Les demandes de l étudiant ou les contradictions de l université de masse. Réponse aux commentaires - article ; n°1 ; vol.19, pg 147-156
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Les demandes de l'étudiant ou les contradictions de l'université de masse. Réponse aux commentaires - article ; n°1 ; vol.19, pg 147-156

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Description

Revue française de sociologie - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 147-156
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 28
Langue Français

Extrait

Louis Lévy-Garboua
Les demandes de l'étudiant ou les contradictions de l'université
de masse. Réponse aux commentaires
In: Revue française de sociologie. 1978, 19-1. pp. 147-156.
Citer ce document / Cite this document :
Lévy-Garboua Louis. Les demandes de l'étudiant ou les contradictions de l'université de masse. Réponse aux commentaires.
In: Revue française de sociologie. 1978, 19-1. pp. 147-156.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1978_num_19_1_6624R. franc, sociol, XIX, 1978, 147-156.
DÉBAT
Les demandes de l'étudiant
ou les contradictions de l'université de masse
Réponse aux commentaires
par Louis LÉVY-GARBOUA
Dans un numéro précédent de la Revue française de sociologie, Annie
Vinokur (1977) et Bertrand Lemennicier (1977) ont longuement commenté
l'article que j'ai publié en 1976 dans cette même revue (1). Leurs comment
aires respectifs témoignent de deux conceptions opposées du débat. L'une
jette un cri affectif, elle se livre à la destruction d'un adversaire idéolo
gique présumé; l'autre essaie d'élaborer une critique rationnelle, de par
ticiper à la construction d'une théorie scientifique. Bien que la position
d'Annie Vinokur ne saurait être ostensiblement modifiée par des efforts
d'argumentation de ma part, le genre de critique qu'elle déploie est
suffisamment répandu en France pour qu'il vaille la peine d'en démonter
soigneusement le mécanisme et d'expliquer pourquoi il inhibe la pensée
scientifique au lieu de la stimuler. En effet, la « critique » ressemble ici à
un « procès ». Sa tactique est d'assommer l'adversaire sous une avalanche
d'accusations pour qu'il n'ait pas la possibilité de leur opposer une défense
intelligible et, surtout, pour que le public, submergé, se mette à douter
de la valeur scientifique de la démonstration en cause. Ici, la masse des
critiques compte beaucoup plus que la pertinence de chacune d'entre elles
et la cohérence du tout, et l'acharnement à détruire une certaine inter
prétation des faits sociaux étouffe tout souci de proposer une interprétation
alternative qui pourrait être critiquée de la même façon. Cette tactique
me paraît suicidaire en ce sens qu'aucun fait d'observation, aucune hypot
hèse, aucun raisonnement ne devant en sortir indemnes, la personne qui
s'y livre est forcée d'abdiquer la démarche scientifique dont elle se réclame
pourtant avec sincérité.
(1) Par la suite, je désignerai ces au- Les références bibliographiques se trou-
teurs par les abréviations AV (Annie vent à la fin de cet article.
Vinokur et BD (Bertrand Lemennicier).
147 Revue française de sociologie
1. — Réponse à Annie VI NOKU R
L'explication de la « Crise de l'Université » française qui se trouve
dans mon article se déroule en deux temps. On constate d'abord une dégra
dation de la condition étudiante, qui est produite par des facteurs exogènes
liés au type de croissance économique, à la situation du marché du travail
et à l'insuffisance des crédits budgétaires. On démontre ensuite que la
réaction des étudiants à cette évolution provoque, non point une diminut
ion des effectifs qui s'inscrirait dans une institution fixe (comme le prédi
rait la théorie du capital humain sa version usuelle) , mais le dépéris
sement de l'Université classique, c'est-à-dire la transformation de l'inst
itution elle-même. Cette « crise de l'Université » et son explication sont
réfutées point par point par AV. Celle-ci estime d'ailleurs d'une façon
générale que les économistes néo-classiques seront toujours incapables
d'interpréter des phénomènes sociaux de ce genre et elle leur conseille,
