Les migrations au Bangladesh - article ; n°2 ; vol.32, pg 448-460
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Description

Population - Année 1977 - Volume 32 - Numéro 2 - Pages 448-460
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Armindo Miranda
Les migrations au Bangladesh
In: Population, 32e année, n°2, 1977 pp. 448-460.
Citer ce document / Cite this document :
Miranda Armindo. Les migrations au Bangladesh. In: Population, 32e année, n°2, 1977 pp. 448-460.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pop_0032-4663_1977_num_32_2_16531448 NOTES ET DOCUMENTS
LES MIGRATIONS AU BANGLADESH
L'indépendance du Bangladesh s'est produite sur un fond de détresse, de
déracinement et d'exode. En novembre 1970, quatre mois avant l'insur
rection, le Pakistan Oriental d'alors était touché par un cyclone qui aurait
fait un demi-million de morts et un nombre incalculable de déracinés.
Pendant la guerre d'indépendance, près de dix millions de personnes sont
allées se réfugier en Inde. Chaque décennie apporte par ailleurs tout un
cortège d'inondations, de disettes, voire de famines plus ou moins étendues.
Comme tout ce qui déstabilise l'ordre social des campagnes, y compris la
croissance démographique et les progrès agricoles, cela accroît la pression
sur les villes. Celles-ci reçoivent en permanence le trop-plein de misère
rurale : lors des crises elles en sont submergées. L'essentiel est cependant le
mouvement de fond, plutôt que les situations d'émergence : pour une partie
des déracinés, il n'y aura pas de retour possible. Les villes du Bangladesh
risquent ainsi de connaître le processus de croissance dont Calcutta, Bombay
et Delhi témoignent de façon particulièrement navrante : une croissance par
l'effet de rejet des campagnes plutôt que par la force d'attraction des villes.
Malgré l'importance de ce phénomène, peu d'études ont été consacrées
aux migrations au Bangladesh. Chaudhury et Curlin (1975 : 225-227), faisant
le point sur les connaissances dans ce domaine, n'ont pu recenser que 9
travaux de portée inégale, parfois très limitée. Il conviendrait d'ajouter à
cette liste deux études empiriques parues ultérieurement et ayant trait à la
population des bidonvilles (Qadir, 1975) et à celle des vagabonds (Farouk
et autres, 1976). Certes, les mouvements migratoires sont-ils un phénomène
essentiellement difficile à appréhender (même dans les pays développés ayant
un appareil statistique convenable). Faute de données élémentaires, la plupart
des recherches ont dû porter sur les aspects les plus spectaculaires de l'urba
nisation (1), qui sont aussi des aspects fragmentaires.
Les enquêtes auprès des travailleurs industriels, menées par deux pion
niers de la sociologie au Bangladesh n'ont pas été continuées (Husain 1956,
Husain et Farouk 1963). Dans la strate rurale, le seul cas que l'on connaît
relativement bien est celui du thana de Matlab. Il manque par conséquent une
approche d'ensemble, réunissant et confrontant les statistiques urbaines et
les statistiques rurales, de façon à faire ressortir la signification globale de
l'exode vers les villes. Ceci impliquerait des efforts de collecte coordonnés,
d'une ampleur bien plus grande que l'enquête auprès de tel bidonville ou de
tel groupe de villages.
Mais la raison principale de cette rareté des études réside peut-être dans
la politique de la recherche, qui donne la priorité aux questions de crois-
(D Farouk et ses collaborateurs ont mis sur pied leur enquête en cinq jours,
à l'occasion d'une opération armée visant à regrouper les vagabonds de Dacca
dans des camps hors de la capitale (opération du 4 septembre 1975). La situation
devenait rapidement très difficile, certains internés mourant dans les premiers
jours, d'autres cherchant à s'échapper. La rapidité de réaction de ce groupe d'uni
versitaires mérite d'être soulignée. NOTES ET DOCUMENTS 449
sance globale de la population plutôt qu'aux problèmes de l'équilibre spatial.
L'exode rural est en effet resté pendant longtemps dans des limites modestes.
90 % de la population vivaient encore en 1974 dans des localités de moins
de 5 000 habitants : malgré tous leurs aspects critiques, les problèmes urbains
ne concernent en première instance qu'une petite fraction de la population
totale du Bangladesh.
L'explosion urbaine Cependant, le rythme de croissance de la population
urbaine a pris entre 1961 et 1974 une ampleur
nouvelle (tableau 1) (2).
