Note sur les relations entre les illusions de Müller-Lyer et de Delbœuf. (A propos d une étude de J. Beuchet et de J.-F. Richard sur le décentrement des masses.) - article ; n°2 ; vol.63, pg 351-357
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Note sur les relations entre les illusions de Müller-Lyer et de Delbœuf. (A propos d'une étude de J. Beuchet et de J.-F. Richard sur le décentrement des masses.) - article ; n°2 ; vol.63, pg 351-357

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Description

L'année psychologique - Année 1963 - Volume 63 - Numéro 2 - Pages 351-357
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 15
Langue Français

Extrait

J. Piaget
S. Papert
Note sur les relations entre les illusions de Müller-Lyer et de
Delbœuf. (A propos d'une étude de J. Beuchet et de J.-F.
Richard sur le "décentrement des masses".)
In: L'année psychologique. 1963 vol. 63, n°2. pp. 351-357.
Citer ce document / Cite this document :
Piaget J., Papert S. Note sur les relations entre les illusions de Müller-Lyer et de Delbœuf. (A propos d'une étude de J. Beuchet
et de J.-F. Richard sur le "décentrement des masses".). In: L'année psychologique. 1963 vol. 63, n°2. pp. 351-357.
doi : 10.3406/psy.1963.27774
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1963_num_63_2_27774NOTES
NOTE SUR LES RELATIONS
ENTRE LES ILLUSIONS DE MÜLLER-LYER
ET DE DELBŒUF
(A propos d'une étude de J. Beuchet et de J.-F. Richard
sur le « décentrement des masses »)
par J. Piaget avec la collaboration de Seymour Papert
Dans un intéressant article sur les figures de Müller-Lyer1, Beuchet
et Richard contestent notre essai de réduction de cette illusion bien
connue à celle des trapèzes, en s'appuyant sur l'existence de variantes
dues à Brentano, Delbœuf et Heymans, qui ne présentent plus de
structure trapézoïdale. Ils recourent alors à un autre mode d'explication
fondé sur 1' « attraction » et applicable selon eux à toutes ces figures aussi
bien qu'aux configurations classiques. Inspiré de Delbœuf (1893) et
de J. Brunot (1893), ce schéma nous paraît en recul sur notre tentative
d'explication générale des illusions primaires, qui s'appuie sur une loi
quantitative et sur les effets de centrations. Nous aimerions donc montrer
brièvement : I que les formes non trapézoïdales d'illusion de Müller-
Lyer relèvent en réalité de l'illusion de Delbœuf et s'expliquent aisément
de ce point de vue ; et II que le soi-disant « décentrement des masses »
et les faits nouveaux invoqués relèvent des mêmes lois et ne réclament
aucune hypothèse supplémentaire. Après quoi nous fournirons (III) un
contre-exemple significatif.
I. — A propos des figures décrites par Brentano (voir fig. 1, partie a)
et par Delbœuf (id., partie ß), Beuchet et Richard nous disent que « le
schéma trapézoïdal ne s'applique pas avec la même facilité à toutes les
variantes d'illusion de Müller-Lyer » et que, en particulier dans le cas de
la figure 1 (partie a), cette « construction... paraît artificielle ». Mais nous
n'avons nullement proposé cette extension et au contraire cherché à
montrer (Piaget, 1961 ; p. 75, fig. 25) combien il est facile de passer
de l'illusion de Müller-Lyer à celle de Delbœuf (cercles concentriques).
Or les figures non trapézoïdales construites par Brentano, Delbœuf et
Heymans, et invoquées par Beuchet et Richard contre notre interpré-
1. Beuchet et Richard, 1962. 352
tation, relèvent précisément de l'illusion de Delbœuf et non pas de
Müller-Lyer, si l'on reconnaît que la seule différence entre elles est que
celle de Delbœuf peut s'interpréter par des considérations purement
linéaires, même s'il s'agit de cercles concentriques, et se réduit ainsi aux
oc
(ßl
A1 A'
A1 A'
B
Fig. 1
relations impliquées dans la figure 2 : dévaluation de A' par A, si A > A',
donc surestimation de A et dévaluation de B (Piaget, 1961, pp. 75-87).
L'illusion de Müller-Lyer ne peut, par contre, être formulée qu'en tenant
compte des relations entre parallèles inégales, ce qui suppose une
structure trapézoïdale : si l'on conteste ce fait, il ne demeure plus de
différences entre les deux types d'illusion et cela contraindrait Beuchet
et Richard à étendre à toutes les formes de l'illusion de Delbœuf, le
schéma du décentrement des masses, ce qui est une autre affaire.
