Les privatisations à l Est : une question de marchandage politico-économique - article ; n°1 ; vol.33, pg 205-226
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2002 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 205-226
This article proposes a political economy of privatization in eastern Europe during the transition period. The normative, standard hypothesis of a welfare state is contrasted with a much more realistic conception based on an imperfect state. Thanks to this hypothesis, a positive analysis is made of the behavior of the political actors involved in defining and implementing public privatization policies. National privatization strategies are made endogenous by taking them to be dependent on existing interactions between political actors and pressure groups. Initial political choices made about privatization have affected the way economic reforms have been carried out, as the new elite produced by privatization has sped up or blocked reforms as a function of its own interests. Questions are raised about the factors that could, in the definition of public policies during the transition era, limit both the margin of maneuver for elected officials and the influence of pressure groups.
Dans cet article, nous proposons une économie politique de la privatisation dans les économies de l'Est en transition. Nous opposons à l'hypothèse normative standard de l'État bienveillant une conception plus réaliste qui repose sur l'hypothèse de l'État imparfait. Cette hypothèse nous permet de conduire une analyse positive du comportement des acteurs politiques engagés dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques de privatisation. Nous endogénéisons les stratégies nationales de privatisation en les faisant dépendre des interactions existantes entre les acteurs politiques et les groupes de pression. Nous défendons l'idée que les choix politiques initiaux en matière de privatisation ont affecté la poursuite des réformes économiques, la nouvelle élite issue des privatisations accélérant ou bloquant les réformes en fonction de ses intérêts particuliers. Nous nous interrogeons sur les facteurs susceptibles de limiter à la fois l'espace discrétionnaire des élus et l'influence des groupes de pression dans la définition des politiques publiques de transition.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 2002
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Daniel Labaronne
Les privatisations à l'Est : une question de marchandage
politico-économique
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 33, 2002, N°1. Dossier: Points de vue sur le Charte
européenne des langues régionales ou minoritaires. pp. 205-226.
Abstract
This article proposes a political economy of privatization in eastern Europe during the transition period. The normative, standard
hypothesis of a welfare state is contrasted with a much more realistic conception based on an imperfect state. Thanks to this
hypothesis, a positive analysis is made of the behavior of the political actors involved in defining and implementing public
privatization policies. National privatization strategies are made endogenous by taking them to be dependent on existing
interactions between political actors and pressure groups. Initial political choices made about privatization have affected the way
economic reforms have been carried out, as the new elite produced by privatization has sped up or blocked reforms as a function
of its own interests. Questions are raised about the factors that could, in the definition of public policies during the transition era,
limit both the margin of maneuver for elected officials and the influence of pressure groups.
Résumé
Dans cet article, nous proposons une économie politique de la privatisation dans les économies de l'Est en transition. Nous
opposons à l'hypothèse normative standard de l'État bienveillant une conception plus réaliste qui repose sur l'hypothèse de l'État
imparfait. Cette hypothèse nous permet de conduire une analyse positive du comportement des acteurs politiques engagés dans
la définition et la mise en œuvre des politiques publiques de privatisation. Nous endogénéisons les stratégies nationales de
privatisation en les faisant dépendre des interactions existantes entre les acteurs politiques et les groupes de pression. Nous
défendons l'idée que les choix politiques initiaux en matière de privatisation ont affecté la poursuite des réformes économiques,
la nouvelle élite issue des privatisations accélérant ou bloquant les réformes en fonction de ses intérêts particuliers. Nous nous
interrogeons sur les facteurs susceptibles de limiter à la fois l'espace discrétionnaire des élus et l'influence des groupes de
pression dans la définition des politiques publiques de transition.
Citer ce document / Cite this document :
Labaronne Daniel. Les privatisations à l'Est : une question de marchandage politico-économique. In: Revue d’études
comparatives Est-Ouest. Volume 33, 2002, N°1. Dossier: Points de vue sur le Charte européenne des langues régionales ou
minoritaires. pp. 205-226.
doi : 10.3406/receo.2002.3137
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2002_num_33_1_3137Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2002, vol. 33, n° 1, pp. 205-226
Les privatisations à l'Est : une question
de marchandage politico-économique
Daniel LABARONNE *
résumé : Dans cet article, nous proposons une économie politique de la privatisation
dans les économies de l'Est en transition. Nous opposons à l'hypothèse normative stan
dard de l'État bienveillant une conception plus réaliste qui repose sur l'hypothèse de
l'État imparfait. Cette hypothèse nous permet de conduire une analyse positive du com
portement des acteurs politiques engagés dans la définition et la mise en œuvre des poli
tiques publiques de privatisation. Nous endogénéisons les stratégies nationales de priva
tisation en les faisant dépendre des interactions existantes entre les acteurs politiques et
les groupes de pression. Nous défendons l'idée que les choix politiques initiaux en
matière de privatisation ont affecté la poursuite des réformes économiques, la nouvelle
élite issue des privatisations accélérant ou bloquant les en fonction de ses inté
rêts particuliers. Nous nous interrogeons sur les facteurs susceptibles de limiter à la fois
l'espace discrétionnaire des élus et l'influence des groupes de pression dans la définition
des politiques publiques de transition.
