Marine marchande et pays en voie de développement économique - article ; n°4 ; vol.12, pg 596-644
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Description

Revue économique - Année 1961 - Volume 12 - Numéro 4 - Pages 596-644
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

P. Bellon
Marine marchande et pays en voie de développement
économique
In: Revue économique. Volume 12, n°4, 1961. pp. 596-644.
Citer ce document / Cite this document :
Bellon P. Marine marchande et pays en voie de développement économique. In: Revue économique. Volume 12, n°4, 1961. pp.
596-644.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1961_num_12_4_407475MARCHANDE ET PAYS MARINE
EN VOIE DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
La seconde moitié du siècle connaît en particulier la. double revendi
cation des pays dits sous -développés de l'autonomie politique et de l'amé
lioration de leur situation économique. Pour nombre d'entre eux, les
anciens territoires coloniaux, elles se confondent; pour d'autres, la seconde
seule s'exprime, même si les conditions du développement atténuent en
fait, sinon en droit, l'intégrité de l'indépendance politique déjà acquise.
Au demeurant, l'exigence première est de faire disparaître les misères
physiologiques et morales liées à une mise en valeur insuffisante, ou jugée
telle eu égard aux normes contemporaines, des richesses naturelles des
virtualités économiques de chaque pays.
La notion de sous-développement a fait l'objet de plusieurs défini
tions (1). Elles insistent sur le caractère relatif de la notion de sous-déve
loppement, et sur l'existence de déséquilibres soit entre économie tradi
tionnelle, de subsistance, et économie de type moderne, soit entre secteurs
primaires, très développés, et secteurs secondaires et tertiaires, très limités,
soit entre des secteurs de type précapitaliste, trop importants, et des sec
teurs de type capitaliste, restreints. Le sous-développement serait lié à l'i
nsuffisance du capital investi; il s'exprimerait également par un mauvais
fonctionnement — voire une quasi-impossibilité de fonctionner — du
système des prix et des flux monétaires.
Ces notions économiques sont accompagnées de critères de nature
sociale : analphabétisme, misère physiologique, natalité et mortalité élevées.
En définitive, l'un des procédés en principe le plus sûr pour apprécier,
même en sa relativité, le sous-développement serait le revenu national par
tête d'habitant. Le seuil en est fixé à 200 $ par certains auteurs (2). D'autres
le placeraient plus haut. Mais tous s'accordent sur l'incertitude de tels
calculs.
1. Rapport présenté par M. Abklin, J.O., Conseil économique, du 20 sep
tembre 1960.
2. P. Moussa, Les nations prolétaires. LA MARINE MARCHANDE 597
Pour le présent propos, quelques notions empiriques seront suffisantes,
même si elles ne permettent pas de définir scientifiquement le sous-déve
loppement; en premier lieu, les pays en voie de développement écono
mique sont situés en Asie, Afrique et Amérique du Sud; les méthodes
de croissance utilisent les techniques planificatrices; leur commerce exté
rieur se caractérise, globalement, par l'exportation de quelques matières
premières énergétiques, industrielles ou alimentaires, et l'importation
d'équipements. Ce commerce extérieur s'effectue essentiellement par voie
maritime. Par suite, la qualité et le prix du service de transport sont
doublement importants, à la fois pour assurer le transport de ces biens,
à des prix et à des conditions qui n'entravent pas les échanges, mais les
favorisent.
Le problème des relations existant entre la Marine marchande et l'éc
onomie des pays en voie de développement trouve aussi son origine et ses
traits fondamentaux dans une situation très ancienne : grossièrement,
celle-ci se définissait comme une antithèse entre la concentration des flottes
marchandes aux mains d'armateurs ressortissant des puissances nord-occi
dentales, européennes ou américaines, et une activité maritime mondiale
largement tributaire des échanges avec les pays à économie de type primaire.
Cette dichotomie emportait des conséquences sur le comportement des agents
