Les jeux de la violence - article ; n°1 ; vol.79, pg 63-75
14 pages
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Description

Actes de la recherche en sciences sociales - Année 1989 - Volume 79 - Numéro 1 - Pages 63-75
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Monsieur Günter Gebauer
Monsieur Christoph Wulf
Les jeux de la violence
In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 79, septembre 1989. pp. 63-75.
Citer ce document / Cite this document :
Gebauer Günter, Wulf Christoph. Les jeux de la violence. In: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 79, septembre
1989. pp. 63-75.
doi : 10.3406/arss.1989.2907
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arss_0335-5322_1989_num_79_1_2907le dit Enquist. Et comme d'autres oeuvres d'art
totales, le chef-d'oeuvre des Jeux tend à l'alliance
avec le fascisme.
Le Comité olympique international fut
transformé en simple rouage de cette mise en
scène de l'Etat fasciste par lui-même, témoin
impuissant du détournement des symboles
olympiques par le fascisme qui sut les confisquer à
son profit. Le public rassemblé dans le stade, dans
les rues et sur les places eut, lui aussi, une fonction
à remplir en priorité : attester l'ampleur sans
pareille de l'événement. Avec la retransmission
télévisée en direct, sur les récepteurs installés dans
les bureaux de poste berlinois, commence l'âge de Illustration non autorisée à la diffusion la télécommunication et, avec lui, le mythe de la
simultanéité et de l'authenticité.
Il est extrêmement difficile de cerner les
vrais motifs, mobiles et intentions des différents
groupes et personnalités qui ont participé à
Porganisation (le Comité olympique national et
international, le parti nazi avec ses courants
divergents, le dirigeant politique du sport en
Allemagne, Hitler lui-même) et les effets réels que
les Jeux ont provoqués sur les spectateurs. Ce ne
sont pas des questions auxquelles nous répondrons
dans cet article. Nous nous proposons plutôt de
regarder attentivement les images qui nous
présentent l'idée-force de la fête : elles
transforment les événements de l'époque
olympique à Berlin en spectacle de soumission et
d'enthousiasme, de discipline et d'extase, en
manifestation de l'homme fort et de sa capacité de
sacrifice. Cette représentation des Jeux offre à
I'olympisme la dimension grandiose à laquelle il
avait songé depuis longtemps, croyant fermement
à sa mission dans le monde moderne. Il reçoit,
enfin, de la part d'un Etat puissant un sens, un but
et les moyens matériels qui rendent ses
cérémonies, ses rituels et son rôle de messager de
LES l'Antiquité impressionnants et crédibles auprès des
modernes.
L'olympisme offre le cadre : cérémonies,
rituels, disciplines sportives, rassemblement de la
JEUXDELA VIOLENCE' jeunesse, lutte physique - un cadre capable
d'intégrer les interprétations les plus diverses. Le
nazisme, toujours à la recherche d'occasions pour
ses mises en scène, le remplit avec ses idées de
combat et de sacrifice, ses valeurs de race et de
survie des plus forts et avec sa violence
symbolique. Les représentants de I'olympisme sont
loin de détester la perspective d'une participation
de leur mouvement à une force historique qui est
en train de changer le monde ; les efforts qui sont
entrepris en Allemagne (comme en Italie)
rencontrent l'approbation enthousiaste du vieux
Coubertin. Ce que les représentants de
I'olympisme ne semblent pas remarquer -ou qu'ils
taisent- est le fait que la barrière qui sépare la fête
aussi réussie Des le photos Allemagne, au politiquement recréent peuples. surtout la totalitaire mythologisants Leni présentée sur î'olympisme arts pouvoir mise sport tous plastiques Jeux méconnaître Riefenstahl, On en sous une officielles, les moderne En s'accorde olympiques comme prend scène a éléments que quête les et fait immense réalité exploités. dits du qui auspices main les de le nazisme et l'essence la l'architecture, d'une olympiques masque sont ces Jeux à fictive le fonction au esthétiques, dire basse de joutes production national-socialisme. communs film du représentation C'est de 1936 aujourd'hui, y et de spectacle. 36 sur paraît affective "documentaire" de à sportives la là et ont les Berlin fermer beauté", la fête. les rituels à Jeux, été totalement violence décoration, d'images. I'olympisme, affiches La on en qui entre les scénique, "l'Etat et comme fusion retient est yeux dans C'est les Les de les sportive du monde qui l'entoure a été forcée ;
pour la première fois de son histoire -et à titre
définitif désormais- la fonction primordiale du
cadre olympique, qui est de désigner un monde
différent, le monde fermé des athlètes, est abolie
délibérément : les Jeux deviennent un spectacle.