abstract : This article proposes a political economy of privatization in eastern
Europe during the transition period. The normative, standard hypothesis of a welfare
state is contrasted with a much more realistic conception based on an imperfect state.
Thanks to this hypothesis, a positive analysis is made of the behavior of the political
actors involved in defining and implementing public privatization policies. National pri
vatization strategies are made endogenous by taking them to be dependent on existing
interactions between political actors and pressure groups. Initial political choices made
about privatization have affected the way economic reforms have been carried out, as the
new elite produced by privatization has sped up or blocked reforms as a function of its
own interests. Questions are raised about the factors that could, in the definition of publ
ic policies during the transition era, limit both the margin of maneuver for elected offi
cials and the influence of pressure groups.
INTRODUCTION
Au terme de dix années de politique de privatisation à l'Est, le bilan du trans
fert des actifs publics au secteur privé montre l'écart existant entre les résultats
actuels et les objectifs initiaux assignés à cette politique au début de la transi
tion. Cinq essentiels avaient été fixés dans les programmes de privati-
* Membre du Laboratoire d'Analyse et de Recherche Économiques, Économie et Finance
Internationales (LAREEFI, Université Montesquieu Bordeaux IV, Avenue Léon Duguit, 33608
Pessac cedex) et membre associé du laboratoire Réformes et Ouverture des Systèmes Économiques
post-Socialistes (ROSES, Université Paris I, 106-112 boulevard de l'Hôpital, 75647 Paris Cedex
13) (E-mail : danielabaronne@yahoo.fr). Daniel Labaronne 206
sation standard inspirés par la théorie néolibérale de la transition (Sachs, 1990,
1992 ; Lipton & Sachs, 1990 ; Blanchard étal, 1991 ; Frydman et ai, 1993).
Aucun de ces objectifs n'a véritablement été atteint dans l'ensemble des écono
mies de l'Est en transition.
Un objectif politique. La privatisation des actifs publics devait entraîner une
dépolitisation des firmes par l'élimination du contrôle direct ou indirect de
l'État dans la gestion des entreprises. En fait, comme le montre une étude
conjointe de la Banque européenne de reconstruction et de développement et de
la Banque mondiale, conduite dans plus de 3 000 entreprises publiques et pri
vées de 20 pays en transition (Hellman et al, 2000b), l'intervention de l'Etat,
même réduite par rapport à la période pré-transition, reste encore prédominante
dans les décisions des firmes privatisées.
Un objectif de rapidité. La privatisation devait permettre de transférer sans
délai et à grande échelle, notamment au moyen de la privatisation de masse, les
actifs publics au secteur privé. Il s'avère que le rythme des privatisations a été
beaucoup plus lent que prévu en raison de nombreuses difficultés économiques
et politiques auxquelles se sont heurtés les programmes nationaux de privatisa
tion. Le transfert des actifs par la méthode des vouchers ou des bons de privati
sation, méthode de privatisation de masse qui avait été présentée comme la
modalité la plus rapide et la plus simple pour transférer les actifs publics, est
apparu comme une modalité technique longue et complexe à mettre en œuvre.
En dehors de la Russie ou de la République tchèque, qui ont instauré rapidement
cette méthode, elle n'est vraiment rentrée en application qu'à la fin de la décen
nie quatre-vingt-dix dans la plupart des économies concernées.
Un objectif d'équité. La privatisation devait permettre, dans un souci de jus
tice sociale, de donner des titres de propriété à deux catégories d'ayants droit
potentiels : les anciens propriétaires des actifs qui ont été spoliés par l'État (pri
vatisation sous forme de restitution) ; la population tout entière, légitimement
dépositaire de l'ancienne propriété publique (privatisation de masse). Dans les
faits, la restitution n'a jamais été une méthode principale de privatisation. Quant
à la privatisation de masse, sa mise en œuvre est intervenue après celle du rachat
des entreprises par leurs salariés. Cette méthode, la plus couramment employée
à l'Est, a permis aux employés ou cadres dirigeants des firmes privatisables de
s'

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