Les noms russes de poissons en -ga - article ; n°1 ; vol.43, pg 73-81
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Les noms russes de poissons en -ga - article ; n°1 ; vol.43, pg 73-81

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Description

Revue des études slaves - Année 1964 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 73-81
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 32
Langue Français

Extrait

Monsieur René L’Hermitte
Les noms russes de poissons en -ga
In: Revue des études slaves, Tome 43, fascicule 1-4, 1964. pp. 73-81.
Citer ce document / Cite this document :
L’Hermitte René. Les noms russes de poissons en -ga. In: Revue des études slaves, Tome 43, fascicule 1-4, 1964. pp. 73-81.
doi : 10.3406/slave.1964.1868
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1964_num_43_1_1868LES NOMS RUSSES
DE POISSONS EN -GAW
PAR
RENÉ L'HERMITTE
Le lexique russe comprend un certain nombre de noms de poissons en
•ga. Leur abondance relative amène à s'interroger. Est-ce là le seul effet du
hasard? Ou bien l'effet d'une influence extérieure (substrat? adstrat?)? S'agit-il
d'un fait de convergence : l'existence d'un certain nombre de vocables pré
sentant le même élément formel (même s'il est d'origines diverses) et relevant
de la même catégorie sémantique n'aurait-il pas fait naître dans la conscience
du sujet parlant l'identité suffixe/catégorie sémantique, et favorisé la créa
tion de nouvelles dénominations munies de ce suffixe et entrant dans le
même groupe sémantique?
Pour étudier la catégorie formelle et sémantique considérée nous partirons
de l'ouvrage fondamental de L. S. Berg : Ryby presných vod SSSR, mais
dans un premier temps nous éliminerons de la liste des noms retenus ceux
qui appartiennent à d'autres langues que le russe et qui n'ont pas été assi
milés par ce dernier.
Il s'agit des vocables suivants :
alabuga : c'est le nom turk donné par les Kazach à la perche;
džarga : il s'agit de la dénomination yakoute d'un ombre (Thymallus
arcticus pallasi) ;
muriga : poisson cousin du précédent (Thymallus arcticus grubei, natio
mortensi) ; il vit dans les régions d'Anadyr' et du Kamčatka. Sa dénomination
est lamoute (peuple de langue du groupe toungouse);
<ł) Cet article a fait l'objet d'une communication présentée au Ve Congrès des slavistes
(Sofia, septembre 1963).
ÉTUDES SLAVES З А 74 RENE L'HERMITTE
piliga : nom donné, également dans la région d'Anadyr', à Salvelinus
malma, un Salmonidé;
janga : il s'agit du nom toungouse donné au Salmonidé appelé en russe
nel'ma (Stenodus leucichthys nelma);
selenga : Berg ne mentionne pas ce poisson mais il est fort connu en Sibérie
centrale; selon Vasmer (1) son nom serait celui d'un affluent du Bajkal,
lui-même d'origine turke (vx turk : Sälägä);
sel'ga : cette dénomination soulève plusieurs questions. Selon Berg il
s'agit seulement du nom donné par les Hanti (Ostiaks) à Coregonus sardinella
(donc toujours un Salmonidé). Les Komis (également de langue fmno-ougrienne)
nommeraient ce même poisson sel'gi.
Pour Berg il ne s'agirait pas d'un nom russe puisque dans l'un et l'autre
cas il donne le vocable employé pour désigner ce poisson par les Russes
zel'd" sur la Pečora. vivant dans ces régions : seľ ď, seľdjuška en Sibérie,
Il fait d'ailleurs remarquer que cette dénomination est impropre puisqu'en
russe sel' ď, sel'djuška, désignent le hareng, un Clupéidé.
Or Vasmer, après Dal' ^2^, déclare, lui, que sel'ga est le nom donné au
hareng en Sibérie, mais aussi... à Novgorod! Ce qui l'amène à rapprocher
cette dénomination du nom du hareng dans les langues baltes (par ex.
letton silke) et à formuler l'hypothèse d'un vocable germanique (vx nord.
sild) passé dans les langues baltes par l'intermédiaire du finnois silakka. Il est
vrai que Vasmer envisage une autre hypothèse : celle d'une reconstruction
d'un singulier à partir d'un pluriel sel'gi, venant de sel'di {sel'à").
Nous remarquons que Berg ne dit rien de l'existence du vocable sel'ga
dans la région de Novgorod, affirmation que Vasmer a sans doute purement
et simplement reprise chez Dal' (ce qui peut autoriser certains doutes
quant à son authenticité); les hypothèses étymologiques de Vasmer s'en
trouvent d'autant affaiblies.
Au total et à moins que l'existence du vocable sel'ga pour désigner un
