Miroirs des littératures du monde : les revues parisiennes (1830-1835) - article ; n°89 ; vol.25, pg 7-27
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Miroirs des littératures du monde : les revues parisiennes (1830-1835) - article ; n°89 ; vol.25, pg 7-27

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Description

Romantisme - Année 1995 - Volume 25 - Numéro 89 - Pages 7-27
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Patrick Berthier
Miroirs des littératures du monde : les revues parisiennes (1830-
1835)
In: Romantisme, 1995, n°89. pp. 7-27.
Citer ce document / Cite this document :
Berthier Patrick. Miroirs des littératures du monde : les revues parisiennes (1830-1835). In: Romantisme, 1995, n°89. pp. 7-27.
doi : 10.3406/roman.1995.3007
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/roman_0048-8593_1995_num_25_89_3007BERTHIER Patrick
Miroirs des littératures du inonde
les revues parisiennes (1830-1835)
Le romantisme s'étant épanoui hors de France bien avant d'y apparaître à son tour,
les littératures européennes, notamment anglaise et allemande, ont naturellement fait
figure de modèles aux yeux des novateurs français. Les périodiques favorables au
romantisme ont ainsi publié de nombreuses études sur les cultures étrangères. Mais là
s'arrête sans doute la pertinence des idées reçues. L'analyse de la presse parisienne
sur une courte période, les six premières années de la monarchie de Juillet, révèle en
effet que l'intérêt pour l'étranger — toutes époques modernes confondues, du XVIe au
XIXe siècle — n'est en rien l'apanage exclusif des romantiques.
Qu'en est-il donc exactement de cette connaissance de l'étranger ? Quels en sont
les relais ? La question se pose d'autant plus que seuls certains secteurs spécifiques
ont jusqu'à présent fait l'objet d'une enquête approfondie. On dispose ainsi de monog
raphies sur les relations bilatérales franco-allemandes, franco-espagnoles ou franco-
russes '. Mais aucune étude n'embrasse la connaissance que la France a pu avoir, à un
moment donné, des littératures étrangères. C'est la perspective même de la présente
étude. Limitée à une période et à un registre précis, celui des revues littéraires entre
1830 et 1835, c'est-à-dire à un moment décisif dans l'histoire de notre romantisme et
à une forme d'activité littéraire dans laquelle Balzac ne dédaigna pas de s'exercer,
notre contribution va au plus urgent : l'établissement d'un inventaire. Elle livre des
faits bruts et s'interdit, sauf exception, le champ de l'interprétation. Elle envisage côte
à côte des revues explicitement fondées (avant ou après 1830) aux fins de faire
connaître les littératures et civilisations étrangères, et des revues d'intérêt général qui
consacrent au domaine étranger une part plus ou moins large de leur sommaire. Dans
la réalité de la lecture, la différence entre les unes et les autres s'estompe au profit
d'une impression générale mêlée — richesse et superficialité.
Les revues
Parmi les périodiques que leurs créateurs ont lancés pour promouvoir la littérature
européenne ou même universelle, il en existe — cela peut surprendre à première vue —
qui ne sont pas romantiques. Nous pensons à deux d'entre eux au moins, relativement peu
connus et tous deux intéressants. Du Panorama littéraire de l'Europe, fondé par le libra
ire-éditeur Adolphe Guyot fin juillet 1833, furent publiés quinze numéros in-8° de cent
quatre pages chacun. Le Littérateur universel, dirigé par le publiciste His, n'a que trente-
deux par numéro mais dans le format in-4°, et il dura cinq années (mars 1834-
février 1839). Le Panorama littéraire de l'Europe se présente explicitement par son
1. Citons à titre d'exemples : André Monchoux, L'Allemagne devant les lettres françaises, 1814-1835,
Toulouse, Fournie, 1953 ; L.-F. Hoffmann, Romantique Espagne. L'image de l'Espagne en France entre
1800 et 1850, PUF, 1961 ; Michel Cadot, La Russie dans la vie intellectuelle française (1839-1856),
Fayard, 1967. Nous signalerons, chemin faisant, les grandes enquêtes qui viennent éclairer la nôtre.
Romantisme n°89 (1995-3) 8 Patrick Berthier
sous-titre comme un « choix des articles les plus remarquables sur la littérature, les
