Mortalité des femmes et environnement familial - Rôle protecteur de la vie de famille
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La vie familiale joue un rôle protecteur face au décès : la mortalité est toujours plus forte pour les femmes n'ayant jamais vécu en couple et celles n'ayant pas eu d'enfant. La mortalité diminue avec le nombre d'enfants mis au monde, sauf pour les femmes les plus fécondes.

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Langue Français

Extrait

N° 892 - AVRIL 2003
PRIX : 2,20€
Mortalité des femmes
et environnement familial
Rôle protecteur de la vie de famille
Lene Mejer, Isabelle Robert-Bobée
division Enquêtes et études démographiques, Insee
es risques de décès des femmes femmes ayant au moins le baccalauréat est
inférieur de 21%àce qu’il aurait été si ellesaprès 45 ans varient selon leur ni-
avaient été soumises à la mortalité par âge deLveau de diplôme et leur groupe
l’ensemble de la population féminine. À l’inverse,
professionnel : les femmes sans diplôme
les femmes non diplômées ont une surmortalité
ont une espérance de vie à 45 ans de 2,4 ans de 17 % par rapport à l’ensemble des femmes
inférieure à celle des femmes ayant au et de 48 % par rapport aux plus diplômées
(tableau 1).moins le baccalauréat et l’espérance de
Cette surmortalité des non-diplômées se traduitvie à 45 ans des ouvrières est de 2,2 ans
par une espérance de vie à 45 ans plus faible :inférieure à celle des cadres. Mais ces
2,4 ans de moins que celle des femmes ayant
risques varient également selon leur envi- au moins le baccalauréat. D’après les conditions
ronnement familial. La vie familiale joue un de décès par âge observées sur la période
rôle protecteur face au décès : la mortalité 1982-2001, l’espérance de vie des femmes à
45 ans est en effet estimée à 37,3 ans pour lesest toujours plus forte pour les femmes
non diplômées, contre 39,7 années pour lesn’ayant jamais vécu en couple et celles
femmes bachelières (Définitions). pas eu d’enfant. La mortalité diminue
avec le nombre d’enfants mis au monde,
sauf pour les femmes les plus fécondes.
Sous-mortalité des femmes cadres,Les femmes ayant eu trois enfants ont un
surmortalité des ouvrièresrisque de décès de 10 % inférieur au moyen de décès de l’ensemble des
La mortalité varie également selon le groupefemmes. En revanche, les femmes ayant
professionnel de la femme. Celui-ci est définieu au moins cinq enfants ont une mortalité
pour chaque femme, qu’elle travaille ou non. Si
proche de celle des femmes sans enfant. elle travaille ou a déjà travaillé (84 % des cas),
il s’agit de sa propre catégorie sociale. Si elle
n’a jamais travaillé, c’est la catégorie sociale
de son mari si elle est mariée (15 % des cas),
Près de 900 000 femmes âgées de 45 à 64 ans ou celle de son père sinon (1 % des cas)
en 1982 (nées entre 1918 et 1937) sont décé- (Définitions). Cette approche permet de
dées entre 1982 et 2001. Elles avaient en prendre en compte l’environnement social des
moyenne 69 ans au moment du décès. Les femmes qui ne travaillent pas.
décès sont les plus nombreux parmi les fem- Les risques de décès sont les plus faibles pour
mes les plus âgées : 29 % des femmes de 60 les femmes cadres, et les plus élevés pour les
à 64 ans en 1982 sont décédées entre 1982 et ouvrières, surtout si elles sont non qualifiées.
2001, contre8%de celles qui avaient entre L’indice standardisé de mortalité s’élève à 0,78
45 et 49 ans. pour les cadres, et à 1,23 pour les ouvrières non
qualifiées. Au sein même de la catégorie des
employées, la mortalité varie fortement. L’indice
standardisé de passe de 0,85 pour les
Surmortalité des moins diplômées employées du commerce à 1,05 pour les des services directs aux particuliers,
Les risques de décès par âge sont plus faibles souvent moins diplômées. En termes d’espé-
chez les plus diplômées. L’indice standardisé rance de vie à 45 ans, les écarts sont impor-
de mortalité (Définitions) est de 0,79 pour les tants : 39,4 ans pour les cadres, soit 2 années
femmes ayant un diplôme supérieur au bacca- de plus que pour les ouvrières qualifiées et 2,4