Tableau 1. — Taux annuels de croissance de la population totale,
urbaine et rurale.
Population Population Population Période totale (%) urbaine (%) rurale (9$
1901-1911 0,87 1,39 0,85
1911-1921 0,52 0,84 0,51
1921-1931 0,69 2,00 0,64
1931-1941 1,33 3,59 1,58
1941-1951 0,34
1951-1961 1,93 3,72 1,83
1961-1974 2,66 6,70 2,33
Sources: Khan 197: J : 188, Chaudhury, Ahmed et Huda [ 1975 : 105]
On peut penser que la définition officielle de l'urbain est peu satisfaisante,
dans ce contexte tout au moins. Elle comprend toutes les localités de plus
de 5 000 habitants, et un certain nombre de localités de moindre taille,
mais ayant des caractéristiques urbaines (existence de services administratifs,
poids important d'activité non-agricole, etc.). En mélangeant à la fois la
capitale et le minuscule chef-lieu administratif (3) on risque de perdre de vue
le trait essentiel des courants migratoires qui est la pression exercée sur les
grandes villes, mieux décrite par le tableau 2.
A l'exception de Narayanganj (agglomération toute proche de Dacca),
ces agglomérations croissent plus vite que le reste des localités urbaines.
L'augmentation de la population, en chiffres absolus, est particulièrement
(2) Encore ces chiffres sous-estiment-ils la réalité puisque le recensement
de 1974 aurait omis 16,5 % des habitants des 4 plus grandes villes (Dacca,
Chittagong, Khulna et Narayanganj) et 6 % des habitants des autres aires [Census
1974: i]. L'exhaustivité du recensement de 1961 est un sujet de controverse. Les
ajustements de Bean, Khan et Rukanuddin [1968 : 44] laissent penser cependant
que le taux d'omissions s'est accru entre 1961 et 1974.
(3) Les tableaux du recensement publiés ne permettent d'ailleurs pas d'éliminer
la croissance apparente de l'urbanisation entraînée par le changement de statut
des localités non-urbaines en 1961, dont le nombre d'habitants a dépassé la limite
de 5 000 entre 1961 et 1974. 450 NOTES ET DOCUMENTS
Tableau 2. — Croissance de 1961 X 1974
DES AGGLOMÉRATIONS AYANT PLUS DE 100 000 HABITANTS EN 1974.
Taux annuel Population Population de croissance Agglomération 1974 1961 en %
Dacca 521.034 1.697.572 9,42
7,11 364.205 889.760 Chittagong
127.970 437.304 9,91 Khulna
162.054 270.680 4,03 Narayanganj
9,92 Mymensingh 53.256 182.153
Rajshahi 56.885 132.909 6,75
1.285.404 Ensemble 3.592.378 8,23
Source : Census 1974.
frappante à Dacca : plus d'un million cent cinquante mille habitants, soit
presque autant que la population de l'ensemble des 6 grandes villes en 1961.
Cette augmentation serait due pour les 4/5 à l'immigration nette, si on
suppose que le taux d'accroissement naturel de la population de Dacca est
du même ordre que le taux national de croissance démographique. On obtient
par différence 947 000 immigrants en treize ans {Chaudhury, Ahmed et Huda
1975 : 106) soit près de deux fois la population initiale de la ville.
Ces chiffres rendent compte à leur manière du chaos teinté de délabre
ment social, si caractéristique du paysage urbain de Dacca. Une telle explosion
pourrait difficilement se laisser canaliser d'une manière harmonieuse, aurait-on
eu les moyens financiers, techniques, sociaux de la planifier et de l'absorber.
Ceci n'était .évidemment pas le cas. Quant à une politique urbaine positive
dans l'avenir, ses chances sont probablement des plus minces, compromises
par deux sortes de raisons.
Crise urbaine, crise rurale. En premier lieu, l'ampleur des besoins est
certainement sans commune mesure avec les
ressources. Il est difficile de préciser par le calcul une telle affirmation, qui
s'impose pourtant à l'évidence. On peut néanmoins illustrer le problème en
prenant le cas du logement, un exemple parmi beaucoup d'autres. Chaudhury,
Ahmed et Huda [1975 : 113] ont proposé une mesure du déficit de logements
à Dacca en divisant la population par le nombre d'habitations recensées :
pour ramener le peuplement moyen de 7,7 à 6 occupants par logement, il
faudrait accroître de plus d'un quart le parc de logements existant. Il s'agit
d'une mesure optimiste des besoins. La Com

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