sciences et les arts, extraits des publications périodiques de l'Europe », et dans sa déclara
tion initiale 2, Guyot insiste beaucoup sur le caractère européen de sa revue, car il veut
faire pièce à L'Europe littéraire, alors en pleine vitalité. Le Littérateur universel, lui, ne
comporte ni sous-titre significatif ni déclaration d'intentions, mais il offre aussi un
ensemble de morceaux choisis de tous les temps et de tous les pays, avec, toutefois, une
préférence pour la littérature française, et un goût non dissimulé (qui doit à l'âge du direc
teur, Charles His, né en 1772), pour la poésie de facture traditionnelle : ses incursions les
plus modernes se risquent jusqu'au « Lac » de Lamartine ou au « Sylphe » de Victor
Hugo 3, mais sa tendresse va à « La jeune captive », à 1' « Ode sur l'enthousiasme », de
Lebrun-Pindare, ou à celle sur la mort de Rousseau, de Lefranc de Pompignan A ...
On retrouve en partie ce goût pour l'esthétique du dix-huitième siècle dans la
Revue poétique du XIXe siècle, jadis exhumée et étudiée par Pierre Trahard 5. Pourtant
son fondateur, Pierre Berton, l'un des créateurs et infatigables traducteurs de la Revue
britannique, nourrissait certaines sympathies pour la poésie romantique, mais nous
verrons qu'il a laissé paraître dans sa revue des textes critiques très rétrogrades, et
beaucoup de poésie retardataire. Ce qui nous intéresse ici, à côté (ou en dépit) de cet
antiromantisme partiel, c'est l'accueil généreux qu'il fait à la littérature étrangère
contemporaine, et une variété d'intérêts qui pourrait presque faire apparaître sa revue
comme plus largement ouverte que des périodiques spécialisés tels que la Revue br
itannique ou la Revue germanique — quoique les objectifs de l'une et de l'autre soient
assez fortement différenciés : la première s'appelle « britannique » non parce qu'elle
ne considérerait que la production intellectuelle outre-Manche, mais que son
sommaire se compose de traductions d'articles parus en Grande-Bretagne... et qui
peuvent donc concerner la France 6. La Nouvelle Revue germanique et sa continuatri
ce la Revue germanique jouent au contraire un vrai premier rôle dans la diffusion de
la culture allemande en France. La première des deux, certes, naît et grandit à
Strasbourg, où elle est imprimée ; mais Xavier Marmier, son énergique animateur, la
présente lorsqu'il la transporte à Paris comme une provinciale suffisamment aguerrie
par « six ans de noviciat » pour pouvoir s'y imposer face à la Revue britannique 7, et
dès le début de la monarchie de Juillet sa diffusion parisienne paraît avoir été assez
réelle pour que nous puissions accueillir dans notre corpus les intéressants sommaires
qui justifient son titre.
L'appellation que se donnent les journaux peut, en effet, poser problème. Elle est tou
jours intéressante, mais davantage encore lorsqu'ils la modifient. Ainsi le fait que Bûchez
rebaptise L'Européen son Journal des sciences morales et politiques ne s'explique pas
2. « Au lecteur », Le Panorama littéraire de l'Europe, n° 1, juillet 1833, p. 1 -27.
3. Le Littérateur universel, avril 1834, p. 56, et août 1834, p. 196- 197. Et une curiosité : les vers de
George Sand sur « La reine Mab » (avril 1834, p. 61 -63).
4. Ibid., avril 1834, p 53-54 ; juillet 1834, p. 164- 166 ; septembre 1834, p. 216-217.
5. Une revue oubliée : la « Revue poétique du XIXe siècle » (1835), Champion, 1925. Cet inventaire
utile constituait la thèse complémentaire du grand mériméen.
6. C'est ainsi qu'elle reproduit le « Jugement de la Revue d'Edimbourg sur la révolution de 1830 et sur
l'état actuel de la France » (Revue britannique, septembre 1830, p. 5-46). Les opinions sévèrement antir
omantiques du périodique écossais suscitent à plusieurs reprises des répliques hostiles de journalistes romant
iques : voir, trois ans plus tard, une vive réaction de Capo de Feuillide à une autre attaque en règle (« De
la Revue d'Edimbourg et de son article sur la littérature française », L'Europe littéraire, 20 octobre 1833,
p. 21-24).
7. « Introduction », Revue germanique, n° 1, janvier 1835, p. 7 et 21. Les revues parisiennes (1830-1835) 9
seulement par le s

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