Les Fêtes, le temps et l espace : structure du calendrier hindou dans sa version indo-népalaise - article ; n°3 ; vol.22, pg 11-29
20 pages
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Les Fêtes, le temps et l'espace : structure du calendrier hindou dans sa version indo-népalaise - article ; n°3 ; vol.22, pg 11-29

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Description

L'Homme - Année 1982 - Volume 22 - Numéro 3 - Pages 11-29
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 45
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marc Gaborieau
Les Fêtes, le temps et l'espace : structure du calendrier hindou
dans sa version indo-népalaise
In: L'Homme, 1982, tome 22 n°3. pp. 11-29.
Citer ce document / Cite this document :
Gaborieau Marc. Les Fêtes, le temps et l'espace : structure du calendrier hindou dans sa version indo-népalaise. In: L'Homme,
1982, tome 22 n°3. pp. 11-29.
doi : 10.3406/hom.1982.368301
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1982_num_22_3_368301-M
LES FÊTES, LE TEMPS ET L'ESPACE :
STRUCTURE DU CALENDRIER HINDOU
DANS SA VERSION INDO-NÉPALAISE
par
MARC GABORIEAU
Les temps et les espaces sacrés dans lesquels se réalisent les
rites et les mythes sont qualifiés pour les recevoir. Les espaces
sont de véritables temples. Les temps sont des fêtes.
M. Mauss, Œuvres I : 30.
L'ethnologue est sans cesse confronté aux fêtes, lesquelles offrent une illu
stration souvent spectaculaire des structures sociales. Chacune forme un tout qui
peut faire l'objet d'une monographie. Mais un ordre préside-t-il à leur enchaîne
ment dans le calendrier annuel ? En d'autres termes, constituent-elles un cycle ?
Nous examinerons ce problème pour l'Asie du Sud en nous interrogeant plus
spécialement sur le calendrier hindou.
Deux types de sources seront utilisés. Tout d'abord, l'observation ethno
graphique. Les hindous (et dans une large mesure les bouddhistes) ont un calen
drier de base commun ; mais chaque région, souvent même chaque ethnie, a
élaboré au cours des siècles sa propre variante. Il ne saurait être question ici de
se perdre dans l'analyse de ces multiples versions. Pour parvenir à une structure
simple, nous nous limiterons à une région, les montagnes moyennes du Népal ;
et dans cette région à une seule ethnie, les Indo-Népalais (Gaborieau 1978a : 213-
233), à l'exclusion des Néwar (Toffin 1979). Nous nous appuierons sur les travaux
de nos collègues occidentaux ou népalais ainsi que sur nos propres observations
à propos du Népal, comparant si besoin est avec diverses régions de l'Inde du Nord
(Stevenson 1971 : 262-342 ; Tripàthï 1971). Second type de sources : des ouvrages
anciens contenant des données théoriques sur l'organisation du temps. Qu'ils
concernent des domaines aussi divers que l'astrologie ou l'astronomie, le rituel,
l'architecture, l'iconographie, il s'y manifeste une remarquable convergence de
vues.
Notre étude comportera trois étapes : un rappel des grands traits du calendrier
L'Homme, juil. -sept. IQ82, XXII (3), pp. n-2ç. 12 MARC GABORIEAU
hindou, nécessaire à l'intelligence de notre propos ; un inventaire des fêtes qui
ont lieu au cours de l'année ; enfin un essai de synthèse visant à dégager la
structure du cycle annuel.
i. Le calendrier hindou
Le hindou est luni-solaire (cf. Al-Beruni 1964, I : 319-388 ; Renou &
FiUiozat 1947).
1.1. Comput solaire
Les grandes articulations de ce calendrier suivent le cours du soleil. L'année,
varsa1, qui sert de référence, est une année solaire de trois cent soixante-cinq jours
un quart ; elle se divise en douze mois solaires, mâsa, de trente jours ou plus, dont
le début correspond à l'entrée théorique du soleil dans l'un des signes du zodiaque.
Ce premier jour de chaque mois est appelé sankrdnti.
L'année comprend deux divisions intermédiaires. Elle se partage d'abord en
deux périodes égales, ayana, de six mois chacune. Celle pendant laquelle le soleil,
partant de son point le plus bas, se déplace vers son point le plus haut, vers le nord,
uttar, est appelée uttarâyana ; elle commence au solstice d'hiver dont, faute de
corrections, la date, depuis près de deux millénaires, se situe vers le 13 janvier :
c'est la période montante. La période descendante, correspondant au déplacement
du soleil de son point le plus haut vers son point le plus bas, vers le sud, daksina,