poisson autochtone autre que dans les pays komi et ostiak soit démontrée
à l'avenir, on peut considérer que cette dénomination est celle donnée
dans ces deux langues finno-ougriennes à un Salmonidé et qu'elle n'a rien
à voir avec le hareng, si ce n'est que les Russes de ces régions aient nommé
le Salmonidé en question sel' ď (hareng) par approximation phonétique du
mot hanti-komi au mot russe existant déjà dans leur lexique. Ce qui renvers
erait la dernière hypothèse de Vasmer, qui faisait au contraire venir le
mot komi du mot russe.
4e
Considérons maintenant les dénominations appartenant au fonds lexical
proprement russe (langue nationale ou dialectes). Nous les grouperons selon
l'habitat des poissons ainsi désignés.
(!) Vasmer, Russisches etymologisches Wôrterbuch, Heidelberg, 1950-1958.
(2) Daľ, Tolkovyj slovar', 3e éd. LES NOMS RUSSES DE POISSONS EN -GÄ 75
Extrême-Orient :
1. kaluga : il s'agit d'un esturgeon (Acipenser orientalis, selon Dal', ou
Huso dauricus, selon Berg) de très grande taille, vivant dans le bassin de
l'Amour.
Qu'il s'agisse bien d'un nom russe et non d'un vocable emprunté aux
langues des populations autochtones, on peut en voir la preuve dans le fait
que celles-ci désignent ce poisson d'une manière toute différente : patx-čo
en guiliak et adi ou adza en golde (Berg, op. cit.).
Vasmer ignore ce mot, du moins comme dénomination d'un poisson, et
n'envisage que le vocable signifiant «marécage», qu'on retrouve dans d'autres
langues slaves, et celui désignant une sorte de barque. Pourtant, comme on
l'a vu, ce mot désigne un poisson déjà chez Dal', ainsi d'ailleurs que dans le
Dictionnaire régional expérimental de l'Académie de 1852.
Faut-il voir, malgré Vasmer, dans ce mot un autre dérivé de la racine slave
kal- ou bien faut-il faire le rapprochement — tentant — avec la finno-
ougrienne *kal « poisson » (finnois kala, hongrois hal) malgré la différence
de valeur du l et surtout malgré l'énorme distance (plusieurs milliers de km)
séparant la région de l'Amour des territoires peuplés de nationalités de
langues finno-ougriennes? L'étude du peuplement du cours inférieur de
l'Amour (origine ethnique pour les non-Russes et régionale pour les Russes)
apporterait peut-être d'utiles indications.
2. tolpyga : c'est le nom, dit Berg, de Hypophthalmichtys molitrix,
Cyprinidé existant dans tout l'Extrême-Orient jusqu'à Canton.
Daľ ignore ce poisson mais donne pour ce vocable des sens variés (pièce
de bois, badaud, imbécile, etc.). Avec des sens voisins il mentionne tolpega
employé dans les régions d'Orel, de Kazan' et de Perm', tolpa et tulpega
employés les de Moscou et de Jaroslav!' avec le sens de « grosse
femme maladroite ». Vasmer reprend ces derniers termes et y ajoute l'ukrai
nien tovpiga (lourdaud) mais ignore également le poisson.
Si l'on remarque que Berg ajoute que l'épithète tolstolobyj est souvent
donnée à ce poisson, on peut penser que la dénomination de ce Cyprinidé
remonte à un terme dialectal désignant une caractéristique physique et
apporté en Extrême-Orient par des immigrants. Là encore des précisions sur
le peuplement de la région de l'Amour seraient utiles.
Caspienne, mer Noire et mer ď Azov :
3. béluga : il s'agit d'un poisson bien connu, le grand esturgeon, que
Berg donne à la fois comme nom de genre Huso Brandt et d'espèce Huso
Huso.
L'habitat principal de ce poisson est situé dans des régions de peuplement
russe secondaire puisqu'il comprend essentiellement la Caspienne et le
cours inférieur de la Volga. Il est rare en effet qu'il remonte le Dnepr quoique
3 a. 76 RENŹ ĽHERMITTE
sa présence en amont de Kiev, et même sur la Desna et à Gomeľ ait été signalée
(Berg, op. cit.).
La dénomination béluga, si elle se retrouve en ukrainien biluga, est
absente des langues voisines (tatare de Kazan' kyrpy, poi. wiz; roumain
moruri). Elle est relativement ancienne puisque le Dictionnaire académique
donne un béluga dès les xviie-xvine siècles. Toutefois Vasmer l'ignore.
Faut-il nécessairement y voir un dérivé populaire sur la racine bel- (blanc)
comme l'admettent Preobraženskij et Dať? Ne pourrait-on pas envisager, vu
l'habitat, une déformation du turk baly k (poisson), malgré le vocalisme,
comme c'

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