Les processus psychosociologiques de la médiation : études expérimentales - article ; n°1 ; vol.68, pg 269-280
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Description

L'année psychologique - Année 1968 - Volume 68 - Numéro 1 - Pages 269-280
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

H. Touzard
Les processus psychosociologiques de la médiation : études
expérimentales
In: L'année psychologique. 1968 vol. 68, n°1. pp. 269-280.
Citer ce document / Cite this document :
Touzard H. Les processus psychosociologiques de la médiation : études expérimentales. In: L'année psychologique. 1968 vol.
68, n°1. pp. 269-280.
doi : 10.3406/psy.1968.27608
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1968_num_68_1_27608LES PROCESSUS PSYCHOSOCIOLOGIQUES
DE LA MÉDIATION :
ÉTUDES EXPÉRIMENTALES
par Hubert Touzard
Faculté des Lettres et Sciences humaines de Paris-Nanterre
La psychologie sociale dont la masse annuelle des publications
est considérable ne présente encore au lecteur que fort peu d'études
scientifiques sur la médiation et la négociation. A part quelques except
ions les psychosociologues de laboratoire semblent, jusqu'à ces dernières
années, avoir ignoré les processus de résolution des conflits intergroupes.
La tendance commence à se renverser en particulier grâce à l'application
de la théorie des jeux à la psychologie des groupes. Cependant la théorie
des jeux s'applique difficilement à l'étude des processus interactionnels
complexes, et c'est la raison pour laquelle, même aux États-Unis,
la littérature est encore si pauvre en ce domaine. Et pourtant la négo
ciation et la médiation représentent actuellement le moyen le plus
habituel d'une résolution pacifique des conflits industriels, politiques et
économiques. Que de questions se pose-t-on à ce sujet pour lesquelles
les réponses sont encore, soit incomplètes, soit inexistantes ! La question
princeps est la suivante : quels sont les facteurs psychosociologiques
(pour se limiter à ceux-là) qui facilitent ou entravent la réussite d'une
négociation, quels sont les processus par lesquels des négociateurs,
auxquels peut se joindre un médiateur, arrivent à se mettre d'accord
sur une solution acceptable ?
Les conflits du travail aux États-Unis fournissent une situation
privilégiée pour étudier les processus de la négociation et plus parti
culièrement de la médiation. La plupart des négociations entre direction
et syndicats nécessitent une médiation soit des agences des États,
soit de l'agence fédérale de conciliation. Les occasions d'étudier la
médiation sont donc plus nombreuses dans les conflits industriels que
dans aucun autre domaine de la vie sociale ou internationale. Aussi
bien cet article sera-t-il particulièrement centré sur l'étude de la médiat
ion dans les conflits du travail.
On définit généralement la négociation comme une procédure for
melle de discussion mettant en présence les représentants mandatés
de deux ou plusieurs organisations ou groupes en conflits, et dont le
but est de parvenir à une solution acceptable pour tous. La médiation 270 REVUES CRITIQUES
est une négociation conduite par une tierce partie neutre, à laquelle les
parties en présence font appel pour les aider à résoudre leur conflit.
Le médiateur, par opposition à l'arbitre, n'a aucun pouvoir de décision.
Il n'est qu'un intermédiaire entre les parties adverses, un canal de
communication et un catalyseur. De nombreuses études ont été publiées
aux États-Unis par des médiateurs de métier sur les conditions et les
caractéristiques de la médiation dans les conflits industriels, et sur le
rôle du médiateur. Tous les auteurs insistent sur le fait que, pour être
efficace, le médiateur doit être tout à fait impartial, cette impartialité
étant la condition indispensable pour gagner la confiance des négocia
teurs et pour remplir sa fonction de catalyseur. Mais ces études empi
riques ne reposent que sur l'expérience personnelle des auteurs. Une
analyse rigoureuse de la médiation requiert une méthode expérimentale.