A'
Fi". 2
Pour en revenir aux formes de la figure 1, notons d'abord que le
décentrement des masses ne joue ici qu'un rôle peu convaincant, puis
qu'il suffit d'augmenter ces masses pour diminuer l'illusion : que l'on
compare, par exemple, la figure 3 à la forme (ß) de la figure 1 (nous
reviendrons sur ce changement quantitatif à propos des figures 4 et 5-6).
Fier. 3 J. PIAGET. ILLUSIONS DE MÜLLER-LYER ET DE DELBŒIJF 353
Par contre, notre explication de ces illusions consiste simplement à
soutenir que la différence A' (voir fig. 1) est dévaluée par A et par B
ou par B et par G ; ce qui a pour effet de valoriser A et de dévaluer B
(sur les figures de gauche), ou de valoriser B et de dévaluer G (sur les
figures de droite), puisque A' est la différence entre A et B ou entre B
et G et qu'en sous-estimant une différence entre deux longueurs, on tend
à les égaliser. L'explication revient donc sans plus à supposer que les
points x et y sont rapprochés l'un de l'autre et les points x' et y' éloignés
l'un de l'autre en vertu de rapports de distances, tandis qu'à invoquer
avec nos auteurs une « attraction des centres des masses » subie par les
•si i 1?
Fig. 4
points on est en plein arbitraire : ou bien on soutiendra crûment, comme
jadis J. Brunot, que le sujet s'égare et que, au lieu de comparer les
distances xy ou x'y', il compare les distances séparant les centres des
surfaces (en ß) ou des lignes (en a) de la figure 1, ou bien il y a réellement
« attraction », mais sur quoi et provenant de quoi ? S'il s'agit de mouve
ments oculaires, on en revient au schéma invérifié de Delbceuf. S'il
s'agit des points de centrations, notre schéma des rencontres et des
couplages conduit à la loi rappelée précédemment et il n'est plus question
d'attractions ni de « masses ». S'il s'agit simplement d'une « attraction »
au sens d'une tendance plus ou moins consciente du sujet, on sacrifie
alors toute recherche relationnelle objective au profit de VFinfiihlung
de Th. Lipps ou de la phénoménologie de Merleau-Ponty.
II, a. — Mais nos auteurs n'en sont nullement là et ils cherchent à
vérifier leur hypothèse en recourant à des données nouvelles, qui sont
pleines d'intérêt. Seulement, ici encore, nous ne comprenons pas ce
qu'ajoute la notion de « décentrement des masses » et croyons aisé de
réduire ces nouveaux faits à notre schéma général. La tentative est
d'autant plus indiquée que l'expérience I de Beuchet et Richard revient
simplement à utiliser des formes telles que celles de la figure 1, mais en
ne retenant que le premier et le dernier segment et en faisant évaluer
le point médian entre x et y'. Examinons, par exemple, la ligne 1 de la
figure 4 : le point médian M que nous avons indiqué à mi-chemin de x NOTES 354
et y paraît situé trop à gauche et les sujets l'indiquent plus à droite,
parce que, nous disent les auteurs, le centre des « masses » (ici les « masses »
sont les segments eux-mêmes) exerce une attraction qui déforme l'est
imation. Sans doute, mais les choses s'expliquent aussi bien par une
dévalorisation des segments sous l'influence des distances totales et
intercalaires, puisque la figure n'est qu'une partie d'une configuration
relevant de l'illusion de Delbœuf en linéaire (fig. 2).
Livrons-nous alors au contrôle qui s'impose : faisons varier les
« masses », c'est-à-dire la longueur des segments (de 1 à 5 sur la fig. 4).
On contaste alors immédiatement que l'illusion se renverse après la ligne 3
(parce que, alors, les segments sont plus grands que l'intervalle et valo
risés par lui), tandis que c'est l'inverse1 en 1 et 2 ; en 5, par exemple,
le point médian M paraît trop à droite et non plus trop à gauche, ce qui
est conforme à notre schéma de l'illusion de Delbœuf, mais n'a plus rien
à voir avec 1' « attraction » exercée par le centre des segments. Les
auteurs répondront que ces centres se déplacent eux-mêmes vers la
droite, ou qu'ils s'éloignent trop des points x et y', etc. Qu'ils nous four
nissent alors une loi quantitative, faisant intervenir les distances (sans
aller jusqu'à l'inverse de leurs carrés comme dans l'attraction newto-
nienne), et nous reprendrons la discussion pour voir si cette loi s'éloigne
réellement de la nô

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