Texte traduit par Jean-Luc Evard. Nous remercions Thomas
Alkemeyer et Bernd Bröskamp pour leur aide qui nous a été
précieuse. 64 Gunter Gebauer, Cristoph Wulf
Le lieu
taillées, quotidien Marathon initiatique, l'escalier, sorte concourt Champ géant s'impose l'ordonnancement, théâtre. complet. pas veut c'est de I^e chaque 100 d'un fascinante masse théâtre sport d'autre 000 former là de anneau de instable qu'on I.e jour, de la Plus spectateurs recueillement. en Les olympique pierre. à et puis, Mai, découpe avec stade former la dont refoule espace impose à transformant liquide dimensions, à plus que comprend lui heure à loin l'échelonnement la il olympique qui seul nulle vaste tour un puisse que le la nette derrière, au dispose pris lui il sentiment dite, ensemble masse un du impose lui-même visiteur part et est que dans du rêver, univers Führer, un tout la assuré, ne ailleurs, portail le de des plus au-delà public un tolère sport la en la une où, du pierres de forme ; écrin scène tout il de de du
Illustration non autorisée à la diffusion
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Illustration non autorisée à la diffusion 65
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La densité de la masse
proclame or Pas moitié rase \jí le stade de lieu des vides demi-mesures valeurs exige définitivement seraient le une moyennes superlatif, mobilisation signe : des la gradins de dont déchéance. il fait tiédeur, il table à
massive, une pleine densité en hommes
et en événements. Distribués,
méthodiquement triés, du bas vers le
haut et des courbes du stade vers ses
grandes lignes droites, les rangées de
spectateurs dessinent, même dans
l'enthousiasme, un corps bien articulé.
La masse des spectateurs est
doublée par la masse des sportifs
représentant les mouvements collectifs
les plus disciplinés de la gymnastique
suédoise «t allemande qui ne font pas
partie du programme olympique mais
qui expriment mieux les idées du
nazisme que les sports individuels. La
masse faisant face à la masse est le vrai
spectacle des jeux.
Illustration non autorisée à la diffusion
Illustration non autorisée à la diffusion
1 L'arrivée d'Hitler dans sa loge :
empruntant un passage souterrain,
il surgit soudain au milieu de son peuple,
deus ex machina déguisé en Volksgenosse.
2 Gymnastes suédois.
3 Mouvements de gymnastique
de la jeunesse berlinoise, vus du haut de la tour du Führer. » „T ^*^ ™>qK-Qipn1|0WiW|iui|J|p nt j Les jeux de la violence 67
Le double sens
des symboles
La fascination exercée par l'Olympiade
de Berlin, on n'en découvre !a raison
qu'en mettant au jour son jeu de signes,
dans sa profusion inouïe. I^es volumes,
l'enchaînement des séquences, les
compétitions, les masses, celles des
athlètes et des nations, il n'y a
littéralement rien qui échappe à la rage
de symbolisation des organisateurs.
Aucun signe, dans l'espace du
stade, qui ne soit ambigu, même les
mouvements des athlètes : les joutes
pacifiques auxquelles on y app

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