est appelée daksinâyana ; elle commence au solstice d'été vers le 13 juillet. Ces
deux périodes marquent les grands battements du rythme annuel.
Vient ensuite une division plus fine en saisons, rtu, dont le nombre est de six
depuis le haut Moyen Age, soit trois pour chacune des périodes montante et des
cendante. Chaque saison dure donc deux mois.
Parmi les fêtes, seules celles qui marquent le début d'un mois solaire — en
particulier les deux solstices — ont leur date fixée d'après le comput solaire.
Le tableau 1 résume les divisions de l'année solaire.
1.2. Comput lunaire
La date de la plupart des fêtes dépend d'un comput lunaire qui se combine avec
le calendrier solaire. L'année est divisée en douze mois lunaires correspondant
chacun à une lunaison observée ; ils portent les mêmes noms que les mois solaires.
1. Pour faciliter une comparaison éventuelle avec d'autres régions du sous-continent
indien, j'ai utilisé le plus souvent la terminologie sanscrite sans donner les multiples équiva
lents dans les langues vernaculaires modernes. C'est d'ailleurs cette terminologie qui est en
usage les calendriers religieux des diverses régions du sous-continent. L'origine de cer
tains term.es est précisée par les abréviations suivantes : (skt.) = sanscrit, (h.) = hindi,
(nép.) = népali. TEMPS, ESPACE FÊTES,
Tableau i
Le calendrier hindou
karkata sankranti
saune
solstice d'été
13 juillet
période période
descendante AUTOMNE PRINTEMPS Vantante
13 janvier
solstice d'hiver
makara sankranti
magne
Le cercle représentant l'année est divisé en parties égales indiquant successivement les
deux périodes (au centre), les six saisons (couronne intermédiaire) et les douze mois (couronne
externe). Dans chaque subdivision sont portés le terme sanscrit, généralement utilisé ici, le
terme népali quand il existe, la traduction française, enfin des points de repère dans notre
calendrier. MARC GABORIEAU 14
L'année lunaire est plus courte que l'année solaire de près de dix jours (355 jours
et demi contre 365 jours un quart) ; le décalage est compensé en ajoutant tous
les trois ans un mois lunaire intercalaire qui, lui, ne comporte pas de fêtes. L'année
lunaire hindoue suit ainsi le rythme de l'année solaire et reste en accord avec celui
des saisons (à la différence du calendrier musulman). Le tableau 1 vaut donc
également pour le calendrier lunaire.
Chaque mois lunaire est divisé en deux périodes, les deux quinzaines, paksa,
correspondant aux phases de la lune : la quinzaine sombre, krsna paksa, du le
ndemain de la pleine lune à la nouvelle lune, amavasya (le « jour sans lune ») ; la
quinzaine claire, sukla paksa, de la nouvelle lune à la pleine lune, pûrnimâ. Comme
le vocabulaire l'indique, la quinzaine sombre est de mauvais augure et consacrée
au culte des démons et des morts, tandis que la quinzaine claire est dédiée aux
divinités de bon augure. La quinzaine choisie pour marquer le début du mois
varie selon les régions et les ethnies ; les Indo-Népalais commencent actuellement
par la quinzaine sombre. Quel que soit le choix, les jours de chaque quinzaine sont
numérotés de un à quinze ; la datation des fêtes selon le comput lunaire se fait
ainsi : ne jour de la quinzaine sombre (ou claire) de tel mois.
Dans son essence, ce calendrier luni-solaire n'est pas destiné à rythmer l'année
civile : le nouvel an, selon les régions, les ethnies et les dynasties, peut être fixé à
n'importe quelle saison (cf. Al-Beruni 1964, II : 8-9). Il n'est pas non plus axé sur
les travaux agricoles. C'est avant tout un calendrier religieux.
2. Inventaire des fêtes
Pour déterminer les grandes articulations de ce calendrier religieux, nous pro
céderons par induction en dressant un inventaire des fêtes qui le jalonnent. Comme
on ne sait où se situe le début de l'année, ni même si elle a un commencement et
une fin définis, nous débuterons arbitrairement par la période descendante.
Cette revue sera brève pour plusieurs raisons. De l'inventaire exhaustif seules
seront retenues les fêtes qui semblent pertinentes pour notre propos. Ont été
écartées celles dont la loi de distribution au cours de l'année n'apparaît pas cla
irement : les foires, meld, qui attirent à date fixe des foules de pèlerins vers des
lieux sacrés, et les anniversaires de naissance de nombreuses divinités hindoues.

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