pour ne pas perdre leur peine, de se cantonner à l'interprétation écono
mique traditionnelle sans y ajouter de considération sociologique.
Il est cocasse de voir AV se transformer ici en défenseur de la théorie
néo-classique traditionnelle, en particulier la théorie du capital humain
qu'à ma connaissance, elle pourfendait jusqu'à présent avec la dernière
énergie. Ce modèle prédit que la dégradation de la condition étudiante
entraîne une baisse du taux de rendement ex ante de l'éducation et, par
suite, un déplacement vers le bas de la demande d'éducation et du taux
de scolarisation dans l'enseignement supérieur. En revanche, le modèle
d'éligibilité que je propose prédit un autre type d'adaptation individuelle,
qui consiste à compenser l'effet de la baisse des rendements escomptés du
passage à l'Université par une baisse de son coût, de telle sorte que le
taux de rendement et la demande apparente d'éducation (mesurée en
termes d'effectifs inscrits ou de taux de scolarisation) demeurent inchang
és. La théorie du capital humain peut être défendue de deux manières,
soit en maintenant que la condition étudiante ne s'est pas dégradée depuis
l'apparition de l'enseignement supérieur de masse, soit en vérifiant la
concomitance de cette dégradation et de la baisse du taux de rendement
ou de la demande d'éducation. AV soutient tour à tour les deux argument
ations, ce qui est évidemment contradictoire.
AV conteste d'abord la réalité statistique de deux aspects de la dégra
dation de la condition étudiante : la montée du chômage des diplômés de
l'enseignement supérieur, la détérioration des conditions de travail de
l'étudiant (liée surtout à la stabilisation des dépenses réelles de fonctio
nnement dont je fais état explicitement (2), c'est-à-dire à la diminution de
la dépense réelle par étudiant). Toutefois, dans les deux cas, ses remar-
(2) Tableau IV, p. 60. Par souci de conrote de la distinction entre ces deux
brièveté, les chiffres publiés dans mon rubriques, qui était faite dans la source
article additionnent les dépenses de fonc- citée, et que l'on trouvera dans Benoît
tionnement et d'équipement. Mais le Mîllot, François Orivel (1976, tableau
commentaire qui les accompagne tient 72, p. 420).
148 Débat
ques (3) s'appuient sur de mauvaises références à mon texte, comme le
lecteur pourra aisément le vérifier. La deuxième argumentation serait
donc plus sérieuse. Elle a d'ailleurs été employée par Richard B. Freeman
(1976) pour analyser la décrue de l'enseignement supérieur qui est obser
vée aux Etats-Unis depuis le début de la décennie. Comme en France on
ne peut actuellement mesurer l'évolution du taux de rendement de
l'éducation depuis 1970 (4), on doit se contenter de vérifier que le nombre
d'étudiants a diminué. Or, les statistiques disponibles indiquent seulement
que la croissance des effectifs universitaires et des taux de scolarisation
dans l'enseignement supérieur s'est ralentie depuis 1970, après le rythme
explosif des années soixante, sans s'inverser néanmoins. Cette rigidité
à la baisse de la demande d'éducation pourrait encore s'interpréter dans
le cadre de la théorie du capital humain à condition d'avancer que, si le
taux de rendement de l'éducation a baissé de façon absolue, il ne l'a pas
fait relativement aux investissements alternatifs (AV, 1.1.1.1.1. § b, p. 491
et BL, p. 503). Mais AV ne s'attarde pas davantage à cette éventualité —
qui paraît d'ailleurs assez abstraite pour un jeune bachelier — , puisqu'elle
semble croire (1.1.1.1.3. §b, p. 488) que seuls des biais statistiques empêcher
aient d'évaluer correctement la baisse de la demande d'éducation. Une
fois de plus, la critique est démesurée vu l'accroissement considérable des
effectifs et des taux de scolarisation observés (mesurés pour deux classes
d'âge, et non pas une seule comme le prétend AV), la concordance d'une
autre statistique significative le nombre de nouveaux inscrits (5)
et le volume des doubles inscriptions (6) . Pour expliquer alors l'éventualité
d'une baisse sensible de la demande d'éducation, il convient d'établir une
distinction entre la demande apparente mesurée par le nombre d'étudiants
ins

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