Les enjeux de la production domestique non marchande - article ; n°76 ; vol.19, pg 819-830
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Description

Tiers-Monde - Année 1978 - Volume 19 - Numéro 76 - Pages 819-830
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 43
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Yvonne Mignot-Lefebvre
Les enjeux de la production domestique non marchande
In: Tiers-Monde. 1978, tome 19 n°76. pp. 819-830.
Citer ce document / Cite this document :
Mignot-Lefebvre Yvonne. Les enjeux de la production domestique non marchande. In: Tiers-Monde. 1978, tome 19 n°76. pp.
819-830.
doi : 10.3406/tiers.1978.2837
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1978_num_19_76_2837LES FEMMES ET LE DÉVELOPPEMENT
Les deux articles suivants ont pour origine des communications présentées au Col
loque sur la pfoduction domestique non marchande qui s'est tenu à Royaumont en janv
ier1 igj7- Ils traitent du travail informel des femmes et inaugurent une nou
velle chronique de la Revue Tiers Monde. Nous souhaitons publier régulièrement
des études portant sur l'évolution de la condition féminine avec le développement et sur le
rôle des femmes dans la vie politique, économique, sociale, culturelle des pays en voie de
développement. Nous accueillerons très volontiers toutes les contributions que nous
adresseront ceux ou celles des pays industrialisés ou des pays du Tiers Monde que ce
thème intéressera et nous espérons que ces contributions seront nombreuses.
N.d.l.R.
LES ENJEUX
DE LA PRODUCTION DOMESTIQUE
NON MARCHANDE EN AFRIQUE
par Yvonne Mignot-Lefebvre*
La production domestique non marchande, encore mal identifiée
tant quantitativement que qualitativement dans les pays développés,
apparaît encore plus mal connue dans les pays du Tiers Monde. Là pourt
ant, plus qu'ailleurs, elle est d'une importance vitale pour la survie du
groupe familial.
Contrairement à l'Europe — sauf pour certaines communautés
rurales traditionnelles — elle inclut, en Afrique, la majorité de la product
ion vivrière, que celle-ci soit autoconsommée dans les villages ou vendue
sur les marchés locaux, et la plupart des produits de l'élevage et de
l'artisanat. Seuls sont comptabilisés dans le revenu national les cultures
industrielles destinées à l'exportation (arachide, coton...) et les surplus
des cultures vivrières transitant par les marchés officiels.
Le secteur informel des activités économiques, auquel se rattache la
production domestique non marchande, mal connu des planificateurs,
exclu du PNB, reste donc — en tout cas pour les pays africains — larg
ement prédominant.
* Chercheur iedes-cnrs.
Bévue Tiers Monde, t. XIX, n° 76, Octobre-Décembre 78 82О YVONNE MIGNOT-LEFEBVRE
Identifier cette production apparaît essentiel pour des raisons mult
iples : scientifiques, sociales et politiques1. L'enjeu principal de cette
recherche est évident : l'équilibre économique des régions rurales défa
vorisées du Tiers Monde est extrêmement précaire et, depuis plusieurs
années, le niveau de vie des populations connaît des détériorations sen
sibles, aggravées encore par la récente crise de l'énergie. Le déficit en
produits vivriers a atteint récemment le point de rupture au Sahel, qui
vient de connaître l'une des famines les plus meurtrières des dernières
décennies.
L'augmentation des ressources agricoles, vivrières en particulier,
est actuellement, sous la pression des masses paysannes, au premier plan
des préoccupations des gouvernements et des agences internationales.
Pour la première fois, compte tenu du caractère limité des ressources
énergétiques disponibles, une recherche utilisant toutes les forces product
ives cachées d'un pays donné, tenant compte beaucoup plus étroitement
des conditions écologiques particulières à chaque terroir, est ressentie
comme nécessaire, comme l'indique René Dumont, pour l'Afrique
tropicale2 :
« Des objectifs réalistes doivent être assignés à l'agriculture des
pays sahéliens, utilisant au mieux les ressources naturelles, l'investi
ssement humain, ainsi que des technologies intermédiaires soigneuse
ment étudiées. »
Pour mettre en œuvre une politique d'accroissement et de diversi
fication de la production agricole, deux problèmes apparaissent essentiels
à résoudre, pour la définition de méthodes d'intervention :
— Quelle formation donner aux enfants et aux jeunes adultes, hommes et
femmes, des sociétés rurales traditionnelles qui regroupent encore,
en Afrique, la majeure partie de la population ?