Laissant dans l'ombre ces études empiriques que nous avons analysées
ailleurs (1968), nous allons rendre compte ici des quelques études
scientifiques consacrées à la médiation. La méthodologie étant, ici
comme dans d'autres domaines, de première importance, cet article
s'articulera autour des trois méthodes utilisées par les chercheurs :
l'enquête, l'observation sur le terrain et l'expérimentation en labo
ratoire.
I. — L'enquête
Persuadés du rôle central du médiateur dans la médiation, deux
auteurs ont tenté d'élucider l'importance des facteurs personnels du
médiateur dans la réussite ou l'échec de la négociation. La personnalité
de celui-ci est-elle en cause ? Ce n'est qu'une façon détournée de poser
la question classique : la personnalité du leader a-t-elle ou non son
importance dans le succès d'un groupe ? Dans un article célèbre, Stogdill
(1948) considère qu'il est impossible de répondre à une question aussi
générale, chaque situation comportant des facteurs différents. Il est
donc assez pertinent de se demander, dans le cas spécifique de la médiat
ion, si les facteurs de personnalité du médiateur sont significatifs par
rapport à son efficacité.
Ces deux chercheurs, H. A. Landsberger et I. Weschler, ont eu
recours à l'enquête : ils ont soumis un échantillon de médiateurs pro
fessionnels à des questionnaires de personnalité et des tests, dimensions
qu'ils ont mis en rapport avec la notoriété ou la réussite de ces mêmes
médiateurs.
1. Weschler (1950)
Cet auteur a voulu savoir si les bons et les mauvais médiateurs avaient
des types différents de personnalité. Dans ce but, il s'est adressé à un
échantillon représentatif de médiateurs à qui il a demandé de juger
leurs collègues en désignant sur une liste et parmi ceux qu'ils connais
saient personnellement, trois à choisir pour une médiation
importante et trois médiateurs à éliminer ? Chacun des médiateurs HUBERT TOUZÀRD 271
ayant été soumis à une batterie comprenant un test d'intelligence,
un inventaire de personnalité, le Guilford-Martin, et un test mesurant
l'information et la partialité dans le domaine des relations du travail,
il ne restait plus à l'auteur qu'à comparer les résultats aux tests obtenus
par les médiateurs les plus choisis et les médiateurs les plus rejetés.
Les résultats mettent en évidence l'importance de l'âge mais non
de l'ancienneté dans la profession. Sur le plan des variables psycholog
iques, l'étude ne révèle une différence entre « bons » et « mauvais »
médiateurs qu'en relation avec le niveau intellectuel et la partialité.
Les bons médiateurs ont un niveau plus élevé sur le plan de l'inte
lligence tandis qu'ils manifestent une plus grande neutralité dans le
domaine des relations du travail.
Cette étude ne confirme pas l'hypothèse selon laquelle la personn
alité constitue un facteur capital dans la distinction entre bons et
mauvais médiateurs. Cependant ce travail est assez limité : il ne prend
en effet comme critère de réussite du médiateur que sa seule popularité
à l'intérieur de sa propre catégorie professionnelle. Si la
d'un médiateur est vraisemblablement en corrélation positive avec sa
notoriété et donc son habileté en tant que médiateur, il n'en reste pas
moins que le facteur d'affinité personnelle entre médiateurs n'est pas
contrôlé.
2. H. A. Landsberger (1960)
La recherche de Landsberger répond aux critiques précédentes.
Il n'interroge plus les collègues des médiateurs, mais les négociateurs
de syndicats et de la direction d'entreprises, sur ce qu'ils pensent
respectivement des médiateurs qu'ils ont été appelés à rencontrer dans
des négociations. Deux études similaires ont été conduites à deux ans
d'intervalle à New York et Detroit. Le but de l'étude était de mettre
en relation la perception du médiateur par les deux parties en présence
et de déterminer quelles étaient les variables les plus importantes dans
cette perception. Chacun des négociateurs devait juger les médiateurs
nommément désignés sur une liste sur un ensemble de 10 échelles de

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