résultat est que pour une étude par
sondage, nous disposons de beaucoup de registres où les mêmes soldats
figurent plusieurs fois. Dans la plupart des cas, on remarque facilement ces
répétitions dont nous avons, bien sûr, tenu compte. Cette confusion fait
craindre cependant la perte de quelques registres. Les chiffres que nous pou
vons tirer de cette documentation, risquent certainement d'être en deçà de
la vérité pour une estimation des pertes. Ils nous renseignent cependant sur
le nombre d'hommes que fournissent les divers groupes de générations et sur
la participation de chaque région à l'effort de guerre.
Destins indiqués Pour simplifier, nous avons regroupé toutes
dans les registres matricules les données dont disposions. Une étude
plus détaillée pourrait distinguer trois ou
quatre séries de registres puisque leur qualité varie beaucoup. C'est parce
que celle des registres des bataillons départementaux nous semblait très défi
ciente que nous nous sommes facilité la tâche en relevant pour eux les matri
cules au 17100e dans un registre sur 10. Le tableau 1 donne les destins in- 844 NOTES ET DOCUMENTS
353
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diqués pour les soldats ayant servi de 1792 à 1803. Nous avons respecté les
termes employés dans les registres. En fait, nous ignorons en quoi consistait
la distinction entre «rayé à l'hôpital», «externe à l'hôpital» et «rayé».
Parmi les congés, nous avons fait figurer les hommes encore en service
en 1803.
Pour tirer parti de ces chiffres, il faudrait rechercher le destin des pri
sonniers et surtout celui des «rayés ». Tous ne périrent pas à la guerre. A
partir de notre échantillon de soldats ayant servi de 1803 à 1814, nous
avons évalué les retours à 27 % pour les prisonniers et à 52 % pour les
<t rayés ». En nous limitant aux années où l'armée française fut presque
toujours victorieuses (de 1803 à 1811) nous obtenons des proportions de
retours assez différentes, 59 % pour les prisonniers et 49 % pour les « rayés » .
Faute de mieux, nous admettrons que ces estimations s'appliquent à la période
révolutionnaire. Le montant des pertes atteindrait ainsi :
75 000 morts au combat
179 000 à l'hôpital
20 000 prisonniers non revenus (49 X 0,41)
180 000 «rayés non revenus» (353 X 0,51)
Total : 458 000. Cette estimation qui ne tient pas compte des Vendéens,
des marins, des soldats embarqués pour les colonies et surtout des pertes
éventuelles de registres, est proche de celle à laquelle nous étions parvenu
à partir de l'ouvrage de Bodart

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