— Comment amener ces jeunes des « campagnes réserves » — selon la
formule de Samir Amin — à désirer y rester, y vivre et innover, afin
de prendre en main l'amélioration de leurs conditions de vie, en
s'organisant à l'intérireur des structures villageoises ?
1. L'évaluation quantitative de la production vivrière se heurte à deux difficultés, de
nature politique :
— la méfiance des populations, déjà lourdement imposées, qui ont tendance à dissimuler
certaines ressources;
— l'intérêt de la bourgeoisie nationale à conserver le statu quo, en masquant l'exploitation des
masses paysannes.
2. René Dumont, L? utopie ou la mort !, Paris, Seuil, 1973. DOMESTIQUE NON MARCHANDE EN AFRIQUE 8 21 PRODUCTION
C'est dans cette perspective qu'il a fallu déterminer de manière pré
cise les tâches accomplies par l'un et l'autre sexe, au sein de la famille
étendue : calendriers et budgets-temps.
Les et les budgets-temps établis, par exemple, pour les
femmes sénégalaises et tchadiennes permettent, on le verra, de prendre
conscience de l'ampleur de la production domestique non marchande
et de son importance dans le revenu national réel (par opposition au pnb
qui exclut toute la production domestique non marchande).
D'après l'Organisation économique de l'Afrique (oea), 60 à 80 %
de la production vivrière serait assurée par les femmes, en dehors des
circuits de la production marchande.
Présentation des budgets-temps :
Les trois présentés ici (cf. annexe) sont extraits d'une
étude d'évaluation de l'action des Maisons familiales rurales3, effectuée
au Sénégal (région de Thiès : ethnies ouolof et sérère) et au Tchad (région
de Moundou : ethnie Ngambaye).
Ils ont été établis dans le but :
— d'une part, de connaître de manière détaillée les différentes activités
des femmes, journalières et saisonnières;
— de déterminer, d'autre part, si les femmes pouvaient libérer du temps
pour suivre régulièrement des stages au centre de formation, ou des
journées techniques, organisées à leur intention par les monitrices,
dans leur village;
— d'examiner, d'après la nature des activités féminines, si le choix des
thèmes de formation proposés aux femmes (ou demandés par elles)
correspondaient à leurs activités principales (travail domestique et
éducation des enfants, agriculture vivrière, etc.) ou au contraire à des
activités nouvelles ou marginales (couture, broderie, crochet...).
Analyse des résultats :
L'observation des budgets-temps présentés met en évidence l'impor
tance de la contribution des femmes à la vie économique du groupe
familial. Travaux domestiques, soins aux enfants, production agricole
3. iedes et unmfreo, L association des paysans, moyen de formation et d'animation dans les
villages africains. L,e cas des Maisons familiales rurales au Sénégal et au Tchad, Paris, 1974, 376 p.,
par Yvonne Lefebvre et Michel Lefebvre, avec la collaboration de Perle Demarcy. Deux
films vidéo, de 30 mn chacun, ont également été réalisés au cours de l'enquête sur : la formation
des stagiaires ; les associations paysannes. En préparation : un film vidéo sur l'animation fémi
nine en Afrique, perspectives et difficultés. 822 YVONNE MIGNOT-LEFEBVRE
et artisanale, commerce, se succèdent ou s'entremêlent sur des journées
de quinze à seize heures de travail effectif.
U inventaire de toutes les tâches accomplies par les femmes permet d'appréc
ier, en particulier, leur rôle dans la production agricole : comme les
hommes, elles participent aux travaux des champs, aux cultures indust
rielles et surtout vivrières. Elles débroussent, sèment, sarclent, récoltent,
transportent et stockent le mil, le coton ou l'arachide, avec un matériel
agricole rudimentaire (houe, hilaire...).
De plus, elles ont la complète responsabilité des jardins de case,
c'est-à-dire des produits maraîchers indispensables à la préparation des

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