lauréat (tableau 1). Autrement dit, le nombre de années de plus que pour les ouvrières non
décès survenus entre 1982 et 2001 parmi les qualifiées.
INSEE
PREMIEREtravaillé sont aussi plus représentées femmes ouvrières (ou ayant un mari ouRôle protecteur
parmi les femmes peu diplômées. Ces un père ouvrier, si elles n’ont jamais
de la vie familiale
facteurs pourraient expliquer la surmor- travaillé), les femmes n’ayant jamais
Les femmes qui n’ont jamais été talité des femmes les plus fécondes, vécu en couple et les femmes sans
mariées à 45 ans (Définitions) ou n’ont absence d’activité professionnelle et enfant (tableau 2).
pas eu d’enfant ont des risques de décès faible niveau de diplôme se conjuguant D’autres indicateurs permettent également
plus élevés. Les femmes qui étaient céli- avec une mortalité élevée. Il est alors de rendre compte des différences en ter-
bataires à l’âge de 45 ans ont, entre intéressant de séparer la contribution de mes de conditions de vie à l’âge adulte
1982 et 2001, une surmortalité de 26 % chacun d’eux, en mesurant des « risques sur la mortalité. Le statut d’occupation du
par rapport à l’ensemble des femmes et relatifs de mortalité » (Définitions).
Mortalité des femmes selon le nombreles femmes qui n’ont pas eu d’enfant ont Une fois contrôlés le milieu social, l’âge
une surmortalité de 14 %. Avoir des et l’histoire maritale vécue avant 45 ans, d’enfants mis au monde
enfants joue donc positivement sur les le lien entre risque de décès et nombre
Indice Standardisé de Mortalitéchances de survie. Le suivi médical lié d’enfants conserve la forme en « U » mise
1,20
aux grossesses et aux maternités, la vie en évidence précédemment (tableau 2).
de famille et la responsabilité de l’éduca- Le nombre d’enfants a ainsi un effet
tion d’enfants conduisent les femmes à favorable sur la durée de vie, jusqu’à trois
1,10
faire plus attention à leur propre état de enfants, et un effet défavorable ensuite
santé. Il est possible également que des pour les femmes les plus fécondes,
femmes en mauvaise santé ne souhai- effets qui ne résultent pas seulement de
1,00
tent pas ou ne puissent pas avoir différences en termes de milieu social et
0 12 3 4 5
d’enfant, et que cet état explique à la fois de conditions de vie. ou plus
l’absence de descendance et une durée
0,90de vie plus courte. Conditions de vie et mortalité
Quelle que soit l’histoire professionnelle
Nombre d’enfants
des femmes, la mortalité est toujours la Cette analyse de la contribution séparée
0,80plus forte pour les femmes n’ayant de chaque facteur confirme le rôle pré-
connu ni vie de couple ni descendance, pondérant de l’âge, mais aussi celui de Champ : femmes de 45 à 64 ans en 1982, nées en France
et la plus faible pour celles qui ont vécu l’environnement social : la mortalité est métropolitaine et vivant en ménages ordinaires.
en couple et ont eu des enfants. plus forte pour les moins diplômées, les Source : échantillon de mortalité - enquête famille de
femmes n’ayant jamais travaillé, les 1982, Insee
Des effets contrastés
Mortalité des femmes selon le diplôme et le groupe professionnelselon le nombre d’enfants
(Période 1982-2001)
mis au monde
Probabilité
Indice EspéranceAvoir des enfants diminue la mortalité : de décéder
Distribution Standardisé de vieà45les femmes sans enfant ont une entre 1
(en %) de Mortalité ans1supérieure de 17 % à celle des femmes 45 et 64 ans1
(ISM) (en années)
avec enfants. Mais les résultats varient (en %)
selon le nombre d’enfants mis au monde : Ensemble 100,0 1,00 7,4 38,1
l’indicateur standardisé de mortalité
Niveau de diplôme
présente une forme en«U»(graphique).
Aucun diplôme déclaré 38,9 1,17 9,1 37,3
Les femmes avec un unique enfant ont
Certificat d'Études Primaires 35,5 0,92 7,1 38,6
un risque de décès de 3 % inférieur au BEPC 15,3 0,89 6,3 38,8
risque moyen de l’ensemble des femmes Baccalauréat et plus 10,3 0,79 5,6 39,7
aux mêmes âges. Cet avantage atteint
Groupe professionnel
un maximum de 10 % pour les femmes
Cadres et professions intellectuelles supérieures 4,6 0,78 5,7 39

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