économiques en présence : l'armateur, entrepreneur au sens capitaliste du
terme, recherchait le plus grand profit monétaire possible, compatible avec
le maintien des échanges, ce qui le conduisait à limiter parfois ses préten
tions; mais celles-ci apparaissaient toujours trop élevées aux chargeurs,
exportateurs ou importateurs, qui d'ailleurs confondaient souvent sous le
vocable de transport maritime l'opération même accomplie par les navires,
les opérations annexes de manutentions portuaires et les services rendus
par les divers intermédiaires, courtiers, commissionnaires.
Deux mentalités opposées se sont ainsi créées et développées, toujours
vivaces à l'heure actuelle, où les pays en voie de développement écono
mique, soucieux d'affirmer leur autonomie politique et économique, entre
prennent de constituer des marines marchandes.
La réalisation de cet objectif, souhaitable, se heurte à des difficultés qui
tiennent à la persistance de structures anciennes. Mais les pays en voie de
développement disposent de moyens propres à lever les obstacles, avec l'aide
des puissances maritimes traditionnelles soucieuses de leurs intérêts bien
entendus. 598 REVUE ÉCONOMIQUE
I. Les pays en voie de développement ont des motifs très
valables de souhaiter la contribution de flottes de com
merce, mais ils se heurtent à des difficultés de structure
et de conjoncture.
En première approximation, les motifs qui justifient la création de
flottes de commerce sont ceux-là mêmes qui ont incité les puissances tradi
tionnelles à développer leur propre flotte, et les obstacles tiennent à l'état
de développement insuffisant.
A. La justification d'une flotte de commerce.
a) II ne faut pas sous-estimer la por
tée des incitations psychologiques. Pour des pays où se sont exercées des
influences politiques étrangères, disposer d'un pavillon national arboré par
des navires aptes à participer à des trafics internationaux est une consécra
tion de l'indépendance. La flotte de commerce a, psychologiquement, une
valeur politique qui reste grande dans le monde, même si l'accoutumance
l'a estompée aux yeux de certains.
Ce moyen politique est double, aussi bien sur le plan international que
sur le plan national — et il n'est que de consulter les réglementations
pour s'en rendre compte : elles font parfois obligation d'arborer le pavil
lon de l'Etat en certaines occasions, et, bien entendu, cette disposition vaut
tout d'abord pour les navires nationaux.
Mais ce serait méconnaître une autre donnée fondamentale que d'i
nvoquer le seul prestige. Les Etats indépendants ont, à tort ou à raison, le
sentiment d'avoir fait l'objet de prélèvements injustifiés de la part des armat
eurs traditionnels. Cette notion est difficile à apprécier : elle se réfère
implicitement à la notion de juste prix du transport maritime. L'économie
maritime est, très largement encore, une économie de marché, et, par le
biais de cette doléance, c'est consciemment ou non tout le fonctionnement
de ce type de relation qui est mis en cause. Sans doute, la discussion est-
elle sans issue, l'expérience le prouve, car les deux optiques, celle de l'ache
teur du service, et celle du vendeur, sont radicalement distinctes, sans pour
autant être fondamentalement opposées. Et très vite, de technique le débat LA MARINE MARCHANDE 599
deviendrait moral. Il n'en reste pas moins qu'un état d'esprit est très fort,
qui incite les Etats à se doter d'une flotte de commerce pour essayer de
contrôler une activité essentielle à leurs échanges, pour participer à l'élabo
ration des tendances qui l'animent, et, au besoin, pour en recueillir les
profits.
h) Sans qu'il soit possible d'établir
de hiérarchie entre les divers motifs, au politique s'ajoute le social. Cer
tains Etats, à la main-d'œuvre pléthorique, en ont une claire conscience ;
pour d'autres, elle est plus obscure.
En fait, le motif social est double.
L'état de sous-emploi, caractéristique des pays sous-développés, conduit
les gouvernements à rechercher tous les moyens d'y porter remède. Cer
taines personnalités politiques ont même pu envisager l'émigration provi
soire de certains nat

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